Voyance
- Monsieur Baraco, grand voyant medium, 25 ans dexpérience, pouvez-vous nous dire quelques mots sur le mariage à Beigle par Noël Mamère de Claudy-dit ?
- Je peux le dire…
- Vous nallez pas nous refaire le sketch de Pierre Dac et Francis Blanche ?
- Votre grand poète national Claudy-dit épousera bien son fiancé, Jacques Larmoyant. Mais, il aura des hauts et des bas, sauf si cest dans sa nature daller de long en large…
- Surtout sils habitent un bungalow…
- Non, Monsieur Charden, non. Jaide à résoudre les problèmes, les cas désespérés : amour, retour de lêtre aimé grâce à mes dons exceptionnels. Jaide aussi contre les maladies inconnues. Je protège des ennemis et je remédie à limpuissance sexuelle. Vous voyez que cest très sérieux. Avec vos allusions faciles qui ne font rire personne, vous êtes vulgaire.
- Et notre poète national, Claudy-dit ?
- Je le distingue mal… Jai peur de me tromper…Claudy-dit est mal entouré… des envieux…
- Mais encore ?
- Peut-être une joute poétique à Libramont… une soirée peinture-poésie au centre culturel de Seraing avec une grande artiste sérésienne ? Je le vois retourner à lécole de son village…
- Oui, le 13 juin !
- Comment le savez-vous ?
- Et sa tante ?
- Cest limpasse. Lui veut delle, mais elle ne veut plus de lui.
- Une répulsion-désir. Claudy-dit a une solution ?
- Oui. Il incarne sa tante. Il devient sa tante…
- Cela aura-t-il une influence sur son mariage ?
- Enorme. Cela lui ouvrira des portes.
- Etroites ?
- Très étroites. Ce qui sera douloureux pour…
- Attention à ce que vous allez dire…
- …lartiste sérésienne !
- Pourquoi, le repousse-t-elle ?
- Qui sa tante ?
- Non, la grande artiste ?
- Elle le fuit à cause dune double homosexualité : la sienne et celle de Claudy-dit. Comment lutter contre ce double fuck ? Mais le bonheur entrera en lui.
- Par derrière ?
- Par surprise.
- Il rejoindra la confrérie liégeoise des poètes engagés ?
- Engagés par qui ?
- Par le tailleur Leroy.
- Un tailleur de pipes ?
- Non de jaquettes.
- Ne sont-ils pas tous de la jaquette ?
- Bien sûr. Ils en sont tous. Claudy-dit les rejoindra parce quon est plus indulgent avec les poètes vivant de la culture en Ville que ceux de la périphérie.
- Ce quil écrit est donc si mauvais ?
- Pas plus mauvais que Zanzi Bahr ou Broutenski nos gloires locales
- Alors, je ne comprends pas ! Expliquez-moi ?
- Cest un grand mystère mon fils. Devenu tante et marié, notre poète national a réécrit les textes de Claude François, « le téléphone », « le chanteur malheureux », « Alexandrie, Alexandra ».
- Que va-t-il arriver ?
- Rien de grave. Les Centres culturels ny verront que du feu.
- Il compte sattaquer à tout le répertoire ?
- Je le vois souvent à la Médiathèque.
- Une grande carrière souvre devant lui ?
- Oui, sil se contente de réécrire Dumont ou Goldman.
- Pourquoi ?
- Sil sattaque à Brassens, il est foutu.
- Ah bon ! Pourquoi, Monsieur le grand voyant médium Baraco ?
- Cest déjà réécrit par Zanzi Bahr et Broutenski.