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Mignonne allons voir si la rose...

Tout baigne pour le PS… seulement aux élections.
Aux urnes, le citoyen wallon adore « li pårti », comme disent les anciens.
Quant à savoir si cette majorité est aussi catégorique quant à son amour pour la politique pratiquée par l’équipe de Di Rupo, ce n’est pas sûr.
C’est un des paradoxes des rapports entre le public et « son parti ».
On attend toujours des socialistes qu’ils fassent une politique de progrès social.
Oui, mais laquelle ? Depuis qu’ils partagent le pouvoir voilà tant d’années avec les autres, on se prend à douter de l’efficacité d’une collaboration avec le reste de l’éventail politique.
« Le progrès » est un mot qui recouvre une vaste combine et peut être annulé d’une session parlementaire à l’autre. Il n’est donc pas constant. Il ne s’appuie sur aucun acquis définitif. Depuis qu’un coup prémédité d’un bureau socialiste sous Spitaels a supprimé sur le papier les classes sociales, on n’a jamais tant lutté à couteau tiré entre les possédants et les possédés. A la lutte des classes artistiquement gommée par le PS, les perdants sont de plus en plus nombreux chaque année. L’insolente fortune capitaliste masque d’insondables détresses.
Plus cette détresse s’accroît, plus le discours officiel est triomphant. A croire que la gauche officielle n’a plus rien à voir avec la gauche des urnes. Nous vivons dans l’imposture totale d’un pouvoir wallon socialiste, pratiquement majoritaire et honteusement inoffensif pour les suborneurs de la population.
C’est le scandale permanent !
En relisant les discours d’il y a cinquante ans, on s’aperçoit que le PS en 2004 est loin d’avoir gardé la tradition socialiste d’émancipation des masses. Sa collaboration avec la droite a déteint sur lui et l’a corrompu.
Se trouve-t-il un brave pour dénoncer la dérive ? Qu’aussitôt des voix de roués s’élèvent pour rappeler que l’européanisation du pays empêche de mettre sur pied une autre politique.
Une question vient alors à l’esprit : à quoi sert encore le socialisme dans ces conditions ?
Le parti est déjà responsable du bouclage de ce qu’il reste des syndicats. Les guichets de la FGTB, dirigeants et permanents sont pleins de ses créatures.
Nous vivons un terrible malentendu.
Tout se passe comme si le socialisme de collaboration était issu directement du POB de nos grands-parents. On l’entend bien dans la façon de dire aux gens ce qu’est le socialisme aujourd’hui. Or, s’il y a bien deux partis différents, c’est bien celui que nous avons plébiscité et l’autre, de la tradition, mort de sa belle mort en 1950-51.

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S’il en avait été autrement, nous n’aurions pas à déplorer une masse inimaginable de chômeurs en augmentation constante, sans qu’il n’y ait eu des heurts graves et des manifestations hostiles au capitalisme ambiant…
Nous ne nous interrogerions pas sur la fracture sociale qui casse la Wallonie en trois morceaux : la plus extrême pauvreté, la pauvreté engendrée part le travail à temps partiel ou intérimaire (une manière comme une autre de descendre en dessous du minimum salarial) et les travailleurs, fonctionnaires et professions libérales, dont certaines couches comme l’artisanat et les commerces de détail glissent vers la pauvreté, voire l’extrême pauvreté.
Si c’est à cela que la collaboration socialiste à l’édification d’un Etat moderne a tendu ces cinquante dernières années, on peut parler d’un échec cuisant.
Aujourd’hui, des jean-foutre qui vont aux affaires sous l’étiquette du PS, vous pouvez essayer d’en trouver un qui n’y va pas pour ramasser du blé et faire carrière. Rien que de connaître les milieux d’où ils sortent, les familles où ils naissent et les écoles qu’ils fréquentent, il est certain que cette engeance ne fichera rien d’utile.
Mais la légende à la dent dure.
L’accession de Marie Arena au ministère de l’égalité des chances, la création même de ce ministère est un signe de l’appauvrissement du tissu social en Wallonie et la preuve que l’égalité des chances tant de fois proclamée comme une réussite sociale, est plus mal en point qu’elle ne l’était il y a vingt ans...
Vingt ans de cogestion socialiste !
On peut craindre le pire.
L’ascension rapide de cette bureaucrate à des fonctions de responsabilité nous la livre avec toutes ses certitudes qui tiennent en peu de mots : le bâton et la carotte pour les chômeurs. C’est bien l’idée d’une spécialiste de l’ONEm que celle qui consiste à sanctionner ceux qui n’auront pas l’échine souple et qui refuseront toutes les inqualifiables merdes qu’on va leur présenter avec la complicité des négriers de l’hôtellerie, des grands magasins, des sociétés de gardiennage et nettoyage, des agences intérimaires, spécialistes des horaires flexibles, avec menaces de mise à la porte sans sommation au cas où les gens refuseraient les contrats bidons.
Si c’est cela le socialisme de demain, c’est pire que celui d’aujourd’hui.
Les socialistes s’arrangent très bien d’un capitalisme qui dérégule tout ce qu’il touche.
En réalité, que se serait-il passé si diamétralement opposé à l’inimaginable emprise de l’industrie et des trusts mondiaux sur les Régions et notamment sur la Wallonie, le parti socialiste avait tenu un langage clair sur l’impossibilité où il était de donner son aval à une société en pleine dérive et à l’opposé de celle qu’il aurait voulu créer ?
Je vois d’ici les notables du parti lever les bras au ciel !
Selon eux l’opposition ne serait profitable à personne.
Cela resterait à prouver.
Au moins, cette opposition-là aurait eu le mérite de dire aux gens « Voyez, nous ne pouvons pas créer la société de bien être que vous seriez en droit d’attendre de votre travail. Nous préférons ne pas participer aux sales besognes qui vont aggraver encore votre misère et augmenter la richesse de quelques-uns. Nous allons réfléchir ensemble aux moyens de vous rendre justice. »
Une opposition forte de la gauche rendrait le pays ingouvernable. On a vu par le passé comme la révolte qui gronde est parfois plus profitable aux masses exploitées que les guignolesques collaborations.
Ce n’est pas évidemment, en boutons de manchettes et en chaussettes de soie qu’on peut mener une telle opposition. Les meneurs naturels de la gauche ont baissé leur froc et font des ronds de jambe dans les cabinets.
Du reste, que je sache, cette génération-ci ne sait même plus ce que c’est de monter sur une table pour parler aux gens. Les militants ont fait place aux minets. La veillée d’arme s’est transformée en banquet dans les Loges dont le PS est friand.
En attendant, belle marquise…

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