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30 novembre 2004

L’inceste raconté aux lecteurs en 2004.

Des auteurs extravertis en remettent pour avoir une chance qu’on parle d’eux, même en mal, surtout en mal, à côté du showbiz. Certains hyper médiatisés gagnent ainsi le rang de star avant même qu’on sache qu’ils écrivent !.
Des noms d’auteurs-victimes sont aujourd’hui sur les présentoirs de la FNAC, tous plus ou moins « ravagés » par des histoires autobiographiques, en trois cents pages et douze chapitres.
Des tranches de vie aussi dénuées de pudeur qu’une pièce de bœuf pendue au crochet dans la boucherie derrière les clients, comme ça se pratiquait il y a cinquante ans, cependant aussi peu bandantes que sœur Emmanuelle à son entrevue avec Jean-Paul. II
Les « romanciers » spécialisés se tortillent pour qu’on voie bien leurs fesses et qu’on sache comme ils ont souffert. D’ailleurs, ils ne sen seraient jamais remis sans la thérapie de l’écriture… Vous avez des doutes ? S’ils changent les noms, c’est uniquement pour ne pas avoir de procès. C’est leur croix à porter que d’avancer masqués, eux qui se sont dévoués à l’authentique !
Voici une œuvre marquée du sceau de l’héroïne, entourée du bandeau d’appel à témoins, malgré la prescription, oyez « L’accablante vie ou l’histoire d’un inceste », par l’auteure de « Vu d’azur » et « Sujet Gotan » !
Marie- Christine, celle qui se faisait enculer par son père dans le confessionnal d’une église de Carcassonne, pour nous conter au tout dernier chapitre que, finalement, elle aimait ça, n’en doutez pas, c’est bien Nicole Gotan, l’auteure à succès. Et Françoise, qui avait une relation homo-sexuelle avec la même, c’était bien sa sœur. Elle avait assez semé des allusions, perpétré des attentats en laissant des empreintes génétiques partout. Oui, sa sœur, la grande vedette de cinéma, qui se shootait trois fois par jour, à tel point qu’il avait fallu interrompre un film en cours, c’est elle !
On est au cœur de l’intime, plus profond, on ne saurait pas !

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Hélas !... pour les mêmes raisons de sécurité… les pistes sont brouillées… les procès, plusieurs familles plongées dans l’infamie, tout le village de Vaginale-sur-Tarn, vous savez, celui qui est perché au sommet d’une colline en bordure du Causse Noir, à vingt kilomètres de Millau et dont le château a brûlé partiellement en 1998... l’auteure ne peut en dire plus en nous expliquant sa recette de l’oubli : elle ne peut écrire qu’en slip noir sur sa terrasse de location... remède absolu… le fantôme du père tout de suite liquéfié… slip noir…
L’histoire avec son scabreux géniteur durera bien cinq ou six volumes. Sa sœur, la grande artiste, devrait prendre la suite en plusieurs tomes.
Les lecteurs de Gallimard ou du Seuil sont de bien étranges créatures.
Ce genre de truc ne peut faire de l’effet que si le lecteur sent venir une érection à tel moment du récit, malgré l’horreur du crime, et que, reprenant le texte le lendemain ou le surlendemain, il sente revenir la chose dans le même état.
Quand Frédéric demande à la mère de Marie-Christine d’éviter de préparer un repas d’ail et d’oignon de paysan après une rude journée de sulfatage des cerisiers et que là on devine que c’est pour baiser sa fille qui est sensible aux fortes haleines de repas arrosés, quand il exige de voir le sexe de son enfant devant la mère, parce qu’il la soupçonne de « fréquenter », je me demande qui cela émeut encore, sinon des malades mentaux ?
On s’inquiète… Qu’on en soit arrivé là des deux côtés… l’auteure avec ses branlettes et l’éditeur avec l’espoir de tirer à cinquante mille ?
On s’interroge…
En réalité, ce qui pouvait passer pour une oeuvrette du temps du Gil Blas et que Léon Bloy eut mise à mal en trois mots cinglants, est devenue avec la mentalité d’aujourd’hui si rétrograde dans la permissivité des mœurs et si gendarmée dans les conséquences de son aveuglement, une histoire de très grande hardiesse que l’on s’arrache.
Sans autre imaginaire que celui que les mots révèlent, on s’arrêtera sur bite, couille, inceste, vagin, bander, plaisir… tandis que les scènes de « hautes perversités » se dérouleront dans la loge du concierge où l’auteure semble être née et qu’elle n’a pas quittée pour recopier des passages de « La semaine de Suzette » que sa grand’mère lisait avant la guerre 40, à quoi elle a ajouté les mots qui font recette, ceux qui plaisent tant aux clients des éditions d’aujourd’hui et qui tiennent lieu de témérité.

29 novembre 2004

Décembre 1987 : saleté d’anniversaire !

On pense qu’aux anniversaires à la con : la fête nationale, le Beaujolais nouveau, la Pouffe et son marlou San Benedetto, février 97… Jamais au pognon qui file d’une banque à l’autre et qui laisse marron toute une baronnie, les de Cruchot de La Rue… qui reste plus que la Rue après le champ du cygne… parterre debout qui acclame le nouveau roi… tandis que l’autre, dévasté, échange sa Girard-Perregaux contre une Casio …
Quand ils sont cuits, les riches se décantent. Reste plus que l’humain, c’est-à-dire pas grand-chose. Filent au regret les crèmes de jour, les antirides, les mains de masseuses, les queues astiquées au benjoin… et le Pétrus (seuls les ploucs disent Château Petrus !), le tout en soie et délicatesse, manucuré, pomponné, incomparable chichi TVA non comprise…
Il traînerait rue Sainte-Marguerite, chez Safir ou chez Maqu à s’acheter des bananes, le dernier des Cruchot de La Rue, barbe de huit jours et chemise crade… passerait inaperçu…
Comme quoi les gens du caniveau roulent la casquette entre les doigts, pas à cause du triomphant dans son fauteuil Voltaire, non, rien qu’à cause du fric, parce que le coquin sans son coffiot… c’est que de la merde.
C’est leur seul viatique le fric, à ces gens-là.
Faut dire… ils y croient comme au sang du Christ !... tout régime, tout climat, qu’une seule idée en tête, Adolphe ou De Gaulle, Vlaams Belang ou Mère Thérésa : eaux profondes, basses eaux… la volonté féroce, s’agripper à la bouée du clipper « tour Méditerranée »!
Des glorieux qui se pavanent encore aujourd’hui, tête de liste des belles aisances, la menaient pas large au lendemain des législatives décembre 87…
Merde, il va encore nous faire du baratin aux méchants socialistes, aux piteux MR… se disent les accrocs persuadés que j’ai un deal avec le belang, dès que ça remonte leur suc gastrique et que personne peut vérifier.…

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Non. C’est des pontes de la Société Générale dont on cause. Ah ! ils étaient pas à la fête, fallait voir leurs pauvres gueules aux Info, fin 87... Le méchant Carlo De Benedetti détenteur de 18,6 % des titres lançait une offre publique d’achat pour arriver au niveau du mec qui décide de tout, balaie les anciens directeurs, les taupes des Conseils… pour planquer ses cadors aux places de la grosse oseille… toutes les tapineuses de la Générale prises en levrette mieux que les sultanes d’Abdel Kader à la prise de la smala !...
Réveillant leur patriotisme quelque peu assoupi, la meute des administrateurs se jeta aux genoux de l’Anversois André Leysen qui accepta, à condition de lester le Nord du pays, de soutenir l’affaire et douiller sec pour la survie.
Après une série de coups fourrés, c’est Suez qui sortit l’as du chapeau, De Benedetti avait perdu des plumes, Minc, son conseiller français, changea de crèmerie, se fit auteur, donneur de conseils en format de poche. Leysen doubla sa fortune et les flamingants trouvèrent mauvais qu’au lieu de se flamandiser, la Générale s’était francisée…
Le public, pour une fois, avait été tenu au courant à la carambole de ces Messieurs, d’habitude si discrets, que lorsqu’ils vont aux putes du côté des Bahamas, la vague bleue remonte jamais jusqu’aux Marolles.
Pourtant, le public ne pigeait rien, applaudissait comme pour un match de foot. Il ne s’est jamais rendu compte que la merde de riche a exactement la même odeur que la merde de pauvre.
Dommage, la trouille de retomber au niveau zéro les rendait presque sensibles, ces vieux débris d’égoïsme.
On les voyait livides, atterrés de ce qui leur pendait sous le nez. Eux qui depuis 1830 avaient mis en coupe réglée la Belgique du Nord au Sud, pleuraient dans les vestons des ministres et attendrissaient le peuple : « Pas lui, pas un Italien, pas De Benedetti ! » Le comble !... des bruits circulèrent, eux d’habitude si respectueux des lois, enfin pas celles du commerce, mais des lois sur l’antisémitisme, par exemple… « Vous ne savez pas !... De Benedetti est Juif ! Oui, madame… » C’est dire pour en arriver-là comme ils mouillaient leurs frocs, nos élites, et pas que de la pisse en flaque de douleur, non, du beau caca trois étoiles, sur les liquettes amidonnées par deux siècles de gens de maison.

