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30 juin 2004

Vive la gauche… nom de dieu !

Je n’aime pas cirer les pompes. On l’a deviné. Je n’ai pas non plus la bosse de l’admiration. Les esprits supérieurs ne sont pas nécessairement aux affaires. Je ne vais pas m’extasier sur un type parce qu’il est un personnage en vue.
Je ne crois pas que chacun est à sa juste place et que cette place lui convienne. Au fur et à mesure qu’on s’élève, on se persuade que la situation est de plus en plus en rapport avec ce que l’on se croit de capacité.
Il existe à tous les niveaux des cons glorieux et fiers de l’être. Vous me direz que les gobe-mouches qui tournent autour sont plus ridicules que méprisables. C’est un point de vue.
Représentant du peuple ou marchand de tapis enrichi sont à égalité de standing. Ils doivent tout aux gens « d’en bas » qu’ils soient électeurs/travailleurs ou travailleurs/électeurs. Où est la différence ?
Le pouvoir se mesure avant tout dans la prise de parole que l’on vous permet.
Un tel que l’on n’écoute pas est pourtant la sagesse même, il n’a qu’un seul défaut : il n’est rien ! Tel autre a un avis sur tout. On le consulte à tort et à travers. Il dit n’importe quoi pourvu qu’il le dise. On l’écoute. C’est un notable.
Les discours des gens de pouvoir ne m’ont jamais impressionné.
Dans ce pays, longtemps sans gauche, ni droite, tout le monde flirte avec tout le monde.
Maintenant que la droite (la vraie, l’extrême) pointe le bout de son vilain museau, et que l’autre, la molle, s’apprête (dans les Flandres pour commencer) à lui dire des mots d’amour, voilà la gauche qui se retrouve en Wallonie. Eh bien ! c’est chouette.
Longtemps, cela ne choquait guère de monde que les socialistes travaillent avec les libéraux à la « reconstruction » du pays. C’est étrange, d’une législature à l’autre, les gens au pouvoir ne cessent jamais de travailler à la reconstruction du pays ! Et comme ce sont les mêmes d’une fois à l’autre, il faut croire qu’ils démolissent pour reconstruire ! Etrange pays !
Pour une fois, la gauche renoue avec la gauche – quoique tout cela se passe au centre. Comprenne qui veut.
Cela n’est-il pas normal ?
Que la droite cherche une majorité où elle veut, c’est son problème. Qu’il faille sans cesse qu’elle la trouve à gauche est sans-gêne. Et que la gauche accepte, c’est se moquer des électeurs.
Que la gauche qui peut changer d’alliance ne l’aurait pas fait aurait été le comble.
Heureusement que Di Rupo a du bon sens et change de partenaire, puisqu’il en a trouvé un plus approprié.
Ce sont des petits bouleversements vers un ordre plus cohérent qui rendent confiance aux citoyens vis-à-vis de ses mandataires.

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Il suffisait de voir les mines dépitées de Michel et de Duquesne pour rendre de la bonne humeur aux gens d’en bas.
Un mirliflore qui a vraiment manqué de flair, c’est le bourgmestre de Dinant, le sieur Fournaux. Dévoré d’ambition, ayant raté la présidence du CDh, le voilà qui rejoint Deprez au MR, alors que son ancien parti reprend vie et revient aux affaires avec Joëlle Milquet. !
Olivier Maingain qui a lié depuis longtemps le FDF au MR va se trouver dans une fâcheuse posture face aux francophones bruxellois. Ceux-ci ont tout intérêt à l’heure où le communautaire revient au galop de conforter la majorité PS-CDh-Ecolo pour les futures empoignades à Bruxelles.
Ne boudons pas notre plaisir d’une droite remise à sa place, visiblement inquiète de sa perte d’influence et donc d’emplois à la Région et surtout à Bruxelles.
Redonnons une chance au PS de retrouver sa vocation ancienne en créditant ce parti d’une nouvelle étiquette de gauche.
Méfions-nous cependant des anciens démons du parti à la rose, foi de Richard III, qui détestaient des partenaires possibles accusés du vice rédhibitoire d’être du même bord ! Espérons que la dent de certains briscards socialistes contre Ecolo à Bruxelles ne remette le processus d’exclusion en question.
Pour le reste…
Vive la gauche, nom de dieu !...

29 juin 2004

Les grandes enquêtes du FOREM.

Aujourd’hui, savoir envoyer une lettre de démission.

Monsieur Roger Bontemps
Chef du Personnel
S.A. MONTRE-EN-MAIN
Zoning des Hauts-Sarts

Mon cher Roger,
Tu permets que je t’appelle Roger et que je te tutoie.
Après lecture tu ne t’en formaliseras pas et tu me comprendras.
Je souhaite me dégager de la société Montre-en-Main tellement vite que je pense ne plus y travailler dès lundi prochain.
Envoie-moi mon préavis, sur le compte que tu connais pour l’avoir si chichement honoré à chaque fin de mois depuis que je bosse dans la boîte. Rembourse-moi, par la même occasion mes arrivées tardives depuis deux ans, que tu sanctionnais par une retenue sur salaire tout à fait illégale.
En réalité, j’avais l’intention de quitter le service plus tôt, attendu que ton concurrent direct, A La Bonne Heure, S.A. m’a engagé depuis un mois. Si je suis resté jusqu’à ce vendredi, c’est que j’ai recopié tous les dossiers clientèles que je prospecte dorénavant pour mon nouveau patron. J’emporte les deux bilans, celui pour le fisc et l’autre pour le Conseil d’Administration.
Tu sais comme j’ai souffert de ton rapport à la direction générale au sujet de mes arrivées tardives et de mon manque d’enthousiasme au travail. Tes mouchardages continuels m’ont enlevé à tout jamais l’idée – si jamais je l’ai eue – de dénoncer mes collègues de bureau pour mériter une promotion ; par contre, te dénoncer à la direction serait un régal. Si tu ne te conformais pas à mon désir de dégager vite fait, je me verrais dans l’obligation d’envoyer à ta femme les photos que j’ai prises à la remise des cadeaux de nos trois pensionnées. Tu y serrais drôlement Suzy, de la réception client.
Tant que j’y pense, n’oublie pas d’ajouter le pécule de vacances dans ma prime de départ.
Si notre patron Hubert Montre-en-Main ne veut pas satisfaire ma demande malgré ton appui et qu’il m’oblige à prester un préavis, dis-lui qu’il risque de passer trois mois dont il se souviendra, ma maladresse, mon absence de conscience professionnelle, ma santé délicate coûteraient plus cher à la boîte que mon départ immédiat.

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Tu te doutes que, ce que je pense de toi, n’est pas un concert de louanges.
Je ne suis pas le seul. Mes collègues sont unanimes. Certains ont fait plusieurs boîtes. Un salaud de ton espèce est rarissime. Pourtant, ils ont une sacrée expérience. Certains ont fait de l’intérim, autant dire qu’on les a fait valser d’un coin à l’autre, le FOREm s’y entend.
Te poster dans les couloirs pour minuter notre temps dans les toilettes, tes sélections des bons et des mauvais employés, non pas d’après leurs capacités, mais aux petits cadeaux que certains te font pour que tu cesses de les menacer de les foutre à la porte, ta façon de pincer les fesses des femmes d’ouvrage que tu dénoncerais sans vergogne à la police des étrangers si elles t’opposaient de la résistance, et combien d’autres saloperies, font l’unanimité contre toi dans la boîte.
Oui, mon cher Roger, tu es un parfait saligaud et Montre-en-Main ferait bien de se méfier de toi, s’il veut encore prendre du bon temps à l’avenir et jouer au train électrique dans la salle des conférences avec sa secrétaire déguisée en chef de gare, pendant qu’on fait le boulot.
Car, à toi tout seul, tu es capable de faire tomber la boîte, mon cochon !
Nous sommes tous à nous demander à quoi tu passes tes journées quand tu ne nous espionnes pas ou que tu ne furettes pas dans nos armoires ; car, enfin, on ne t’a jamais vu travailler, même pas coller des enveloppes.

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C’est par hasard que le coursier a trouvé dans ton tiroir des photos des employées dans les vestiaires en train de changer de bas ou de blouse. Tu n’as pu faire les photographies que du local voisin dont tu es le seul à posséder la clé. J’ai gardé quelques épreuves au cas où tu ne serais pas assez persuasif près du patron sur mes exigences.
Voulant relancer la clientèle avant de te laisser à tes turpitudes, je me suis permis d’utiliser la machine à timbrer pour quelques centaines d’enveloppes dans lesquelles j’ai mis les catalogues de la maison concurrente que je représente à partir de lundi.
Ton attaché-case étant en plein cuir et le mien en carton, j’ai fait l’échange. Malheureusement, tes documents ont glissé lors du transfert et certains sont tombés dans la poubelle qu’une technicienne de surface, comme tu les appelles en te foutant d’elles, a vidé dans le container du garage. Si tu veux les retrouver, il faudra te dépêcher, le camion de la voirie passe demain matin.
Enfin, sur le parking, je n’ai pas résisté au plaisir de rayer ta nouvelle voiture, obtenue avec les primes que tu t’octroies, alors que ce n’est pas toi qui bosses, mais nous.
Voilà, on s’est tout dit.
Mes respects à Rosine, ton épouse. Avec ta carte de crédit, je lui ai envoyé une douzaine de roses à mon nom. J’espère que tu ne te formaliseras pas de cette privauté. Tu ne la mérites pas, mon cher LSD (licencié sans délai - c’est ton surnom au bureau.)

Affectueusement, Freddy.

P.S. Ta carte de crédit est parmi tes documents dans le container.

28 juin 2004

Le vrai caractère de l’extrême droite.

Malgré les affichettes du genre « ils ne passeront pas » et les « je vous avais prévenus » l’extrême droite est passée du côté des Flandres et a fait des débuts prometteurs à Charleroi.
Voilà cinquante ans que l’on se trompe sur la façon de contrer le fascisme en Belgique.
Et l’on se trompe en croyant bien faire.
De la Libération jusqu’à aujourd’hui, les documentations, les livres et les biographies des dirigeants fascistes durant la période allant de 1936 à la fin de la deuxième guerre mondiale n’ont jamais été vraiment lus par la population. Ils ne l’ont pas été en raison d’une chape de plomb qui s’était abattue sur les œuvres maudites avec la conviction des censeurs qu’il était inutile d’encombrer l’esprit des gens de ce moment troublé de l’histoire. Par contre, les éditions populistes ont été largement diffusées. Ce qui a eu pour résultat d’outrer les personnages. Au lieu dans faire des marionnettes saisies par le pouvoir, on en a fait des monstres, c’est-à-dire pour certains, des demi-dieux.
Pourtant, c’est dans ce maquis de l’Histoire encore à défricher que l’on trouve les vices cachés d’un système qui conduit toute gestion à la faillite par le goût du grandiose et l’absence de projets cohérents.
A quoi identifier le mieux le chef emblématique d’une dictature, sinon au manager agressif d’un capitalisme sauvage ?
Eponymes, le Front et le Vlaams Blok sont incapables de proposer un programme sérieux.
Sous prétexte d’organiser autrement, les nazis ont réussi une désorganisation complète de l’Allemagne. C’était une forme d’anarchie « à l’envers », une volonté de concentration autoritaire de tous les pouvoirs, se livrant à tous les désordres.
On a vu les Alliés abreuver de sarcasmes et d’injures les nazis vaincus, sans vraiment jamais démontrer leur perversité absurde et calamiteuse de mauvais gestionnaires.

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Et aujourd’hui, parmi les rejetons de la génération des années 60 que la propagande démocratique n’atteint plus ou mal, resurgissent les aberrations des adolphins.
Quand va-t-on sérieusement expliquer à ces enfoirés, qu’Adolphe n’était pas le génie de l’organisation militaire, le superviseur incontestable d’un Etat moderne conçu pour la prospérité, dans l’ordre et la discipline ? Son dilettantisme est un des facteurs non négligeable de la déroute allemande. Son autodidactisme prétentieux en matière militaire a fait de l’Allemagne un cimetière et conduit les Allemands dans un gouffre où ils ont été longtemps à ne pouvoir sortir.
Si c’est ça l’exemple des nazillons de Liège et de Charleroi autant dire qu’ils devraient faire réfléchir ceux qui ont voté pour eux.
Le National-socialisme était un foutoir d’ambitieux, refuge d’aigris et de frustrés de 14.
Hitler agissait par impulsion et ne s’occupait pas de l’essentiel. Sa paranoïa est décrite par ses proches collaborateurs qui ont laissé des mémoires.
C’est à cause de lui et de son peu d’intuition militaire que les nazis sont – heureusement – passés à côté de la bombe atomique.
Très branchés sur la question jusqu’en 40, les savants allemands ont été mobilisés avec les chercheurs et les aides des laboratoires, soit plus de six cents personnes. Quand, Speer s’est aperçu de cet engagement malencontreux, il était trop tard. Et Fromm n’a plus retrouvé sur le front de l’Est que la moitié du personnel capable de construite la bombe.
Quand il fallut à tout prix des matériaux dont l’aluminium pour construire des centres de recherche et faire des expériences, et notamment créer un accélérateur de particules, Hitler n’a pas voulu arrêter ses travaux au Berghof à Berchtesgaden. Ils se sont poursuivis jusqu’en 1944 !
Tout est à l’avenant chez ce personnage absolument catastrophique.
Les autres grands chefs ne valent guère mieux. En 1942, Göring convoque Speer dans son domaine de chasse pour lui faire savoir que dorénavant, puisqu’on n’a plus d’acier pour construire des locomotives et qu’il en faut d’urgence, on va les construire en béton !!!
Je m’arrête là. Ce ne sont que deux exemples parmi des milliers d’autres.
Voilà ce qu’il faut expliquer aux enfants et aux adultes aujourd’hui. Les convaincre que ce régime nazi tant apprécié par nos foldingues de l’hitlérisme et du nationalisme n’était pas viable à cause de l’incurie des dirigeants et la perversité de leur doctrine. Si Hitler a perdu la guerre, la cause première n’est pas « l’incroyable domination technique américaine », mais l’incompétence du National-socialisme à gérer une Nation.
Les nationalistes flamingants ne se reconnaissent pas dans le nazisme d’Adolphe. Cependant leurs décisions, leur unilatéralisme, leur goût du chef, leur exaltation de la patrie, leur dilettantisme procèdent du nazisme, parce qu’ils sont de la même trempe désorganisatrice sous des dehors apparents d’ordre et de discipline.
Il faut démonter les mécanismes, mettre l’accent sur les sophismes des dirigeants. Et non pas revenir sur les lieux communs d’une démocratie incomparable et triomphante.
Nos hommes politiques ne sont pas des surhommes et leurs partis ne sont que notre propre reflet. Nous n’avons qu’à nous en prendre à nous-mêmes, si nous les trouvons mauvais. Mais, aussi désastreux soient-ils, ils sont mille fois préférables au néo-nazisme qui pointe son nez en Belgique.

27 juin 2004

Dutroux et Cie : l’épilogue.


…« et Compagnie » s’en tire plutôt bien.

Michèle Martin pourra demander une remise en liberté au tiers de sa peine, c’est-à-dire dans 2 ans, vu qu’elle a fait 8 ans de préventive.
Ainsi « cette mère de 3 enfants » ne connaîtra-t-elle pas longtemps les affres d’une étroite cellule, à plaider son conseil, en oubliant qu’elle avait laissé périr deux fillettes dans une cage de 2 m² !
Vu sa souplesse d’adaptation à la pègre carolorégienne, elle n’aura pas de mal à se reconvertir dans une autre branche du vice organisé. Le proxénétisme appliqué lui étant déconseillé car touchée par la limite d’âge, il lui restera la possibilité d’une carrière de maquerelle, d’habilleuse des filles en vitrine ou mieux d’exhibitionniste dans le « Chubby old granny » très demandé en ce moment dans les caves du Charleroi by night.
Autre cas attendrissant Lelièvre !
Que voilà un garçon qu’on ne soupçonnait pas si charmant, sous ses dehors de petite frappe droguée et soumise à l’effroyable Dutroux. Grâce aux études universitaires que ce héros de la reconversion va accomplir, il quittera bientôt ce sourire niais, ce regard stupide que nous lui avons vu derrière les vitres du box des accusés, pour… qui sait ? revêtir une robe d’avocat, devenir prolixe et serviable, bref, réintégrer la société qu’il n’aurait jamais dû quitter sans sa déplorable manie des savonnettes. Peut-être même partagera-t-il, en l’occurrence, dans le vestiaire des avocats, l’armoire de Maître Van Praet ? Si telle était l’occurrence, je conseillerais à celle-ci d’éviter de tourner le dos à ce charmant confrère.
Lelièvre a réussi, entre deux enlèvements, à devenir père de famille, quelque part dans les Balkans. Son fils a besoin d’un père reconverti dans la sagesse et le bon sens. Dès que cet intellectuel en devenir aura réintégré le logis de l’espérance et tenu dans ses bras le fruit d’une « erreur » de jeunesse, tout est à craindre !
Quant au plus innocent de tous, Nihoul, il reste en liberté, malgré les quelques mois de rabiot qu’en principe il devrait faire pour achever de payer sa dette à la société. Il paraît que sa vieille compagne à la retraite depuis la fermeture de son bouiboui est sans le sou et que son gagneur ne vend plus sa camelote aux portes des discothèques.
S’il a un brin de plume, ses mémoires paraissent aller de soi. Gallimard est prévenu.

