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Amandine, on t’aime encore !...

« Michel, vous êtes insensé ! Je vois que vous souffrez horriblement et l’humeur que j’avais contre vous cède à la douleur que j’éprouve. Je ne sais ce qui vous est arrivé ; vous savez, vous, que j’ai été exacte au rendez-vous et que je vous y ai attendu en outre, jusqu’à l’époque fixée. Le délai expiré, je suis partie, chagrine et colère. »
C’est Georges Sand qui, à 32 ans écrit à son amant Michel de Bourges, 39 ans.
Aujourd’hui, elle aurait envoyé un SMS : « Ducon, tu me prends pour qui ? » et l’autre aurait répondu « salope, tu me fais chier ! »
Avec la disparition de la correspondance à la plume et sur quatre pages, c’est un peu la manière élégante de dire les choses qui s’en va, entraînant sur son passage l’orthographe et la réflexion.
Pourtant à l’aune du jour, Georges Sand et quelques autres auraient pu passer pour de vieilles pouffes avec la hâte qu’elles avaient de changer de partenaire dans la hantise du temps qui fuit.
Éloquente est la liste de ses amants : Casimir Dudevant, Stéphane Ajasson de Grandsagne, Aurélien de Sèze, Jules Sandeau, Mérimée, Alfred de Musset, Pietro Pagello, Michel de Bourges (cité), Charles Didier, l’acteur Bocage, Félicien Mallefille, Frédéric Chopin, Victor Borie, Manceau, sans oublier tous ceux que l’on ignore et qui, à un relais de poste, dans le poulailler d’une auberge, visiteur de passage à Nohant, ont tiré la dame, par devant et par derrière, toujours avec assez de sang-froid et de modestie pour vouvoyer la personne avant et après, quitte pendant à relire « Justine ou les malheurs de la vertu » œuvre qui n’a rien à voir avec la récente mésaventure de notre tenniswoman.
Aujourd’hui, on ne fait plus l’amour, on baise.
Et cette différence marque la fin du bon usage de l’amour et de la langue. Ce qui ne signifie nullement que la langue ne fût pas jadis partie intégrante des jeux du précédent.
Amandine Aurore Dupin (George Sand) était une femme de caractère qui avait un beau derrière et aimait s’en servir. Elle ne s’en est pas privée et pourtant sa carrière amoureuse ne s’est jamais abaissée à cette grossièreté des temps présents où la rupture est souvent synonyme d’insultes et de bassesses.
On la quittait, elle quittait, dans la douleur, l’indifférence ou le mépris, mais jamais dans la vulgarité.
Pendant qu’elle était proche par le cœur, elle ne se départait pas d’une certaine élégance de langage d’avec son amant. Vous n’eussiez pas cru que dans l’alcôve ces êtres là pussent se dire « Nom de dieu ! Amandine, pas si fort, tu me mords la bite ! » et elle « Attends de décharger, si tu veux voir mon foutre ! », cela à la manière de Donatien Alphonse François écrivain retraité aux Petites Maisons.
Les seules traces de ses vivacités de lit exportées en-dehors de la chambre sont les lettres qu’elle écrivit à Musset, dans des moments d’égarement où la folie sexuelle s’exultait dans l’écriture. Elle s’en est repentie et quand elle le put, plutôt que d’en faire une publication érotique, elle les brûla toutes.

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On admirera par là une femme qui savait se tenir au mépris d’un succès littéraire certain. Quand on pense à la réussite dans le genre de Christine Angot qui écrirait bien ses dédicaces à la FNAC, un Mont-Blanc dans le derrière, on mesure le chemin de la décadence parcouru.
Que vous les croisiez dans la rue, que vous les aperceviez de loin, hélas ! les couples n’ont plus ni le temps, ni le vocabulaire adéquats aux petits jeux de l’amour. Vous les voyez tellement pressé d’en arriver au déduit, que plusieurs se promènent la main sur le derrière de l’élue. Cette mainmise du propriétaire, plein de symbole, n’échappera à personne
Mise à part, la catégorie – cependant très importante – des mal baisées, ce qui inclut une aussi grande proportion de mauvais baiseurs, le reste prospère sur les quatre ou cinq mots qu’ânonnent nos chanteurs à la mode pour des invitations à la baise.
Amour – toujours… et encore pas trop longtemps.
Les mots réduits à force d’apocopes et d’aphérèses, les sous-produits d’ordinateur ne s’économisent pas en matière de langage pour se consacrer exclusivement au cul. Que nenni !... C’est souvent la pauvreté absolue aussi dans la tumescence.
Reste la vulgarité.
Si répandue que cela en est devenu le signe des temps.
Ah ! chère Amandine que souvent je pense à vous et comme il eût été charmant notre premier rendez-vous, quitte à ne pas faire mentir le proverbe répandu dans la bonne société louis-philipparde : Une nuit avec Vénus, six mois avec mercure !
Mais toujours avec mille compliments et sans amertume.
Car, si vous avez été si piquante avec tous vos amants, ils sont quelques-uns à s’y être sentis piqués.
Vos admirateurs vous pardonnent.
Les muscles de Vandamme Jean-Claude et l’organe de Rocco Siffredi (je reste perplexe quant au choix de l’intelligence), l’homme idéal moderne aurait plu à Georges… en qualité de cocher muet, pour ses urgences !

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