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Maintenant qu’on y pense, qu’ils ont repris de l’assurance, qu’ils refont des concours de fort en gueule sur l’économie, la mondialisation si nécessaire… l’effort à faire pour rivaliser avec les Jaunes, les Bruns, les verts, les Noirs, on se demande si De Benedetti ne valait pas mieux que Suez et les bénéfices à Leysen. Au concours des plus beaux pets, les Italiens sont pas mal doués. Voyez le Caruso de la finance, le cavaliere de la tragédie moderne, Berlusconi en personne, soupçonné de tout, trafic, blanchiment, maladies honteuses… bientôt la grippe du poulet, génocides… traîné devant les tribunaux, promis au cul de basse fosse et toujours là, à plaisanter sur l’Europe, copain de Bush, envoyant ses plumets rouges au casse-pipe à Bagdad.
Benedetti aurait fait chier comme les autres. C’est clair. Peut-être qu’avec lui, on aurait rigolé ? Et quand on n’a rien, qu’on n’espère rien et qu’on n’aura jamais rien, rire devient bien utile aux masses laborieuses.

28 novembre 2004

Micmac

Ami lecteur, mon frère, micmac c’est comme dans les romans de Chandler, quand Smith, le fourgue, devient Smidt, le premier couteau d’un émule d’Al Capone, en affaire délicate avec Schimdt, le complice bootlegger.

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Au comptoir, Pierre-Jean debout se la raconte. Une tapée est coursée par un satyre dans un labyrinthe. L’affaire se complique quand on sait que le labyrinthe est fait de miroirs déformants et qu’il y a une infinité de satyres qui courent après une multitude d’essoreuses.
Pierre-Jean – une variante de Jean-Pierre – Pierre-Jean se rassoit. Un silence s’installe. Il a oublié la chute, quand en principe – après s’être emmerdé à l’histoire - on rigole.
Faut dire que vu les circonstances, au « Débonnaire » centre Seraing… dévasté par les ateliers abandonnés de la sidérurgie, et pas que Seraing dévasté si on compte Pierre-Jean, il pouvait pas faire autre chose.
Mais, vous savez comme c’est versatile, le poivrot. Aussitôt il se ravise et se remet debout.
Du tabouret de bar, il se laisse glisser cinq centimètres… Le jour finissant éclaire la porte, plein ouest, juste entre les deux vitrines. Il suffit de viser.
- Tu vas pas fausser compagnie le jour de ta fête, Pierre-Jean ?
La fête à Pierre-Jean, ça s’est décidé au comptoir, après le 421.
- Est-ce inscrit au calendrier, que c’est la fête à Pierre-Jean ?
Le calendrier, vous pensez, ce qu’on se fout. Mais la fête ?... tout de même.
Le patron du « Débonnaire » veut bien. Pierre-Jean a une assurance tout risque, depuis qu’il a cassé un orteil à Mamour, la patronne, justement en descendant du même tabouret de bar un peu trop lourdement.
Les loustics dans l’état où ils sont, sait-on jamais ?
Ils s’étaient cotisés pour la franchise. Cela avait coûté une tournée générale à Pierre-Jean.
Nozé, le mari de la femme à Pierre-Jean a lancé l’idée de la fête.
Nozé a bon cœur. C’est le seul.
- Où qu’elle est, Suzette, où qu’elle est ?
Suzette c’est la femme à Pierre-Jean, l’épouse de Nozé.
Il s’inquiète Pierre-Jean. Pas pour Suzette, vous pensez, tenue de cheval, cravache et bombe sur la tête, qui c’est qui lui voudrait du mal ? Mais pour le hongre, Noir, le nom-couleur du cheval, si Suzette a nourri la bête avec le bon mélange? Comment il est Othello (C’est le deuxième nom de Noir) depuis hier, avec les sabots attaqués par un champignon ?
- Elle est pas pourrie ta Mercedes, qu’il fait, inquiet, Pierre-Jean à Nozé ?
- Elle n’a que huit ans. Te tracasse pas. C’est pas la première fois que Suzette conduit « automatic » !
Nozé est aux petits soins pour Suzette et Pierre-Jean. Depuis qu’elle a connu Pierre-Jean aux écuries « L’étalon d’Achille » à Boncelles, Suzette fait chambre à part avec Nozé. En semaine, elle reste chez Nozé et le week-end elle va chez Pierre-Jean avec son baise-en-ville. Au manège, Pierre-Jean monte Othello et Suzette… comme chante Nicoletta :

Oui ma vie c’est un manège
Toutes choses passent, vont et reviennent
Oui ma vie c’est un manège
Comme une chanson c’est le temps qui l’entraîne
Surtout n’allez pas croire
Quand un amour s’en va qu’il sera le dernier
Car ma vie c’est un manège
Qui ne cessera jamais de tourner

Le temps passe sans nouvelle de Suzette. Nozé s’inquiète pour sa Mercedes.
Le patron du « Débonnaire » demande à Lichette d’appeler Suzette sur son portable.
Lichette est la serveuse qui remplace Mamour dans le lit du patron, quand Mamour a ses règles, 15 jours par mois. C’est seulement depuis l’été que Lichette travaille à temps plein. Elle a quitté le grand Fernand, au motif que bigleux, il pissait à côté du vase. Le patron et elle avaient failli se faire prendre. Le jour où le grand Fernand était revenu malade, le patron du Débonnaire s’était caché dans la garde-robe, deux heures durant.
Ça s’était arrangé, même pour Mamour qui a trouvé un consolateur, un Turc qui fréquente le café turc en face. Le patron l’aurait trouvé mauvaise que l’amant de sa femme boive ses verres ailleurs. Elle attend une occasion pour le lui dire. Son seul problème : le Turc l’encule. Elle craint pour les hémorroïdes.
- Merde, mon portable est naze fait Lichette.
Bonne copine, par solidarité, elle n’a pas envie d’appeler Suzette, qu’était peut-être à l’ouvrage avec un nouveau soupirant.
- Qui c’est qu’a le numéro de portable de Suzette ?
Nozé a beau se fouiller, Pierre-Jean aussi, personne a le fichu numéro.
Abrillo, si… Allez savoir comment ? Il l’a parce que la femme d’Abrillo, l’ancienne patronne du Débonnaire avant les actuels, avait été l’intime de Nozé. Quand Suzette prit la suite, elles avaient sympathisé. A moins qu’il ne s’agisse d’une autre version. La femme d’Abrillo avait remis son affaire à l’actuel bistrotier quand son mari s’était décidé à vivre avec le fils d’un ancien harki pour défendre la cause algérienne. On savait qu’ils cassaient la coquille d’oeuf ensemble. Suzette avait été très attirée sexuellement par le père du harki. Le petit-fils avait fait des confidences : Suzette se faisait sauter par le grand’père. Il avait noté le numéro de téléphone trouvé dans le portefeuille du vieux derrière une photo de Suzette à poil !
Comme Suzette répond pas, on appelle le manège « L’étalon d’Achille ».
Océane, la péteuse d’Achille décroche.
- C’est con, ça… qu’on trouve plus Suzette… Ah ! c’est con…
- Quoi c’est con s’impatiente, Abrillo ?
- C’est con ça… ma vie est finie…
Personne y pige rien. Océane, pète un plomb.
Merde. On lui demande pas si sa vie est finie, on demande Suzette.
- M’en parlez pas de celle-là… C’est con ça… un si bon ménage !
Océane avait quitté le docteur Legros deux ans auparavant par amour des chevaux et d’Achille, l’écuyer de rêve, qui à cinquante ans passés montait toujours à la voltige comme au cirque, surtout devant les minettes du manège.
Elle était partie vivre avec Achille suite à une dispute avec Legros qui avait mobilisé la brigade de la rue de la Bouteille. L’ex d’Achille s’était consolée avec l’ancien-maréchal des logis Lahurlette reconverti inspecteur de la brigade des stupéfaits. L’on se demandait comment un mec pareil pouvait avoir eu une aventure avec Océane d’abord (il faut suivre les gars) quand elle était toujours avec Legros et avant qu’elle ne connaisse la fine cravache, et avec l’ex d’Achille.
Quand Suzette revient deux heures plus tard, du foin dans les cheveux et les jambes un peu plus arquées, tout le monde est au courant qu’elle quitte Pierre-Jean pour Achille.
Depuis ce jour Nozé ne la supporte plus. Il projette d’aller vivre avec Pierre-Jean et de vendre la maison quand Suzette aura convaincu Achille, de son amour des chevaux.

27 novembre 2004

Une affaire socialiste ou une socialiste affaire ?

Jean-Christophe de Romain Rolland ou de François Mitterrand ?

Pour ne pas ouvrir une nouvelle polémique sur la pertinence des dirigeants du PS belge à se dire socialistes, attachons-nous aux dernières tribulations du fils Mitterrand et à l’accusation du fisc français au sujet d’une somme de 600.000 euros non déclarée.
Ce ne sont pas que les gens de gauche qui profitent du pouvoir pour en « mettre de côté » en prévision de leurs vieux jours. On peut penser que la droite y est plus douée, tant ses affinités avec la finance la place dans de bien meilleures conditions.
Il n’est même pas dit que les petits bourgeois à la tête du PS, s’ils étaient remplacés par des gens de la base purs et durs, que cela irait mieux, tant le pouvoir corrompt !...
Pendant ses quatorze années de présidence, François Mitterrand avec les moyens illimités du SDEC et des RG, au service de sa manie de tout contrôler, comment ne s’est-il pas aperçu que son fils, nommé conseiller à l’Elysée, avait des relations avec l’industriel Falcone qui lui versait de l’argent sur un compte en Suisse, et qu’il se livrait à un trafic d’armes avec certains chefs d’Etats africains ?
Invraisemblable que Mitterrand n’ait rien vu ! Le plus plausible serait de penser que le chef de l’Etat fermait les yeux !
Danielle Mitterrand a parlé de « rançon » lorsque le juge Courroye a demandé une forte caution à Jean-Christophe pour lever la détention provisoire.
Du temps de Papa, le fils menait grand train. Il se dit aujourd’hui ruiné, contraint de s’en remettre à la «générosité familiale». Depuis sa médiatique incarcération et sa mise en examen pour complicité de trafic d’armes, trafic d’influence et recel d’abus de biens sociaux dans l’«Angolagate», ses comptes bancaires à l’étranger ont été bloqués, son passeport confisqué. Un contrôle judiciaire lui interdit de se rendre en Mauritanie pour gérer la pêcherie qu’il y a mise sur pied.
Cette affaire remet en mémoire toutes les zones d’ombre du règne de Mitterrand à la tête de l’Etat français. Elles sont tellement nombreuses qu’il est impossible de se débarrasser de l’idée qu’il y en ait au moins une ou l’autre authentique, qui reste lettre morte parce que personne n’a pas pu ou voulu ouvrir un dossier.