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Il a fallu huit ans pour déboucher sur ce jugement !
Huit ans de fausses vraies enquêtes, d’admirables envolées de parents indignés, d’un public dubitatif à l’encontre des autorités, d’une marche blanche, d’une Commission d’enquête du Parlement, huit ans de témoins et de faux témoins, de juge démis, d’évasion et de suspicion au plus haut de l’Etat !

Quasiment innocents en trio, reste l’olibrius suprême pour le quatuor.
Dutroux !
Et s’il était le plus innocent de tous ! Voilà une plaidoirie toute en finesse pour plus tard, en Cassation !
« Mesdames et Messieurs les jurés, mon client a agi dans un état second ! Ce n’était pas lui qui fomentait ses viols et ses crimes, mais son double !
« Vous avez devant vous un nouveau Docteur Jekill ! Le condamnerez-vous, lui qui était sous l’emprise de Mister Hyde ? »

Le Tribunal ne pouvait pas faire autrement que d’octroyer un bon d’écrou « on limits ». S’il en avait été de l’indulgence de la Justice, comme pour les trois autres, je crois que le nouveau bâtiment d’Arlon aurait été démoli, pierre par pierre, par l’opinion publique.
Mais tout n’est pas perdu pour l’ennemi public n° 1.
Il existe des remises de peine. Nous sommes en fin de règne, quand Philippe montera sur le trône, ce sera une occasion. Chaque année il y a des remises, pour cause d’événements, d’élans patriotiques divers et de la couleur du temps. Et puis, arme suprême, qui sait, un nouveau Melchior en roi Mage au ministère de la Justice est toujours possible ?

Reste que l’enquête reste à faire.
Réseau « or not » réseau ? La copie au procès bis ?
Si la Justice a mis des boules Quilès au début, c’est qu’elle craignait le pire. Et craignant le pire, elle a préféré ne pas soulever des couvercles.
Ce fut une grave erreur.
On ne cure pas bien une plaie quand on laisse se corrompre des corps étrangers dans les tissus.
Le réseau qui remonterait à Dieu le Père, personne de censé n’y a vraiment cru. Et c’est justement pour couper court aux bruits infondés que l’on aurait dû chercher quelques autres petites frappes qui – peut-être - courent toujours.
Bref, on ne saura jamais. Il aura suffi qu’un doute soit émis sur des culpabilités inouïes en haut lieu pour qu’on avance sur des œufs et finisse par des pirouettes. A croire qu’il n’y a pas que le populaire qui a des phantasmes ?
Enfin, la justice officielle triomphe, en rappelant que la vérité du droit, n’est pas la vérité tout court.
Mais la victoire est amère et le résultat dérisoire.
Bien à la dimension de la Belgique : médiocre !
Reste le cas Russo ! Ces parents malheureux ont eu la dignité de ne pas assister à cette mascarade. Que ce serait-il passé si toutes les autres victimes ou parents de victimes en avaient fait autant ? On n’ose l’imaginer.
Les Russo ne perdent rien pour attendre.
On se souvient qu’on a arrêté la plainte d’un gendarme de l’enquête à l’encontre de Madame Russo, plainte que Madame Tilly trouvait « inappropriée » au moment de son dépôt et en pleine instruction du procès du siècle. Cette affaire est toujours inscrite au greffe.
Si elle arrive au rôle, il se trouvera bien l’un ou l’autre juge pour condamner cette malheureuse femme.
Ce serait vraiment là, une ultime conclusion.
Si telle était l’occurrence, je m’engage à payer mon écot sur une liste de souscription.

26 juin 2004

Sur une défaite des Bleus

L’élimination ce soir de l’équipe de France de football par la Grèce met fin à un enthousiasme français qui nous vaudra aux télévisions et aux radios de ce pays un retour vers des programmes moins chahutés par le sport et, espérons-le, meilleurs.
Tandis qu’une moitié des téléspectateurs trépigne et vibre au fil des matchs, l’autre paraît consternée que l’on puisse s’exalter à ce point pour ce genre de spectacle.
Un océan d’incompréhension sépare les pour et les contre.
Les inconditionnels vous diront, non sans raison, que ce sport est populaire et que ce n’est pas tous les jours que l’on rassemble tant d’aficionados dans un stade ; qu’il doit bien y avoir autre chose qu’un simple enjeu entre deux équipes pour susciter tant de passions.
Les sceptiques parleront des sommes folles payées à certains et l’injure faite aux salariés de base d’une telle manne pour aussi peu de mérite que courir derrière un ballon. Ils parleront ensuite de la médiocrité du spectacle.
Les amuseurs publics ont tranché. Ils bouleversent tous les programmes et ne font plus guère de place aux autres divertissements. Le relâchement des services est visible et même ceux qui ont mission de défendre autre chose paraissent tellement distraits qu’ils semblent avoir un œil sur la retransmission du match de la soirée, en vous parlant.
C’est que tout le monde a raison et tort en même temps.

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Une grande partie du public des stades et les supporters passionnés qui vivent les matchs ailleurs, ne font pas partie des gens aisés. Malgré cela, ils paient parfois 200 euros pour une place à la tribune, voire davantage, dans des rencontres comme le Portugal en voit actuellement. Ce sacrifice si important pour eux, doit bien avoir une signification ?
Que les grandes causes de l’humanité, la vie sociale et politique, la profession qu’ils exercent n’aient pas la même résonance est quelque chose qui serait incompréhensible, s’il n’y avait cette mauvaise éducation que les sociétés, quelles soient libérales ou socialistes, donnent par l’exemple à leur population.
Si encore le public sportif était partagé entre sa passion du sport et sa passion de l’humanité, on comprendrait que l’homme cherche un équilibre entre les plaisirs et le devoir. Ce n’est pas le cas. Ce sont en général des foules facilement exploitées, peu engagées ailleurs qui ont trouvé un sujet à leur niveau, pratiquement inépuisable.
Je suis à la fois inquiet et admiratif devant ceux qui les encadrent, dirigeants de club, politiciens habiles, rédacteurs sportifs pour leur mémoire quasiment infaillible des joueurs, des matchs et des buts qui ont été marqués et ce sur des décennies par des clubs pas toujours locaux ; alors, qu’ils seraient incapables de donner deux ou trois noms des dirigeants actuels de l’Europe et de leur pays..
Le sport à ce niveau, rendrait-il idiot ?
Il fallait voir au soir de la défaite de l’Italie, le malheur qui s’était abattu sur certains quartiers de Grâce-Hollogne. Les drapeaux pendaient aux fenêtres comme des linges sales. Il régnait dans les rues une détresse infinie.
Loin de se moquer, au lieu de considérer cela comme une aberration de plus, on peut regretter que cette sensibilité visible, cet amour pour une équipe au point qu’on l’accompagne dans le malheur, ne se portent pas sur de plus nobles causes.
Que ne pourrait-on faire si l’on pouvait canaliser toute cette énergie dépensée, ce formidable enthousiasme, cet attachement aux représentants d’un pays qu’on a quitté parfois depuis si longtemps ?
C’est un des échecs cuisants de l’éducation, celui de n’avoir jamais su exalter les grands desseins de la démocratie.
Le fonds existe. La sensibilité est là. Peut-être les dirigeants de ces grands clubs que sont les pays ne le veulent-ils pas ?

25 juin 2004

Les grandes enquêtes du FOREM

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- Vous êtes, cher Monsieur Aimé Dedrolling professeur à l’Académie de peinture. Et c’est à ce titre qu’un jury composé de ménagères de plus cinquante ans, anciennes élèves des cours du soir, vous a élu l’homme le plus dragueur de l’année ; en même temps qu’un autre jury, composé de Liégeois de plus de cinquante ans et ayant fait partie de la même année d’étude, vous consacrait le peintre le plus médiocre de votre génération. Comment expliquez-vous cette double consécration ?
- Naturellement, une affaire entre les deux jurys. Reconnaissance des femmes, rivalité des hommes…Mais, c’est toujours avec plaisir que je reçois des prix.
- Quel est celui qui vous tient le plus à cœur ?
- Les deux à la fois. Mais, permettez-moi de les séparer afin de les commenter. D’abord le premier, vous ne pouvez imaginer l’horreur que ce serait de ne passer des soirées entières qu’à expliquer la technique chez ces dames, dont leur passe-temps est incompatible avec l’Art. Alors, pour maintenir un quota d’élèves à seule fin de préserver ma situation et enfin parce qu’il faut animer les soirées, je les drague, aidé en cela par un fort tempérament non assouvi par une épouse hypocondriaque. Je drague aussi par goût, sinon par besoin tous les jupons que j’ai sous la main. Cela ne m’a pas trop mal réussi. J’ai beaucoup d’élèves assidues. Un palmarès éloquent, qu’en parfait galant homme, je ne détaillerai pas. Bien sûr, je ne lève pas du premier choix, mais une vie passée à jouer aux cartes et à boire au café d’en face ne m’a pas non plus buriné un visage à la Sean Connery.
- Vous êtes d’un réalisme que j’apprécie…
- Ça vous dirait d’aller à l’hôtel cet après-midi avec moi ?
- Non, mais, ça ne va pas ? Je suis journaliste à « Modes et Travaux »,

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- Vous savez, il y a de tous les métiers chez ces dames du cours du soir. Cependant, je suis assez lucide pour voir qu’entre vous et moi, il y a trente ans de différence et qu’en plus vous êtes particulièrement jolie et que vous devez avoir d’autres coups que moi dans votre agenda.
- Si vous me laissiez faire mon métier, sans que j’aie besoin de surveiller vos mains ?
- Ainsi tout est clair. Je propose et vous écartez ma proposition. C’est toujours ainsi que je procède. Je n’ai pas de temps à perdre en vains préliminaires. Je n’ai aucune honte à me faire remettre à ma place. C’est ma force. Si vous saviez – en compensation des nombreux refus - le nombre d’élèves et, au gré de mes expositions, le nombre de femmes, mariées ou non, qui ont accepté de baiser comme je vous le dis, entre trois et quatre heures de l’aprem, vite fait et sans lendemain, vous ne le croiriez pas !
- Si je vous crois. Vous avez dû avoir des échecs cuisants ?
- Nombreux. Vous vous en doutez. Non pas qu’elles ne voulaient pas, mais outre la gêne qu’elles éprouvaient à m’entendre leur proposer de faire l’amour sans les fadeurs consternantes que les mâles en manque débitent si souvent, elles pensaient malgré tout aux inconvénients de la chose, les menteries, le congé pour quelques heures toujours plus suspect qu’un arrêt de travail d’une journée entière… Elles redoutaient que le soir, sur l’oreiller, leurs bonshommes ne leur disent « Qu’as-tu fait de cette longue journée sans moi, ma chérie ? »
- Au moment de vous dire oui, elles ne pensent jamais à leurs maris ?
- Jamais ! Sauf une veuve qui m’a résisté, par respect pour la mémoire du sien qui était mort depuis deux ans.
- Comme quoi la fidélité quand elle trouve à se loger !
- Chez des âmes bizarres, n’est-ce pas ? D’autant qu’elle l’avait trompé à tour de bras pendant vingt ans ! Allez comprendre ?
- Alors le prix de dragueur de l’année vous convient ?
- Oui, cela me convient. Sauf pour une chose.
- Laquelle ?
- Certaines s’inquiètent que je m’en aille répandre leur histoire d’amour à tous vents. C’est qu’elles craignent que leur aventure exceptionnelle ne soit interprétée par les mécréants comme un vulgaire tire-jus de pétasse ! Elles n’aiment pas qu’on découvre ce qu’elles sont.

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- A quoi attribuez-vous votre succès ? Vous n’avez rien d’exceptionnel !
- La banalité, sans trémolo, ni serment définitif, les rassure. Reste que je les fais rire. Voilà le secret. Coucher avec moi est sans conséquence…
- Quel plaisir retirez-vous de vos aventures ?
- D’abord la chasse. L’instinct du mâle. Puis la curiosité, savoir comment elles sont faites en dessous. Ce qu’elles ne montrent qu’à leur gyné et leurs amants. Je passe sur le plaisir de l’acte pour ne pas faire vulgaire. Qu’elles prennent leur pied ou non, je m’en fous. Viennent après les moments exquis, quand je les rencontre au bras de leurs maris et qu’elles rougissent jusqu’à la racine des cheveux. C’est du ragoût !
Certaines ardentes, accompagnées par plus jeune et plus beau que moi, minaudent et entourent l’accompagnateur de mille et une prévenances. Cela sciemment pour me blesser ou me faire revenir dans leur lit. Ce qu’elles ne savent pas, c’est que je suis sans amour propre et que je ne suis jaloux qu’une fois, quand c’est le titulaire qui les a et moi, pas encore !…
- Alors, à quoi pensez-vous ?
- Je pense au pauvre type qui est devant moi et à la tête qu’elle faisait pendant qu’elle me suçait…
- Je vous en prie. Vous ne croyez pas que je vais écrire cela dans « Modes et travaux » ?
- Ecrivez ce que vous voulez, je m’en tape. C’est vous qui êtes à me relancer sur un sujet qui vous aurait bien plu si j’avais été comme vous le souhaitiez, parfaitement ridicule et humilié de mes deux prix… vantant les joies de l’enseignement du dessin… bêlant des conseils à des pauvres types qu’on traîne dans la boue tous les jours parce qu’ils ne savent pas se vendre dans cette société à la con. Trouvant admirable, l’inquisition des débiles qu’on paie pour emmerder le pauvre monde au FOREM et qui sont à l’interview du bon côté, celui du manche…
- Si nous parlions du second prix? Vous êtes à vous échauffer. Vous sortez du sujet.
- C’est assez simple, l’origine de mon second prix. Draguant leurs femmes devant eux, les hommes ne m’ont pas à la bonne… Faut les comprendre.
- Vous n’avez jamais eu un poing sur la gueule ?
- Des menaces oui. Passer aux actes c’est autre chose. Vous savez un femme, la quarantaine passée, sait trouver les mots qui rassurent son compagnon. Comme d’instinct, elle sait ce qui va l’échauffer à mort…
- Et dire que vous n’êtes peut-être pas un bon coup !
- C’est exact. Depuis un certain temps, je m’ennuie dans le lit même de ma conquête du jour. Cela se ressent côté performance.
- Alors, ce prix du peintre le plus médiocre ?
- En un mot - j’ai un rendez-vous dans un quart d’heure - être jugé par des gens qui savent à peine tracer une ligne droite main levée, qui ne sont pas capables de représenter ce qu’ils voient, avant d’en faire l’abstraction, qui confondent les couleurs primaires et qui s’engagent dans le pastel avant même de connaître la technique, qui s’empressent d’encadrer leurs abominables choses dans des cadres kitch pour courir les expositions au château d’Esneux ou à Libramont, qui emmerdent tout le monde sur l’histoire de l’art et qui confondent un Magritte avec un Delvaux, oui, être jugé peintre le plus médiocre est très flatteur pour moi, par ces gens-là. Je les inviterai du reste, à la fin de l’année, avec leurs femmes, dans un petit restaurant de la ville où les toilettes sont pratiques et fort tranquilles, des fois qu’il y aurait une urgence parmi mes élèves !
- Savez-vous ce que vous êtes ? En plus d’être sans-gêne, vous êtes un cynique !
- Le cynisme est plus une qualité qu’un défaut.
- Comment voulez-vous que je boucle l’article avec toutes les horreurs que vous m’avez dites ?
- Ecrivez systématiquement le contraire. On voit ça dans la presse tous les jours. Vous recevrez des félicitations de votre direction.
- Vous pourriez m’aider ?
- Rien de plus facile. J’annule mon rendez-vous. J’écrirai moi-même le papier sur la table de nuit de l’hôtel… Rassurez-vous je serai bref…
- Alors vous ! Je téléphone tout de suite à Arthur que j’aurai du retard…

24 juin 2004

L’homme au masque de cire II (suite et fin)

Pour que l’histoire soit intelligible, il vous est conseillé de lire avant les blogues des 22 et 23 juin.

Pendant ce temps l’enquête dirigée par l’ancien gendarme Tapinois sous les ordres du commissaire Lhébété, piétinait.
Souvent ils piétinaient ensemble, eux et l’affaire, parcourant les rues d’Oupeye, de Wonck, de Cheratte jusqu’à Visé, piétinant tant et plus. Tant et si bien qu’ils gagnèrent des pieds plats !
La colère des habitants était telle que les enquêteurs durent se faire protéger par la police.
Une quinzaine de jours passèrent encore sans qu’aucun événement se produisît. Les enquêteurs avaient pris l’habitude de faire des ricochets sur la toile de la Meuse fort haute pour la saison. Souvent ils passaient derrière la maison du professeur, dont le jardin donnait sur la berge. Celui-ci ne manquait pas de les conseiller sur la façon de tenir la pierre pour augmenter le nombre de ricochets. Il les accueillait sous la tonnelle, dans une demi obscurité, se plaignant d’avoir la peau fragile de Michaël Jackson.

