Quand le professeur vante la Constitution
Cest le grand chambardement aux Régions, à la Communauté et au Fédéral. Le souk est ouvert. Léchange est roi.
Nous, on a fait « notre devoir ». On na plus quà compter les coups, exercice délicat vu que nous navons pas droit aux coulisses, aux déclarations de couloir, aux confidences à la cafétéria et puis, fols que nous sommes, du Touquet à la Grande Motte notre conversation se limite au qualité filtrante des huiles de bronzage.
Moi qui maccroche aux journaux, les doigts de pieds en éventail à Coria, charmante cité dEstrémadure (par la mémoire des sens), jy perds la boule.
Tant daccords secrets, de rancunes anciennes, de messes basses et de hautes voltiges prouvent que la mémoire de nos illustres est tenace, pointue et rancunière. Tout cela déclenché depuis notre misérable bulletin de vote que par lassitude nous déposâmes dans lurne le jour funeste du 13 juin !
De ce bouleversement de personnes, de ce maquignonnage (tu me donnes trois vaches, je te donne cinq veaux !) que reste-t-il de la démocratie, ce pudding à langlaise où samalgament les restes de la veille ? Quelles sont nos « compétences », nous les futurs taxés de cette politique dont nous napprochons jamais le décisionnel ?
On pourrait épiloguer jusquà demain sur le pouvoir dévolu au peuple…
De la syphilis tertiaire de nos Institutions, quil me soit permis dexaminer un seul chancre. Celui qui a prévalu à léchange de Commissaire européen entre Busquin lAncien et Michel le Moderne.
Des étonnements successifs massaillent.
Dabord, il ny a aucun accord écrit que le poste à pourvoir soit de la seule compétence du Mazarino de lal dente à la montoise.
Il semblerait que les Flamands par lodeur alléchés se soient mis sur les rangs ; mais quils ont levé le siège assez rapidement. Ce nest pas leur genre de lâcher aussi facilement la culotte du facteur des bonnes nouvelles.
Comment se passent les marchandages et où ? Qui dispose et qui propose ? Les chefs de parti, soit, mais au nom de quelles instances, bureau, exécutif… mystère. Existe-t-il enfin des accords tacites non écrits entre partis, tous unis pour la circonstance ? Sont-ils issus de lusage dun passe-droit qui se perd dans la nuit des temps dexécrable pratique ?
Il ny a aucune logique apparente. On reste dans linformel. Apparemment personne ne pose des questions. Les journalistes font-ils leur boulot dans ces circonstances, comme des concierges ?
Cest quand même un emploi de prestige, commissaire européen ! La Belgique a un mandat important. Nous serions perçus comme des rigolos, sil advenait que la chose échoie à lidiot de la famille !
En échange du « cadeau » à Louis, Elio a obtenu la présidence du Sénat pour Anne-Marie Lizin et le poste de Secrétaire dEtat aux affaires européennes, détenu jusque là par une gracieuse, ex-pensionnaire de RTL.
Quant à lheureux bénéficiaire du Jack Pot, voilà un gaillard qui nous a bassiné depuis la mort de Jean Gol sur le service aux concitoyens et que si le MR est devenu « social » cest grâce à lui, fils de maçon, petit fils de maçon et maçon « Louis-même ». Et le voilà qui court à lEurope soccuper de la vivisection des animaux en laboratoire cosmétique, en attendant son dada : voyager dans le tiers monde (sil obtient le mandat) ! Et les maçons, alors, il les laisse tomber !
Le bâtiment ne sera pas content.
Il est vrai quà son âge, notre ancien régent, naura plus à rendre des comptes et remonter le moral des troupes MR, au plus bas ces temps-ci, quand il lâchera la recherche scientifique, lui qui confond un bec de cane avec un bec de cornue. Il coulera des jours heureux entouré de laffection des siens et salué respectueusement de ses électeurs, dans les rues de son village.
Cest tout de même mieux que finir pion à 1500 euros par mois à lathénée royal de Jodoigne.
« Belle ascension, belle carrière, et vive la démocratie, nom de Dieu ! » pourra-t-il dire à loccasion dune commémo où on le fera baron et où il serrera dans ses bras Didier Reynders, le successeur quil aura tant haï, à la tête du parti.
Si cest pour ce seul tableau champêtre quElio le « cavaliere » a rompu avec la tradition de partager le gâteau entre compères, cest introduire la poésie dans un lieu de cape et dépée. Cest bien.
Si cest pour se défaire dun emmerdeur et « punir » le MR, il est des punitions moins douces.
Enfin, si cest pour installer la perruche du parti sur un perchoir doré aux fins déloignement de la région hutoise. On le comprend. Madame Anne-Marie Lizin ne doit pas être facile à vivre tous les jours.
De toute manière, nous nen saurons jamais rien. Comme la plupart des choses sérieuses qui nous passent au-dessus de la tête.
Allons bosser… puisque tel est notre destin.