Dans les coulisses du pouvoir
Chirac – Mon cher Michel, nous avons le même problème, vous et moi.
Louis Michel – Je ne vois pas ?... Vous reprendrez bien un peu de sauce tomate sur vos boulets ?
Chirac – Merci… Si vous voulez bien me passer laïoli ?
Louis Michel – Voilà.
Chirac – Merci. Notre problème, cest la succession du président que nous avons mis en place, moi, Alain Juppé et vous, Antoine Duquesne.
Louis Michel – Que pouvons-nous faire, mon cher Jacques ? Vous êtes victime dun pouvoir judiciaire qui sattaque à ceux qui représentent le mieux les valeurs de la République et moi, jai subi lami Antoine, qui nest pas un méchant homme, mais qui se trouve être franchement limité.
Chirac – Les choses ne se modifieront pas avec le temps. Quoique, ce soit dur pour moi de voir un vieux compagnon condamné pour les fautes que jai commises à la mairie de Paris. Avant que vous ne vidiez tout le plat de frites sur votre assiette, vous pouvez men laisser quelques unes ?
Louis Michel – Joséphine vous en apporte de nouvelles, mon cher Jacques. Mon péché mignon ce sont les frites froides… Bien entendu, Ducarme a fait des dégâts dans sa mégalo des dépenses et son arriéré fiscal, voyez-vous, je pensais que sa situation financière désastreuse plairait à notre clientèle… des commerçants roublards… des faillis… bref le gratin du libéralisme social. Duquesne, cest autre chose, il na pas su gérer les contentieux de notre électorat. Jen veux moins au premier quau second. Mais que faire ?
Chirac – Voyez comme les choses changent. Mon ami Juppé sen va et je nai pas dautre choix que de faire bonne contenance à son successeur Sarkozy !
Michel – Joséphine ?... Tu peux mapporter la mayonnaise ?
Joséphine – Cest cinquante cents en plus.
Michel – On mettra ça sur la facture pour José Manuel Barroso. Vous croyez que ça menchante de voir Didier Reynders prendre la place de mon fils Charles ? pourtant jai multiplié les coups tordus, les réunions informelles…
Chirac – Vous croyez que je me suis laissé faire ? Ma dernière intervention à la télévision pour faire comprendre à Sarko que cétait les Finances ou la porte…
Michel – Il a choisi la porte, lingrat. Cest alors que vous lavez supplié de rester jusquaux débats sur le budget à lAssemblée Nationale ! Comme cest curieux, le mien aussi est ministre des finances !
Chirac – Ny aurait-il pas une cabale des ministres des finances contre nous ?
Michel – On le croirait.
Chirac – Et si on permutait nos ministres dans le cadre dun échange européen ? Jaurais Reynders à Bercy et vous Sarko à Bruxelles ?
Michel – Ce ne serait pas une mauvaise idée. Ensuite, on leur ferait comprendre quils sont un peu loin du bureau de leur parti pour devenir président…
Chirac – Je vais en parler à Juppé. Je ne fais rien sans son avis…
Michel – Et moi à ma femme… Joséphine laddition… Comme ça va au château Pastur ?
Joséphine – Jai prévenu Charles. On a vu Monsieur Didier monter au château la semaine dernière.
Michel – Non !...
Joséphine – Comme je vous le dis ? Et avec un rouleau daffiches sous le bras encore !...
Michel - Ici à Jodoigne !...
Chirac – Vous voyez quil est temps dagir et vite.
Michel – Le problème cest mon fils Charles. Vous pourriez lui faire faire un stage dans votre gouvernement.
Chirac – Quel emploi souhaiterait-il ?
Michel - Ne devez-vous pas remplacer Raffarin, depuis le temps quon en parle ?
Chirac – Ce nest pas envisageable. Je ne vais pourtant pas écarter Sarko qui veut prendre ma place et introduire une jeune ambitieux qui vient de passer à côté dune présidence.
Michel – Je te dois cinquante euros, Joséphine ?
Chirac – Laissez, Louis, je paie laddition. Je vais glisser la facture dans le dossier Juppé. Une note de restaurant aussi minime ne pourra que plaider en la faveur dAlain.