Cinq mois étaient passés lorsque Rosalie Bellefleur, alias Sue Allen depuis le concours de miss belles jambes, réapparut au centre du village entièrement nue et enceinte !
C’est un ancien reporter à la « Pensée russe» de Saint-Pétersbourg, en vacances sur une péniche près du pont de Cheratte, qui fit le scoop. Ce qui le relança, car il le vendit au Sun de Londres.
On jeta une couverture sur les épaules magnifiques de mademoiselle Bellefleur. On chercha les policiers qu’on trouva attablés chez Dominique à Lannaye devant de la Trappiste de Chimay ; entre-temps le reporter avait son papier. Les policiers arrivèrent toute sirène hurlante. On avait conduit la rescapée chez Troipieds, l’unijambiste du village, dont la maison est proche de l’endroit où la jeune femme était réapparue.

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Un peu réconfortée et serrant la couverture sur ses seins gonflés de l’espérance d’être mère – car la nature s’en fout de la qualité du géniteur – elle parla d’une voix que l’émotion faisait trembler.
Après qu’elle but le grog du professeur, Rosalie Bellefleur sombra dans un sommeil profond. Lorsqu’elle se réveilla, elle était emprisonnée dans une enveloppe mince et cependant résistante, un secret de fabrication de Jarrod, le Fixatron. Elle pouvait voir et entendre. Seule la parole lui était interdite, les lèvres n’étant ouvertes qu’en leur centre. C’est par là que tout ce temps Jarrod l’alimenta à l’aide d’un chalumeau.
Lorsque le professeur la vêtit en sultane et l’étendit sur son lit de parade pour son exposition, il avait obturé la bouche pour la circonstance, seuls les yeux fixèrent les gens pour demander de l’aide, en vain !
Elle se vit morte dans les mains d’un monstre, dans cette armure seulement percée des quelques petits trous nécessaires à la poursuite des fonctions naturelles.
C’est ainsi qu’elle vit tour à tour les victimes suivantes du monstre, qu’il endormait puis conservait comme le ferait un chasseur de papillons.
Jarrod lui dit qu’elle ne mourrait pas comme tous ceux qui lui avaient permis de monter son musée. Les malheureux avaient eu moins de chance qu’elle.
A présent, c’était elle qui sifflait comme le jet de vapeur d’une cafetière électrique lorsqu’elle s’exprimait dans cette armure impitoyable qui l’enserrait de toute part.
« Pourquoi chifffouard ffaites pschuit m’épargnez ? » lui dit-elle.
Et en disant cela, elle se rappela la façon dont le monstre avait crié après son Kiki. Et elle comprit que lui aussi était emprisonné dans un Richard Geere en Fixatron !
« Pfuitt, che fous s’aime » articula-t-il un peu à la façon auvergnate.
Comprenant tout, elle éclata en sanglot, ce qui lui fit une mini inondation aux jambes.
Le monstre ne se gênant plus devant elle, sa vie devint un martyr. Le soir après avoir joué à l’orgue la Toccata en ré, il la montait dans la chambre avec l’aide de Peter Lore. Puis il se dépouillait de son masque.
Il était épouvantablement brûlé. Les chirurgiens ne pouvaient plus rien pour lui. Enfermé dans son Fixatron, il avait la voix haut perchée de Dolly Parton, la chanteuse country. Libéré de son enveloppe, il avait l’organe d’Yvan Rebroff.
Rosalie voyait par un grand trou à la place du larynx, le jeu de harpe des cordes vocales.
C’était la nuit qu’elle souffrait le plus. Il la plaçait dans son lit à ses côtés et par les orifices qu’il avait ménagé, il se servait d’elle comme d’une poupée gonflable.
Le joueur de football camerounais fit échec plusieurs fois au Fixatron par la force de ses érections. Il fallut renforcer la partie basse.
Justement, la production de Fixatron ne suivait pas à enduire les victimes. Pour économiser la matière et parce que Rosalie belles jambes était la seule rescapée, il avait singulièrement aminci la couche de Fixatron du thorax au bas ventre de la jeune femme. Au troisième mois de grossesse, Rosalie observa des fissures sur le produit. Si bien qu’au cinquième mois, brusquement le produit tomba de lui-même par plaques entières, alors que Phibes était dans son laboratoire.
Elle s’enfuit à l’état de nature aussi vite qu’elle put.
Lhébété et Tapinois, après le récit, se rendirent au domicile du professeur.
Il avait disparu avec Peter Lore, son domestique.
L’opinion s’enflamma davantage dès qu’on sut que les assassins étaient en fuite.. On leur attribua des protections…
Les retrouvailles du village furent un événement national.
Chaque villageois à la photo de la seule rescapée au-dessus de son poste de télévision.

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Quant aux auteurs des crimes, on n’entendit plus jamais parler d’eux.
Il semblerait qu’ils aient été engagés par MGM pour signer le scénario d’un nouveau « Masque de cire ». Mais il y a blocage à cause de Richard Geere, pressenti pour le rôle. Il aurait reçu le conseil du Dalaï Lama de refuser le film, contraire à son message de paix. Jean-Paul II fit savoir à l’acteur hollywoodien qu’ils étaient moins regardant au Vatican, à partir du moment où l’on peut racheter tous ses péchés grâce à la « golden cart de la Chase Manhattan bank ».
Cependant, de ces derniers événements, rien n’est certain.

23 juin 2004

L’homme au masque de cire II (suite 1)

Il serait peut-être utile de lire le blogue du 22 juin.

Mais la goutte qui fit déborder le vase fut le départ inexpliqué de Mademoiselle Annah, la rosière du coin, une brunette de 24 ans ! On ne lui connaissait que des amies dans la Commune. Qu’elle disparût pour quelque individu qui ne fût pas autochtone, mit l’amour du clocher à vif.
On dépêcha sur place le commissaire Lhébété de Liège qui ne put que confirmer l’absence de cette perle rare.
Tout était parfaitement rangé dans sa chambre au-dessus du local des Rouges. On aurait cru qu’elle allait entrer d’une minute à l’autre. Ce qui fit dire à Lhébété que cet ordre était trop parfait pour être vrai. Pour sa défense, il faut signaler que la femme du commissaire était particulièrement bordélique. Il crayonna un plan où entrait la mise en scène d’un logement avec le lit au carré, les casseroles alignées sur l’étagère, les magazines empilés dans un coin, etc., sauf un crayon à cils à côté de la poubelle ! Il en déduisit que la fuite avait été programmée de longue date.
Un carnet d’adresse sous le téléphone attira son attention, sur une page figurait les noms et adresses de dix-sept hommes. D’une main maladroite la rosière avait écrit : mes amants de l’année dernière. Lhébété crut à une manœuvre de dernière minute pour égarer les recherches. Il sonna chez le premier de la liste, un curé des environs. A la vue de Lhébété le saint homme fut pris de convulsion. Il fut impossible d’en tirer un mot. Le deuxième n’était pas chez lui, sa femme l’attendait pour le souper. Il abandonna au troisième, car il retombait chez le joueur de foot, Oscar Bardibardaf, le camerounais, disparu, lui aussi. Et si les deux avaient fugué ?
L’évidence frappa Lhébété.
Il se perdait en conjectures à quelle friture il allait manger au moment de passer sur un petit pont qui enjambait le Geer, quand soudain il perdit l’agenda de Mademoiselle Annah. En voulant le ressaisir, le sien tomba à l’eau, aussitôt emporté par le courant. De toute manière son siège était fait. Quant à son agenda, il n’y écrivait jamais rien, suivant une technique qui avait ses partisans et un illustre exemple.

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Les Flamands virent une affaire linguistique, le soir où un rabique du Vlaams Blok des Fourons ne revint pas d’une soirée de collage d’affiches contre les rattachistes.
Ce fut un mois après cette dernière disparition que Henry Jarrod ouvrit son musée de cire copié sur celui de Madame Tussaud de Londres.
« Chamber of horrors » occupait tout le rez-de-chaussée du musée. On y voyait des personnages s’égorger dans une ruelle à l’identique au décor du Musée du cinéma du Grand Palais. Dans une prison voisine, on pendait ceux qui survivaient aux suites de leurs blessures, sans distinction entre les meurtriers et les victimes.
Le bourreau qui avait les traits de Boris Karloff fermait le nœud coulant autour du cou d’un condamné qui ressemblait trait pour trait au notable socialiste disparu.
Les mannequins avaient tous plus ou moins un air de famille avec ceux qui manquaient dans le village. Ce que la foule des curieux considéra comme un hommage aux disparus. Phibes en fut félicité par Lhébété.
Le gardien de but, qu’on reconnaissait à sa peau noire et son short bien rempli, était criant de vérité.
L’ancienne rebouteuse s’activait en visiteuse de prison dans une attitude osée près d’un Chéribibi célèbre à Visé qui s’était volatilisé de la prison de Namur. Cette scène fit jaser.
Le commerçant failli était si ressemblant que Maître Barbenbois, huissier de justice, parmi les visiteurs, déposa un exploit au pied du mannequin à toute fin utile.
Mais le professeur avait aménagé le clou de cette exposition spéciale dans une annexe qui avait servi d’étable à cochons. Le professeur l’avait transformée avec Peter Lore en palais des mille et une nuits.
Le tableau s’appelait « la favorite du grand turc » sous-titré en anglais « Erotic scene in the seraglio of the Turkish frand ».

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Dans une ambiance de mauve et de vert, une femme magnifique était étendue sur un lit de parade. Des odalisques l’éventaient par des moyens mécaniques. Une musique suave sortait d’un baffle camouflé derrière un moucharabieh. Régulièrement surgissait en images subliminales un homme abominablement décharné, tandis qu’on entendait un bruit de chaîne.
C’était l’esclave blanc de la favorite que des eunuques torturaient, s’il fallait en croire l’explication sonore qui sortait d’une machine à sous. Cette torture était le châtiment du Grand Turc.
La vision de cet homme détruit était un supplice pour la favorite coupable de lui avoir accordé ses faveurs.
Les yeux extraordinaires de la sultane remplis de terreur suivaient les visiteurs !
En sortant de la salle, les invités frissonnèrent puis se félicitèrent d’être vivants.
Cette exposition fit grand bruit.
Le professeur déclina les invitations qu’il recevait de partout.
Il ne voulait pas, dit-il, profiter de l’affliction générale.
Phibes mit à la porte un désespéré qui voulait passer à la postérité pour que sa compagne volage le vît statufier et en éprouvât des remords.
Le professeur le convainquit que son art n’avait rien à voir avec sa momification.
Son réalisme ne devait qu’à son talent.

(Demain l’épilogue)

22 juin 2004

L’Homme au masque de cire II

(Le texte vu sa longueur a été divisé en trois parties qui seront publiées les 22, 23 et 24 juin)

Henry Jarrod, alias le docteur Phibes, alias Vincent Price, posa sa main reconstituée sur le bras de la jeune fille qui avait perdu son chien.
- Je vous aide à retrouver Kiki…
La voix de Jarrod semblait sortir du bec d’une cafetière sous pression. Dans l’obscurité, sur la berge déserte, à proximité des trous béants des champignonnières, on le discernait à peine, sauf lorsque le reflet vert de l’eau du canal Albert éclairait un visage étonnamment sans expression.
Rosalie Bellefleur, dite Sue Allen, miss Belles jambes 2002 d’Oupeye, en d’autres temps, se serait méfiée de Jarrod. Un inconnu ne se promène pas à pareille heure en cet endroit sans de solides raisons, surtout habillé d’une cape noire qui couvrait tout le corps, coiffé d’un couvre-chef à larges bords sous lequel on n’apercevait qu’entre paupières et sourcils comme deux ajouts par colombage, des yeux ronds fixes de hibou...
Mais, la perte de son seul ami poussait Rosalie à faire confiance.
Ils cherchèrent vainement le long du Canal Albert sur les berges empierrées et à l’entrée des cavités de la montagne de sable.
Rosalie restait prudemment sous le porche naturel, tandis que Jarrod s’enfonçait résolument à chaque ouverture, jusqu’à disparaître. Sa voix prenait alors avec l’écho une forme encore plus sifflante : « Chîîkîîfff » haleta-t-il pour « Kiki », comme si le chien était doué pour les langues !
Il disparut tout à fait et Rosalie allait rebrousser chemin sans l’attendre, lorsqu’il réapparut derrière elle, à l’instant où la lune crevait les nuages. Elle ne pouvait mieux le comparer qu’à l’acteur américain Richard Geere, avec des cheveux blancs qui devaient être une perruque pour parfaire l’illusion, et l’impression de tristesse qui se dégageait de toute sa personne, comme dans « American Gigolo ».
Voilà deux ans que Jarrod s’était reconstitué une apparence humaine malgré les traces profondes que l’incendie volontaire de son associé lui avait laissées sur le visage et tout le corps.
Son musée londonien en ruine, il s’était caché pour échapper aux regards des hommes, avait trouvé refuge en Belgique, dans cette région de la Basse-Meuse où les gens sont simples et accueillants. Grâce au brevet d’un préservatif clignotant lorsque le partenaire était atteint d’un MST, il avait fait fortune et avait mis sur pied un nouveau laboratoire avec lequel il s’était refait un visage. En quelques minutes, il pouvait changer de masque et apparaître à sa fantaisie sous les traits de qui il voulait. Geere était parmi ses premières créations. Il espérait peaufiner le personnage au niveau du menton et des joues et faire quelques retouches, par-ci, par-là.
Au festival du cirque de Monte-carlo, pour se tester, il était apparu en Tony Blair, ce qui lui avait valu de partager la loge du prince Rainier.

Ils remontèrent la berge en ayant perdu l’espoir de retrouver le chien.
On ne voyait pas encore les lumières des premières maisons du village. Jarrod boitait bas, ce qui ne l’empêchait pas de suivre le pas rapide de Rosalie. Il lançait la jambe droite de façon curieuse comme un coureur qui saute une haie du steeple, tandis que la gauche le ralentissait par un mouvement plus lent .

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Rosalie se rassura sous la première lampe publique du village.
Pour une fois qu’elle était aidée par un monsieur complaisant aux cheveux blancs et à la vague allure du comédien américain, elle s’en voulut d’avoir eu une sorte d’angoisse à l’insolite rencontre.
La jeune fille s’était enrouée à force de crier « Kiki… où qu’elle est la sale bête ». Si bien que c’est naturellement qu’elle accepta de prendre un grog. Dans le salon austère et victorien, il lui suggéra de l’appeler, professeur.
Il parla tout un quart d’heure d’une cousine écossaise, tout en la surveillant du coin de l’œil boire son vin chaud.

Ce fut la première disparition inquiétante dans la Région.
Tout le monde crut que la jeune miss belles jambes était tombée dans le canal en cherchant son chien.
L’enquête se fit discrète autour du Professeur. Comme personne ne les avait vus le long du canal, on le laissa tranquille. Pourtant, ce personnage énigmatique installé dans une vieille bâtisse de la Commune, intriguait. Le camion, qui avait déchargé à son arrivée quelques meubles art déco, était de Londres. Chose naturelle pour un anglais.
C’était à peu près tout ce qu’on savait.
Jarrod dont le visage fondait régulièrement ne pouvait guère se promener au soleil. Il payait bien ses fournisseurs et ne recherchait pas la publicité. La semaine suivante de son installation, un vieil homme de type oriental descendit du bus au château d’Oupeye et à l’aide d’un plan et sans rien demander à personne, se rendit à la maison du professeur. Il le remplaça dans les magasins. Des cinéphiles du coin lui trouvaient une ressemblance avec Peter Lore, l’acteur de Fritz Lang, dans M le Maudit.
Cette année-là disparut un notable socialiste franc-maçon, personnage qui foisonne dans la région de la Basse-Meuse. On n’y prit pas garde tout de suite, tant il y avait de candidats au même emploi. Vinrent ensuite un fils de famille néo-libéral qui avait fait faillite dans un commerce de textiles pour dames et que l’on supposa s’être jeté à l’eau par désespoir et un caporal parachutiste du parti réformateur installé dans une partie de maison appartenant au baron de La Futaye. Le militaire avait disparut un dimanche matin avec sa mobylette et sa femme, une simple d’esprit courtaude et qui n’avait d’yeux que pour le caporal. On les vit pour la dernière fois en selle l’un derrière l’autre, elle accrochée à lui, comme au mât d’un navire dans la tempête.
Mais quand s’évaporèrent quasiment Mimi, une visiteuse des prisons à la retraite et ses huit chats, l’opinion basse-meusienne frissonna. Mimi tenait cabinet de consultation toute l’année au grand dam de Grofilou, docteur en médecine, alors qu’elle n’était que rebouteuse. Ses tarifs étaient plus doux que celui du praticien sans être remboursés par la mutuelle, mais les résultats étaient meilleurs..