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On pourrait étendre cette réflexion aux affaires belges dans lesquelles presque toujours apparaissent des noms connus.
Les protagonistes socialistes des affaires anciennes et qui avaient été en partie explorées par le juge Ancia lors de l’Affaire Cools ont tous été « réhabilités » ipso facto par leurs pairs, tant à la Régionale liégeoise, qu’au siège central du parti. La Justice serait-elle à ce point partiale en Belgique qu’elle suspecterait, voire condamnerait des innocents au point que le PS en réhabilitant les siens, lui donne tort à chaque fois ? Dans un parti qui a abolit la lutte des classes et qui n’est donc pas en « révolte » contre l’ordre établi, voilà un bien singulier civisme, alors que son président plus belgicain que lui, tu meurs !... !
C’est l’ambiguïté de la cogestion avec les milieux d’affaires qui est en cause.
C’est le talon d’Achille des socialistes dont la mission principale : l’émancipation des classes sociales défavorisées est contrebattue par une collaboration active avec les « ennemis de classe ». Le caractère dérangeant de cette notion de lutte des classes a d’ailleurs été très astucieusement effacé du vocabulaire socialiste lors d’un Congrès mémorable où les hypocrisies dans les discours faisant état de l’évolution sociale ont permis de tourner la page allègrement.
Les dirigeants bourgeois du PS ont tranché depuis longtemps.
On confisque un mouvement. Une falsification en résulte, puisqu’on s’est bien gardé de remplacer le mot « socialisme » par un terme plus approprié.
L’affaire de Jean-Christophe nous renvoie à la dérive du socialisme, en France comme en Belgique.
La classe sociale regroupant les plus pauvres n’est plus représentée.
Pour Jean-Christophe Mitterrand comme pour les autres, pourquoi ne pas les désigner par un terme plus approprié, par exemple « bourgeoisisme » ?

26 novembre 2004

L’affaire Dutroux, le dernier flop !


De deux choses l’une ou c’est d’une grande maladresse ou ce dossier bis de l’affaire Dutroux est tellement explosif qu’on a préféré en rester là.
L’information est tombée : la chambre des mises en accusation de Liège a ordonné mardi la fin de l’instruction du dossier 86bis/96, mieux connu sous le nom de "dossier bis". L’information, révélée jeudi par les quotidiens du groupe "Sud Presse" a été confirmée par le parquet général de Liège.
Le bidule avait été ouvert le 22 octobre 2001, à la suite de l’arrêt de la chambre des mises en accusation ordonnant la clôture de l’instruction du dossier Dutroux. Ce deuxième dossier devait laisser une porte ouverte en cas de découverte d’autres auteurs ou d’autres faits que ceux connus.
On avait prétexté la déjà trop longue instruction et les détentions préventives qui s’en suivirent pour couper l’affaire en deux.
Quelques 4.000 poils et cheveux recueillis dans les véhicules et dans la maison de Marc Dutroux devaient faire l’objet d’une analyse. Michel Bourlet, s’était heurté à plusieurs reprises au refus du juge Langlois de procéder à ces examens.
Les Russo, les infortunés parents de Melissa, s’étaient toujours opposés à la dissociation des dossiers. Ils n’avaient pas participé au procès estimant qu’ainsi tronqué celui-ci n’était plus qu’une mascarade.
Ce qui est vraiment troublant dans l’abandon du dossier bis, c’est que les comparaisons macroscopiques et microscopiques qui ont été réalisées oscilleraient entre 250.000 et 372.000 euros et que cet argent est perdu puisque l’arrêt du dossier signifie qu’on n’exploitera même pas les résultats des expertises terminées !
Une telle décision est particulièrement mauvaise ; car, elle va conforter ceux qui persistent à croire au vaste complot tendant à blanchir des gens qu’on ne veut pas voir sur la sellette.
Comment a-t-on pu commettre une telle bourde ?
Le formidable gâchis s’est arrêté très courtement malgré les promesses, sans que personne n’ait imaginé parmi les responsables de cette mesure combien cela est extrêmement maladroit, à un point tel, que cela en devient gênant, même pour l’opinion publique satisfaite du procès d’Arlon, que l’hypothèse d’un réseau laissait sceptique.
Le public aurait compris que, vu le coût exorbitant des analyses d’ADN, on arrête les opérations ; mais qu’on exploiterait les analyses terminées, puisque ces dossiers existent et qu’ils ont coûté pas mal d’argent aux contribuables.

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A présent, on peut trouver bien légère la décision d’entreprendre ce travail de laboratoire en 2001. On jette bien facilement par la fenêtre 372.000 euros en Belgique officielle !
Bien entendu tout n’est pas joué. Le procureur Bourlet peut demander que l’on casse l’arrêt et poursuivre. Mais, si les laboratoires ne sont plus commis au travail d’identification et que des experts viennent à présent nous dire que les expertises ne seront pas de toute manière exploitables, on ne voit pas ce qu’il pourrait avancer comme arguments contradictoires.
Le public est frustré, ce n’est pas nouveau, voilà plus de dix ans qu’il l’est !
La justice n’a cessé de bégayer dans cette histoire sordide. Déconsidérée, s’en relèvera-t-elle jamais ? Le gâchis est complet, total.
Dernier épisode comique, cette fameuse sérénité des juges permettra de parfaire une réflexion de clôture. Ils auront beau dire que l’opinion publique ne les influence pas dans l’évaluation des peines, Lelièvre et Martin seront bientôt libérables. Qu’est-ce qu’on parie qu’ils n’oseront pas les faire sortir de tôle aux dates possibles prévues par la loi ?

25 novembre 2004

Ça gaze à la Star Ac !

- Enrique, est-ce que tu ne passes pas pour le bouc hémisphère ?
- C’est une sorte de taquination de Gerard Louvin.
- C’est le directeur contreversé. Pourquoi avoir craché sur Francesca ?
- Le contrat ne stibullait pas que je crachaste. Oui et non. Isabelle Charles m’avait seulement indigné que TF1 vouderait des tensions pour faire montrer la chose.
- On dit que t’es vulgaire avec une violence vert balle. Ici, t’es plutôt cool. Tous tes déparages au château, c’était pas vraiment du vrai ?
-Bin non. Pour faire vedette, faut de la transpiratibilité.
- De l’imagination aussi ?
- Bin oui. C’est la quatrième année d’émulsion. Gérard Louvin veut sauveter l’audi. Mathieu Gonet pense que la chaîne de montrage pourrait s’arrêter d’ici le frein de l’armée.
-Et la dévacuation de Mathieu, qu’en penses-tu en pensée, de ce que tu penses?
-Là vraiment, c’est sa malle aise qui l’a perdu.
- Sa malle aise ?
- Oui, quand il a tombé épanoui dans les bras de Sandy.
-Son malaise ?
-Non. Sa malle d’aise. Celle où il range ses vêtements de scène. Il a voulu l’ouvrir, il s’a décraqué un calque cartalimaginoeud. Excuse, c’est difficile à dire.
-Tu as quand même enfermé Lucie dans les cabinets pour l’embraser et finir par la traîner en salle de pute ? Pourquoi ? Parce qu’elle le valait bien ?
-Elle m’avait désisté, mais alors, là, violent !
-Personne ne te désiste, toi, le beau mec ?…
- La preuve, je suis toujours au château. J’ai même une ouverturation avec Kamel Ouali.
- Où ? Au lit ?
-Non. Il dit que je suis seul d’avoir une possibilleté dans mes petits bas de danseur.

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-Pourquoi toutes tes Ava tard, c’é toujours passé dix heures ?
- Il a un point qu’ils me veulent pas, par jalouserie et incomprétention.
- C’é quoi ?
- T’as vu comment ça cause au château ? Ils manquent tous de ma dimentrualition culterelle.
- Ta culture, si tu veux, culture ?
- Bin oui. Grégory a la musclovichydose, Jean-Pascal est troublion, Georges-Alin a le sens au chaud, et Sofiane, c’est le seul saint sert des coca à touti frutti en à firme Man qu’il est con. Moi, je m’escrime bien en moisissant mes maux. C’est assez pour que ça passait mal assez mal avec mes Walter égaux. C’est Clair.
-C’est clair !
-Tu veux relire ce que tu as écrit avant d’envoyer au Monde ?
- Non. Je te faisais con fiente, hier, pourquoi pas à la main tenant ?

24 novembre 2004

Foutez plus rien !

