Limaginaire Congrès de rentrée du PS
Dimanche 19 septembre 2004, au Congrès de rentrée du PS, le Palais des Congrès de Liège a bruissé dapplaudissements devant les caméras de la RTBf.
Le tube de lautomne dElio Di Rupo : priorité à lemploi, à la sécurité sociale et aux salaires les plus bas, a soulevé lenthousiasme de la salle. Comme si le « retenez-moi, ou je fais un malheur » du Président nallait pas de soi dun parti qui vit des voix des défavorisés.
On se demande si ce brusque intérêt pour la détresse ne fait pas office de boule Quiès de ce quon na pas envie dentendre à la direction du PS.
Il fallait à tout prix meubler lespace des thèmes récurrents. Lavenir de la gauche nenthousiasme plus. Il est vrai que par rapport au MR, cest difficile à définir.
Abstraction faite du dossier Bruxelles-Hall-Vilvorde, de la réplique au discours en forme dukase de Rudi Thomaes, le nouveau patron de la FEB, les naïfs espéraient au moins un débat au sujet de la ratification de la nouvelle Constitution européenne.
Parti discipliné, le PS sest contenté en début dannée, des objections molles de son président, pour se ranger ensuite derrière les socialistes réformateurs européens.
Pourtant voilà un débat sur lavenir de la gauche qui aurait mérité attention.
Il sagit même du plus important débat que le PS aurait dû engager par respect pour ses adhérents.
Oh ! le beau Congrès auquel on aurait assisté. Hélas ! il sera imaginaire.
Seuls les partis à pensée unique, comme le PS aujourdhui, dégagent des majorités absolues. Il y a longtemps quon ny laisse plus parler les courants dans des débats contradictoires. Nous avons eu droit à un Te Deum avec prêche sur lunité de la Belgique.
Je ne veux pas croire que tout le PS était rangé derrière Elio Di Rupo champion dun réformisme pragmatique, rappelant sans cesse que son but était seulement de proposer des correctifs aux inégalités. Aucune voix dans ce discours unanimiste na critiqué les lois du marché et le système libéral mondialisé. Le parti est incapable de proposer dautres choix que celui dun système ne générant que la misère et le chômage.
Intéresser les gens à la politique en ne leur proposant quune unanimité de façade, cest se moquer du monde. Cest dire : « si vous nêtes pas de lavis de la direction du PS, cest que vous nêtes pas socialistes. » Ce que les plus rusés de la nomenklatura interprètent pour traiter un type dans mon genre de poujadiste ! Cela permet de couper court commodément à toute discussion et de jouer les pères nobles outragés. Occasion aussi denchaîner avec le danger de lextrême droite afin que les gens fassent lamalgame. Cest ce que le PS a toujours fait avec ses « rivaux » de gauche.
Cest lamentable.
Di Rupo dit que la Belgique est un pays surréaliste. Je le crois volontiers.
Les partis en cachant leurs désaccords internes, leurs luttes dinfluence et le choc des idées sont prudents, paraît-il, par souci defficacité. Ou le PS nest plus quun agrégat dintérêts commerçants pour des lendemains darrière boutique et il pense que son progrès dépend du silence de ceux qui ont quelque chose à dire ou il est victime de ses structures trop centralisatrices au point détouffer les opinions contradictoires.
Si la Belgique est surréaliste, assurément le PS ne lest pas. .
En panne didées neuves, Elio Di Rupo par calcul électoral a fondu le socialisme belge dans le brouet centriste. Le Centre sapprête à approuver une Constitution dans laquelle aucun changement nest possible.
Est-ce que désespérer la gauche fait partie de la stratégie du PS ?