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Ce qui mit le comble à l’angoisse fut l’évaporation inexpliquée du gardien de but oupeyen camerounais Oscar Badibardaf un après-midi, au time, alors que le score était nul !
Les jeunes dames vantaient sa silhouette qu’elle épiaient sans honte par les planches disjointes des vestiaires du club, surtout la partie de son anatomie qu’il avait longue d’au moins vingt-cinq centimètres… « Au repos ! » soulignait Christiane, l’employée au fort tempérament et au goût prononcé pour des hommes de couleur.
On n’avait jamais vus ça au Lannaye FC ! Tous les dirigeants démissionnèrent quand le remplaçant d’Oscar laissa passer le ballon à la dernière seconde du match, ce qui fit perdre les trois points et occasionna la descente du club en Provinciale.

(La suite demain)

21 juin 2004

Les Rois de la pédale à Liège

Tout encombré de l’affaire du Tour, le Liégeois ne voit pas, comme la plupart des sportifs, où en est le dopage dans le cyclisme en 2004.
Il faut dire que la presse liégeoise ne se risque pas à jouer les troubles fêtes et qu’on ne lira pas chez elle un seul commentaire sur la parution le 15 juin dernier du livre des journalistes Pierre Ballester et de David Walsh : « L.A. Confidentiel » sur les secrets de Lance Armstrong.
C’est le gouverneur Paul Bolland qui a lancé la mode du vélo sportif et avec la réception des Jean-Marie Leblanc et autre Eddy Merckx en prélude à cet événement, ce n’aurait pas été le moment de placer un scoop qui aurait fait mauvais genre.
Ils sont comme ça, ceux qui vous informent, pleins de tact et de retenue… au bénéfice des seules autorités, évidemment.
On se contente de parler d’un héros qui a lutté avec succès contre la pieuvre du cancer au point de gagner cinq tours de France, dont le premier à peine relevant de maladie et qui, peut être, va gagner le sixième, quoique – dit-on – l’homme soit moins performant que l’année dernière.
Là-dessus, tout le monde retient son souffle dans l’attente du jour J à Liège.
Voilà trois ans, le scandale battait son plein.
Beaucoup de coureurs professionnels étaient convaincus de dopage. On se blessait quasiment sur les seringues qui tombaient des musettes au passage du peloton.
En France, Marie-Georges Buffet, alors ministres des sports, faisait passer une loi punissant des pratiques antisportives et dangereuses.
Immédiate réplique chez nous - le sport, en Belgique, potferdom, c’est quelque chose de sacré – on fourbit derechef le même arsenal.
D’autant qu’un sportif est, par l’innocuité de ses centres d’intérêt, un être inoffensif et doux quand il n’est pas dans les stades. Il n’est donc pas nuisible pour le pouvoir en place.
« Grâce aux nouveaux contrôles et l’observation stricte de la Loi, tout cela n’est plus qu’un passé à oublier au plus vite. C’était à l’insu de leur plein gré. » dira le pouvoir en place.
A en croire les journalistes sportifs régionaux, tout rentre dans l’ordre. Certains impénitents de la seringue sont mis au placard, donc il n’y a plus de dopage dans le cyclisme, si l’on excepte quelques cas isolés.
Là-dessus les tours se suivent et se ressemblent.
Plutôt non, ils s’accélèrent. La moyenne s’élève et quel que soit le parcours, le peloton ne fond pas comme beurre au soleil, malgré les délais de repêchage toujours aussi sélectif.
Peut-on croire qu’une Loi votée dans l’urgence, des analyses de sang et d’urines plus nombreuses aient à ce point nettoyé le sport cycliste ou que l’évolution de la science de la dope permet aujourd’hui de se moquer des contrôles ?
C’est une constante que l’intérêt populaire pour ce sport est tel, qu’il n’est pas bon trop s’appesantir sur la question.

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Les coureurs jouent leur vie, entend-on, ça les regarde. La triche qui pourrait seule distinguer un grand champion d’un toquard est un sujet quasiment tabou, jamais abordé et surtout pas par les laudateurs du gouverneur qui aime le vélo.
Pour en venir au livre proprement dit des deux loustics qui, implicitement, dénonce avec la triche, ceux que la question paralyse, les témoins cités – très crédibles comme Emma O’Reilly l’ancienne soigneuse de l’US Postal et quelques autres devraient quand même troubler l’océan de sérénité dans lequel la pédale barbotte.
Ou les gens croient qu’une Loi met fin aux abus et alors ils sont stupides, ou alors tout le monde sait que plus des trois quarts des coureurs qui vont évoluer sous nos yeux dans quelques jours sont ou seront drogués dans les semaines qui suivent, et alors ce sont des hypocrites.
Il y aurait une troisième voie qui consisterait à penser que les gens sont peut-être les deux : à la fois, stupides et hypocrites, journalistes compris. Elle serait, sans doute, la plus vraisemblable.
Que cela ne vous empêche pas de vous masser sur les parcours pour acclamer Lance et les autres. Ils risquent leur vie pour vous amuser – un peu sur les routes – beaucoup avec leurs docteurs Mabuse. Et ce show dans ces conditions extrêmes est à lui seul fascinant.

20 juin 2004

Le blairisme

Si le blairisme signifie la politique de Tony Blair érigée en système, comme a pu l’être le tatchérisme, alors plutôt qu’appeler les adeptes, des blairistes, appelons les plus simplement des blaireaux !
Car enfin que ce monsieur ne veuille pas de Verhofsadt comme président de la Commission européenne, c’est son droit. Il y a mille raisons pour qu’un « Travailliste », le parti socialiste anglais, ne veuille pas d’un libéral. Mais que cela soit parce que le candidat belge est trop européen et qu’il était adversaire de l’invasion de l’Irak par les Américains, on voit bien là l’étroitesse d’esprit de Tony Blair et la dangerosité d’un tel partenaire pour l’Europe.
Evidemment, suite aux révélations dans la presse de la véritable nature du clan Bush et les raisons cachées qui ont valu l’intervention contre Saddam Hussein, le blairisme en a pris un coup en Grande-Bretagne, au point qu’on parle aujourd’hui de la survie du premier ministre britannique. Est-ce une raison par ressentiment de faire barrage à ceux qui n’étaient pas de son avis ?
Tony Blair qui n’est quand même pas n’importe qui, pour avoir fait main basse sur le parti « socialiste » d’outre-manche, sait que reculer n’est plus possible, aussi s’aigrit-il lorsque des européens donnent du poids aux anti-guerre de Londres, amplifiant l’écho de ce qu’il entend depuis un an.
Le Premier ministre est-il obligé de se montrer à ses compatriotes plus « british » que les conservateurs pour redorer son blason ?
Serait-ce le « no sens » anglais et le surréalisme de Tony qui font de ce dernier le chantre de la politique de Madame Tatcher ?
L’acceptation du referendum sur l’Europe souhaité par son opposition le laisserait penser.

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Certes, le projet d’une Constitution européenne qui risquait de moisir dans les cartons, a enfin été ratifié par tout le monde et par les Anglais, puisque les Anglais ne sont pas tout le monde ; mais ce fut au prix du sacrifice de l’Europe sociale ! Et qui n’a pas voulu le soupçon d’amorce d’une Europe sociale ? Le socialiste Tony Blair, pardi…
Comme quoi, on a raison de se méfier des socialistes lorsqu’ils s’accrochent au pouvoir.
La Constitution telle qu’elle est, c’est toujours ça. Mais vouloir faire une Europe sans le peuple, c’est la condamner à de la figuration dans le monde, c’est généraliser à terme un désintérêt de plus en plus perceptible dans la population européenne. Les dernières élections le confirment.
Exactement ce que Tony Blair souhaite !
Ce serait facile de risquer le parallèle avec la politique des socialistes belges, rompus au compromis de collaboration avec la droite au pouvoir. Ce n’est pas ici exactement la même chose. Les socialistes belges n’en sont pas à couper l’herbe sous le pied des libéraux en copiant leur politique.
Tony Blair ne partage pas le pouvoir avec les Conservateurs. C’est donc bel et bien un porte-parole d’un parti socialiste majoritaire qui refuse au nom des Anglais, mais aussi au nom du Labour une Constitution dont les intentions sociales seraient coulées dans son texte fondamental !
Il veut bien de l’Europe, Tony Blair, mais sans la participation des Européens !
Pour ce qui est du vœu des Polonais et du Pape d’adjoindre dans la Constitution un mot sur Dieu vu du Vatican, on l’a échappé belle et cela a été rejeté. On ne sait pas si, sur ce sujet, Tony Blair a été difficile à convaincre ? C’est d’autant plus curieux qu’en suivant Bush dans sa dérive moyen-orientale, il a dû s’apercevoir que l’intégrisme chrétien qui agite le président des Etats-Unis est partagé par toute la droite intégriste américaine et est à la base même de la guerre « contre le mal ».
Il ne reste plus qu’à Tony Blair à se convertir à l’église évangéliste de Bush, de sorte qu’après l’emploi de premier ministre de Sa Majesté, il pourrait briguer l’emploi de prédicateur au Texas.
Mais avant, je crois qu’il ferait bien dans un dernier effort de sortir l’Angleterre de l’Europe. Cela nous éviterait de le faire…
Si l’on considère la carte d’Europe, le Bosphore à Constantinople qui nous sépare du reste de la Turquie est moins large que la Manche qui nous sépare de l’Angleterre.
Voilà un argument qui serait apprécié à la Chambre des Communes !

19 juin 2004

Paul Valéry

Dans un blogue précédent, j’ai commis une citation de Valéry.
Cela m’a donné l’idée d’exhumer quelques pensées de ce remarquable auteur oublié.
Avant, je rappelle brièvement à ceux qui l’ont perdu de vue, quel était l’écrivain.
L’homme d’académie chargé d’honneurs à la fin de sa vie ne m’intéresse guère. Lui-même s’en moquait comme l’atteste Paul Léautaud dans son Journal. Sa poésie est – à mon sens – a oublié très vite. C’est son œuvre à caractère philosophique qui est intéressante. Dans ces travaux-là, s’est réfugié son génie. Tout l’intérêt des « Monsieur Teste », « Variétés » et autres « Cahiers » est actuel.
J’ai toujours recopié dans des cahiers d’écolier les réflexions qui m’apparaissaient dignes d’être conservées. Je les écris à la suite, au hasard des lectures, dans une apparente confusion. Sur le deuxième plat de couverture les noms des auteurs et les pages où ils apparaissent me permettent de les retrouver aisément.
En ces temps d’élection, j’ai choisi principalement des textes qui traitent de la politique.

« La politique fut d’abord l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. A une époque suivante, on y adjoignit l’art de contraindre les gens à décider sur ce q’ils n’entendent pas. Le deuxième principe se combine avec le premier. »

« Le monde moderne, dans toute sa puissance, en possession d’un capital technique prodigieux, entièrement pénétré de méthodes positives, n’a su toutefois se faire ni une politique, ni une morale, ni un idéal, ni des lois civiles ou pénales qui soient en harmonie avec les modes de vie qu’il a créés, et même avec les modes de pensée que la diffusion universelle et le développement d’un certain esprit scientifique imposent peu à peu à tous les hommes. »

« Chaque esprit qu’on trouve puissant commence par la faute qui le fait connaître. En échange du pourboire public, il donne le temps qu’il faut pour se rendre perceptible. »

« La bêtise n’est pas mon fort. J’ai vu beaucoup d’individus, j’ai visité quelques nations ; j’ai pris ma part d’entreprises diverses sans les aimer ; j’ai mangé presque tous les jours ; j’ai touché à des femmes. Je revois maintenant quelques centaines de visages, deux ou trois grands spectacles, et peut-être la substance de vingt livres. Je n’ai retenu ni le meilleur ni le pire des choses : est resté ce qui l’a pu. »

« Nous vivons bien à l’aise, chacun dans son absurdité, comme poisson dans l’eau, et nous ne percevons jamais que par un accident tout ce que contient de stupidités l’existence d’une personne raisonnable. Nous ne pensons jamais que ce que nous pensons nous cache de ce que nous sommes. »

« L’Etat est un être énorme qui ne vit que par une foule de petits hommes qui en font mouvoir gauchement les mains et les pieds inertes, dont le gros œil de verre ne voit que des centimes et des milliards. »

« Il n’y a pas d’Histoire, il n’y a que des histoires. »

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J’ai conscience de n’avoir pas livré à votre curiosité les meilleurs morceaux de l’œuvre. Cela est impossible. J’ai simplement voulu mettre en évidence que cet homme né en 1871 et mort en 1945 est encore aujourd’hui d’une incroyable jeunesse d’esprit.
C’est aux déclarations de nos vieillards de cinquante ans et moins que nous avons élus que je me rends compte le mieux que la vieillesse est un état d’esprit et bon dieu ! que cette société centriste, apeurée, bête et méchante est vieille !!!

18 juin 2004

Stratégie de la belote au CDH-Saint-Pholien !

- C’est heureux qu’i’ sont cons, en face !
- Tu peux le dire.
- C’est à se demander… sans programme, sans chef…
- C’est à toi de donner…
- Vas-y… coupe…
- C’est tout Charleroi, ça… permettre aux adolphins de revenir !
- Heureusement qu’à Liège, les adolphins sont encore plus cons qu’à Charleroi !
- On l’a échappé belle… des fois qu’un rigolo du genre Charles Pire se réveillerait la mèche qui lui descend sur le front et la petite moustache…
- Carreau… j’ai un petit cinquante…
- Et moi les quatre neuf…
- Les affiches « i’ passeront pas », qu’i’ sont passés quand même !
- On en a trop parlé. Ça leur a fait de la pub…
- Plus on dit que c’est des abrutis…
- C’est des abrutis…
- D’accord c’est des abrutis… plus on dit que c’est des abrutis, plus les autres abrutis en raffolent !
- Faut pas dire que les autres c’est des abrutis… C’est des gens déboussolés.
- Atout…
- Merde, j’ai le neuf sec…
- Des pauvr’ types ?
- Oui, faut pas leur en vouloir. Mais, je parviens pas à comprendre.
- Et encore, nous on n’est pas encore infestés. Par contre, côté Flamand !
- Là, c’est la déglingue.
- …sont-y tous cons aussi au Vlaams Blok ?
- Pas sûr. C’est nationaliste et flamingant en plus. Mais comme les abrutis… pardon… les pauv’ types sont pas que paumés sur l’Escaut… ça va de nouveau s’agiter dans le linguistique, geen faciliteit et les arrondissements…
- Merde ! C’est lourd, ça fait chier…
- On est à deux doigts de la scission, alors ?
- T’as par de trèfle ma vache…
- C’est quoi ton as ? Faut que je jette un dix… Tiens le dix de cœur…
- Encore une élection, et si on est aussi tartignolles, nous les démocrates, on l’aura dans le fion !
- Tu vois le Vlaams Blok premier parti en Flandre ?
- Pendant que les autr’ débattent de la démocratie, en s’engueulant au Parlement ?
- Comme en 39 avec le beau Léon ?
- Quand i’ seront entre eux les adolphins flamands. On sera tranquille.
- Chiez… t’avais l’as de pique !...
- Belote et rebelote….
- Faudra qu’on remette sur pied la Principauté de Liège.
- C’est curieux, nous les Belges, quand les autres voient grand avec l’Europe, on voit de plus en plus petit.
- Oui, les deux Flandres, la Wallonie, c’est petit petit tout ça…
- Bruxelles sera le nouveau Gaza belge.
- Les francophones seront foutus dehors… Faudra qu’on les reloge…
- … et dix de der… T’es capot, mon vieux Tchantchès…
- Tu ne fais que cent dix points…
- T’oublie mon cinquante !

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- Nous on cherchera quelqu’un pour faire Prince-Evêque.
- Qu’est-ce que tu penses de Graffé ?
- Il n’a pas passé l’âge ?
- Y a pas d’âge pour le service… T’as vu Jean-Paul ?
- C’est quand même tous embêtements en perspective.
- On n’est plus sûr de rien.
- Faudra qu’on trouve une combine pour arrêter les adolphins.
- La meilleure, ce serait de trouver du boulot pour tout le monde.
- Tu sais bien que Louis Michel est contre. Il est pour l’orthodoxie capitaliste… et ici, la demande n’a jamais suivi l’offre… à moins que ce soit le contraire ?
- Il aura senti l’oignon depuis longtemps et aura changé de casquette.
- On en refait une autre ?
- T’as une chance de cocu !...
- Tout ça aux prochaines élections !
- C’est possible… Et faudra rien demander à l’Europe !
- Pourquoi ?
- Parce que comme ça tourne, ça risque de mal finir aussi !
- Merde ! Plus de Belgique, plus d’Europe… I’ serait temps de revenir à aujourd’hui pour savoir ce qu’i’ vont foutre des résultats des élections du 13 juin.
- C’est simple, qu’est-ce qu’i’ font les vainqueurs ? I’ tournent autour d’Elio… et qu’est-ce qu’i’ fait Elio ?
- C’est celui qui gagne qui donne…
- Je coupe pas.
- I’ tourne autour de lui-même.
- Tu m’as volé le mot de la bouche.