Qui vous engage aux pièces vous veut en borderline. C’est-à-dire à l’état limite d’un continuum entre la névrose et la psychose.
Au vu des stress qui finissent en dépression nerveuse à cause du boulot, c’est dire si celui qui a autorité sur vous a réussi, la vache, à transformer votre substance en clair pognon pour ses menus plaisirs.
Raisonnement : Si vous n’avez rien à gagner en travaillant à la chaîne, vous n’avez rien à perdre en ne foutant rien !
C’est une question de survie à trouver la parade au borderline inventé pour vous dépiauter. Le toujours plus, toujours plus vite est à sens unique. Vous construisez quelque chose pour qui vous détruit.
Un soir vous déposez le dernier boulon, vous pratiquez la dernière soudure. On ne vous voit plus le lendemain, ni les autres jours.
Vous avez sauvé votre peau.
Sur la touche, vous êtes sorti des égouts, intact. C’est parfait. Vous allez souffrir autrement, mais au moins vous êtes vivant. C’est toujours ça.
Vandenbrouck vous attend pour le tir au clays où vous êtes pigeon.
Vous devrez y aller de la démarche et de la soif d’embauche. Les vicelards sont derrière les guichets, le cul contre le chauffage central. Ce sont des renifleurs nés qui débusquent les fausses professions de foi des travailleurs « qu’ont eu des malheurs »… Ils connaissent.
Transfuges eux-mêmes du borderline, la gamelle administrative bienfaisante les a sevrés des trois comprimés de Tofranil/jour.
Sortis des usines, ils tiennent pas y replonger. Par contre, ils vous voient bien à leur ancienne place. Pour ne pas vous rater, ils apprennent par cœur les circulaires. Vous tombez sous le coup des lois. C’est moins la loi, qu’eux qui donnent le coup.
Quand ils ont devant eux des gaspards qui marquent des signes de fatigue, ils se poignent sous la table de bonheur. La chômeuse qui pleure, c’est irrésistible. Entre rentrer chez elle ou faire technicienne de surface, a-t-elle le choix ?.
Ils jouissent de la merde noire dans laquelle ils vous plongent.
Intérimaires souvent, de n’être jamais nommés accroît leur zèle. Les chefs de ces gagne-petit s’en aperçoivent. Nommés, ils fouteraient plus rien. Dans le fond, ce serait peut-être des braves types aux entretiens-cul-au-chauffage-central, si on leur donnait l’occasion de développer des sentiments humains.
….
Aux autres qui glandent à l’usine à gaz, on peut dire : « puisque c’est votre destin qui en a pris un sale coup, vous pouvez vous venger en plombant votre entreprise. Foutez rien les gars tout en ayant l’air de faire ». C’est une technique très simple qu’on apprend en une heure. C’est celle du constipé qui va en cure à Vichy. On l’emmerde tellement qu’après quinze jours de traitement et que ça bouchonne toujours, il finit par dire qu’il fait, que tout va bien ! La preuve, il égaie son séjour par des ploufs sonores à l’aide de la brosse dans l’eau du vase.
Tout le monde joue à faire semblant. Pourquoi pas vous ?

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Pourquoi laisser la seule initiative au seul Vandenbrouck ? Ayez l’air comme lui. De quoi ? Mais de ce que vous voudrez. Il n’y a plus de métiers, même les cadres font dans leur froc. Il y a encore moins à faire pour eux que pour les autres.
Si vous saviez comme les hauts placés ne foutent rien depuis longtemps, tout en ayant l’air, vous n’en reviendriez pas. Vous vous diriez « dire que je me suis payé une dépression parce que je croyais n’être pas à la hauteur ! ». Mais personne n’est à la hauteur de nos jours. Personne, on vous dit. Surtout pas les gars qui vous poussent au boulot. Ils en savent quelque chose eux, qui dès le diplôme, n’ont plus jamais été à la hauteur, n’ont plus jamais rien foutu de leurs dix doigts !...

23 novembre 2004

Profession : comédien.

On ne choisit pas sa profession. Entraînement fortuit, hasard, circonstances, les parents, parce qu’ils sont dedans ou au contraire, pour ne pas faire comme eux, voilà le plus souvent ce qui décide d’une « carrière ». Les métiers auxquels l’enfant a joué, n’engagent pas forcément l’adolescent, sans quoi tout le monde serait pompier, détective ou médecin.
Notre époque, vouée à la nécessité, habituée à nous vendre l’emploi disponible, tient lieu de tout, y compris une orientation raisonnée. Encore bien heureux d’être apprenti coiffeur, quand on voulait devenir boulanger. La vocation impérative n’est plus qu’un luxe hors de prix. On n’a pas la vocation impérieuse de faire soudeur à l’arc ou manutentionnaire chez DHL.
L’enfoiré du FOREM n’a plus à orienter qui que ce soit. Il case comme il peut selon les directives du Ministère. Si vous voulez qu’il se foute de votre gueule, vous n’avez qu’à dire que vous avez une vocation. Surtout ne dites jamais que vous voulez devenir comédien ou écrivain, ou trapéziste. Ces professions n’existent pas dans le panel des demandeurs d’emploi.
Vous en avez la vocation ? Tant pis pour vous et allez vous faire foutre. La Comédie française n’engage pas d’apprentis et Gallimard n’a plus le temps de lire les tonnes de manuscrits qui passent ainsi directement du sac du facteur à la poubelle.
Par contre, certaines vocations « raisonnables » accomplies donnent au choix une indication psychologique.
Je me suis toujours demandé ce qui poussait un médecin à devenir gynécologue ?
Il en est de même du métier si difficile à ses débuts de comédien, difficile par la rareté de l’embauche, à tel point que la plupart de ceux qui veulent l’exercer ne seront jamais appelés à en vivre, difficile par le long apprentissage qu’il nécessite. Les « natures » sont rares. Le talent se travaille aussi durement qu’une ballerine à la barre toute la journée pour deux entrechats le soir. Qui dira jamais les frustrations cachées du comédien amateur ?
Notre société n’a que faire de l’art, en-dehors de la valeur refuge, monnaie d’échange et de spéculation. Le fric ne se ramasse pas sous les pas des artistes, si l’on excepte quelques-uns, juste là pour ne pas désespérer les autres.

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Le désir de devenir acteur est une conclusion à une décision réflexive. On ne se dit pas : « Que ferais-je comme profession ? Je vais faire acteur ! » suite à une question des parents. On a d’abord la passion d’interpréter des personnages.
On se cherche devant une glace. Le reflet qu’on a de soi est une personne variable, inconsistante. A peine s’est-on glissé dans la peau d’un autre que c’est un étourdissement de bonheur et la révélation de ce que l’on sentait confusément et que l’on perçoit comme étant ce que l’on voulait de toujours.
Entre soi et le personnage, la différence est minime : il s’agit d’une conjugaison à la troisième personne du singulier « IL » qui dit « JE ».
Le personnage recréé n’a pas attendu que vous naissiez pour avoir une existence propre. C’est parfois un personnage classique dont des livres entiers ont consacré le caractère, les mœurs et l’histoire. Les inflexions de la voix, les attitudes des aînés qui l’ont interprété avant vous restent longtemps dans les mémoires.
Il existe, il vit. Ne dit-on pas d’un bon acteur qu’il joue « juste » ? Par rapport à quoi ? Et comment le saurait-on, si ce n’est par recoupement et ancienne critique ?
Les réactions affectives du personnage sont tenues pour authentiques. Alors qu’on refuserait toute créance à l’acteur dans la vie, le fait d’interpréter, le crédibilise. L’acteur n’a qu’à prendre la peine d’exprimer ce qu’il ressent à travers les mots qu’il dit pour un autre, pour paraître aussi « vrai » que Molière ou Racine l’avait imaginé. Tel qu’en lui-même l’éternité au lieu de le figer, le modifie et le rend perceptible au temps présent.
L’acteur ressent la rigueur et la précision de la machinerie dramatique du fait que les gestes et les répliques s’imposent à lui dans leur enchaînement comme autant d’impératifs.
Le rôle se présente comme un être-autre qu’il doit intérioriser.
L’apprentissage d’un rôle est un processus systématique d’appropriation de son être-autre par la mémoire, l’intuition et la recréation.
Le comédien se trouve en tant qu’acteur chargé de mission.
C’est la volonté d’un auteur disparu qui insuffle chaleur et vie à ses créatures. Sans l’interprète qui les réactualise, elles mourraient sur les étagères des bibliothèques.
Une autorité souveraine impose de devenir un autre que soi. Une volonté a la bonté de se soucier de l’autre. C’est rassurant et confortable.
L’auteur fait don d’un personnage qu’il a méticuleusement préparé rien que pour celui qui l’incarnera.
Ce mandat protège l’acteur contre l’homme de la ville, qu’il est aussi, lorsqu’il descend des tréteaux.
Même exproprié du personnage, l’acteur sait qu’il ne quittera pas tout à fait le monde de l’imaginaire.
….
Mon intention était d’écrire une sotie (farce du moyen âge) sous le titre « les Beaux emplois du FOREM. C’est tellement beau le métier d’acteur et tellement éloigné de tous les métiers merdiques que l’on jette en pâture aux populations grelottantes de faim et de froid, que je n’ai pas eu le courage d’éveiller ma seconde nature que des esprits critiques pourraient appeler le mauvais/bon génie de la démolition.

