« L’homme au masque de cire II (suite 1) | Accueil | Les grandes enquêtes du FOREM »

L’homme au masque de cire II (suite et fin)

Pour que l’histoire soit intelligible, il vous est conseillé de lire avant les blogues des 22 et 23 juin.

Pendant ce temps l’enquête dirigée par l’ancien gendarme Tapinois sous les ordres du commissaire Lhébété, piétinait.
Souvent ils piétinaient ensemble, eux et l’affaire, parcourant les rues d’Oupeye, de Wonck, de Cheratte jusqu’à Visé, piétinant tant et plus. Tant et si bien qu’ils gagnèrent des pieds plats !
La colère des habitants était telle que les enquêteurs durent se faire protéger par la police.
Une quinzaine de jours passèrent encore sans qu’aucun événement se produisît. Les enquêteurs avaient pris l’habitude de faire des ricochets sur la toile de la Meuse fort haute pour la saison. Souvent ils passaient derrière la maison du professeur, dont le jardin donnait sur la berge. Celui-ci ne manquait pas de les conseiller sur la façon de tenir la pierre pour augmenter le nombre de ricochets. Il les accueillait sous la tonnelle, dans une demi obscurité, se plaignant d’avoir la peau fragile de Michaël Jackson.

Cinq mois étaient passés lorsque Rosalie Bellefleur, alias Sue Allen depuis le concours de miss belles jambes, réapparut au centre du village entièrement nue et enceinte !
C’est un ancien reporter à la « Pensée russe» de Saint-Pétersbourg, en vacances sur une péniche près du pont de Cheratte, qui fit le scoop. Ce qui le relança, car il le vendit au Sun de Londres.
On jeta une couverture sur les épaules magnifiques de mademoiselle Bellefleur. On chercha les policiers qu’on trouva attablés chez Dominique à Lannaye devant de la Trappiste de Chimay ; entre-temps le reporter avait son papier. Les policiers arrivèrent toute sirène hurlante. On avait conduit la rescapée chez Troipieds, l’unijambiste du village, dont la maison est proche de l’endroit où la jeune femme était réapparue.

vincent.JPG

Un peu réconfortée et serrant la couverture sur ses seins gonflés de l’espérance d’être mère – car la nature s’en fout de la qualité du géniteur – elle parla d’une voix que l’émotion faisait trembler.
Après qu’elle but le grog du professeur, Rosalie Bellefleur sombra dans un sommeil profond. Lorsqu’elle se réveilla, elle était emprisonnée dans une enveloppe mince et cependant résistante, un secret de fabrication de Jarrod, le Fixatron. Elle pouvait voir et entendre. Seule la parole lui était interdite, les lèvres n’étant ouvertes qu’en leur centre. C’est par là que tout ce temps Jarrod l’alimenta à l’aide d’un chalumeau.
Lorsque le professeur la vêtit en sultane et l’étendit sur son lit de parade pour son exposition, il avait obturé la bouche pour la circonstance, seuls les yeux fixèrent les gens pour demander de l’aide, en vain !
Elle se vit morte dans les mains d’un monstre, dans cette armure seulement percée des quelques petits trous nécessaires à la poursuite des fonctions naturelles.
C’est ainsi qu’elle vit tour à tour les victimes suivantes du monstre, qu’il endormait puis conservait comme le ferait un chasseur de papillons.
Jarrod lui dit qu’elle ne mourrait pas comme tous ceux qui lui avaient permis de monter son musée. Les malheureux avaient eu moins de chance qu’elle.
A présent, c’était elle qui sifflait comme le jet de vapeur d’une cafetière électrique lorsqu’elle s’exprimait dans cette armure impitoyable qui l’enserrait de toute part.
« Pourquoi chifffouard ffaites pschuit m’épargnez ? » lui dit-elle.
Et en disant cela, elle se rappela la façon dont le monstre avait crié après son Kiki. Et elle comprit que lui aussi était emprisonné dans un Richard Geere en Fixatron !
« Pfuitt, che fous s’aime » articula-t-il un peu à la façon auvergnate.
Comprenant tout, elle éclata en sanglot, ce qui lui fit une mini inondation aux jambes.
Le monstre ne se gênant plus devant elle, sa vie devint un martyr. Le soir après avoir joué à l’orgue la Toccata en ré, il la montait dans la chambre avec l’aide de Peter Lore. Puis il se dépouillait de son masque.
Il était épouvantablement brûlé. Les chirurgiens ne pouvaient plus rien pour lui. Enfermé dans son Fixatron, il avait la voix haut perchée de Dolly Parton, la chanteuse country. Libéré de son enveloppe, il avait l’organe d’Yvan Rebroff.
Rosalie voyait par un grand trou à la place du larynx, le jeu de harpe des cordes vocales.
C’était la nuit qu’elle souffrait le plus. Il la plaçait dans son lit à ses côtés et par les orifices qu’il avait ménagé, il se servait d’elle comme d’une poupée gonflable.
Le joueur de football camerounais fit échec plusieurs fois au Fixatron par la force de ses érections. Il fallut renforcer la partie basse.
Justement, la production de Fixatron ne suivait pas à enduire les victimes. Pour économiser la matière et parce que Rosalie belles jambes était la seule rescapée, il avait singulièrement aminci la couche de Fixatron du thorax au bas ventre de la jeune femme. Au troisième mois de grossesse, Rosalie observa des fissures sur le produit. Si bien qu’au cinquième mois, brusquement le produit tomba de lui-même par plaques entières, alors que Phibes était dans son laboratoire.
Elle s’enfuit à l’état de nature aussi vite qu’elle put.
Lhébété et Tapinois, après le récit, se rendirent au domicile du professeur.
Il avait disparu avec Peter Lore, son domestique.
L’opinion s’enflamma davantage dès qu’on sut que les assassins étaient en fuite.. On leur attribua des protections…
Les retrouvailles du village furent un événement national.
Chaque villageois à la photo de la seule rescapée au-dessus de son poste de télévision.

vincent1.JPG

Quant aux auteurs des crimes, on n’entendit plus jamais parler d’eux.
Il semblerait qu’ils aient été engagés par MGM pour signer le scénario d’un nouveau « Masque de cire ». Mais il y a blocage à cause de Richard Geere, pressenti pour le rôle. Il aurait reçu le conseil du Dalaï Lama de refuser le film, contraire à son message de paix. Jean-Paul II fit savoir à l’acteur hollywoodien qu’ils étaient moins regardant au Vatican, à partir du moment où l’on peut racheter tous ses péchés grâce à la « golden cart de la Chase Manhattan bank ».
Cependant, de ces derniers événements, rien n’est certain.

Poster un commentaire