17 juin 2004

Racisme et débats

D’abord l’information :

L’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) organise une conférence sur la relation entre la propagande raciste, xénophobe et antisémite sur Internet et les crimes inspirés par la haine. La conférence est ouverte par Michel Barnier, ministre des Affaires étrangères français, en présence de son homologue bulgare, Salomon Passy, dont le pays assure la présidence en exercice de l’OSCE. La réunion sera close par François Fillon, ministre.
Cinquante-cinq pays réunis à Paris pour contrer le racisme sur Internet
En France, le discours raciste est un délit. Dans d’autres Etats, il est considéré comme une opinion. Comment, dès lors, lutter contre la propagande raciste, xénophobe et antisémite sur Internet sans entamer la liberté d’expression, valeur suprême dans de nombreux pays ? Les Etats-Unis, notamment, l’ont pratiquement sanctifiée dans le premier amendement de leur Constitution. Jusqu’à présent, chaque Etat expérimentait des solutions nationales – d’une efficacité toute relative puisque nombre de sites racistes sont hébergés dans des pays qui ne répriment pas ces pratiques.
L’argumentaire :
Comment éviter qu’Internet ne devienne une tribune et un lieu privilégié de ralliement des racistes ?
« Regardez la télé ce dimanche. Je serai la star… » Par ce message électronique sibyllin sur un site de hooligans anglais, Maxime Brunerie, le jeune néonazi qui a tenté d’assassiner le président Jacques Chirac lors du défilé du 14 juillet 2002, signait le caractère prémédité de son acte. S’il semble avoir agi seul, il a attiré l’attention publique sur ses compagnons de route d’Unité radicale, une organisation “nationaliste révolutionnaire” qui a fait connaître ses vues racistes et “anti-système” essentiellement à travers son site Internet. Trois semaines après, le gouvernement décide en Conseil des ministres la dissolution du groupe. La justice, statuant en référé à la demande de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et de l’association J’accuse, spécialisée dans la poursuite des sites à contenus racistes et en particulier antisémites, a ordonné simultanément la clôture du site. Mais ses responsables avaient pris les devants, et un site de substitution était déjà prêt, basé au Canada. Or, à l’étranger, la loi française ne s’applique plus, la concertation entre États se heurtant encore à d’importantes différences d’appréciation quant au bien-fondé et aux modalités des poursuites internationales.

Le commentaire :

Internet est le premier espace de liberté qui ait été vraiment donné à ceux qui y ont accès. C’est-à-dire qu’il n’est malheureusement pas un espace de liberté pour tous. Malgré cette restriction, c’est un progrès considérable de la libre expression.
Certains considèrent que tenir des propos racistes équivaut à un appel au meurtre. Et qu’il faudrait, dès lors, les interdire et sanctionner leurs auteurs. C’est un débat.

Mon opinion.

Tout projet tendant à limiter l’usage d’INTERNET ou à en censurer les usagers est une atteinte à la liberté individuelle.
Certes les propos haineux, les discours fascistes, les bêtises proférées par les nostalgiques du IIIme Reich, les actes et les menaces antisémites sont des ignominies que nous devons combattre. Le tout, c’est de savoir comment le faire pour que cela soit efficace ?
Tout qui suit l’actualité, a une connaissance suffisante de l’Histoire et sait analyser les propos tenus, est quasi automatiquement un démocrate. Un démocrate, c’est quelqu’un qui n’est pas raciste, qui est ouvert sur le monde et remet dans son contexte les intégrismes juif et musulman, c’est-à-dire cherche un règlement pacifique au conflit israélo-palestinien, tout en condamnant les violences, les écarts de langage et les haines induites de part et d’autre.
Il faut par tous les moyens donner à tous le goût du savoir et de la recherche de la vérité. Il faut parier sur la conscience humaine – je vais peut-être passer pour un enfant de chœur, mais je m’en fous – il faut par notre exemple renforcer l’amour du prochain et de la paix.
Voilà le meilleur moyen de lutter contre la bêtise, dont le racisme est une des formes les plus meurtrières.
Je trouve inadmissible qu’au nom de je ne sais quelle crainte, il faille priver le public de la connaissance de certains textes abominables, comme Mein Kampf d’Adolf Hitler ou le Protocole de Sion, qui, justement parce qu’ils sont des monstruosités - pour ce qui concerne le Protocole, c’est un faux parfaitement démasqué et connu de l’Histoire contemporaine - sont, au contraire, des documents qu’aucune personne intelligente et équilibrée ne peut accepter. Ils deviennent ainsi des outils de propagande qui se retournent contre leurs auteurs.
Mais encore faut-il qu’on puisse en faire la lecture et en découvrir par soi-même les horreurs !
Si on en parle – et on en parle partout – sans jamais que le public puisse s’en faire une idée, cela équivaut à le promouvoir tel un fruit défendu inaccessible.
Que l’on puisse publier ces documents de l’Histoire sans crainte de poursuite, serait bien. Qu’on les publie avec des commentaires, pour ceux qui ont besoin qu’on les éclaire, ce serait mieux encore.

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Je prends un exemple fort peu connu : « Bagatelles pour un massacre » de Louis Ferdinand Céline. Ce livre est interdit de republication et donc introuvable en librairie. C’est un pamphlet raciste contre les Juifs. D’accord. Mais, c’est tellement outrancier, tellement gros, qu’on ne peut pas devenir ou rester antisémite après cette lecture ! En outre, cet ouvrage censuré est par moment singulièrement drôle. Et un éclat de rire, dans tout cet océan de haine, ne fait pas de tort.
Après tout, Woody Allen s’est formidablement bien moqué des Juifs. Alors, qu’on interdise ses films, tant qu’on y est ?
Ce serait stupide évidemment. Tant, ce qui transparaît dans les défauts des Juifs qu’il met en scène, sont des défauts répartis sur la planète à toute l’humanité. Ce sont des défauts universels que nous partageons et qui nous rendent les Juifs sympathiques, plus proches de nous que tous les discours de la LICRA !
Vous savez, depuis le paradis perdu, ce que le fruit défendu à coûter à l’humanité, même si cette histoire est allégorique ?
La curiosité de la rue quand elle peut se rassasier des faits, dénonce avec le reste de la société le racisme et l’antisémitisme.
Il est interdit d’interdire devrait redevenir d’usage depuis qu’il en avait été question en mai 68 !
Les vrais démocrates, les vrais antiracistes ne peuvent pas être dans le camp de la censure et de l’interdiction. Ils doivent parier sur l’intelligence et la raison. Ils doivent tout simplement faire confiance aux gens.
Richard III

16 juin 2004

Propos intimes

- Chéri, si t’es trop fatigué pour la chose… on peut parler politique.
- T’y comprends quelque chose en politique ?
- Non ! Mais il n’est pas trop tard.
- Alors, vas-y.
- C’est les PS qu’ont gagné les élections en Wallonie ?
- On dirait.
- PS, ça veut dire socialiste ?
- Ouais. Sûrement pas Patrick Sébastien.
- Les Socialistes c’est quoi, la droite ou la gauche ?
- La gauche tiens ! Tu sais même pas ça !
- Et le MR, qu’est-ce qu’il est ?
- Bin… c’est des libéraux, la droite quoi.
- Donc, c’est pas normal qui sont ensemble ?
- …qui soient ensemble.
- Admettons, qui soient ensemble.
- Et alors ?
- J’sais pas, moi... à cause que si i’ z’avaient pas été ensemble, i’z’auraient pas eu la majorité.
- Donc, maintenant que les PS ont gagné des voix, ils peuvent choisir les cathos et ce qui restent des écolos pour faire une majorité ?
- Oui, et alors ?
- Pourquoi, i’ le font pas ? Les cathos sont quand même plus à gauche que les MR ?
- Qu’est-ce que j’en sais ? Vas leur demander…
- Ça paraît logique ?
- Est-ce que tu sais ce qui est logique ou ne l’est pas ?
- T’as pas répondu…
- Quand t’allais soit disant pêcher l’épinoche à la volta de Canal avec ton baroque tardif, c’était logique ?
- Pierrot voulait seulement me montrer qu’avec un morceau de carton on pouvait stimuler la danse en zig-zag du mâle, parce qu’il croyait que c’était une femelle, ce con d’épinoche…
- T’avais besoin d’aller à Venise, pour faire ça ?
- Tu m’as pas toujours répondu.
- Où tu veux en venir ?
- Je veux en venir que je voudrais savoir pourquoi la gauche qui gagne ne choisit pas une autr’ gauche pour diriger la Wallonie ?
- Tantôt t’avais une petite envie, pas vrai ?
- Mais toi pas !
- Qu’est-ce que t’en sais ?
- Tu t’étais déjà tourné de ton côté à ronfler.

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- Alors, t’as choisi de m’emmerder, c’est ça ?
- Tu parles. Il a fallu que tu reviennes avec cette histoire d’épinoche, tout ça parce que tu ne sais pas répondre pour une fois que je te pose une question qu’a rien à voir avec ton foot !
- Eh bien ! si je vais te répondre.
- Quand même !
- Tiens on va reprendre le truc de l’épinoche, ce con de poisson amoureux qui croit qu’i’ va baiser le morceau de carton blanc qu’on agite dans l’eau, tellement il est con quand i’ bande au point qu’i’ voit de la femelle partout…
- Si c’est pour reparler de Pierrot, t’as mal choisi la comparaison.
- Non. C’est pour te demander comment t’appelle le carton que cet enfoiré de Pierrot agitait dans la merde de la lagune, comme s’il allait voir l’épinoche se branler dessus… Merde, c’est con, qu’est-ce que t’avais besoin d’y frotter ton cul toi, sur l’autr’ épinoche touristique ?
- Ah ! je sens que j’aurais jamais la réponse. T’es là que tu me promènes ?
- C’est quoi le morceau de carton qu’attirait le poisson ?
- Bin, un morceau de carton…
- Non, Christounette, ça s’appelle un leurre !
- J’suis pas plus avancée de savoir que l’carton c’est un leurre…
- Si. Parce que le PS, c’est comme Pierrot-les-grosses-miches. Il agite sa vocation de gauche, mais c’est un leurre.
- Pourquoi i’ ferait ça ?
- Si au lieu de te faire mettre sur le mur arrière de la Chiesa Maria della Salute, t’avais été dans le bassin d’Arcachon pêché l’épinoche, t’aurais compris qu’un leurre, c’est quelque chose qui ressemble, mais qu’est pas… C’est tout le PS, ça…
- Tu as de ces comparaisons !
- Mais nom de dieu ! à la fin, tu vois pas que ça i’ ressemble à la gauche, mais que ça y est plus ?
- Alors, çui qu’à voté à gauche ?
- Avec le PS, il est baisé…
- Comme l’épinoche alors qui fraye sur le carton ?
- Voilà, t’as tout compris…
- Sauf que moi, sur le mur de la Salute, c’était pas du carton…
- Ah ! tu vas voir salope…

15 juin 2004

Paradoxes de la bête de pouvoir.

La démocratie absolue est utopique. Mais, il est du devoir de chacun d’y tendre, et, plus que d’autres, les personnels politiques.
Certaines personnes au pouvoir y font souche et s’y accrochent par tous les moyens.
Pour atteindre à plus de démocratie, il suffirait de ne renouveler qu’une fois un mandat non cumulable avec d’autres. Ainsi ne s’établiraient plus des réseaux d’amitié. Les familles n’auraient pas trop le temps de fonder des dynasties. Le citoyen s’en trouverait mieux.
Conclusion de Paul Valéry « La politique consiste dans la volonté de conquête et de conservation du pouvoir ; elle exige par conséquent une action de contrainte ou d’illusion sur les esprits… L’esprit politique finit toujours par falsifier. »

Quand on a goûté au pouvoir, on peut difficilement s’en passer.
Le pouvoir est une drogue.
Entre faire et durer, tous choisissent de durer, cependant que leur mission est de faire.
Ils « font » donc prudemment, dans la perspective de durer.
Ils discourent à leur gloire, qu’ils célèbrent mieux que tout autre.
Le CDh avait raison quand ils y étaient et tout faux, quand ils sont partis, un Fournaux et un Deprez ont dû manger leur chapeau en entrant au MR. La politique est un dur métier!
Ils parlent de tout avec la détermination de ceux qui sont certains d’avoir raison. Ils ricanent aux paroles de l’adversaire et tentent de le déstabiliser en l’interrompant.
Ils sont intransigeants. Exemple d’intransigeance : « Doit-on attendre tout de l’Etat ? »
Non, disent-ils en chœur. L’Etat providence a perdu de son charme depuis que le PS a établi sa cantine au Centre.
Culot des personnels politiques, ils sont les seuls à bénéficier de l’Etat providence.
N’ont-ils pas assez crié à la modération quand Dehaene détroussait le citoyen pour coller à l’euro ? … tandis qu’ils arrondissaient leurs fins de mois par des augmentations d’indemnités parlementaires !

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Pourquoi le citoyen est-il eurosceptique en Belgique ?
Parce qu’il semble que l’augmentation des personnels politiques dans un Etat où il y a trois pouvoirs est de nature à exploser les coûts de gestion de l’Etat.
Sans guère de prises sur les décisions quand il y a pléthore de mandats en Belgique, que dire de l’Europe, tellement éloignée du citoyen qu’elle devient une abstraction !
Il n’a pas tort.
Diminuer les dépenses de l’Etat ? Tous les ministres en rêvent.
Nous, on pense à eux. On pense qu’ils exagèrent par rapport à notre situation de pauvreté. Eux pensent à nous, aux pensions, aux indemnités de chômage et de maladie. Et en appuyant sur quelques cas de tricheries à l’allocation, ils veulent nous entraîner dans leurs combines.
Et ce sont des mecs qui ne marchent pas à moins de dix mille euros par mois qui chipotent sur l’indemnité minimum !
Et que font-ils ?
Rien. Ils multiplient les représentations. Ils élargissent leurs activités à leur famille. On connaît ça en Belgique. Chaque grand leader à « ses bonnes oeuvres » fils, filles, neveux, nièces et belles-sœurs ! Ce sont moins des partis que des mutuelles !
Au Parlement européen, les élus anglais et irlandais sont les champions en matière d’emploi de leur famille et notamment en qualité d’assistants parlementaires. On dit même que les Britanniques utilisent l’argent des secrétaires pour augmenter leur budget domestique. On se souvient d’Edith Cresson, Commissaire européen qui avait engagé son dentiste !
La délégation néerlandaise s’apprêterait à interdire tout travail en famille quand on est un élu de la Nation.
A-t-on jamais soufflé mot de cela en Belgique ?
Alors ?
Le débat est ouvert.
Sous Staline, quand le grand chef ne voulait plus de vous, on y allait de son autocritique
Cette pratique était détestable, car l’issue du procès était connue d’avance. C’était une odieuse dictature.
Mais, sous une démocratie ?
Si tous nos César déposaient à leurs pieds la couronne de laurier dont ils se parent toute l’année, pour confesser leurs fautes et leurs errements une fois l’an ?
Autrefois, les carnavals servaient de défouloir. Les gens de pouvoir acceptaient les brocards et les cris.
Aujourd’hui avec la presse croupion que l’on a et les lois restreignant peu à peu les libertés, on ne sait jamais si un coup de gueule ou un mot de travers ne va pas valoir une citation à comparaître ?
La dernière déconnade n’est pas de nous. Les écoutes téléphoniques illégales liées au procès d’Arlon, c’est pas du carnaval populaire.
Et que les gens de pouvoir ne s’abritent plus derrière l’argument que la critique de leur attitude cache l’antiparlementarisme des malveillants.
Ainsi, ils cesseront de prendre les autres pour des imbéciles.

14 juin 2004

La responsabilité du PS dans la montée de l’extrême droite.

Après chaque élection, les présidents des partis francophones rassemblés autour du speakerin de service disent la même chose depuis au moins vingt-cinq ans.
« On va tirer les leçons du scrutin. Nous avons l’intention d’exposer notre programme sans exclusive aux autres partis. Nous verrons bien si les différents points de vue trouvent une plateforme commune pour mettre sur pied des alliances ».
72 % d’abstentions en Europe et chez nous, pour les Régionales, ce ne serait pas triste non plus si nous avions comme les autres, la faculté de ne pas aller voter. Moralité, une progression de l’extrême droite qui pour la première fois à Charleroi commence à inquiéter.
On peut parler d’une victoire à la Pyrrhus pour les socialistes.
Il y a bien quelques explications à cela ?
Cette fois, même si vraisemblablement, les alliances seront reconduites à peu près – si l’on excepte les Ecolos à cause de leur défaite – on arrive à quelque chose qui pourrait déboucher sur une crise de régime.
Pourquoi ?
A cause de la politique centriste du PS !
Aussi curieux que cela puisse paraître, Elio Di Rupo en étant l’allié objectif de Duquesne, fait à la gauche ce que le MR fait à la droite.
Cette campagne, aussi pauvre soit-elle, a été dans bien des cas uniquement dirigée contre les Ecolos. C’est une tradition au PS. On a l’habitude d’aller chercher des voix de proximités. C’est plus facile.
On se souvient des années soixante et septante, lorsque les Communistes existaient encore. Déjà le PS n’avaient pas de pires adversaires, selon lui, que ceux qui étaient – en principe – les plus proches. Les libéraux auraient dû logiquement être l’unique, sinon la principale cible des socialistes.
Eh bien ! pas du tout.
Les socialistes se trompaient d’adversaire et s’alliaient déjà pratiquement avec la droite, même si le grand ordonnateur de l’époque était le PSC.