22 novembre 2004

François Villon auprès de la fontaine…

- T’y crois encore ?
- Tu sais je débute…
- Même Vandenbrouck et Freya Van den Bossche y croient plus.
- Pourquoi ?
- Autrement, ils auraient pas persévéré SP, tiens…
- Pourquoi, les socialistes flamands y croiraient plus ?
- J’ai dit « persévéré ».
- Alors, où est la différence entre un débutant et un persévérant ?
- Tu débutes quand même pas au parti en croyant dur comme fer que la société capitaliste est la meilleure ?
-Non, pas vraiment.
-T’entends bien ce que tu chantes quand t’entames l’Internationale ?
-Sans doute…
- T’es jeune, t’as pas un rond, tu commences tes études…
- …d’avocat…

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- Ils font pas tous avocats, même si c’est plus que des avocats… non, je veux dire que t’as conscience comme les gens sont baisés au boulodrome de la douleur quand t’es qu’une demande d’emploi sur patte, avant d’être un homme…
- Où tu veux en venir ?
-Je veux dire que lorsque t’es jeune et que tu t’engages au SP/PS, t’y crois. C’est après que ça se gâte, quand tu deviens sourd aux plaintes des gens.
- C’est « bin vrai » dirait la mère Denis…
-Aujourd’hui, qu’on est réformiste, c’est toujours un socialiste qui se tape les merdes.
- Comment ça ?
- T’as déjà vu un libéral, qui se farcirait les chômeurs sous prétexte qu’ils cherchent pas du boulot ?
-Non. Il oserait pas. Peut-être bien que Franck et Freya ne sont pas socialistes ?
- Ils le sont sur le papier. Si tu joues des coudes au SP, c’est pour aller aux affaires…
- C’est une exception.
-Pas sûr. T’as leur pendant en Wallonie, Marie Arena.
- Comment est-ce possible ?
- Ils font de la gestion capitaliste, parce qu’ils disent que s’ils la faisaient pas, ce serait pire.
-Non ?
- C’est comme je te le dis.
- Attends, ils croient à l’entreprise, à la flexibilité, au progrès de l’industrie et à toutes les conneries qu’on entend à la FEB ?
- Mieux que ça. Ils élaborent des plans pour que ça marche mieux, qu’on gagne des parts de marché, qu’on augmente la productivité..
-C’est parce qu’ils sont obligés de le faire, qu’ils ont des programmes, la concurrence ?…

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- D’accord. C’est quand même sur leurs projets qu’ils font chier les petits. On voit le résultat.
-S’ils faisaient pas des plans, peut-être qu’ils participeraient pas au gouvernement.
-Evidemment. Si tu participes, c’est pour travailler la pâte avec les autres…
- Ils aiment ça, alors ?
-A force…
-Mais si, par exemple en Wallonie, ils participaient pas, les socialistes, aux salades libérales ?
- La Wallonie serait ingouvernable.
-Une sorte de révolution, quoi ?
-Exact.
-Mais, n’est-ce pas le but du mouvement socialiste, le changement de régime ?
-Plus maintenant.
- C’est quoi alors, le socialisme ?
-C’est d’attendrir les viandes qu’on est à deux doigts de bouffer à la mondialisation.
-Nous attendrir… pour qu’on soit plus cool quand on sera bouffé ?
-Si tu veux.
- Vandenbrouck, Van den Bossche et Arena ont pas l’air d’avoir besoin d’être attendris…
- Non, c’est par dévouement pour nous, qu’ils piquent des sous aux plus malheureux qu’eux..
-Des dévoués qui nous aiment d’une drôle de manière.
-C’est comme je te le dis.
-Alors, les avocats des partis ont tout faux.
-Pourquoi ?
- Parce que ces trois-là sont trop propres sur eux. Tu donnerais toi dans la rue à quelqu’un qui est sapé comme Arena, puis qu’avec tes ronds, elle foutrait le camp dans une grosse bagnole, que c’est même pas sûr qu’elle paie la taxe et l’essence ?.
-Qu’est-ce que tu veux dire ?
-Je veux dire que puisqu’ils mendient pour nous, les altruistes, au moins ils devraient avoir le costume adapté.
- Pour apitoyer davantage ?
-Non. Tu sais bien que les friqués s’en foutent. Juste pour nous. Pour avoir l’air de mourir de soif auprès de la fontaine.

21 novembre 2004

Attendez-vous à savoir…

Condoleezza Rice remplaçant Colin Powell au secrétariat d’Etat, c’est, mine de rien, un coup dur de plus pour la diplomatie européenne.
Powell malgré ses rodomontades, on se souvient du flacon en verre qu’il avait exhibé aux Nations Unies qui allait tuer la moitié de la planète, passait pour une colombe. Il embrassait madame Alliot-Marie sur les deux joues en pleine guerre froide avec la France, comme il avait convaincu Dobeliou de retourner à l’ONU pour demander un mandat sur l’Irak.
Mais voilà, la diplomatie américaine ne fonctionne pas exactement comme la nôtre.
C’était l’amie de la famille Bush, Condoleezza la conseillère, qui était la vraie responsable de la politique extérieure des States. Colin n’était qu’une potiche et personne ne voulait le savoir.
Pourtant, on aurait dû s’en apercevoir au moment des événements d’Irak. Le secrétaire d’Etat n’était pas favorable à une intervention, Madame Rice et le clan Bush, oui. Au lieu de présenter sa démission au moment où les événements lui donnaient tort, ce qui aurait été crâne de sa part, que fit cet ancien militaire rompu depuis toujours à l’obéissance, il rallia le camp de son maître, pardi !
Les diplomates européens sont comme les économistes. Il n’y a pas meilleurs qu’eux après les événements. Ils les avaient prévus, même si l’on retrouve d’eux des déclarations contraires.
Ne voilà-t-il pas qu’ils nous disent à présent que le départ de Powell rend les choses plus nettes ; que loin d’être désastreuse, la situation a l’avantage d’être plus claire et que le discours de Powell le raisonnable n’était qu’une perte de temps, puisque le président en tenait rarement compte. Oubliée la démarche d’il y a à peine un mois, quand on était encore sous le coup de la réélection du Texan et que les mêmes pensaient qu’après quatre années de leadership en solitaire, l’Amérique allait faire la paix avec ses détracteurs du camp occidental.
On en est à présent revenu.
L’aigreur de Chirac a percé lors de la commémo de l’Entente cordiale avec les British, quand dans les gazettes, il s’est répandu en propos sarcastiques sur ce que Tony Blair a gagné dans sa politique croupion proaméricaine, entendez par là que le londonien s’est fait baiser dans les grandes longueurs.

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Suivez plutôt le parcours de Condoleezza. Elle a eu le scalp de Powell, elle s’est, par le passé, accrochée avec Donald Rumsfeld et ses potes du Pentagone. Fin de l’année dernière, sans que le secrétaire à la Défense en ait été informé, elle avait été chargée de la coordination de la reconstruction de l’Irak. Elle a toujours sa chambre prête dans le ranch texan du Président. Tout le monde sait que les décisions importantes se prennent le week-end, entre elle et lui et sans que les autres secrétaires d’Etat soient présents.
L’engagement de l’Amérique dans les conflits après le 11 septembre, c’est elle. Malgré les avis contraires surtout européens, c’est notamment grâce au conflit irakien que le président a été réélu, alors qu’on croyait Kerry gagnant dans un fauteuil pour les mêmes raisons.
On prête des intentions présidentielles à l’ambitieuse Rice.
Il ne déplairait peut-être pas aux dix millions d’électeurs noirs américains voir une consoeur de race à la Maison Blanche (qui serait ainsi mal nommée). Quant aux femmes américaines, c’est-à-dire la moitié de l’électorat, le plaisir ne serait pleinement satisfait que si Hillary Clinton se présente à son tour.
On verrait alors deux grandes premières dans l’histoire des élections américaines deux femmes candidates, et une noire parmi elles.
On n’en est pas là. Mais, on peut faire confiance à Condoleezza, elle connaît la musique.
La recette a bien marché avec l’Afghanistan et avec l’Irak. Nous n’avons pas encore fini d’en payer les séquelles, mais qu’importe. Relever des erreurs sans avoir moyen de les corriger, ne sert qu’à montrer notre état de faiblesse.
Les Etats voyous ne manquent pas. Parmi les moudjahidins capturés à Fallouja, on a dénombré un beau paquet de Syriens.
Dans les irréductibles ennemis d’Israël, la Syrie est en tête de liste, depuis que la Libye a jeté le gant et remboursé les victimes de ses anciens attentats.
Si la sauce prend en Irak d’une démocratie US adaptée aux mentalités orientales, le Corps expéditionnaire pourrait faire un tour du côté des Syriens avant de rentrer au pays, histoire de ne pas perdre la main et de faire élire Condoleezza !
Tout cela dans deux bonnes années, bien entendu, et si l’opinion est maintenue sous pression. A la rigueur, une forte opposition européenne à la politique américaine n’est pas du tout désagréable aux gens des rives du Potomac.
Voilà longtemps que les Américains ont largué les amarres avec l’Europe, d’autant que dans la perspective monétaire future, avec 1 dollar 50 pour bientôt, les Américains ne viendront même plus passer leurs vacances chez nous.
Quant aux avis de « nos » Américains, c’est-à-dire les fonctionnaires de l’OTAN et les observateurs de l’Union Européenne, ne comptez pas sur eux pour vous éclairer sur le futur de leur pays. Avec un taux de change à 1,30, autant vous dire qu’être payés en Euro, est pour eux un argument qui prêche en notre faveur.

20 novembre 2004

Psychose

Les événements internationaux rejaillissent sur nous par médias interposés.
Les Talibans ont fait mettre une serrure supplémentaire à la maison habitée par deux vieux de mon voisinage.
La guerre américaine en Irak, les a fait acheter un treillis surmonté d’un barbelé pour fermer un espace vide entre un talus et leur mur mitoyen.
Depuis la mort d’Arafat, quiconque s’arrête sur le trottoir – surtout les jeunes – a droit à un seau d’eau que ces cinglés jettent du premier étage. Ces assiégés imaginaires ont peur d’être empoisonnés !
Leurs rideaux frémissent chaque fois que je passe dans ma voiture. Ils doivent avoir des fiches sur les gens du quartier.
Quand ils sortent de chez eux, ils ont trois serrures à ouvrir puis à fermer. C’est toute une cérémonie. On a presque envie qu’il leur arrive quelque chose à ces névropathes !...
On s’attend à ce qu’un jour par erreur ces énergumènes tirent sur le facteur.
L’air du temps est dédié à la peur de l’attentat.

