Une carrière qui mène à tout
Les deux grands procès (1) à peine clos, sen profile un autre dépassant en horreur les deux premiers. Et qui voit-on de plus en plus dans les médias ? …les avocats plaidant après coup les affaires jugées en saidant astucieusement du tapage fait autour du serial killer belgo-français.
Lauditeur crédule acquiesce aux thèses contradictoires selon que maître Machin, partie civile, ou maître Chose, défenseur, fait montre déloquence. Pour peu, on referait les procès, comme on nen manquera pas den remettre une couche avec lappel de Dutroux, laissant à plus tard le feuilleton quand il y aura place dans lemploi du temps de Depardieu..
La Justice ne se veut pas en reste et nous envoie à intervalles une déléguée, souvent des plus charmantes, dont certaine nouvelle baronne, qui, ma foi, malgré laustérité des lieux où sexercent ses compétences, ne déparerait pas une bordure de piscine du côté de Saint-Tropez.
La gent de robe, haïe par Saint-Simon pour lAffaire du Bonnet (2), essaime depuis longtemps dans la politique. Ce qui fait quun avocat peut en cacher un autre sur une voie parallèle qui conduit souvent au Parlement (Les Avocats sont surreprésentés partout en politique).
Il sen fait une grande consommation dans les partis, toujours insatiables deffets théâtraux et de langue de bois. A tel point quils encombrent les allées du pouvoir au détriment des sous-représentés que nous sommes. La grande bataille des femmes pour la parité homme/femme a réussi. Reste celle des ouvriers et des employés par rapport aux fonctionnaires et aux professions libérales. Là, ce sera plus dur.
Ces temps-ci une polémique fait rage au sujet dun condamné qui attend son billet décrou pour accomplir sa peine.
Et que voit-on ? Le « convict à devenir» sinsurge, se révolte contre lidée même de sa détention. Son avocat tempête, crie à linjustice et menace de poursuivre tout qui jetterait sur lignominie prouvée de son client, ce petit supplément de mépris quattise une amnistie partielle des crimes commis.
Alors que ce robin pourfendrait qui mettrait en cause la moralité de son client, il nhésite pas dexhiber sa compagne « malade et éprouvée qui mourrait sans le secours ultime » des bras restés forts de son refuznik à la belge.
Le cher maître est si éloquent que sélèvent ci et là dans la foule des murmures de commisération, des remords collectifs et des regards de pitié.
Or, sil est parmi les chefs daccusation bien établis et avoués certains suffisamment graves, même si le plus gravissime a été écarté, pour encourir une sentence déloignement temporaire de la cité, cest bien dans cette affaire-là.
Et puisque la mode aidant les plaidoiries ne se terminent pas aux Assises et quelles se poursuivent sur les bancs publics, permettez que laccusation se prolonge aussi jusquà ce quenfin se rétablisse léquilibre.
On ne peut pas se faire marchand de drogues si lon nest pas pharmacien. A fortiori entreprendre la clientèle à la sortie des lycées, est en soi une démarche criminelle, si lon en juge de la nocivité des pilules « de bonheur » sur la jeunesse.
Toute dette payée est close. Et nous ne reprocherons pas des faits prescrits ou payés, y compris cette lourde faute dune escroquerie à la charité publique au détriment dune humanité misérable.
Ne serait-ce que par pudeur en référence à ce lourd passé, ne conviendrait-il pas que léloquence fût mise en veilleuse et quenfin le souhait de saventurer jusquà la Cour des droits de lhomme pour y faire entendre la complainte de linnocence bafouée, sombrât dans une décente retenue ?
Car, nen déplaise à ces Messieurs Dames défenseurs acharnés de la cause entendue, il est bon parfois quun ténor, fût-il du barreau, ait une extinction de voix.
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1. LAffaire Cools et le procès Dutroux.
2. Lire « Les mémoires ».