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La FGTB, satellite de toujours – même si Jacques Yerna entretenait l’illusion de la neutralité politique - s’est illustrée, de la même manière, à la chasse aux trotskistes dans ses rangs, jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus. C’est-à-dire lorsqu’il n’y a plus eu d’hommes capables de présenter une défense dure et efficace devant le patronat.
La dernière a été celle de Dorazio avec toutes les conséquences et la haine que ce type formidable s’est attiré de la part du PS et de la FGTB.
Tout cela par le même principe.
Cela n’a pas changé.
Moralité, la centrifugeuse montoise en taillant aux alentours, le MR faisant la même chose avec le CDh, de plus en plus de gens situés au point de décrochage se sont sentis bernés, d’où une poussée de l’extrême droite à Charleroi. Si l’on remplace les libéraux flamands par l’alliance CDV-NVA en Flandres, on arrive au même mécanisme destructeur. C’est le Vlaams Block qui devient le deuxième parti flamand avec une avancée presque majoritaire à Anvers, par les mêmes effets et les mêmes lois de répulsion.
Eh bien non ! ce n’est pas la faute de l’électeur qui aurait mal voté, dans un cas comme dans l’autre. C’est bel et bien la faute de ce Centre qui devient le trou noir de la Belgique. On y entre et l’on en devient captif. Ne sachant plus en sortir, on s’y organise. On s’y croit fort et à l’abri.
On n’est que dans l’œil d’un cyclone qui finira par emporter tout le monde.
Il sera trop tard pour s’écrier « si l’on avait su ».
Quand, on n’aura plus au courant des subtilités du suffrage universel que les 45 derniers militants du PS, les 32 derniers enragés du MR et les 14 curés reconvertis humanistes du CDh et que l’extrême droite sera exclue de toute représentation pour cause de fascisme, alors on aura fait le tour de la question.
La Belgique aura fini d’exister.

13 juin 2004

Josette derval et les gros bonnets.


- I’ n’est plus reconnaissable…
- Non !
- Complètement éteint, je te dis.
- Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
- Tu connais la blague de la femme qui veut des gros seins ?
- Ouais.
- C’est tout ce qu’il a trouvé, le jour des élections ! C’est le syndrome de la page blanche.
- Et alors ?
- Il veut pas en convenir. Il noircit des pages pour se donner un genre.
- Elle est blanche ou noire, sa page ?
- Elle est nulle, plutôt.
- Pourquoi i’ s’inscrit pas carrément au PS ? On a des exemples.
- Est-ce qu’on sait ? P’t’être parce que c’est pas un fayot ?
-D’accord. Mais, inscrit, il aurait des raisons de fermer sa gueule !

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Nous avons retrouvé Josette Derval.

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Nous avons demandé comment il se faisait qu’en l’espace de six mois sa magnifique poitrine a poursuivi son embonpoint et est devenue d’une rondeur inacceptable pour son mari ?

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- Josette Derval n’est pas votre vrai nom ?
- Bien entendu. C’est mon nom de scène.
- Vous faites quoi ?
- J’étais mannequin en présentation de lingerie !
- Oui, évidemment. Vous avez perdu votre emploi ?
- Je travaille pour la firme Roger-Roger qui propose des produits amaigrissants. « Avant » et « Après ». Moi je fais « Avant ».
- Comment voyez-vous l’avenir ?
- Roger-Roger va m’épouser. Il ne supportait plus la forte poitrine de sa compagne.

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- Qu’est-ce que t’en penses ?
- Je vois pas ce qu’il a voulu faire.
- Qu’est-ce que je te disais !
- A moins, que ce ne soit un conte moral.
- Chez lui, ça m’étonnerait.
- On trouve toujours quelqu’un de mieux ou de pire, tu vois ce qu’il a voulu dire ?
- Du genre : on est toujours l’imbécile de quelqu’un.
- Pour le coup, c’est celui qui le lit qui l’est !

12 juin 2004

Aux urnes, citoyens !

On va voter demain et la plupart des électeurs ne savent pas à quoi ça sert ou plutôt imaginent que ça ne sert à rien !
C’est dire si les intentions de vote restent un mystère, au point qu’en vue de l’isoloir, certains ne savent pas encore pour qui voter !
On se demande comment, avec une indécision aussi répandue, les instituts de sondage parviennent à établir les statistiques de vote avec un minimum de fiabilité ?
Y aurait-il une profession « sondé de sondage » ? Si c’était le cas, le FOREM le saurait. Alors, où vont-ils chercher leur panel ? Personne n’en sait rien.
Quelqu’un qui se dit « représentatif » de l’opinion et qui se fait sonder régulièrement, ce doit être un cas !
Ce serait une sorte d’électeur sensible à des riens imperceptibles et qui passerait d’une opinion socialiste à une opinion libérale !
Voilà où l’on en est. Non pas à cause de l’indifférence des gens mais bien de la faute des personnels politiques et de la complexité – surtout en Belgique – des montages du pouvoir.
Ne nous encombrons pas du volet régional des élections fort complexe, parlons du scrutin pour l’Europe des 25.
Au total, 732 députés sont à élire à l’assemblée de Strasbourg, où les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) devraient entamer leur xième mandat de force prépondérante face à la gauche.
C’est comme ça, l’Européen est conservateur. On ne l’aurait pas cru.
Dans les pays où le vote n’est pas obligatoire, c’est l’électeur de gauche qui ce jour-là va pêcher à la ligne. Mais parfois le gouvernement est si mauvais, comme en France, qu’ils ont envie de voter pour l’Europe… à cause de la politique intérieure qui ne leur plaît pas ! Va comprendre ?
Façon de dire, si l’Europe je m’en fous, par contre ce gouvernement Raffarin, oui, et il va sentir de quel bois on se chauffe.
Le taux d’abstention et le succès des mouvements populistes ou anti-européens sont les deux inconnues d’une consultation peu mobilisatrice.
C’est que si à gauche, on s’en fout, à droite on mobilise. Ma boîte à lettres est inondée en ce moment des courriers de Louis Michel entouré des trombines locales de ses porteurs de canettes. De l’autre côté, par contre, la mine tristounette d’Elio Di Rupo - de plus en plus garçon coiffeur - et le sourire forcé de Maggy Yerna s’impriment sur des formats timbre poste et papier recyclé. Comme si pour contrebalancer Carrefour, le night shop du coin de la rue y allait de son stencil sur ses prix.
La participation de 49,8% enregistrée lors des dernières européennes de 1999 avait constitué un record de faiblesse depuis la première élection au suffrage universel de l’assemblée de Strasbourg, vingt ans plus tôt.
Le bel enthousiasme des nouveaux membres décrit lors de l’adhésion par nos folliculaires se dissolvera sans doute dans une forte abstention… c’est dire si l’idée européenne fait un chemin qui n’est pas celui qu’on croit.

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Qu’est-ce donc que cette Europe à laquelle tout le monde adhère, mais dont personne ne se soucie ?
Il n’y a guère, certains dirigeants des pays dont les habitants renâclaient à l’idée européenne, n’avaient obtenu le feu vert qu’après avoir sollicité plusieurs fois les citoyens, jusqu’au « oui » du bout des lèvres. Comme quoi, la démocratie par des chemins insistants et détournés est un drôle de machin.
La démocratie de la lassitude et du ras-le-bol ?
Drôle de manière d’être mandaté pour une politique voulue par une majorité !
A l’initiative de François Hollande, premier secrétaire du PS français, appuyé notamment par le chef du gouvernement espagnol Zapatero, les socialistes européens ont lancé un appel à «voter pour une Europe sociale». M. Zapatero fait figure de leader de la gauche européenne, car il est l’un des rares dirigeants de l’UE dont la formation créditée de 10 points d’avance sur la droite dans les sondages devrait sortir renforcée des européennes.
On a fait de la place aux nouveaux membres de l’Union. On a diminué les postes à pourvoir pour les anciens membres qui sont pris d’angoisse par le jeu des chaises musicales. Pas de fièvre euro-sociale chez nos PS, des velléités, certes, mais étouffées par les luttes internes pour le ticket gagnant sur la liste, à cause des possibilités réduites.
Faut se mettre à leur place. Il n’y a plus que le militant de base qui croit que faire de la politique est un sacerdoce. C’est surtout une façon de ramasser de la galette vite fait, de sorte qu’un élu sitôt « oscarisé » n’a plus qu’une idée en tête, se faire réélire, d’où sa propension à s’étaler dans les bistrots de sa circonscription, inaugurer les chrysanthèmes et faire la politique des comices agricoles façon Happart, de faire tout sauf de s’exiler à Strasbourg au Parlement européen..
Et pourtant, même si l’Europe qu’ils nous mettent sur pied est un vrai foutoir, un bazar comme dirait le Général de Gaulle, c’est tout de même une association d’anciens ennemis qui se sont rentrés dedans durant des siècles et qui pour la première fois dans l’histoire pourront s’engueuler tant qu’ils le veulent sans tirer un seul coup de feu !
Ne serait-ce que cela, ce n’est pas si mal !

11 juin 2004

Faut se tenir à Garreau !


Nicolas Garreau aux Editions du félin (à paraître le 10 juin) remet le couvert après « Aware » la compile intégrale des vraies perles de Jean-Claude Van Damme, il se fend d’un deuxième opus sur l’Idole extrême, Hallyday en personne. " AH QUE... JOHNNY! "
On se souvient de Michel Drucker, à la tête des présentateurs vedettes, comment l’audiovisuel vola au secours de l’Idole extrême à la suite de moqueries dans la presse sur ses approximations, ses expressions mal ficelées, ses bévues et son sens particulier de l’emploi des relatifs.
C’était plutôt sympa, malgré l’impudeur du copinage et la mauvaise foi des supporters.
Intelligent ou pas, Johnny ? Qu’est-ce que ça fait, à partir du moment où ceux qui aiment ce qu’il fait passent de bons moments en sa compagnie.
Le livre de Garreau m’ouvre le champ d’une réflexion sur le comportement des médias par rapport aux célébrités. Ceux-là leur demande des avis sur tout et les présupposent doués en tout, ce qu’ils ne sont évidemment pas.
Certaines célébrités plus futées restent prudemment dans leur registre. C’est le cas d’Eddy Mitchell qui connaît ses limites et ne se prévaut jamais du peu qu’il sait. D’autres sont victimes du syndrome de la « grosse tête ».
Enfin, certaines vedettes se laissent aller à leur naturel, ce qui est une bonne chose en soi. Mais tous ne perçoivent pas toujours une malignité bien parisienne dans l’interview de certains journalistes qui prennent tout le monde pour des cons. Parfois, il faut bien le reconnaître, sans généraliser, ils n’ont pas tout à fait tort.

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En dernier lieu, sur la marche suprême pourrait-on dire, il y a la catégorie des débiles sacralisés qui sont tellement imbus d’eux-mêmes qu’ils ne s’aperçoivent plus que leur ridicule tourne au grotesque. Ils sont supérieurs à tous les autres en ce sens que rien ne les atteint. Ceux-là finalement résistent mieux aux petites méchancetés rigolotes d’humoristes comme Baffie. On se souvient chez Ardisson de la confrontation de Jean-Claude Van Damme avec le dénommé Baffie et comme le comédien d’Hollywood avait éteint l’humoriste par son excès d’assurance et son art naturel à sortir deux conneries par dix mots.
L’imbécile à ce petit jeu-là n’est pas toujours celui qu’on pense !
Pour revenir au livre de Garreau, voici quelques extraits… et si le cœur vous en dit.
C’est le livre à prendre sur la plage, à lire avec des lunettes solaires et à feuilleter avec des doigts empreints d’huile solaire.

Parfois pratique :
" Je me prépare toute l’année pour quoi que ce soit, alors je me prépare pas spécialement pour quelque chose sauf pour moi-même. "

Parfois romantique :
" Nathalie [Baye] m’a fait découvrir que le matin est encore plus beau en se levant qu’en se couchant. "

Parfois seul :
" Je ne suis jamais seul, à moins que je lis. "

Mais toujours proche de son public :
" Si j’ai si chaud, c’est grâce à vous qui me donnez chaud. "

Et quoi qu’il en soit, toujours surprenant :
Claire Chazal : " Alors est-ce que vous les connaissez ces joueurs de football ? " Johnny : " J’en connais quelques uns. Bon bien sûr, je connais heu… je connais Zazie. "

10 juin 2004

L’écran plat.

Les programmes des téloches se mettent doucement à l’été, à savoir engourdissement progressif des Fogiel, Foucault, Castaldi et autre Ardisson jusqu’en septembre dans un « étérnage » qui sera camouflé sous les reprises et les téléfilms dont personne ne veut à un autre moment.
Ce sera l’occasion pour les hyperpistonnés de mettre à sécher leur linge sale de leurs liaisons avec l’art, devant la demi douzaine de téléspectateurs somnolents.
Les programmes vont surfer entre les événements, de Roland Garros, les élections du 13 juin, le tour de France, etc… des sortes de piliers qui supporteront des arches qui donnent le vertige, jusqu’à la rentrée.
Les vacanciers partiront sans regret et ceux qui restent auront la faculté de déplacer les meubles – dont la télé – pour tapisser le salon sans remord. Les espaces à combler entre ces piliers font partie des peurs primaires des marchands de soupes télévisuelles.
Cette sorte de mépris pour les pouilleux qui restent à quelque chose d’insane et de provocant.
Evidemment, la chaîne qui a le pompon dans l’insuffisance crasse est notre RTBf. A croire que le beau monde de Reyers est à Saint-Trop et qu’il reste à peine un ou deux techniciens pour repasser les bobines des années 80.
Les maniaco-dépressifs et les incomplets du cigare ne seront pas déçus avec des redifs du genre Grande Vadrouille ou Gendarme.

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Tandis que s’éteindront les derniers feux de La ferme et des Locataires, les anciens de la Star Ac prendront les podiums d’assaut pour le meilleur et surtout pour le pire.
Il ne restera plus qu’un spectacle de Michaël Youn pour achever ceux qui restent. Les fans peuvent augmenter les doses en allant voir « La Beuze » et les « Onze commandements », au cinéma. C’est du sous Bigard, mais pas le Bigard qui faisait encore rire, non, le Bigard chiantissime découvert lors de ses collaborations avec Laurent Baffie, cet autre « roi du rire » pour manchots de l’antarctique.
Bref, à moins d’une catastrophe naturelle imprévue, une canicule meurtrière ou la sortie d’un nouveau Harry Potter qu’on nous avait caché, l’été ne sera pas croquignolet pour les amateurs des sous-verre animés. C’est toute la population des maisons de retraite, les malades des hôpitaux et ceux qui n’ont que ce moyen-là pour mettre un peu de piment dans leur vie qui seront frustrés.
Les autres, ils s’en fichent depuis longtemps.

9 juin 2004

La pensée et les gnomes


Le baron Ernest-Antoine Seillère, propriétaire du groupe Wendel et patron des patrons français, vient de se payer Editis, ancien fief de Lagardère.
Vous allez me dire, « Qu’est-ce qu’on en a à cirer, de ce va-et-vient entre milliardaires français? »
Rien, si ce n’est qu’Editis est un assemblage de maisons d’édition. Alors si vous achetez des bouquins à la FNAC ou ailleurs chaque fois que vous prendrez un livre 10/18, Pocket, Fleuve Noir, Pocket jeunesse, un roman paru chez Julliard, Nil Editions, Bouquins, Quid ou Seghers, un dictionnaire Robert ou une publication des Presses de la Cité – je ne les ai pas cités tous – vous verserez votre contribution à celui qui s’est illustré au titre de patron des patrons par des positions conservatrices et un sens de l’à-propos dans ses nombreuses interviews, que l’on peut qualifier d’extrême droite.
Dans l’industrie du fer d’où les Wendel ont tiré leur oseille, cela passe par des crispations avec les syndicats, à la direction du patronat français par la remise en cause des acquis sociaux, mais dans l’édition ?
Ce sera toute la diversité des titres de ces Maisons qui va s’en trouver modifiée.
Certes, nous ne le verrons pas de suite. Les contrats en cours et le fonds de commerce des Editeurs sont là pour que ce changement de direction ne se voie pas trop vite. Mais, pour du changement, il y en aura, faisons confiance au baron.
C’est la pensée de gauche qui est en jeu. En un mot, ce mouvement des capitaux risque d’affaiblir la diffusion de la pensée progressiste..
On voit mal le baron propager des ouvrages dénonçant les magouilles et les ratages de l’Etat et du patronat français, publier Besancenot et certains philosophes de Saint-Germain.
Des libraires se sont déjà inquiétés, de même que le syndicat du Livre.
Le gouvernement Raffarin a donné son accord. L’UMP applaudit. La canicule aidant, tout baigne pour ce nouveau « conducator ».
Son lieutenant, Lafonta, directeur général de Wendel, a l’ambition de faire d’Editis le leader de l’édition francophone. En la personne du baron, actionnaire principal, nous assistons à la naissance d’un deuxième Berlusconi en Europe.
Pour l’heure, nous sommes directement concernés. Nous n’avons pratiquement pas de Maisons d’édition en Belgique, si ce n’est quelques petites affaires assez conservatrices elles-mêmes, de sorte que nous dépendons presque entièrement de la France..