Le prétexte du terrorisme est simple. C’est l’apparence d’un sentiment religieux ou patriotique, mais qui n’est en fait que l’expression d’une violence individuelle, longtemps refoulée et qui trouve un terrain favorable à un épanouissement crapuleux.
Les occidentaux ont créé ce terrain favorable au Proche-Orient. Le fondamentalisme musulman n’est que l’exagération des exactions des sectes aux Etats-Unis. On se souvient de Manson et de ses fidèles, des suicides collectifs sur ordre des gourous. Il y a bien d’autres exemples de l’exaspération religieuse et de son produit le plus abouti : le terrorisme.
La possibilité d’une tentative criminelle de ce type en Belgique aggrave la paranoïa du propriétaire. «Du palais d’un jeune lapin, dame belette un beau matin s’empara », on y relit du La Fontaine… Le premier occupant, est-ce une loi plus sage ?
Nous tombons dans le cercle vicieux du violent qui par la seule publicité de ses exploits rend toute victime potentielle violente.
Les manifestations visibles de la peur ont toujours inspiré ceux qui la provoquent et attiré des vocations.
Les médias, qui feraient mieux de s’occuper des inégalités sociales, adorent proposer à la clientèle des scénarios catastrophes. Ainsi, tiennent-ils un public en haleine à la grande satisfaction de leurs conseils d’administration.
Les récentes lettres de menace à l’encontre de personnages publics font partie de ce jeu de « qui fait peur à qui ». C’est tout bon pour l’audimat.
Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas prendre au sérieux cette lâcheté particulière qui consiste d’écrire à quelqu’un que ses jours sont en danger en omettant de signer, comme il va de soi.
La lettre anonyme n’est pas une nouvelle manière de l’expression d’une haine particulière. Elle est aussi vieille que l’invention de l’écriture. Pendant la dernière guerre, la lettre anonyme a rempli des sacs de courrier dans les « Kommandantur ». Son abondance fit que la gestapo ne la prit pas toujours au sérieux, ce qui évita à plusieurs patriotes les affres des camps de concentration.
Les menaces contre certains parlementaires divulguées par la presse sont de caractère raciste. Elles procèdent de ce mal de vivre particulier qui trouve aussi un exutoire dans la dénonciation des hauts salaires. Le principe est le même.
Le raisonnement est simple : « Mes difficultés proviennent de ceux qui venant de l’étranger saturent le marché du travail ou, dans une autre version, les étrangers bouffent une partie de mon salaire. » ou encore « Bon Belge de souche, je ne vois pas pourquoi je me laisserais diriger par des maghrébins. ». Version contradictoire : celle qui met à nu les souffrances qu’endurent les croyants à défendre Allah, où il est question aussi de verser le sang des infidèles… Et allez donc, c’est pas mon père…
La mort partout… ah ! les braves gens…

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La religion dont on agite les ukases contre les esprits forts ou habités par une religion concurrente sert de justificatif « honorable » au misérabilisme de la pensée intégriste..
Bien entendu en publiant des noms de personnes visées, en faisant de ce fait-divers une affaire d’Etat, non seulement on perturbe les enquêtes, mais en plus on fait indirectement un recrutement parmi ceux que démange l’écriture d’une « belle » lettre anonyme.
Ne doutez pas que les petits vieux de tout à l’heure se mettront tôt ou tard à la lettre anonyme, si ce n’est déjà fait.
Et pendant tout ce temps à crier la haine des autres, on oublie les vraies raisons d’être inquiet en ce début de siècle.
La dérive de l’économie nous menace. Une pensée universelle unique fait son chemin qui crée déjà de multiples dégâts. Cette mondialisation rendra exsangue les petites gens et mettra la démocratie sur la paille.
Et ce n’est pas en se claquemurant et en jetant de l’eau par les fenêtres, comme jadis du plomb fondu des mâchicoulis, qu’on arrivera à bout de cet intégrisme.

19 novembre 2004

Le salaire des stars.

Une récente enquête sur les salaires des vedettes de la télévision a retourné le couteau dans la plaie des téléspectateurs qui furent nombreux ce matin sur Europe 1 à exprimer leur indignation dans l’émission de Morandini consacrée à l’actualité télévisuelle.
Cet étalage des plus gros salaires n’est pas rare il n’y a pas longtemps nous avons eu droit à d’autres morceaux de bravoure qui touchaient les stars de cinéma.
Tout le monde a conscience des disparités énormes qui existent entre les revenus toute classe confondue. Ce n’est donc pas une nouveauté surprenante, sinon que l’alignement des zéros pour personnaliser certains salaires a l‘effet singulier de faire naître ou d’accroître en nous un sentiment d’injustice alimenté par l’envie. Ce dont profitent les agitateurs en haine première.
Il s’en dégage l’impression d’un malaise social. On se trompe sur sa nature. Ce qui est scandaleux, ce n’est pas que Poivre d’Arvor gagne un nombre respectable de fois le salaire d’un manœuvre léger, ce qui est scandaleux, c’est que ce manœuvre léger ne puisse pas vivre décemment de son salaire.
Cette énorme différence si elle n’est que considérée sous la forme du mérite prête plutôt au ridicule et en dit long sur l’état des rapports entre les travailleurs.
C’est toute la valeur supposée des individus qui est en cause. D’Arvor, Chazal et les autres qui sont des journalistes « d’intérieur », lisant en pantoufles sur les écrans des prompteurs
tout ce que leurs collaborateurs et parfois eux-mêmes veulent bien y mettre, sont un grand nombre de fois mieux payés que ceux qui couvrent l’événement et risquent de se faire descendre à Bagdad ou ailleurs et qui nourrissent l’événement de leur travail.
C’est si l’on considère seulement sous l’angle du mérite cette énorme différence, que cette disparité est scandaleuse.

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Il en est ainsi partout. Ce n’est pas le directeur d’ARCELOR à Seraing qui risque de tomber dans un cubilot d’acier en fusion, mais le pauvre type qui gagne bien moins que lui. Mais peut-être bien que le premier possède certains atouts que l’autre n’a pas, comme les études, la naissance, le caractère rare de la profession qu’il exerce au sein de la société, etc.
Cela ne justifie pas que le premier puisse changer de voiture tous les ans, alors que l’autre se demande comment il va payer la facture de fuel de cet hiver.
Il n’y a rien de plus bouffon que d’entendre un artiste connu interviewé par les médias. Il en est très peu qui conviennent qu’ils ont eu une sacrée veine et qu’à tout prendre, il existe dans la profession de plus percutants qui ne sont pas connus, qui ne le seront sans doute jamais ou qui gagnent des clopinettes à des emplois subalternes.
Enfin, il existe des individus qui n’ont pas besoin de prouver leur talent, ce sont les propriétaires et autres actionnaires majoritaires de multinationales, dénommés dans la presse d’avant le reniement du PS, les nantis, les possédants, etc..
La cupidité ne se réduit pas à l’intérêt personnel, mais doit se comprendre dans l’institutionnalisation de notre culture comme allant de soi. Ce n’est pas la valeur intrinsèque de l’homme qui est monnayée dans le salaire, mais la volonté de se mettre en valeur et passer pour « meilleur » que les autres. En matière de télévision et de spectacle le numéraire est accordé selon deux critères : le premier, le plus important est la notoriété, et lorsqu’elle est acquise, le talent vient après accessoirement. Et qu’on ne vienne pas prétendre que pour être connu, il faut nécessairement avoir du talent.

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Curieusement, cet état de cupidité n’est pas le propre d’une pulsion instinctuelle. Par exemple, chez les grands singes, il n’existe aucun instinct d’accumulation.
« L’homme, écrit Hobbes, est un être dont la joie principale est de se mesurer aux autres ; il ne peut donc véritablement se réjouir que s’il dépasse les autres. »
C’est la vanité et non pas l’agrément ou la joie qui nous intéresse. Le statut social est le but final de la moitié des efforts de notre vie.
Nous n’avons pas encore compris que les exemples mis en avant de réussites sociales ne sont là que pour nous donner l’illusion qu’un jour ce sera notre tour. Or, mathématiquement, cela est impossible, d’où ces croche-pieds inutiles à nos semblables qui ne servent qu’à créer une émulation par la frustration dont le système à besoin pour sa survie.
La seule expérience concrète qu’il faut retirer de cet argent qu’on jette par les fenêtres et qui ne sert qu’à quelques uns, consiste à comprendre les relations qui existent entre le gros salaire et le désir de sécurité qui est en chacun de nous, mais que nous ne pourrons jamais combler si nous ne « réussissons » pas !
Une seule catégorie de hauts salaires a des relents de scandale, celle des personnels politiques qui sont censés user avec parcimonie des deniers publics et qui défendent – en principe – des électeurs bien moins nantis qu’eux en leur prêchant l’austérité et la modération des revenus. Lorsqu’on sait qu’ils ont la faculté de proposer à l’Assemblée – c’est-à-dire à eux-mêmes – l’augmentation de leurs rémunérations, on se demande ce qui arriverait si un présentateur du journal de TF1, avait le pouvoir de placer la barre de son salaire à la hauteur de ce qu’il croit être son mérite !
Il y aurait dans les six mois de retentissants dépôts de bilan.

