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Paul Valéry

Dans un blogue précédent, j’ai commis une citation de Valéry.
Cela m’a donné l’idée d’exhumer quelques pensées de ce remarquable auteur oublié.
Avant, je rappelle brièvement à ceux qui l’ont perdu de vue, quel était l’écrivain.
L’homme d’académie chargé d’honneurs à la fin de sa vie ne m’intéresse guère. Lui-même s’en moquait comme l’atteste Paul Léautaud dans son Journal. Sa poésie est – à mon sens – a oublié très vite. C’est son œuvre à caractère philosophique qui est intéressante. Dans ces travaux-là, s’est réfugié son génie. Tout l’intérêt des « Monsieur Teste », « Variétés » et autres « Cahiers » est actuel.
J’ai toujours recopié dans des cahiers d’écolier les réflexions qui m’apparaissaient dignes d’être conservées. Je les écris à la suite, au hasard des lectures, dans une apparente confusion. Sur le deuxième plat de couverture les noms des auteurs et les pages où ils apparaissent me permettent de les retrouver aisément.
En ces temps d’élection, j’ai choisi principalement des textes qui traitent de la politique.

« La politique fut d’abord l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. A une époque suivante, on y adjoignit l’art de contraindre les gens à décider sur ce q’ils n’entendent pas. Le deuxième principe se combine avec le premier. »

« Le monde moderne, dans toute sa puissance, en possession d’un capital technique prodigieux, entièrement pénétré de méthodes positives, n’a su toutefois se faire ni une politique, ni une morale, ni un idéal, ni des lois civiles ou pénales qui soient en harmonie avec les modes de vie qu’il a créés, et même avec les modes de pensée que la diffusion universelle et le développement d’un certain esprit scientifique imposent peu à peu à tous les hommes. »

« Chaque esprit qu’on trouve puissant commence par la faute qui le fait connaître. En échange du pourboire public, il donne le temps qu’il faut pour se rendre perceptible. »

« La bêtise n’est pas mon fort. J’ai vu beaucoup d’individus, j’ai visité quelques nations ; j’ai pris ma part d’entreprises diverses sans les aimer ; j’ai mangé presque tous les jours ; j’ai touché à des femmes. Je revois maintenant quelques centaines de visages, deux ou trois grands spectacles, et peut-être la substance de vingt livres. Je n’ai retenu ni le meilleur ni le pire des choses : est resté ce qui l’a pu. »

« Nous vivons bien à l’aise, chacun dans son absurdité, comme poisson dans l’eau, et nous ne percevons jamais que par un accident tout ce que contient de stupidités l’existence d’une personne raisonnable. Nous ne pensons jamais que ce que nous pensons nous cache de ce que nous sommes. »

« L’Etat est un être énorme qui ne vit que par une foule de petits hommes qui en font mouvoir gauchement les mains et les pieds inertes, dont le gros œil de verre ne voit que des centimes et des milliards. »

« Il n’y a pas d’Histoire, il n’y a que des histoires. »

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J’ai conscience de n’avoir pas livré à votre curiosité les meilleurs morceaux de l’œuvre. Cela est impossible. J’ai simplement voulu mettre en évidence que cet homme né en 1871 et mort en 1945 est encore aujourd’hui d’une incroyable jeunesse d’esprit.
C’est aux déclarations de nos vieillards de cinquante ans et moins que nous avons élus que je me rends compte le mieux que la vieillesse est un état d’esprit et bon dieu ! que cette société centriste, apeurée, bête et méchante est vieille !!!

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