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Le montage financier du groupe Wendel laisse rêveur.
C’est une jonglerie de banque à banque comme l’aiment nos libéraux.
Le coût de l’opération s’élève à 696,5 millions d’euros.
Mais le baron ne sortira pas toute cette belle galette de son gousset.
Comme Editis devrait dégager un cash-flow de 55 millions d’Euros en 2004, le groupe Wendel a emprunté les deux tiers de la somme aux banques et a fait porter la dette au niveau d’Editis.
Ainsi, c’est celui qui est repris qui financera le rachat !
C’est le coup classique que les petits locataires des maisons insalubres du centre ville connaissent bien. Leurs loyers anormalement mais légalement gonflés servent à financer l’achat d’autres taudis, aussitôt rentabilisés, par ceux que le MR appellent des entrepreneurs dynamiques.
Bien entendu, il y aura à la clé quelques regroupements, ce qui, en clair, signifie des licenciements.

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Sauver une politique éditoriale hardie et novatrice des grandes maisons d’édition déjà passablement passéistes et conservatrices s’engage assez mal. C’est, ni plus ni moins, le droit à l’expression de ceux qui ne pensent pas comme le baron qui sera menacé demain.
La création, déjà si limitée par ses orientations contrôlées par le pouvoir, va en subir le choc.
Bien entendu, à entendre le baron, c’est au contraire pour diversifier les titres, augmenter les puissances éditoriales que ce mécène d’un nouveau genre se jette de la tôle ondulée au papier noirci.
Que les lecteurs qui aiment Paul-Loup Sullitzer se rassurent, avec les d’Ormesson et Cie, le staff de célébrités parisiennes et quelques penseurs de droite, tout ce petit monde est prêt à apporter sa contribution à la pensée contemporaine. Il n’y aura pas pénurie de titres.
Cette diversité-là ne sera nullement affectée.
Pour les autres, c’est décidément une bien mauvaise semaine.

8 juin 2004

Harry Potter : un conte à risques.

Un mot sur l’auteure, l’Anglaise J.K. Rowling (Le K a été ajouté après à Joanne, sur l’avis de l’éditeur, parce que ça fait « mieux »)

Les journaux adorent l’anecdote people. Ils ont fait de cette écrivaine une malheureuse qui aurait galéré jusqu’à la première perception de ses droits.
C’est une diplômée d’Exeter qui a eu des hauts et des bas comme beaucoup. Si elle n’avait pas touché le jack pot, on n’aurait pas fait tant de cas de ses passes difficiles. Tant il est vrai qu’un pauvre qui ne finit pas sa trajectoire dans l’abondance n’intéresse vraiment personne.

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Son œuvre – dont il suffit de lire un chapitre pour comprendre le mécanisme – est très représentative de la société marchande d’aujourd’hui.
Le merveilleux est le quotidien des héros, dont le principal, Harry, est à l’école des sorciers. Ce n’est pas cela qui fait stéréotype et s’inscrit dans le moule néolibéral, mais les comportements des personnages. A ce titre, cet ouvrage est un des plus pernicieux qui ait été publié depuis longtemps pour la jeunesse.
En quelques pages, on sait de quel côté Madame Rowling penche, et ce n’est pas la gauche.
Percy-le-fonctionnaire est un être borné, un père Soupe à la Courteline. Son frère, Weasley le banquier, est intelligent, imaginatif et innovateur.
Pour Rowling le collectif ne vaut rien, seule l’initiative privée offre toutes les garanties de progrès et de succès. C’est curieux venant d’une femme qui aurait eu recours au CPAS d’Edimbourg pendant le temps des vaches maigres, selon la presse britannique spécialisée.
Tout est à l’avenant, si bien que ce monde « merveilleux » n’est en réalité que le monde anglo-saxon à la Thatcher enrobé de sucre d’orge.
L’école des sorciers est une institution privée, évidemment, son directeur se bat contre l’Administration et l’Etat, représenté par Cornelius Fudge, un parangon de tous les mauvais ministres, qui délègue pour chercher querelle à l’Ecole libre l’inspectrice Dolores Ombrage, qui ne ferait pas quinze jours dans l’Enseignement officiel à Liège sans se faire remercier.
L’apprentissage des sorciers est axé sur la débrouillardise, le sens des affaires et la volonté de réussite. L’affrontement permanent a pour résultat que seuls les plus combatifs réussissent, sans aucune pitié pour les perdants.
Les clichés néolibéraux tombent sous l’œil du jeune lecteur à chaque page. Ils confortent l’enfant, si l’on considère que Harry Potter est une lecture pour jeune adolescent, dans sa nonchalance à apprendre des choses « qui ne serviront à rien » pour plus tard, comme l’histoire, les sciences humaines, la morale. Cela entre dans le concept d’études pratiques libérales pour un système social de rivalités permanent. Spécialisez-vous et n’hésitez pas à changer de spécialité selon les besoins du jour de l’industrie, lit-on entre les lignes. Soyez soudeur, monteur en charpente, tout ce que vous voulez, mais soyez-le vite, sans vous embarrasser d’apprendre des choses qui ne vous seront pas utiles.

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Le fantastique version Rowling façonne par la présentation du merveilleux une génération nouvelle de consommateurs. Une pseudo liberté est permise : celle de produire ses anges et ses démons, pour tout autant qu’ils soient régis par les lois du marché, insistant bien que, pouvoir surnaturel ou pas, ces créatures passeront par le supermarché pour se nourrir et ne pourront jamais combattre les lois de l’offre et de la demande.
Une telle littérature a quasiment un effet immédiat de propagande, ne serait-ce que par les produits adjacents. Les traces qu’elle laisse dans la mémoire des jeunes en formation sont éminemment dangereuses par leur conservatisme et la résignation qu’elles suggèrent en face d’un système fini et parfait.
Elles augurent d’un « meilleur des mondes » à la Huxley.
Après, les éducateurs clairvoyants auront bien du mal à remettre les idées d’aplomb dans la tête de leurs pupilles.
Les interrogations, les analyses dont la jeunesse a besoin pour une formation critique et équilibrée sont absentes de l’oeuvre. Si bien que se faire peur au contact des fantasmagories et des monstres toujours vaincus par Harry Potter renvoie à un fabuleux de souk pour une perversion sociale dont la jeunesse sera la victime à l’âge d’homme.

7 juin 2004

Commémo !

6 juin 1944 – 6 juin 2004. Il y a des commémos qui ne passent pas inaperçues…
Cette façon d’aligner les trémolos et les discours sur des chiffres ronds : 10, 20, 25, 50 et maintenant 60 ans !
1968 fut l’année du cinquantenaire de l’armistice de 1918.
Le rapport avec le 6 juin 2004 ?
Les vétérans des deux guerres à leur commémoration phare frôlaient les 80 ans, l’âge idéal pour la larme à l’œil, la prescription définitive et confuse des abominations passées et la sensibilité sénile en exemple pour les jeunes générations !
Quand on vous épingle la Légion d’honneur, ce n’est pas le moment de dire qu’on était là par hasard et qu’on avait qu’une pensée : foutre le camp loin de toutes ces horreurs !
Une commémo à cinq ou dix ans de l’événement a la fâcheuse tendance aux invectives, vire facilement au règlement de compte… Les généraux risquent une tarte dans la gueule.
Un demi siècle plus tard, les successeurs ne sont pas directement responsables.
Les cathos l’ont bien compris qui se méfient des Saints de l’année. Ils attendent souvent un siècle pour les célébrations.
La commémo aujourd’hui est une forme de Grand Pardon, une grand’messe nationale où les anciens des deux bords se rassemblent dans le même hymne incantatoire.
Le récit poignant de ces vagues de pauvres types qu’on envoyait se faire hacher par les mitrailleuses allemandes dès leur sortie des péniches de débarquement soulèvent pas mal de questions. Ces massacres de soldats étaient inutiles. C’est toujours la même stratégie d’un conflit à l’autre, d’une génération à l’autre. Il y a un rapport entre cette boucherie de 1944 avec l’autre de 14…
Il y a des commémos « rentrées », des rappels aux mauvais souvenirs.
Le Chemin des Dames n’aura jamais sa commémo. Cinquante-quatre mois de combat, comment voulez-vous avoir une date clé ? Cette affreuse histoire où des dizaines de milliers d’hommes sont morts sur la route de Laon pour la possession de la Caverne du Dragon n’intéresse plus que les historiens.…
Le temps est passé sur tout cela, comme il passera sur les plages de Normandie.
En 1917 dès que le général Nivelle remplaça Joffre à la tête des Armées françaises, il décida d’exécuter son plan de bataille : l’attaque frontale de la forteresse naturelle du Chemin des Dames. Il vient de décider du sort de milliers d’hommes! Son offensive du 16 avril échoue lamentablement ; les soldats français passant à l’attaque se firent massacrer par les mitrailleuses allemandes installées dans des trous d’obus. Ne voulant pas renoncer, les responsables de ce sanglant gâchis ordonnèrent la continuation des combats. Mais cela ne servit à rien sauf à faire perdre la vie à des dizaines de milliers d’hommes. Après cinq mois de commandement des Armées françaises ayant conduit le pays au bord du désastre, le général Nivelle est viré de son poste.
Similitude entre les plans : envoyer des troufions se faire percer quand l’ennemi est retranché. Différence de traitement avec ceux de 14 : les généraux de 44 ont été acclamés.
Quelques mots tout de même sur ce que nous venons de commémorer.
Le 6 juin 44 faillit devenir un fiasco monstrueux tant il avait été mal préparé avec des troupes novices à peine sortie d’un entraînement bâclé.
Vous savez, quand les instructeurs se doutent que les gens qu’ils instruisent ne passeront pas l’année, c’est comme apprendre le français à un cancre qui de toute façon n’ouvrira jamais un livre.…
Les tirs des bâtiments de guerre tombèrent loin derrière les bunkers. L’armée allemande fit un carnage des débarqués, plutôt jetés à la mer par des marins pressés de foutre le camp sous le déluge de feu.

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La bataille de Normandie, c’est avant tout une catastrophe humaine de dizaines de milliers de morts.
Ce qui a sauvé la mise et fait qu’Eisenhower est resté pour les manuels d’histoire un petit génie n’a rien été d’autre que la supériorité de l’aviation alliée, alors que la Luftwaffe était définitivement clouée au sol.
La manière festive de la journée du 6 de représenter les horreurs du passé sous prétexte d’honorer les morts, les outrage au contraire.
C’est se moquer des victimes que de voir les successeurs des généraux sanglants, qui eux-mêmes ont à se reprocher les guerres du Vietnam et aujourd’hui d’Irak, s’autoféliciter.
Non pas qu’il ne fallait pas débusquer l’Adolphe, mais il fallait le faire en économisant les vies au maximum.
Question commémo, on en a tout un rayon, dont certaines « honteuses ».
Celle de la Commune de Paris, que l’on a traînée dans les manuels bien-pensants comme une ignominie, alors qu’il s’agissait d’un acte éminemment patriotique de la part des Travailleurs parisiens : résister aux Prussiens. Finalement matés par cette vieille crapule de Thiers, ces Ouvriers ont été exterminés. On en a fusillé dix mille. C’était en mai 1871, la semaine dite sanglante.
Là, pas de compliments, parce que plus de vétérans et pour cause, après la chasse aux ouvriers, les survivants avaient été bannis en Nouvelle Calédonie, dans les bagnes de Cayenne et d’ailleurs.
On peut ainsi remonter dans l’histoire de France comme celle de Belgique, pour s’apercevoir que les commémos sont d’invention relativement moderne, probablement aux guerres du Premier Empire : Austerlitz (ah ! ce soleil) Wagram et le petit dernier Waterloo… 18 juin 1815. Les Anglais la commémorent encore.
A Liège, on a pris la précaution de ne pas commémorer la destruction de la cathédrale Saint-Lambert, quand on songe à tout ce que ces énergumènes nous ont laissé comme emmerdements avec ce grand trou au milieu de la place.
Alors ? Ayons une pensée émue pour ceux qui sont tombés dans toutes les guerres, souvent contraints et sans savoir pourquoi.
Les guerres sont des conneries.
Plutôt que sombrer dans les commémos, rappelons-nous Flaubert : « Tous les drapeaux ont été tellement souillés de sang et de merde qu’il est temps de ne plus en avoir du tout. »
Et passons à autre chose.

6 juin 2004

Tératologie sous vitrage


Maître Magnée du barreau de Bruxelles a redonné de l’élan à la thèse du réseau ou à tout le moins de l’association de malfaiteur dans sa plaidoirie de six heures au procès Dutroux à Arlon.
C’est cela qu’ont vu les marcheblanchistes qui l’attendaient à la sortie pour le féliciter.
Ce procès interminable sent la bavure, le ratage à plein nez depuis le début.
La lumière n’a nullement été faite sur les conditions de rapt et de détention des victimes.
Encore plus grave, le juge Langlois, fort de ses convictions, n’a pas jugé nécessaire de pousser certaines enquêtes et notamment sur les traces et les cheveux laissés dans la cache de Marcinelle.
A l’image de ces huit années d’instruction étrangement improductives, on a vu défiler des centaines de témoins, tant de la police que de la société civile, qui n’avaient rien à dire et qui pourtant s’étendaient sur les moindres faits, n’hésitant pas à prolonger leur audition par des redites, au point que le jury s’était quelque peu énervé.
Le président du tribunal est apparu terne, peu combatif et comme paralysé par la peur d’une récusation.
La messe serait-elle dite ?
Pourtant, les volets laissés en-dehors de l’affaire principale pourraient faire rebondir la thèse de l’association de malfaiteur, voire de réseau. On se pose la question de savoir pourquoi ils ont été dissociés ?

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Enfin, de deux choses l’une, ou bien Nihoul est relaxé et la thèse du complot prend un sale coup ou il est condamné et alors c’est tout le mécanisme de l’exploitation des filles qui a été délibérément écarté par l’instruction. Parce que si Nihoul est impliqué dans les rapts, c’est que ceux-ci n’étaient pas que réservés à la « consommation » de l’ogre.
Dernier coup de gueule de Magnée : « Où sont passées les cassettes saisies par la gendarmerie ? »
Le public attend à ce sujet les éclaircissements d’une enquête qu’il est primordial de rendre plus lisible, à présent que les portes de la prison vont se refermer sur les détenus et, sans doute, pour très longtemps.
Quelle que soit l’issue de ce qui sera décidé à ce sujet, c’est le ministre de la justice, Laurette Onckelinx et aussi bien son collègue le ministre de l’Intérieur qui devraient réagir. La police de ce pays n’est-elle là que pour réprimer les excès de vitesse et les états d’ivresse ?
On voit bien que ce théâtre d’ombre d’Arlon n’a pas tout révélé des stupres des quatre individus derrière le vitrage antichoc de la Cour.
Même cette construction nouvelle du Tribunal d’Arlon cache un secret… d’architecture.
Pourquoi protéger ainsi des droits communs, du lieu public qu’est une cours d’Assise ?
Le bâtiment n’est-il pas fouillé et surveillé suffisamment ?
Que craignait-on vraiment en voulant cette protection ?
Une séparation entre les prévenus et leurs juges n’est pas bonne en soi.
Elle rend irréaliste la présence des accusés. La vitre qui les sépare du reste de la salle les conforte dans le sentiment d’être à part. C’est au milieu des gens qu’ils auraient dû répondre de leurs crimes, là où tout aurait eu une autre signification ; la première, celle de déjà commencer leur peine avec la proximité de leurs juges, la seconde de sentir le poids de leurs fautes sans pouvoir rien dissimuler d’eux-mêmes.
C’est bien là le résultat d’une aseptisation, d’un cloisonnement volontaire d’une société de plus en plus lyophilisée.
Ce procès gardera sans doute tous ses mystères, y compris les derniers regards qui se poseront sur les quatre au moment et après leur verdict, parce qu’ils seront « protégés » par un obstacle transparent.
Cette vitre sera comme le symbole des protections qu’ils ont ou qu’ils n’ont pas eues.
A ce sujet et pour l’anecdote, il serait intéressant de savoir qui a décidé de poser cet obstacle entre les prévenus et nous ?
On attend la nosographie d’un écrivain indépendant des maladies dont ont souffert cette instruction et ce procès.
Peut-être ainsi aurons-nous la révélation des impostures de dernière minute?