18 novembre 2004

Le wagon de Rethondes.

L’aventure militaire, on n’est pas prêt d’en voir la fin.
Démocratie ou dictature, c’est toujours elle qui a le dernier mot.
Le face-à-face, le bras de fer… c’est le plus fort qui rafle la mise. Ce sport à cent mille ans !
Mais l’aventure militaire se complique L’explication à la loyale… (Enfin, « à la loyale », en 14, l’ypérite, c’était déjà de la saloperie.) c’est une « douceur » du passé.
Le courage que ça devait être « Haut Moyen Age », tout à la main… à la hache !...
On pourrait croire que les civils restaient hors du coup. Esclave à Rome, ce ne devait pas être triste. Enfin, ce n’était pas systématique. On se cachait dans la forêt en attendant que s’arrêtent les sacs, les rapts, les viols… toujours par petites quantités, l’artisanat du crime, faut-il dire. Puis, on revenait sur les pas des gros cons qui partaient.
Après, ça c’est gâté avec le boulet de canon. Le soudard qui tue de loin se sent moins concerné. La balle dans le fusil part quasiment seule…
Les civils qui ont trinqué en 14, ont été plus secoués en 40. Les choses prenaient une tournure moderne… les bombes, l’aviation, l’arrière, les villes réduites en cendre.
On a gagné quoi ? …le triomphe, les médailles, les défilés, la flamme éternelle, les trophées ?
Voyez le train de Rethondes, pleine forêt de Compiègne, le trophée que ça a été les deux guerres !
11 novembre 18, les récits de la presse française et belge dithyrambiques… les plénipotentiaires allemands qui attendent debout, l’humiliation de la capitulation pour l’Allemagne. Les temps étaient si jubilatoires qu’on oubliait les millions de morts, rien que pour voir les Fritz rester debout !

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Puis, après la connerie des Français qui désoccupent la Ruhr, juste pour permettre aux Adolphins de fabriquer les blindages des tanks, voilà, pleine forêt de Compiègne, le 22 juin 40, les Français qui attendent debout à leur tour, l’arrivée de Monsieur le chancelier du Reich et les journaux allemands de fixer cette date historique sur la pellicule, les officiers français de ces gueules ! On n’avait pas atteint en 40 le score de 18, question morts. Qu’on ne s’impatiente pas, 45 au bilan, était en fort boni par rapport à la première.
Dans l’euphorie de la victoire, les Allemands remplirent des trains entiers. Pendant cinq ans ça a déménagé ferme, les biens des Juifs, les œuvres d’art et évidemment le fameux wagon, accroché à un convoi… le symbole dans une gare allemande. Quand on l’a retrouvé, le symbole, il n’était plus montrable. On en a refait un autre, à l’identique, Compagnie des Wagons lits… Visite à Compiègne…
Cette fameuse et « dernière » guerre avait inventé – puisque les civils étaient de plus en plus concernés – la guerre des partisans qui eut son triomphe au Vietnam, au point que les Américains y subirent une défaite dont on parle encore.
C’est dire si les exemples ne manquent pas pour faire prendre conscience aux responsables qu’il n’y a jamais de vrais vainqueurs comme de vrais vaincus.
Peu importe, la plus puissante armée du monde remet le couvert, bat tout le monde sur son passage et, à peine arrivée en bout de course, à l’autre frontière où derrière il y a un pays ami dont les frontaliers agitent des drapelets aux couleurs du vainqueur, de peur d’en ramasser par erreur sur la gueule, il faut déjà qu’elle se retourne pour se redéployer au combat. Cette fois, ce n’est plus l’armée vaincue, puisque celle-ci reprend du service comme auxiliaire de l’occupant, ce ne sont pas non plus des résistants au sens noble du terme, ce sont des voyous sous prétexte de religion qui ramassent des armes jetés par poignées le long des routes et qui décident de faire des actions à leur compte à la fois contre l’envahisseur et la population.
Un truand ne crache pas dans la soupe d’une belle rançon.
A l’évolution rapide, on se dit que les généraux ont bien eu tort de s’attaquer aux civils dès 14, quand on voit le résultat en Irak.
Il faut le dire tout net, les guerres ne sont plus possibles. Voilà bien du gâchis pour les Américains et la plus forte armée au monde !
Que vont-ils faire ?
Quand je pense qu’on a mobilisé trois cent mille hommes pour, au départ, capturer Ben Laden et le mollah Omar ! Qu’on a fini par chercher des poux dans la barbe de Saddam Hussein, sans trouver les deux autres. Aujourd’hui, toujours mobilisée cette puissante armée trébuche devant une poignée d’assassins fantômes, compte plus de morts depuis la fin des hostilités que pendant la guerre face à l’armée régulière d’Irak, on se dit franchement que la guerre ne sert à rien.
Cela fait peur, parce que les militaires sont faits pour la guerre. Leur matériel est fait pour tuer et, toute démocrate qu’elle veut bien nous le faire croire, si l’Amérique se rend compte de cela, elle aura bien difficile de se débarrasser de tout le fourbi sans casse, d’autant qu’avec une Condoleezza Rice, Bush va être tenté d’user le matériel et fabriquer des héros.
Au point où l’on en est, le wagon de Rethondes n’a pas fini de servir…

17 novembre 2004

Les années Tapie.

Avant Tapie, l’entreprise avait plutôt mauvais genre. On connaissait vaguement Frère, Davignon, Vandeputte, Paul Vanden Boeynants – qui faisait le lien entre les affaires et la politique - sans plus. Encore aujourd’hui, les gens qui en ramassent dans les Conseils d’administration ne tiennent pas particulièrement à faire du show. Et puis il y avait la dénonciation du capitalisme comme une activité honteuse.
Avec le surf sur la vague porteuse, le monde politique, en enrichissant ses cadres, a changé du tout au tout. Ce n’est pas une question de stratégie, c’est un virage total, comme une auto qui tourne à un rond point pour remonter la route d’où elle était venue.
Il n’y eut plus d’obstacle à ce que les petites gens adhèrent au capitalisme. Une des plus grandes escroqueries des temps modernes, si l’on excepte le communisme, n’était plus dénoncée comme telle !
L’heure Bernard Tapie pouvait sonner. Les raquettes de tennis Donnay avaient besoin d’un manager dynamique, les Belges firent connaissance avec le grand communicateur européen, juste avant l’américain Reagan.
Sa réputation de « héros » social le précédait. Il avait, en moins d’un lustre, transformé la fâcheuse réputation de l’entreprise. Désormais, elle n’était plus un lieu d’exploitation et d’aliénation, mais une sorte de « challenge » (le mot est resté), chacun pouvait s’y révéler. On allait y travailler comme « chez soi », pour soi. De ce temps, datent les horaires aménagés, le travail à domicile, tout un arsenal séduisant, dangereux et trompeur.
Puis vint la crise de 1987. Les grands projets économiques dans les tiroirs attendirent des jours meilleurs. Malgré les forts taux de chômage, la doctrine socialiste radicale ne reprit pas vigueur. On poussa un ouf de soulagement. La droite avait une dette envers la gauche.
Bernard Tapie représentait le renouveau et l’espoir. Son charisme rejetait derrière lui les caricatures patronales attribuées à ceux qui gagnent de l’argent.
Chanteur glamour, extraverti comme une star de Hollywood, le beau Bernard chouchou des médias et du show-biz retroussait ses manchettes devant un public ravi, venant du fond de la salle suivi par un projecteur pour des émissions du genre « Ambition », il bondissait sur scène comme les présentateurs « maison ». Pour calmer notre impatience, il nous chantait « j’aurais voulu être un artiste ». « Non, Bernard » criaient les minettes, « reste comme tu es. »
Ce type était l’image même du gagnant et du manager fabuleux, le repreneur des situations à la dérive, le défenseur ultime des travailleurs menacés par la sinistrose de leur patron, roi fainéant près de s’évanouir dans la nature avec la caisse.
En ces années de catastrophes industrielles, Bernard Tapie était le dernier rempart !
En Belgique l’entreprise Tapie n’a pas attendu l’effondrement de la star lié à celui du Crédit Lyonnais. L’affaire Donnay se dégonfle. Les personnels sont à la rue, dans une pire situation que s’ils avaient été floués par un patron traditionnel.
Ainsi, la goualante de Bernard n’empêchait pas le désastre ! Pire, il l’accélérait. La fin des illusions provoqua la montée du Vlaams Blok en Belgique et le renouveau d’une droite musclée en France avec Jean-Marie Le Pen.
Mais l’illusion est tenace. Figurez-vous une population qui travaillerait sans illusion, quel esclavage ce serait !... Même le PS aujourd’hui pousse les gens à croire aux salades qu’il combattait avant.

