2me partie : Une affaire délicate (suite et fin)
Les supports dinformation, RTL en tête, mais aussi les journaux écrits, ne touchent pas quà léconomie et à la politique. Le sensationnel et lintérêt à connotation raciste y jouent également un rôle qui nest pas moindre. Bien entendu personne ne dit : jai un faible pour Israël ou je trouve Yasser Arafat et les palestiniens formidables. Le jeu consiste à « dénoncer » lun, puis lautre dans leurs exactions, tout en réservant les superlatifs ou « lhorreur des faits » de façon subtile à lun ou lautre camp auquel on est secrètement attaché ou détaché.
Ni le temps imparti à linformation, ni le ton adopté ne sont vérifiables. Pourtant, il va de soi quun observateur avisé peut, en une semaine découte intelligente, se faire une idée de la manière de conduire linformation subtilement là où les responsables veulent quelle aille.
Bien entendu, ces gens parleront de la liberté de lopinion, de la leur bien entendu. Ils ne tomberont pas sous le coup des nouvelles Lois. Mais, en essayant de faire partager leur opinion par leurs lecteurs ou leurs auditeurs sur une matière qui ne relève pas de la politique intérieure, ils distillent un venin raciste bien trop subtil pour quil soit perçu et sanctionné par les lourdauds que lEtat dépêche sur le coup et dix fois bien plus dangereux que le gros beauf qui se prend pour un SS réincarné.
Après laffaire Marie L, invoquée hier, une autre affaire plus ancienne me revient à lesprit. Elle doit dater de plus dun an. Cest en France quelle sest passée. Tout le monde sait que pour la partie francophone du pays, tout au moins, nous sommes proches de la mentalité française et que cela aurait pu arriver près de chez nous.
En janvier 2003 un rabbin avait été blessé dun coup de couteau dans une synagogue parisienne. Immédiatement interviewé, il avait déclaré avoir été sujet à des menaces écrites se référant à une guerre sainte au nom de lIslam.
Comme dans laffaire Marie L. Chirac qui nen rate aucune, sétait immédiatement manifesté. On voit dici les manchettes des journaux : « Acte de violence intolérable », « attentat raciste odieux » etc. Le genre dévénements dont nos journaux raffolent… Puis à lenquête, laffaire sest dégonflée. La blessure « mortelle » nétait quune égratignure. Le couteau provenait de la synagogue. Lagresseur casqué nexistait pas.
En juin de cette année, un adolescent juif de 17 ans est victime dune agression en pleine rue. Dominique de Villepin et la smala politique crient au scandale. Les Ligues et les représentants de cette communauté montent aux barricades, le verbe haut, lindignation prophétique : cest encore un coup des terroristes arabes ! Ausitôt relayés par les médias, cette information fait même la une de nos télévisions.
Mais voilà que les agressions se multiplient et pas que sur des membres de la Communauté juive. Finalement on arrête un homme avec un couteau dissimulé dans un sac en plastique. Lacte antisémite se dégonfle très vite. On a affaire à un déséquilibré.
Autant « lattentat » a été annoncé à grands renforts de trompe, lorsquon croyait à une attaque terroriste, autant ce banal fait-divers dun fou à tendance homicide et qui se balade avec un couteau dans sa poche, nintéresse plus personne. Le rectificatif, quand il y a, passe inaperçu. Oui, mais voilà, le mal est fait. Autant les manchettes des journaux attirent le lecteur, autant le rectificatif nest presque jamais lu. Quelques mois plus tard, des milliers de personnes sont toujours persuadées quOussama ben Laden est dans nos rues et que le Gouvernement doit nous protéger par des Lois contre cette « vague » de violence.
Lattentat majeur possible existe. Cest incontestable. Mais, il ne pourra être évité quau niveau international par une police spécialisée et que des lois de convenance pour faire plaisir aux Ligues et emmerder tout le monde, nintéressent que médiocrement.
Lenquête et les conclusions judiciaires ne sont pas compatibles dans le temps avec celui des médias. Le fait-divers raciste déclenche lempressement électoraliste des partis qui « se font » lélecteur peu regardant. Nos politiques adorent les prises de position qui collent à la connerie générale. Quun événement qui à lorigine est difficilement appréciable, devienne considérable et quil leur passe sous le nez, est pour eux intolérable. Aussi jouent-ils sur les vieux clichés de la compassion et de la sacralisation de la victime, surtout lorsque celle-ci est un enfant. Tout silence est immédiatement interprété, alors vous pensez, quand il est question dantisémitisme !...
Les journalistes sont embarqués dans le même souci du scoop, en butte aux concurrences forcenées dune gazette et dune télé à lautre. Un événement annoncé avant les confrères vaut de lor. Il confère à celui qui linitie une belle carte de visite.
Voilà où lon en est.
Dans létat actuel des choses, la bouillante Marie Arena a enclenché un engrenage dont le gouvernement ne pourra sortir quen produisant des lois dans le sens de lopinion.
Elles ne conduiront pas à arrêter une forme de racisme qui pour certains nest quune manifestation maladroite dun ras le bol.
Le Belge moyen est modérément raciste, comme tous les autres ressortissants européens, comme les Africains, les Juifs et les Arabes le sont. Cest un fait vieux comme le monde. Des progrès ont été faits. Le racisme ne résiste pas à lexamen scientifique, à une approche philosophique de la morale laïque. Il y a aujourdhui une population consciente de la bêtise du racisme.
Ce nest pas par des Lois que lon changera les mentalités, les attitudes, les jalousies, mais par lEDUCATION !
Par contre, cest par des Lois de cet acabit que nous finirons par perdre nos libertés.
Richard III