5 juin 2004

Voyance

- Monsieur Baraco, grand voyant medium, 25 ans d’expérience, pouvez-vous nous dire quelques mots sur le mariage à Beigle par Noël Mamère de Claudy-dit ?
- Je peux le dire…
- Vous n’allez pas nous refaire le sketch de Pierre Dac et Francis Blanche ?
- Votre grand poète national Claudy-dit épousera bien son fiancé, Jacques Larmoyant. Mais, il aura des hauts et des bas, sauf si c’est dans sa nature d’aller de long en large…
- Surtout s’ils habitent un bungalow…
- Non, Monsieur Charden, non. J’aide à résoudre les problèmes, les cas désespérés : amour, retour de l’être aimé grâce à mes dons exceptionnels. J’aide aussi contre les maladies inconnues. Je protège des ennemis et je remédie à l’impuissance sexuelle. Vous voyez que c’est très sérieux. Avec vos allusions faciles qui ne font rire personne, vous êtes vulgaire.
- Et notre poète national, Claudy-dit ?
- Je le distingue mal… J’ai peur de me tromper…Claudy-dit est mal entouré… des envieux…
- Mais encore ?
- Peut-être une joute poétique à Libramont… une soirée peinture-poésie au centre culturel de Seraing avec une grande artiste sérésienne ? Je le vois retourner à l’école de son village…
- Oui, le 13 juin !
- Comment le savez-vous ?
- Et sa tante ?
- C’est l’impasse. Lui veut d’elle, mais elle ne veut plus de lui.

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- Une répulsion-désir. Claudy-dit a une solution ?
- Oui. Il incarne sa tante. Il devient sa tante…
- Cela aura-t-il une influence sur son mariage ?
- Enorme. Cela lui ouvrira des portes.
- Etroites ?
- Très étroites. Ce qui sera douloureux pour…
- Attention à ce que vous allez dire…
- …l’artiste sérésienne !
- Pourquoi, le repousse-t-elle ?
- Qui sa tante ?
- Non, la grande artiste ?
- Elle le fuit à cause d’une double homosexualité : la sienne et celle de Claudy-dit. Comment lutter contre ce double fuck ? Mais le bonheur entrera en lui.
- Par derrière ?
- Par surprise.
- Il rejoindra la confrérie liégeoise des poètes engagés ?
- Engagés par qui ?
- Par le tailleur Leroy.
- Un tailleur de pipes ?
- Non de jaquettes.
- Ne sont-ils pas tous de la jaquette ?
- Bien sûr. Ils en sont tous. Claudy-dit les rejoindra parce qu’on est plus indulgent avec les poètes vivant de la culture en Ville que ceux de la périphérie.
- Ce qu’il écrit est donc si mauvais ?
- Pas plus mauvais que Zanzi Bahr ou Broutenski nos gloires locales
- Alors, je ne comprends pas ! Expliquez-moi ?
- C’est un grand mystère mon fils. Devenu tante et marié, notre poète national a réécrit les textes de Claude François, « le téléphone », « le chanteur malheureux », « Alexandrie, Alexandra ».
- Que va-t-il arriver ?
- Rien de grave. Les Centres culturels n’y verront que du feu.
- Il compte s’attaquer à tout le répertoire ?
- Je le vois souvent à la Médiathèque.
- Une grande carrière s’ouvre devant lui ?
- Oui, s’il se contente de réécrire Dumont ou Goldman.
- Pourquoi ?
- S’il s’attaque à Brassens, il est foutu.
- Ah bon ! Pourquoi, Monsieur le grand voyant médium Baraco ?
- C’est déjà réécrit par Zanzi Bahr et Broutenski.

4 juin 2004

Spéciale élections 13 juin.


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Mais, qui donc en veut à ce point au MR ?

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Les 200.000 emplois bidonnés annoncés à grands cris par la coalition gouvernementale MR-PS vont-ils jouer dans le scrutin du 13 juin ?

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Joëlle Milquet est en position de missionnaire dans une nouvelle joute électorale avec ses partenaires humanistes. Les plaisirs familiaux au grand air sont parmi ses préoccupations.

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3 juin 2004

Voyage au bout de l’ennui.

Le mois de juin ouvre la saison des vacances jusqu’en septembre.
La classe des loisirs a produit par son exemple une sorte de transhumance qui a fait école et saisit la population jusqu’au plus humble tâcheron dès qu’arrivent les beaux jours.
Cet espoir de partir en des lieux de plus en plus lointain est ce qui fait encore rêver les foules laborieuses et les soutient dans l’accablant ennui du travail quotidien.
Dans les couples, ce sont les femmes qui étant attachées encore traditionnellement aux soins du ménage en plus d’un travail extérieur, sont les plus enthousiastes aux départs et on les comprend.
L’avion ayant considérablement raccourci les distances, les terres les plus lointaines et les plus insolites sont à portée des désirs au hasard des catalogues des agences.
Certains sites sont pris d’assaut. Les réservations se font de plus en plus tôt.
Le phénomène est bien connu et exploité par les voyagistes.

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Ce qui l’est moins, ce sont les réelles motivations de ces départs massifs à côté des clichés entendus à la poursuite du soleil et la découverte des plages de sable fin.
La fuite du quotidien est à la base de tout.
Les voyages qui enrichissent les connaissances ne se font pas par agence. Vous ne comprendrez jamais Florence, Venise ou Rome en y débarquant à l’hôtel pour deux semaines.
Il n’y a donc que la classe des loisirs qui peut accéder à cette connaissance, parce qu’elle voyage autrement.
L’exiguïté des locaux, souvent une chambre d’hôtel, le poids réglementé des bagages empêchent qu’on ait avec soi les moyens d’être « comme à la maison », encore moins de poursuivre une activité culturelle.
Sans connaissance des mœurs ni de la langue des populations rencontrées, le touriste est très vulnérable.
Sans le crier sur tous les toits, les vacances sont faites d’affalements successifs au bord des piscines, à l’abri d’une paillote d’un bar de fortune, dans des refuges de montagne à soigner des ampoules aux pieds, à sortir le soir exhiber ses coups de soleil dans des discothèques dans l’espoir de lever une authentique îlienne. On s’abouche finalement avec une Allemande qui habite l’hôtel à côté et qui était sur le même charter que le vôtre.
Après trois jours, le dépaysement n’opère plus.
Il n’y a rien de plus affligeant et de conventionnel que le mobilier d’un hôtel. On se rappelle la chambre qu’on occupait l’année dernière, tant tout est à l’identique.
Après avoir fait les deux ou trois excursions possibles, on tourne en rond avec autant de régularité qu’un type de chez Renault qui fait les trois pauses.
Le goût qu’on avait pour les populations visitées, ce grand élan d’égalité entre les hommes se heurte à l’incompréhension des habitants, car tout le monde dans les marchés, dans la rue, au bord de la palmeraie, vous croit riche et vous méprise.
Alors, vous finirez par tenir des propos du genre « tous des voleurs » et, en fait, vous n’aurez pas vu ceux qui vivent de leur travail et non pas du touriste.
Cependant, pour ne pas perdre la face, vous montrerez le même entrain que le groupe dans lequel les circonstances vous incorporeront. Vous éviterez les sujets qui fâchent, ne parlant ni de politique, ni d’avenir, ni de rien, et surtout pas de boulot, tout en conservant à l’esprit l’angoisse de ce que vous allez retrouver en rentrant.
Vous seront utiles ce que vous avez retenu des magazines people de l’année et les spectacles les plus cons de la télé.
Vous garderez cette tête de faux jeton à la rentrée, surtout si au bureau certains sont restés à Liège. Ce sera l’occasion pour vous de leur en mettre plein la vue.
Après avoir changé longtemps de lieux de vacances, vous vous déciderez un jour de revenir là où vous étiez « si bien » l’année précédente, parce que le chef du restaurant vous aura tapé dans l’œil avec sa recette de frites sauce lapin, que dans le village il y a une triplette de pétanque qui n’attend que vous à partir du 10 juillet, que votre compagne s’est tapée en douce un garçon d’étage et qu’elle espère qu’il aura gardé son boulot, enfin, pour toutes sortes de raisons dont la moins avouable est que vous en avez assez de trimballer vos bagages d’inconfort en inconfort.
Ainsi, plus de recherche de sites inexplorés, de trip à la portée du pécule de vacances ou d’angoisse à courir d’un avion à l’autre.
Vous l’avez deviné, chers lecteurs, je n’en ai plus rien à foutre des vacances.

2 juin 2004

Les offres d’emplois du Forem : le gardiennage.


Ce n’est peut-être pas pour tout de suite, mais qui sait, comme vont les choses ?... Le gardiennage manque de bras ces temps-ci. Si vous êtes chômeurs, faites gaffe. Jadis, des sergents recruteurs vous embarquaient dans la vie militaire pour quelques sous. Dans la hantise du désastre de la statistique, sous l’impulsion fervente de la pasionaria du plein emploi, la Région wallonne pourrait vous inscrire d’office comme agent de sécurité!

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« Hou ! les vilains mercenaires !» Cette réflexion que vous avez entendues à propos du Katanga et d’ailleurs, vous ne l’entendrez plus.
Les sociétés de gardiennage privées ont remplacé les paramilitaires. C’est la même chose, mais c’est mieux pour l’opinion. Ainsi, l’affreux jojo armé jusqu’aux dents qui terrorisaient les populations locales, s’est transformé en employé de maison, toujours aussi armé, mais sans l’uniforme du type commando.
Veston bleu marine sur gilet pare-balles, notre agent de sécurité moderne officie sans que sa mort provoque le scandale comparable à celui d’un marine sautant sur une mine en Irak, après que le président Bush ait décrété que la guerre était finie.
Moralité, même s’il en meure encore beaucoup, le soldat est doublé par du personnel privé qui meurt sans tambour ni trompette, c’est le cas de le dire.
Les sociétés de gardiennage aux USA, véritables milices privées, ont des clients dans plus de 50 zones de conflit. Evidemment, leurs principaux bailleurs de fonds sont les contribuables américains. Washington a signé plus de 3.000 contrats avec des PMF sur les dix années écoulées.

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Les joyeusetés de la libre entreprise sur les secteurs chauds de la planète ont débuté avec la chute du mur de berlin. Les temps s’y prêtaient, puisque les deux grands dégraissaient leurs armées. C’est ainsi que depuis 1991 (la première guerre du Golfe) le mammouth du Pentagone a perdu un tiers de ses effectifs !
Mine de rien, les Européens sont présents en Irak sous la forme de garde du corps ou gardiens d’immeubles. Ce n’est pas le retrait espagnol qui fera un vide dans le panel combattant des lieux.
C’est une manière astucieuse que les Américains ont eue, de mèche avec nos « flaireurs » de devises, pour contourner le manque d’enthousiasme pour leur guerre contre Saddam, manifestement boycottée par l’ONU et consort.
Avec 30 nationalités représentées, les PMF ont fourni une coalition internationale à Bush d’un genre original. Il y a plus de contractuels travaillant en Irak faisant le boulot de policiers et de militaires que de soldats des armées régulières d’occupation !
On cite la société Global Risks qui emploie 500 gurkhas népalais et 500 Fidjiens. Global Risks est au sixième rang des fournisseurs de chair à canon, avec l’avantage que ses employés coûtent moins chers au décès et ne se font pas emballés dans les plis de la bannière étoilée au retour, avec toute la contre-propagande que cela implique.
Son concurrent Halliburton a empoché jusqu’à présent 6 milliards de dollars de contrats. Il restaure les GI, convoie les carburants et est plus souvent en contact des mécontents enturbannés que la Grande maison pentagonale en séjour momentané à Bagdad.
D’autres sociétés offrent leur protection armée aux « visiteurs » de marque et aux industriels qui découvrent en même temps que le marché est très porteur, une sorte d’Eldorado de l’or noir où tout se paie cash !

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Le fin du fin est le gardiennage des casernes bourrées de militaires l’arme au pied et qui ne se gardent plus eux-mêmes ! Bientôt, ces sociétés produiront leurs propres patrouilles en leasing avec option à l’Etat-major US !
Paul Bremer en visite à Bagdad était gardé par des « privés ».
Ces sociétés de gardiennage ont a présent leurs bases arrières où les employés maison sont entraînés à la guerre ! C’est ainsi qu’en Caroline du Nord, à 40 km au sud de Norfolk, la Blackwater Entreprise possède des milliers d’hectares où s’apprennent les technique de la guerre moderne.
Bob Denard et nos Affreux du Katanga seraient complètement estomaqués s’ils vivaient encore, de voir comme ils ont fait école et sans que l’opinion publique moufte.
Comme quoi, tout passe quand l’emballage est beau ! L’ambiance générale, l’opinion publique, la presse, la démocratie, tout est manipulé, bidonné, tandis que le public se fend la gueule à Kil Bill 1 et 2.
Henderson Risks est au top. Ses miliciens d’un nouveau genre gagnent deux à trois fois plus que le troufion réengagé US qui risque encore un an de tôle comme gardien de prison ; tandis que son homologue en tortionnaire de raccroc perdrait, à la rigueur son emploi, qu’il retrouverait de toute façon dans une société concurrente. Seule différence et elle est de taille, pas de pension pour les employés. La veuve peut faire le trottoir, si elle n’a pas de métier.
On se demande ce que sera demain la montée en puissance de ces milices privées que l’Amérique et les autres pays, dont la Belgique, tolèrent, non seulement en Afghanistan et en Irak, mais à présent dans tous les pays à risques ?
Oh ! qu’elle est belle la démocratie quand brille un monceau d’or à sa portée et comme elle sait trouver des moyens élégants pour ne fâcher ni la gauche, ni la droite !...
On savait déjà le civil impliqué indirectement dans les conflits, le voilà maintenant détenteur de sa propre mitraillette, comme outil de travail.
La région wallonne a eu raison de renflouer la FN de Herstal. Il y a de grands espoirs en perspective.

1 juin 2004

La Justice : une ténébreuse affaire !

Appliquer une justice véritable, quand elle n’est qu’une opinion à travers des sensibilités différentes de magistrats, est impossible.
A l’Ancien Régime, on n’y allait pas de main morte. C’était le fait du Prince qui envoyait gaillardement les opposants à la potence. Les juges, déjà, appliquait les lois sans se poser de question.
Si on ne pend plus de nos jours, c’est bien parce que la puissance des princes s’exerce dans la finance plutôt qu’au faîte de l’Etat et qu’une opinion faiblement majoritaire ne l’admettrait plus. Le pouvoir régalien des juges est battu en brèche. Il doit y avoir des regrets inexprimés parmi ces honorables serviteurs de l’Etat.
Cela veut-il dire que la Justice s’est améliorée dans son fonctionnement et dans ses jugements ?
Certes pas.
Le Code n’est qu’un garde-fou, à peine une main courante au-dessus d’un vide qui est moins juridique que d’interprétation des faits incriminés.
Avant, c’était le bon plaisir et l’usage, aujourd’hui ce sont les mœurs qui déterminent les législateurs à modifier le code. La vérité morale étant élastique, poursuivre selon cette morale fuyante équivaut à condamner un justiciable qui ne le sera pas de la même manière l’année suivante. Le législateur le sait. Il s’essouffle dans l’interprétation évolutive des choses.
Sans porter aucun jugement, hier condamné, le mariage entre homosexuels devient un droit. Le délinquant du passé sera félicité par l’Officier d’Etat-civil demain.
Il y a cinquante ans à peine l’avortement était un crime et l’adultère un délit. Cependant, qu’à l’époque, jamais des procès pour concussions, d’abus de biens sociaux ou publics n’étaient inscrits aux rôles des tribunaux. Non pas que les « élites » fussent plus honnêtes qu’aujourd’hui, mais bien parce que les arrangements entre coquins étaient l’usage.
« Voler un œuf, c’est voler un bœuf » n’était qu’un dicton populaire à l’usage des lampistes qui écopaient du maximum pour l’œuf, tandis que les voleurs du bœuf passaient à travers
Aujourd’hui avec les mêmes ingrédients on fabrique la tambouille judiciaire des mains d’autres cuisiniers. L’opinion publique oblige, la recette n’est pas meilleure.

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Cela donne d’inquiétants résultats et d’édifiantes constatations.
En général les magistrats n’aiment pas être dérangés une seconde fois et le coupable rejugé en Appel écope souvent plus qu’en première instance. Ce n’est pas nouveau. Mais Léon Lewalle condamné plus sévèrement une seconde fois pour les détournements à la SMAP, c’est quand même une nouveauté de par l’origine éminemment financière de l’affaire.
Mais, il arrive aussi que les Magistrats d’Appel ou de Cassation contredisent les Magistrats d’Instance.
Alors, on peut se poser la question de savoir qui a raison ou tort ? Comment peut-on juger blanc, puis juger noir ?
Jouent alors les sensibilités, les affinités, les tendances, la conception que le magistrat se fait de l’Etat. Ce qui fait penser à une sorte de jackpot. Le malchanceux écope. Le chanceux triomphe. Entre les deux, il y a toute la gamme des coups de pouce, des pressions amicales et des obligations nécessaires à une carrière, quoique farouchement la plupart s’en défendent et que bien évidemment, beaucoup de magistrats soient intègres.

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Ce n’est pas pour autant rassurant. Au contraire.
Comment expliquer les différences de sanctions pour la même faute ? Certes les circonstances, les appréciations de moralité, le passé des prévenus nuancent une peine prononcée. Il n’en demeure pas moins que les écarts sont tels, qu’on se demande à quoi peut encore servir le Code avec ses maxima et minima, sinon à décourager le citoyen d’y entendre quelque chose ?
Se savoir jugé par des Pères Ubu donne froid dans le dos.
Jean-Jacques Rousseau était bien naïf le jour où il écrivit que ceux qui voudront traiter séparément la Justice et la morale n’entendront jamais rien à aucune des deux.