Le top, une carrière complète au chômedu…
Si cest vrai que le travail rend libre – alors pourquoi ceux qui rentrent à lusine au chant du coq font une de ces gueules ?
Je sais de quoi je parle, nanti pourtant dun emploi à compétence élevée, je my suis toujours copieusement emmerdé. Et je suppose navoir pas été le seul.
Jen ai lu des livres dans les WC des entreprises qui ont eu lhonneur de maccueillir !... et pas que des romans, des ouvrages de philosophie, de la bien chiante, vous me direz : « cest lendroit ». A ça je réponds, plus chiant quune journée de travail, cest pas possible. En comparaison, Heidegger et Nietzsche aux chiottes, cest la semaine de Suzette.
Cest là que jai acquis tous les vices, jy ai fumé, jy ai même formé le projet de quitter ma compagne, par désoeuvrement et dégoût de moi-même.
Ah ! Einstein na pas inventé la relativité, mais les millions de types qui depuis lère industrielle tirent dix fois leur montre du gousset, lèvent la tête sur la pendule ou regardent par la fenêtre toutes les cinq minutes. Si bien que les acrobates du rendement les ont supprimées, les fenêtres, agrandissant par compensation celles des pharaons de la direction.
Est-ce que de la Libération à nos jours, le travail a évolué au point que lon puisse dire quon ne sy emmerde plus comme avant ? Oui, sans doute. La vérité, cest quon sy emmerde PLUS quavant !
Je passe sur les méthodes à la con pour dégorger le manœuvre de sa précieuse sueur, les gestes calculés au mini poil pour donner à lergonomie ses lettres de noblesse, lanatomie du condamné bosseur au peigne fin. Je saute le passage où le mec avec une valise de diplôme est considéré comme une merde par une hiérarchie qui pousse comme le mérule sur les vieux bois. Entre lui et le décideur-en-chef invisible cest lincompréhension à vie..
Ce qui donne un basculement dusines complètes bradées clé sur porte à dautres continents.
Merci, le produit national brut augmente… pour élever le seuil de la précarité !
Si bien quil y a de plus en plus de monde dans le 36me dessous. Cest à celui qui sera le plus précaire, qui courra le plus aux indigents, aux restos du cœur, qui se logera dans les kots merdiques de la pire chienlit capitaliste : celle des propriétaires.
Merde, notre société devient un vaste camp de lArmée du salut. Et cest ça quils appellent le progrès ! Bien entendu le nez fourré entre les coupons de leurs stock-options, les gros mariolles sen foutent. Normal. Plus on crève, plus ça profite. Cest dire si on na pas fini de tourner dans le luna-park de la douleur.
Les couillons qui turbinent sans lever la tête depuis la nuit des temps auraient pu prétendre à mieux, hein ! Marie… . Et voilà que cest pire quavant ! Quon nous rende 1950-1960, nom de dieu ! Quon régresse et quon nen bouge plus. On lavait déjà bien profond, alors, mais on le savait pas encore. On bossait innocents !...
Pour le reste quand le FOREm vous sert la soupe aux bons sentiments, aux motivations « grisantes », on a envie de dire : « pourquoi ny va-t-elle pas au cambouis des trois fois huit, la charmante Arena ? » Les belles mains de Marie « la bosseuse », technicienne de surface, à effacer létron puisant du maître des forges ? Cest pas demain la veille quon la verra en cache-poussière et gants de caoutchouc remettre des boules dantiseptique dans les urinoirs, sur le temps que le type qui se lave les mains en face, lui mate le cul dans le miroir…..
Les générations sacrifiées au devenir meilleur de la Nation pour rien… pour arriver au résultat navrant dune société qui sabandonne aux plus offrants, qui ne peut même pas sauver ses meubles – à savoir ses outils – quand dautres minables, plus minables que nous encore, travaillent plus dur et pour moins cher, si bien que lemployeur déménage sa quincaille et quil fout à la rue, sans autre forme de procès, ceux qui ont concouru à lui remplir les poches.
Et cest la FEB qui parle de courage, de retrousser les manches, de redevenir compétitif, ah ! les enculés… Mais, vive le chômedu à ce compte-là.
Cest quils savent quon ny croit plus à leur bidule, comme on ne croit plus à la démocratie des bobos et des friqués. Ceux qui sont encore à souquer ferme, cest parce quils se sont enfoncés dans le gadget, la maison à surpayer et les vacances.
A lhypocrisie et aux anti-dépresseurs quils fonctionnent, les malheureux.
Fini de rigoler, cest pas par la morale quon les tient à leur banc, les galériens, mais par les couilles. LArena quest novice chez les maffieux, elle la bien vu... nest pas si naïve que ça. Elle tente plus de mordiller le candidat à loreille, de lui dire des douceurs à travers la masse magnifique de ses cheveux noirs – ça faut reconnaître – non, elle ne compte plus que sur le pied au cul de Vandenbrouck à la piétaille.
On en est là.