Tératologie sous vitrage
Maître Magnée du barreau de Bruxelles a redonné de lélan à la thèse du réseau ou à tout le moins de lassociation de malfaiteur dans sa plaidoirie de six heures au procès Dutroux à Arlon.
Cest cela quont vu les marcheblanchistes qui lattendaient à la sortie pour le féliciter.
Ce procès interminable sent la bavure, le ratage à plein nez depuis le début.
La lumière na nullement été faite sur les conditions de rapt et de détention des victimes.
Encore plus grave, le juge Langlois, fort de ses convictions, na pas jugé nécessaire de pousser certaines enquêtes et notamment sur les traces et les cheveux laissés dans la cache de Marcinelle.
A limage de ces huit années dinstruction étrangement improductives, on a vu défiler des centaines de témoins, tant de la police que de la société civile, qui navaient rien à dire et qui pourtant sétendaient sur les moindres faits, nhésitant pas à prolonger leur audition par des redites, au point que le jury sétait quelque peu énervé.
Le président du tribunal est apparu terne, peu combatif et comme paralysé par la peur dune récusation.
La messe serait-elle dite ?
Pourtant, les volets laissés en-dehors de laffaire principale pourraient faire rebondir la thèse de lassociation de malfaiteur, voire de réseau. On se pose la question de savoir pourquoi ils ont été dissociés ?
Enfin, de deux choses lune, ou bien Nihoul est relaxé et la thèse du complot prend un sale coup ou il est condamné et alors cest tout le mécanisme de lexploitation des filles qui a été délibérément écarté par linstruction. Parce que si Nihoul est impliqué dans les rapts, cest que ceux-ci nétaient pas que réservés à la « consommation » de logre.
Dernier coup de gueule de Magnée : « Où sont passées les cassettes saisies par la gendarmerie ? »
Le public attend à ce sujet les éclaircissements dune enquête quil est primordial de rendre plus lisible, à présent que les portes de la prison vont se refermer sur les détenus et, sans doute, pour très longtemps.
Quelle que soit lissue de ce qui sera décidé à ce sujet, cest le ministre de la justice, Laurette Onckelinx et aussi bien son collègue le ministre de lIntérieur qui devraient réagir. La police de ce pays nest-elle là que pour réprimer les excès de vitesse et les états divresse ?
On voit bien que ce théâtre dombre dArlon na pas tout révélé des stupres des quatre individus derrière le vitrage antichoc de la Cour.
Même cette construction nouvelle du Tribunal dArlon cache un secret… darchitecture.
Pourquoi protéger ainsi des droits communs, du lieu public quest une cours dAssise ?
Le bâtiment nest-il pas fouillé et surveillé suffisamment ?
Que craignait-on vraiment en voulant cette protection ?
Une séparation entre les prévenus et leurs juges nest pas bonne en soi.
Elle rend irréaliste la présence des accusés. La vitre qui les sépare du reste de la salle les conforte dans le sentiment dêtre à part. Cest au milieu des gens quils auraient dû répondre de leurs crimes, là où tout aurait eu une autre signification ; la première, celle de déjà commencer leur peine avec la proximité de leurs juges, la seconde de sentir le poids de leurs fautes sans pouvoir rien dissimuler deux-mêmes.
Cest bien là le résultat dune aseptisation, dun cloisonnement volontaire dune société de plus en plus lyophilisée.
Ce procès gardera sans doute tous ses mystères, y compris les derniers regards qui se poseront sur les quatre au moment et après leur verdict, parce quils seront « protégés » par un obstacle transparent.
Cette vitre sera comme le symbole des protections quils ont ou quils nont pas eues.
A ce sujet et pour lanecdote, il serait intéressant de savoir qui a décidé de poser cet obstacle entre les prévenus et nous ?
On attend la nosographie dun écrivain indépendant des maladies dont ont souffert cette instruction et ce procès.
Peut-être ainsi aurons-nous la révélation des impostures de dernière minute?