Harry Potter : un conte à risques.
Un mot sur lauteure, lAnglaise J.K. Rowling (Le K a été ajouté après à Joanne, sur lavis de léditeur, parce que ça fait « mieux »)
Les journaux adorent lanecdote people. Ils ont fait de cette écrivaine une malheureuse qui aurait galéré jusquà la première perception de ses droits.
Cest une diplômée dExeter qui a eu des hauts et des bas comme beaucoup. Si elle navait pas touché le jack pot, on naurait pas fait tant de cas de ses passes difficiles. Tant il est vrai quun pauvre qui ne finit pas sa trajectoire dans labondance nintéresse vraiment personne.
Son œuvre – dont il suffit de lire un chapitre pour comprendre le mécanisme – est très représentative de la société marchande daujourdhui.
Le merveilleux est le quotidien des héros, dont le principal, Harry, est à lécole des sorciers. Ce nest pas cela qui fait stéréotype et sinscrit dans le moule néolibéral, mais les comportements des personnages. A ce titre, cet ouvrage est un des plus pernicieux qui ait été publié depuis longtemps pour la jeunesse.
En quelques pages, on sait de quel côté Madame Rowling penche, et ce nest pas la gauche.
Percy-le-fonctionnaire est un être borné, un père Soupe à la Courteline. Son frère, Weasley le banquier, est intelligent, imaginatif et innovateur.
Pour Rowling le collectif ne vaut rien, seule linitiative privée offre toutes les garanties de progrès et de succès. Cest curieux venant dune femme qui aurait eu recours au CPAS dEdimbourg pendant le temps des vaches maigres, selon la presse britannique spécialisée.
Tout est à lavenant, si bien que ce monde « merveilleux » nest en réalité que le monde anglo-saxon à la Thatcher enrobé de sucre dorge.
Lécole des sorciers est une institution privée, évidemment, son directeur se bat contre lAdministration et lEtat, représenté par Cornelius Fudge, un parangon de tous les mauvais ministres, qui délègue pour chercher querelle à lEcole libre linspectrice Dolores Ombrage, qui ne ferait pas quinze jours dans lEnseignement officiel à Liège sans se faire remercier.
Lapprentissage des sorciers est axé sur la débrouillardise, le sens des affaires et la volonté de réussite. Laffrontement permanent a pour résultat que seuls les plus combatifs réussissent, sans aucune pitié pour les perdants.
Les clichés néolibéraux tombent sous lœil du jeune lecteur à chaque page. Ils confortent lenfant, si lon considère que Harry Potter est une lecture pour jeune adolescent, dans sa nonchalance à apprendre des choses « qui ne serviront à rien » pour plus tard, comme lhistoire, les sciences humaines, la morale. Cela entre dans le concept détudes pratiques libérales pour un système social de rivalités permanent. Spécialisez-vous et nhésitez pas à changer de spécialité selon les besoins du jour de lindustrie, lit-on entre les lignes. Soyez soudeur, monteur en charpente, tout ce que vous voulez, mais soyez-le vite, sans vous embarrasser dapprendre des choses qui ne vous seront pas utiles.
Le fantastique version Rowling façonne par la présentation du merveilleux une génération nouvelle de consommateurs. Une pseudo liberté est permise : celle de produire ses anges et ses démons, pour tout autant quils soient régis par les lois du marché, insistant bien que, pouvoir surnaturel ou pas, ces créatures passeront par le supermarché pour se nourrir et ne pourront jamais combattre les lois de loffre et de la demande.
Une telle littérature a quasiment un effet immédiat de propagande, ne serait-ce que par les produits adjacents. Les traces quelle laisse dans la mémoire des jeunes en formation sont éminemment dangereuses par leur conservatisme et la résignation quelles suggèrent en face dun système fini et parfait.
Elles augurent dun « meilleur des mondes » à la Huxley.
Après, les éducateurs clairvoyants auront bien du mal à remettre les idées daplomb dans la tête de leurs pupilles.
Les interrogations, les analyses dont la jeunesse a besoin pour une formation critique et équilibrée sont absentes de loeuvre. Si bien que se faire peur au contact des fantasmagories et des monstres toujours vaincus par Harry Potter renvoie à un fabuleux de souk pour une perversion sociale dont la jeunesse sera la victime à lâge dhomme.