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On les a assez vus !

Comme l’opinion se lasse !
On est toujours en pleine affaire Dutroux et, cependant, dans la salle d’audience que l’on disait trop petite, chacun à présent y tient à l’aise.
Les journalistes se sont égayés, quitte à revenir pour l’heure des verdicts.
Le festival de Cannes, la récente décapitation d’un Américain en Irak, l’ouverture fin du mois des internationaux de Roland Garros, les Jeux d’Athènes qui se profilent…
Les télés belges, prises au piège, ne peuvent plus se défiler. On sent pourtant la perte de vitesse, ne serait-ce que dans les temps consacrés.
S’il traînaille, ce procès, il faut en attribuer la lenteur à l’hésitation encore perceptible entre deux opinions, si, oui, ou non, Langlois est passé à côté du réseau… si oui, ou non, les journalistes, chauds partisans de l’acte isolé d’un psychopathe, sont tous, ou presque, à côté de la vérité.

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Sans attendre le verdict, on pense que le groupe des trois sera condamné à de lourdes peines. Malgré les témoins de moralité, Lelièvre, le bon petit jeune homme, le condisciple modèle, Martin, la virago repentie et impassible, quoique bonne élève, gentille et douce, friseront le maximum. Quant au triste héros d’une pièce qui commence à être longue, Dutroux écopera de ce que les Lois ont fait de mieux en matière de répression du crime.
Ce ne seront pas les plaidoiries qui changeront grand-chose à son sort.
En se penchant sur le cas Nihoul, la Cour arrive au nœud non tranché de l’affaire.
Est-il complice, ou pire, commanditaire de Dutroux ?
Contrairement à Lelièvre, Nihoul est un noceur répugnant. Son casier atteste de la persévérance de ses vices et de son désir de remplir son compte en banque par tous les moyens.
On a assez dit le jouisseur, le partouzeur, la balance, le collectionneur de femmes, le petit délinquant, puis l’escroc.
Comme je cite beaucoup Musset ces temps-ci, passez-moi la fantaisie de cet épigramme :

Par propreté, laissez à l’aise
Mordre cet animal rampant ;
En croyant frapper un serpent
N’écrasez pas une punaise.

C’est là toute la difficulté à juger cet homme.
« Le bon jeune homme » a aidé Dutroux dans ses entreprises criminelles. Quelle qu’ait été sa jeunesse sans problème, à l’âge d’homme, cette petite tête d’ange a commis d’horribles forfaits. A l’inverse, Nihoul est un dévoyé incorrigible. Sa gueule de face et de profil, mal rasée à la judiciaire est la parfaite caricature du coupable type.
Mais est-il pour autant le dégoûtant violeur que Dutroux prétend qu’il est, ce chef au nom duquel, Dutroux a subjugué les enfants, noyés leur conscience débutante dans ses mensonges pervers ?
Cette dernière affaire dans l’affaire, résolue, il ne restera plus qu’à renvoyer à l’obscurité pour toujours, le trio ou le quatuor si, vraiment, Nihoul s’est mouillé et que Dandoy n’y aurait rien vu.
Qu’on n’en parle jamais plus, sinon dans la nécrologie des prisons.
A moins que, dans dix ou quinze ans, un nouveau Melchior Wathelet à la mémoire courte, ne vienne remettre en selle ces incomparables assassins !
Les hommes politiques sont si faibles… si plein de pardon…

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