Mars attacks.
- Tas pas une petite pièce, mec ?
- Non, jai rien mec. Tu vois pas que je suis mancheux comme toi ?
- Aha ! ten es… Jai pas bien regardé, le contre-jour.
- Je te connais. Dis, je tai vu quelque part…
-Ça se pourrait…
- Quest-ce que tu foutais avant ?
- Avant quoi ?
- Avant la défonce.
- Attention, mec, je prends rien moi. Je suis clean. Tu prends, toi ?
- Un peu la bibine.
-La bibine, ouais, moi aussi, cest pas prendre, ça, la bibine.
- Cest quoi alors ?
- Si tas pas de bibine, tu peux pas résister. Sous les soucoupes de surveillance, tu fais pas dix mètres.
- Mais doù je te connais ? Quest-ce que tu foutais dans le civil ?
- Tu vas rigoler si je te le dis.
- Dis toujours…
- Jétais au Parquet.
- Tu faisais lentretien ?
- Non. Jétais magistrat.
- Merde. Tu schlingues comme si tu sortais de lamigo !
- Oui, vieux. Jétais en robe, tout ça… je rendais la justice.
- Tu ressembles plus à rien. Tas fait du camp ?….
- Ouais, Guantalamars, deux ans...
- Qui est-ce qui aurait pu prédire ?
- Comme on était parti en démocratie, on en avait pour un siècle à lavance de gras-double.
- Cest pas les merdeux des banlieues qui nous auraient empêché davoir la trique patriote.
- Cétait le bon temps.
- A quoi ça te sert, davoir jugé les autres, si tas plus rien à juger ?
- Je touche le fond, comme ceux que jai foutu dedans.
- Ça me dit pas toujours doù je te connais.
- Attends, thabitais pas Cointe, la zone quest maintenant interdite ?
- Elle létait déjà pour nous protéger du commun. Ils ont réquisitionné ma maison, ma femme fait aide-soignante chez un général.
- Jy suis, le baron des Noix !...
- Oui, Noix de Méricourt… Noblesse de barreau…
- Et toi, tu serais pas Sacha Desnoyer, lauteur des Purpurines ?
- Lui-même.
- Avenue des Myosotis !
- Et toi, château Chinard… derrière lObservatoire ?
- Et ten es là aussi ?
- Pourtant juge, il en faut. Qui cest qui va protéger leurs friqués ?
- Ils ne mont plus voulu. Leur code nest pas le même que le nôtre. Et toi, tes lecteurs ?
- En prison pour moeurs. Personne se fait à leur sexualité, leurs bizarreries des sens.
- Et mademoiselle Tronche-Surdeux ? Tu te rappelles la surdouée du haiku ?
- Elle la dans le ku, recycleuse de foutre dans leur hôpital-éprouvette.
- On sest douté que cela allait mal finir, quand leurs équipes ont démonté le perron.
- Quest-ce quils en ont fait ?
-Ils avaient besoin de cailloux pour occuper les édiles communaux à quelque chose.
- Je ne me fais pas à leurs manières sans-gêne ! Je comprends pas que pour se dire bonjour, ils se mettent un doigt dans le cul !
-Cest comme ça chez eux.
-Cest encore heureux quils ne nous ont pas liquidés.
- Hein ! tes comme moi, tu veux pas finir savonnette !
-Cest pas peu dire quon regrette lancien régime. Deux siècles deffort par terre…
- On avait pourtant gagné. Tout le monde au boulot et les chefs au tiroir-caisse.
- Maintenant, on est toujours des merdes, mais cest nous qui sommes au boulot.
-Tu vas où ?
- A lépouillage obligatoire.
- Tiens, moi aussi.
- Y a quune chose qui memmerde vraiment.
-Quoi ?
- Cest quand ils appellent ton numéro et que tes obligé de dire bonjour à linfirmier à leur façon.
- Que veux-tu, faut bien se plier aux habitudes des vainqueurs.
- Note quon vaut pas mieux.
- Sauf quon se foutait pas un doigt dans le cul pour dire bonjour.
- Ça fait une différence.
-Cest juste ce qui nous sépare.
-Nous autres, lélite, on sest toujours fait à tout. Sous tous les régimes, tiens même du temps dAdolphe.
- Lélite, ils lamènent dans leur bagage. Sauf que leur élite au lieu de leur foutre un doigt dans le cul, leur code de la politesse veut quon doive leur embrasser les couilles.
- Ça me gêne moins, cette pratique. Cétait même un peu dans nos mœurs, comme si on pressentait ce qui allait nous arriver.