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Blair, Di Rupo… jumeaux à l’identique.

Même âge, même stature éminente, même omnipotence dans les coulisses de leur parti, l’un chez les Travaillistes, l’autre au PS, Tony Blair et Elio Di Rupo ont beaucoup de points communs. La Manche les sépare, mais à quelques nuances près sur l’Europe, voilà deux gaillards qui ont fait du réformisme, une obligation incontournable du socialisme.
S’ils ont pris des positions contraires en Irak, ils sont tous les deux persuadés que les démocraties sont en guerre contre le terrorisme. Cela ne gêne ni l’un ni l’autre la façon dont les Occidentaux font un recrutement involontaire pour Ben Laden, à cause de la tournure qu’ont prise les événements. Blair maintient un contingent britannique en Irak. Di Rupo soutient le projet de former des policiers irakiens en Belgique.
Le fiasco des Travaillistes aux élections européennes ne correspond pas au triomphe du PS, mais en réalité, à cause d’une politique centriste, en Angleterre comme en Belgique, les Libéraux concurrencés sur leur propre terrain s’en trouvent affaibli.
En juillet, Tony Blair se lançait dans la réforme des Services Publics grâce à la fascination que Blair a toujours exercée sur le Labour. Il sortait un plan de 5 ans qui jusqu’à présent n’a pas rencontré d’écueil. Tout le monde sait en Wallonie que le PS a mis la FGTB dans sa poche, comme on l’a si bien vu lors des discours du Premier Mai à Liège.
Di Rupo ne s’oppose pas au détricotage des chemins de fer, de la Poste et au dégraissage des administrations grâce aux progrès de la bureautique. Il s’est même tiré du mauvais mariage de la Sabena avec la Swissair dont il a été un partisan actif, en se démarquant adroitement de cette catastrophe industrielle.

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Les objectifs sont communs dans les secteurs clés de l’économie. Pour le chômage, Tony Blair marque des points par rapport à la politique de Di Rupo qui s’avère plutôt attentiste, dans l’espoir que Marie Arena tire un as de son chapeau..
Tous deux souples et rusés, les caractères sont très proches. Ils possèdent en commun l’instinct de survie dans le milieu impitoyable de la politique, usant admirablement de la langue de bois et d’un grand sang-froid afin de n’être jamais en première ligne en cas d’échec.
Comme Blair qui a lié son destin à Brown, Di Rupo s’est assuré de la fidélité du Bureau du Parti, en propulsant Moureau, un amorti de la vieille garde coolsienne, à la vice-présidence. Comme Di Rupo est le plus jeune d’entre eux, s’il fallait songer à le remplacer, ce ne serait pas dans son entourage qu’il faudrait chercher un audacieux.
Par leur attitude conservatrice et prudente, ces deux socialistes réformateurs se sont ménagé des alliés au Centre, objet de toutes leurs attentions.
Ils sont, par rapport au PS français plus divisé par ses courants, assurés d’une bonne cohésion interne par leur politique d’élimination des opinions contradictoires qui n’ont plus aucune tribune dans aucun des deux partis.
Enfin, sur la question de l’orthodoxie capitaliste, ils sont impeccablement alignés sur l’économie de marché et sans l’ombre d’une volonté d’en sortir. A la seule différence près que Tony Blair est plus américanophile que l’autre en raison, sans doute, du passé de l’Angleterre et de la langue qu’elle partage avec les USA.
Aussi, vous verrez rarement Elio Di Rupo critiquer ouvertement son ami Tony Blair pour lequel il éprouve une admiration secrète, surtout depuis qu’il a refusé d’appuyer Verhofstadt à la présidence des Commissions européennes. En effet, le départ du Premier ministre aurait plongé le pays dans une crise qui aurait débouché sur des élections anticipées et Elio Di Rupo a toujours eu horreur d’aller aux urnes sans qu’il n’ait lui-même provoqué la chose. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas capable de la provoquer dans les semaines à venir.
Le grand modèle à ces deux hommes reste Margaret Thatcher, bien qu’ils s’en défendent l’un et l’autre. Ils ont compris que le thatchérisme pur et dur d’un Verhofstadt à ses débuts - que ce dernier abandonna très vite - heurtait inutilement de front l’électeur. Mais le thatchérisme mou qui consiste à prendre quelques petites mesures, afin de faire passer la priorité de l’économique sur le social pour des réformes nécessaires, est celui que nos deux compères préfèrent. C’est, en tout cas, leur socialisme qui passe par là aujourd’hui.

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