Des jeunes musiciens déçus…
De jeunes musiciens talentueux et novateurs invitent des amis et connaissances à un petit concert gratuit, histoire de montrer leur savoir faire..
Combien croyez-vous quil y eut de présences suite à linvitation ?
Aucune !...
Pas un seul hotu na eu assez de curiosité pour partir à la découverte de ce quil ne connaissait pas !
Certes, ces jeunes musiciens ont été maladroits. Ils nont pas remué ciel et terre, sollicité les milieux pseudo culturels de Liège à Flémalle.
Ils ne se sont pas traînés aux pieds des critiques. Ils nont pas ramassé des savonnettes devant les poètes du troisième sexe. Ils ne se sont pas extasiés aux imitations des artistes à paillettes, les « clodettes » du retour dâge, les faux Rimbaud et les vrais cinglés.
Ils ont simplement cru à lamitié et à la franche camaraderie.
Les caves !... les naïfs !...
Ils savent aujourdhui que les lopettes ne se déplacent que pour se travailler le chinois aux accents aigus de Jeanne Mas, aux coups de gueules bien imités du désormais has been Lavilliers, aux hoquets dangoisse dAznavour ou aux beuglements de létoile qui monte, Garou, le Quasimodo-chantant.
Ils se sont trouvé malheureux. Réconfortons-les : dans les conditions actuelles de la création, comment juger de la valeur des musiques ?
Que peuvent faire des jeunes qui veulent montrer leur savoir faire ?
La bande de blaireaux qui fait la pluie et le beau temps à Liège, ne connaît que la chose entendue, ne se déplace jamais en banlieue et ne travaille quen fonction de la notoriété de qui sollicite des subsides, possède une salle reconnue, un public fidélisé par vingt ans de bassesse. Défaillir dadmiration à Butterfly, Werther ou Carmen, suivre la messe du curé de Cucugnan, couiner « Et allez donc, cest pas ton père… » mouiller ses fonds de culotte aux œuvres du répertoire, bramer « cest un peu court jeune homme… », rire aux plaisanteries dun café théâtre parisien que Bouteille écrivait lorsquil avait dix-huit ans, voilà les audaces de lintelligentsia liégeoise.
Les subventionnés doffice, les orchestres dispendieux et les théâtres maquereautés par les débris de lancienne classe des loisirs de lancien Gymnase, suivent une tradition bien liégeoise dincuriosité. Le discours casse-couilles senrichit des poses officielles des émasculés de la pensée.
A la prétention culturelle à Liège, on a de sacrés faisans !...
Quant au livre, cest pareil. Quon sy balade un peu, quon y rigole modestement. Armés dune forte brosse à reliure, les poètes nickel liégeois, pour peu quils sintègrent dans la pensée commune, se font voir aux réunions desthète, couchaillent un brin avec le PS, tiennent lencensoir quand cest Zébulon qui cause, ou Proutskaya qui vaticine, auront de ces carrières !... Si elles ne dépassent pas la place Saint-Lambert, au moins seront-elles commentées dans le Journal La Meuse .
Ainsi drillés par les flèches locales, ils ont une chance de faire sixième dans un concours et davoir une estrade à la future biennale au Palais des Congrès. Avec du bol, ils seront dans les pages « accessit » de la revue littéraire gratuite du ministère de la culture.
Enfin, sil est vrai que ceux qui ne renoncent pas à créer dans ce roncier de la campagne ont un avenir difficile assuré, ils pourront se consoler en reprenant dans les textes pompiers celui qui correspond à leur parcours, à seule fin que les grandes pointures den face le perçoivent : « Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul. » !