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Les grandes carrières du FOREM.


Aujourd’hui : Journaliste d’information.

- Vous éditez « Franchement couillon » depuis combien de temps ?
- C’est une tradition de famille. Mon père était déjà dans l’information.
- Que faisait-il ?
- Il remplissait des formulaires au Ministère de l’Agriculture.
- Comment vous est venu l’idée depuis les formulaires de votre père de créer « Franchement couillon » ?
- J’ai fait plusieurs métiers. J’ai écrit à la plume « Ballon » pour le compte d’un notaire. Marqué le linge avec une femme de ménage. Je me suis intéressé aux papiers peints « La Javanaise ». J’ai été licencié d’un club des chiffres et surtout des lettres. J’ai postulé l’emploi de directeur d’une fabrique d’alphabets en vermicelle au moment où il y avait quatre postulants sur le coup. C’est en travaillant à la calandre d’une blanchisserie que l’idée m’est venue de créer ma propre entreprise de presse.

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- Pourquoi ne faites-vous plus pressing ?
- Esther a une teinturerie.
- Je ne vois pas le rapport ?
- S’il n’y avait rien entre elle et moi, c’était plutôt envisageable. Mais dans la conjoncture actuelle…
- Donc vous vous êtes lancé dans l’écriture.
- Mais pas n’importe laquelle. J’ai opté pour la plus noble qui soit. J’informe !
- Je vois par exemple deux photos de votre première page. La première, représente un complet veston impeccable sorti tout droit de chez Esther. La seconde, le même complet mais tout déformé, méconnaissable !
- C’est ce que je vous dis. J’informe. C’est-à-dire que je rends informe !

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- C’est une boutade ?
- Non. Monsieur. Je ne sais pas ce qu’est la plaisanterie. D’ailleurs, dans notre profession, l’humour est un signe de faiblesse. Je rends informe par souci d’informer objectivement.
- Je ne comprends pas ?
- Qu’attend de nous le public ?
- Je ne le sais pas.
- Eh bien ! moi non plus.
- Et alors ?
- Dans l’ignorance où nous sommes de ce qu’attend le public, il me reste la certitude de ce qu’attendent de moi les trois lecteurs de « Franchement couillon ».
- Et qu’attendent-ils ?
- Ils attendent que je sois « Franchement couillon » pour dire d’eux des choses qui leur conviennent.
- Et qui vous conviennent aussi ?
- J’informe, monsieur…
- Noble tâche !
- Mission noble en vérité. Si j’écris que le train de 8 heures 47 passera à 9 heures 12 et qu’en réalité il ne passera qu’à 16 heures parce que les lampistes ont fait une grève d’avertissement, je passe de « Franchement couillon » à lamentable. Et cela, Monsieur, foi de Robert Plume, jamais… Par contre, si j’écris que le train de 8 h 47 passera à 16 heures, grâce à l’effort de conciliation de la direction vis-à-vis des lampistes en grève, je contente tout le monde. La Direction des chemins de fer, l’usagé et mes lecteurs… et même les lampistes qui sont heureux que l’on ait évoqué leur mouvement de grève.
- C’est ce qui s’appelle de l’opportunisme ?
- Non, monsieur, c’est ce qui s’appelle de l’information constructive.
- Que construisez-vous ?
- Mais l’essentiel pour moi : j’assure la trésorerie de la teinturerie d’Esther, je protège l’avenir de mes enfants, je travaille à la gloire du « Franchement couillon » et je me fais des couilles en or !
- Comment voyez-vous l’avenir de la presse ?
- Je reprends un lavoir automatique. Je l’adjoins au pressing d’Esther. Nous y plaçons un gérant et nous filons sur la côte d’Azur !
- Beau programme.
- Et sans jamais faillir, Monsieur, à la déontologie de notre profession, la plus enrichissante sous tous les rapports.
- Que pensez-vous de la Gécamine ?
- Les actions sont à 60 et ont encore baissé. Je vous conseille les Tubes de la Meuse.
- Mais, c’est fermé depuis dix ans !
- Non. Je vous conseille de miser sur les tubes que publie La Meuse dans sa page de l’écho de la Bourse.
- Je n’y manquerai pas.
- Tout le plaisir est pour moi.
- C’était Antoine Desmondes en direct de la RTBf pour l’émission de « Tout savoir sur rien, ce n’est pas la même chose ».

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