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Miracle à la Maison Blanche !

C’est ainsi, après un certain 11 septembre, vertudieu ! toute la société américaine est tombée à genoux… Ben Ladden sacré meilleur auxiliaire de la foi. Même Jean-paul II convertisseur polonais - quoique dans ses vieux jours, il soit en train de plomber l’entreprise - n’a jamais été aussi performant.
Dans les discours exemplaires de Dobeliou - une rhétorique incantatoire d’un curé de campagne – il y a tout le puritanisme du XVIIme siècle dont le peuple américain est issu et qui eut pour premier exutoire le massacre des Indiens.
On devine le président devant son prie-dieu, caressant sa bible d’une main et sa Winchester de l’autre. Le protestantisme évangélique n’est pas de la rigolade dans le pays des vaticinateurs prédicants. A défaut de Ben Ladden, insaisissable, Saddam Hussein en sait quelque chose.
Que peut faire « l’honnête homme » devant ce retour de la spiritualité agressive ?
Le grand tort des laïques, c’est d’être convaincus que la raison est supérieure à la foi. On a bien vu que la raison n’a pas eu le dernier mot lors de la dernière élection présidentielle et que le fondamentalisme s’est bien installé à la Maison Blanche et compte y rester.
Car, pour un croyant, qu’il soit protestant ou musulman, la démocratie ne joue que dans un sens. Faible et dans l’opposition, il réclame des droits, qu’aussitôt au pouvoir, il va contester à son adversaire vaincu. C’est surtout vrai aux pays des ayatollahs. Cela peut le devenir aussi outre-Atlantique. Il suffirait d’un deuxième 11 septembre, ce que personne de sensé ne souhaite bien entendu - même pas les intégristes washingtoniens, je le crois – pour que soit franchi un nouveau palier de radicalisation, déjà que l’interprétation des Lois et la phobie de l’attentat rendent le séjour des « suspects » (un voile islamique, une barbe dans un visage olivâtre suffisent parfois) désagréable, sinon dangereux, tant le FBI drillé par les Evangélistes, travaille à chaud dans un grand zèle de résultats.
Dans la semaine qui s’ouvre, la capture de Ben Ladden, par exemple, assurerait une réélection haut-la-main, au président sortant Il ne resterait plus à Kerry que de manager la sauce tomate Heinz dans les usines de son épouse.
C’est dire si l’Administration actuelle a poussé l’électeur américain moyen dans la paranoïa biblique et comme un facteur aussi extérieur que l’arrestation d’un voyou international peut avoir dans de telles conditions une influence prépondérante sur une élection d’une aussi grande importance.

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Il serait naïf de croire cependant que le retour au sacré n’est que l’œuvre du marguillier de la maison Blanche profitant par réaction des actions criminelles des ennemis de la nation. Cette évolution vers un mysticisme protestant vient de loin. Elle est plus profonde qu’il n’y paraît et perdurera encore quelques temps. Sur le fond naturellement croyant des masses fermières des campagnes américaines sont venus se greffer les événements qui sont autant de paraboles converties par les éminents spécialistes du marketing de la foi protestante que sont les prédicateurs du genre de Billy Graham.
Cette résurgence du passé n’est pas que la conséquence du 11 septembre. Elle est aussi une forme de révolte contre la libéralisation trop rapide des mœurs et l’absolu besoin de repères dans une société qui produit le meilleur et le pire, sans que l’on sache bien discerner l’un de l’autre.
Le néo-protestantisme qui apparaît, conforte le « rêve américain » qui doit être défendu des « envieux » venus d’autres cultures. Il rejoint dans la stricte tradition religieuse les Pères fondateurs du Nouveau Monde.
Larvée sous les anciens présidents, cette foi revigorée éclate avec Bush et les conservateurs républicains. Elle n’est plus bridée par la raison ou la connaissance des limites d’un Etat fût-il le plus puisant du monde. Ceux qui s’intéressent à l’histoire de ce grand pays, se souviennent de l’action du président Wilson au sortir de la guerre de 14-18, chrétien et homme de foi comme Bush, mais d’une foi suffisamment assagie pour tenir compte du multilatéralisme et contribué à créer la Société des Nations.

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On sait la politique de Bush et comme il s’est moqué des Nations Unies pour avoir envahi l’Irak envers et contre tous, pour faire la comparaison avec Wilson et avoir froid dans le dos.
On se demande où cette foi militante va entraîner les Etats-Unis, et avec eux, le reste des Nations occidentales.
On n’ose pas y songer.

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