Quand popaul pioche guimauve
- Ce type, auquel tu me compares, que tas rencontré en ville et qui ta fait d lœil, cest qui ?
- Je devrais pas le dire, toi ques jaloux, qui te crois tellement supérieur, tu tomberais de haut… ton amour-propre.
- Attends, tu me dis quil tavait refilé sa carte de visite… que je me souvienne…
- Oui. Cétait pour venir voir ce que je fais…
- Laisse-moi deviner ? Parmi les phénix qui matent ton cul et quon connaît… les Montgolfier de la quéquette… ceux qui viennent bouffer à lœil… ruinent la carpette et oublient de tirer la chasse du WC… enfin nos amis… Cest lun deux ?
- Ne compte pas sur moi pour te renseigner. Je te signale que ceux que tu napprécies pas, daprès ce que je viens dentendre, ne sont pas mes amis, mais les tiens…
- Dis au moins, je le connais ? …après je ne te demanderai plus rien. Parole !
- Oui.
- Je lai vu souvent ?
- Tu me dis que tu ne me demanderas plus rien et voilà la deuxième question…
- Donc, je le connais.
- On peut le dire comme ça…
- Je vois qui cest. Lautre soir, on a croisé devant la banque, le barbouilleur dacadémie. Tu te rappelles son vernissage ? Comment tu lappelles encore… Grolink… Grommelink
- Vlaamink
- Voilà. Vlaamink… Il ta dit bonjour, pas à moi, un parfait goujat. Je te regardais du coin de lœil. Tu as rougi jusquà la racine des cheveux. Cest lui ? Hein ! cest lui ?
- Non. Voyons…
- Si cest lui. Dailleurs il a le profil. Il joue aux cartes du matin au soir, boit comme un trou et sa femme a lair dune clocharde…
- Puisque je te dis…
- Je le savais. Je ne sais pas pourquoi, mais quand jai vu que tu piquais un fard…Ça a été le déclic. On peut dire que, comme épave, tu as touché le gros lot… Comment a-t-il fait pour te séduire, accroché du matin au soir au comptoir ? Il doit avoir une de ces dégaines au lit ! Je parie que ses caleçons sont pas propres… quil pue des pieds !
- Non, mais, tas fini ? Puisque je te dis que cest pas lui.
- Tas quand même eu une aventure, dis, on rougit pas pour rien.
- Puisque tu parles du jour où lon sest croisé… oui, avant, javais eu un moment de faiblesse…
- Je laurais parié ! Une liaison ! Tu as eu une liaison avec ce type… Toi qui me disais que sa femme te faisait pitié !... Ça continue, hein, avoue..
- Cétait juste une fois… il avait insisté…
- Toi, on insiste crac, cest fait. On ne dirait pas à te voir… tu sais pas dire non !... Tes salope rien que pour faire plaisir, en somme ?
- Tu vois comme tu es ? On est sincère avec toi… Tu vois comme tu me traites pour un moment dégarement !
- Comment cest tout ? Tu mavoues avoir une liaison avec ce type et tas eu quun moment dégarement ! Mais pour coucher, rien quune fois, tas eu le temps dy penser, de te saper bandante avant de répondre que tu serais à lheure dite à lhôtel… Tas eu le temps de réfléchir pendant le trajet… Où il est le moment dégarement ?
- Non, je ne mets pas cela à rien. Je dis que cétait une erreur de ma part. Quon sest vu une fois. Cest tout, point.
- Mais alors, si cest pas lui, cest quelquun dautre ? Pourquoi tu ris ?
- Je ris parce que tu me fais rire. Cest presque « si ce nest toi, cest donc ton frère ».
- Il a un frère ? Tu couches avec son frère !
- Il ne doit pas avoir de frère…
- Mais alors, cest quelquun dautre ? Tas une liaison avec un type que je connais et ce nest pas cet abscon pseudo réaliste…
- Oui.
- Quoi oui ? Tas une liaison ?
- Je dis oui, ce nest pas ce peintre abscon.
- Cest qui alors ?
- Tu ne vas pas recommencer ?
- Ne viens pas me dire que cest… Non ! Ce nest pas lui, ce serait énorme… Serait-ce possible !
- De qui veux-tu parler ?
- Mais, celui qui pue de la gueule… Jean-Pierre, le maquereau des pensionnées de la maison de quartier !
- Tu avais dit une question, une seule !
- Cet enfoiré qui copie les mots du dictionnaire, qui se fait la raie au milieu et qui sest laissé pousser la barbe ! Ce salaud sétait pas gêné devant moi... i tmatait comme si jétais pas là !
- Ne compte pas sur moi pour dire oui ou non.
- Cest un ancien indicateur, une balance… Ce mec est pourri…
- Et alors ?
- Il a au moins dix ans de plus que toi !
- Parlons-en, toi tu en as vingt !
- …Il rentre plus que dans une bétaillère… les bus le prennent plus…
- Tas pas regardé ton ventre ?
- Quand on vous saura ensemble, quelquun pourra dire de ta liaison avec ce pachyderme :
« Comment sappelle-t-elle encore celle-là… tu vois qui je veux dire, la barbouilleuse ? La Pouffe du patapouf ! »
- Tiens tu me fais pitié. Tu tes trompé avec Jean-Pierre exactement comme avec Vlaamink. Si tu veux le savoir, voilà six mois que cest fini.
- Quoi avec Jean-Pierre ?
- Oui, même que ça a fini trois fois et que ça a repris à cause de toi !
- A cause de moi !
- Oui. Avec ta jalousie, tu me suivais partout, pour me venger, ça a repris…
- On peut savoir pourquoi tu rompais ?
- La première fois, cétait à cause de cette ancienne commerçante qui faisait son linge et pas que son linge… la deuxième, je te sentais sur mes talons et je me suis dite que fatalement, tu allais nous surprendre et ça mangoissait… la troisième, parce quil fumait trop, que ça empestait le tabac, même au lit et quil revenait sur des histoires comiques que tu avais racontées la veille. Jai pas résisté. Je lai plaqué.
- Sur nos quinze ans de mariage, combien diable as-tu eu de liaisons ?
- Non. Tu vas pas poursuivre sur le sujet !...
- Pourquoi, il est trop vaste ? Il faudrait lui consacrer un cycle ? plusieurs tomes ?...
- Je te signale que cest au moins la vingtième question que tu poses, alors quil ne devait y en avoir quune seule.
- Attends. Je ne te pose plus de question. Jai trouvé ! Cest ce type qui se teint en blond et qui laisse tomber ses cheveux sur les épaules comme une gonzesse ?... qui se promène avec des pantalons de terrassier et les ongles sales ?… qui vit dexpédients et qui touche à la mutuelle et au chômage en même temps ?… quon a vu une fois et que tu mas présenté comme un ami denfance, un ancien footballeur dOugrée-Attraction ! Est-ce quil na pas été plaqué tout de suite après son mariage, alors quelle avait un polichinelle dans le tiroir ?
- Et alors ? Tu es bien cocu pareil ! Tas un enfant pareil…
- Donc, cest lui. Jen suis sûr !
- A quoi ten es sûr ?
- Il a encore une plus sale gueule que les deux autres ! Où tu vas les chercher, parole ? aux alcooliques anonymes ? à lasile de nuit ? Fais attention aux morpions ! Et puis, cest un con… oui, drôlement con…
- Cest un comble ! Jhésitais avant de te le dire, mon pauvre Fernand…
- Dis-le, nom de dieu ! dis-le !
- Quand on bande plus, on ferme sa gueule, mon pauvre vieux. Cest la loi du genre. Capito ?