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On est revenu en 1830, les années Guizot… « Enrichissez-vous » de Louis-Philippe, tandis que d’autres météores passent dans le ciel de la finance ; mais venus d’autres continents et tous plus suspects les uns et les autres.
Bernard Tapie à peine reconverti saltimbanque, voilà Jean-Marie Messier qui s’avance, Narcisse grassouillet, pour faire la une des journaux people, d’abord en success-story hollywoodien, puis dans la colonne des faits-divers, tandis que chez nous, les dérapages sabéniens et les tribulations de Vandeputte à la tête de la FEB, liquidateurs d’une piétaille de petits porteurs dans des activités annexes, nous portent à croire que, décidément, le monde des affaires, à part l’admiration que lui voue désormais le PS, est incorrigible.
La suite le dira, nous ne nous méfions pas assez des polytechniciens que le monde des affaires nous présente comme des flèches et des avocats que la gauche et la droite mettent aux responsabilités à notre place.
Il nous reste, en cette fin 2004, à spéculer sur le ténor suivant qui fera pleurer d’émotion jusqu’à l’amphi, les mélomanes chômeurs.
Qui sera-t-il ? Les profileurs le voient déjà remplacer ARCELOR par une entreprise haut de gamme, capable d’effacer un siècle et demi de suie des hauts-fourneaux.
Sera-t-il champion du redressement de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, à l’heure où tout fout le camp dans la périphérie ?
Aussi drôle que cela paraisse, ce messie, d’une industrie qui se délite, est plus attendu à gauche, qu’à droite, ne serait-ce que pour montrer que « les gauchistes » ont tort.
Alors, si vous connaissez un Bernard Tapie, tout aussi flamboyant que l’autre qui pourrait renouer avec le peuple sur les planches du théâtre de la liberté et du commerce, ne manquez pas d’en informer Elio Di Rupo.

16 novembre 2004

Claude François pas mort !

- Encore une… encore une…la dernière !
Kokéko se fait prier. Il se dépense. Il tire sur ses cordes vocales, s’enroue, repart...
- Alexandrie, Alexandra ?
- Non, le téléphone…
C’est sur celle-là qu’on se fout le plus de sa gueule.
S’il faisait seulement la voix de Cloclo, ce ne serait que raté. Mais non. Il se met en position. Les cinq Clodettes battent du cul, rythment le départ. Nous, on voit personne. Elles sont là rien que pour lui !...
Kokéko est une réincarnation… le dalaï-lama de « Salut les Copains ». Claude François, c’est lui, bien avant Poelvoorde.
Réincarner… c’est quelque chose … la recherche, les anciennes bandes d’actu, les gestes, les attitudes, le vocabulaire… se prendre la gueule avec tout le monde, Cloclo était teigneux…. sans oublier les paillettes, les cheveux au blond oxygéné… baiser les Clodettes… comme c’est plus possible, au moins se branler sur les photos de Jean-Marie Périer… un travail…

Avant, Kokéko réincarnait Tino… Tino Rossi… le Corse chantant.
Kokéko a tenu bon six mois… L’absence de public, dur pour un artiste.
« Ô Catherinetta bella, tchi tchi… écoute l’amour t’appelle… tchitchi… faut profiter tant qu’il est temps… han !.... han ! ».
Les films de Tino sont plus montrables… qu’à certains moments… évocations… déjà dépassés en 40-45… Aimos, Raymond Cordy, Pierre Larquey, Pauline Carton. C’est quoi ces gusses ? Les derniers compagnons de Paul-Emile Victor ?
Passade, juste après Tino, Kokéko fit « fou chantant »… il avait la voix vacillante des derniers jours de Charles Trenet, quand l’artiste chevrotait « La mer » et qu’on avait des inquiétudes que la vague submerge.
Kokéko avait perdu la faculté de réincarner ! Il était plus bon à rien…
Un con… alors qu’on avait pas mal bu, Alphonse jeta une parole en l’air.
« Je vais dire, Kokéko, de profil… je dis bien de profil… non, j’ai rien dit, dommage… »
L’autre, vous pensez, tenait plus… un mot de plus d’incertitude, il faisait sous lui.
- Quoi, c’est dommage ?
- C’est, que t’es pas blond… mais laisse tomber.
Alphonse attendait le bon moment pour lancer son char…
- T’es vraiment le clone de Claude François !
C’est assez pour une carrière de schpountz !
Kokéko n’était pas un cador en matière de sexe. Il avait pas la manière… Beau comme mister Hyde, large pour un bain de pied dans une bouteille de coca, facteur pour le compte d’une société de distribution de pub où il gagnait pas de quoi se nourrir… la plus étourdie foutait le camp au palmarès. Pourtant, t’en as toujours une qui refuse de mettre des lunettes… qu’a des vieux disques de sa grand’mère. qu’a entendu parler de l’artiste, qu’est fêlée et qui trouve plus fêlé. Kokéko avait eu sa Mireille Balin. Mais, ces amours-là sont précaires. De Tino à Trenet, la bigleuse avait perdu le cap. Elle s’était barrée pour un imitateur de l’imitateur André lamy.
…..
On revient au Téléphone à Cloclo.
Caprice ! Il fait plus Alexandrie… pas assez pathétique… Kokéko s’accoude au zinc à côté du téléphone. Toute sa gaucherie tombe. Il se compose une tronche « Jésus tombe pour la première fois »… C’est Cloclo le cornet à la main, malheureux, mal aimé, le meilleur…
Miette, la meuf du patron de « La grande vadrouille » pied des terrils… Seraing, farfouille dans le tas de CD, sort l’orchestration.

« Le téléphone pleure quand elle ne vient pas
Quand je lui crie: "Je t’aime"
Les mots se meurent dans l’écouteur
Le téléphone pleure, ne raccroche pas
Je suis si près de toi avec la voix »

Miette est derrière le bar, son Julot caresse les laitues de l’assiette froide à 8 euros dans les graillons de l’évier de la cuisine. On savait pas que c’est une Clodette… pleine concentration. Son oeil pétille. Kokéko a beau être nul en amour, il voit l’effet qu’il fait...
Tout le monde gamberge pour une nuit d’amour avec Miette…. ses longues jambes, façon music hall… sa bouille toute ronde, sympa… sans jamais parvenir. Et voilà ce con de Kokéko qui emballe facile !...
Miette a le regret de l’artiste qu’elle aurait pu être… fancy-fair, gloire passée… sa carrière : deux jours au Centre culturel de Hamoir… elle, c’était Françoise Hardy, le filet de voix… Mireille Mathieu un peu aussi, le temps de rencontrer le patron, salle des fêtes Jupille-hauteur… «Entrrrraînée par la foule… »… mais toujours Clodette pour la vie… une constance.

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Elle donne la réplique… la petite qui fait « maman n’est pas là ». C’est le duo d’enfer. Ils voient plus qu’eux. Ils sont si près l’un de l’autre qu’ils se touchent le visage.
- T’as vu Roger… Kokéko et Miette… I’ s’grimpent dessus !...
Ils résistent plus. Elle l’appelle Cloclo la chanson finie… à se regarder, lui la main sur le téléphone, elle, à l’embrasser devant la clientèle… pleine bouche… farfouille dans ses CD, retrouve Alexandrie, version nunuche. Ils vont remettre ça. Mais non… ils veulent baiser, les vaches… Kokéko fait mieux que Benoît Poelvoorde. Un soiffard ouvre la porte pour les laisser passer… « m’sieu Claude… »… vertige de l’amour.
On en a la berlue. Ils vont à l’hôtel « Mon p’tit plaisir », juste en face… transfigurés… dans le flot des voitures, sans toucher le sol… passage de la mer Morte !... Prodige…
Moi, je te le dis, mec… on ferait bien de se trouver une identité. Ma femme dit que je ressemble à Freddy Mercury. Qu’est-ce que t’en penses ?

15 novembre 2004

ZEUS et moi.

Je n’ai pas la berlue. Les duettistes ont remis ça, les jumeaux de l’Info : RTBf et RTL… rebelote sur l’Islamisme ce dimanche, ses dangers, ses imams, ses foulards, ses modérés et ses cinglés de la gâchette ; pour les uns, de braves gens injustement calomniés, pour les autres de redoutables extrémistes que les imams invitent à manier la kalachnikov au nom du prophète.
Les invités, toujours les mêmes : une Joëlle Milquet invitée aux deux émissions, suffisantes, dégoulinantes de bon sens et championne du monde de lieux communs, les autres bien dans son style, avec, côté musulman, un air de bonne foi indigné, qui fait penser à Monseigneur Daneels quand on aborde le sujet des prêtres pédophiles.
Faisant bon poids, à la jactance CDh, Anne-Marie, telle qu’en elle-même le PS hutois la montre depuis trente ans, auréolée du titre neuf de Présidente du Sénat.
A la station Reyers une seule fausse note, une parisienne professeur émérite et drôlement calée sur la religion islamiste à qui on a fermé le clapet rapidement. L’originalité de ses propos était trop en décalage avec le formol maison. Elle avait pourtant des choses à dire sur les « textes », de ces histoires racontées par Mohammed et sublimées par les successeurs.
Je suis resté jusqu’au bout vautré dans le fauteuil. Je n’ai aucun mérite. En étendant le bras, il manquait encore dix bons centimètres pour me saisir de la zappette.
Quand je me suis réveillé, Milquet rêvait de construire un islam européen. Laurette Onkelinx, magistrate en chef du royaume, y allait de la liste des services qui s’occupent du terrorisme. La surveillance de la bande d’enfoirés qui veut nous nuire s’est améliorée au point qu’on se demande si les écoutes téléphoniques, les contrôles des sites Internet et les Dupont-Dupond qui apprennent l’arabe pour se déchausser le plus vite possible dans les mosquées, s’ils n’induisent pas à la retenue le prêt-à-porter de la dynamite, arrêteront au moins la démocratie.
Et toujours pas l’érudite française chargée de nous éclairer sur les versets du coran qui aurait pu colorer le débat et que le speaker de service feint désormais de ne plus voir, dame, il tient à sa place, le pauvre. Il a sans doute des enfants à nourrir, une carte de visite de journaliste à étoffer, une maîtresse qui refuse d’enlever son tchador pour faire l’amour, qui sait ?… C’est le destin de ce pauvre type qui aurait pu être intéressant.
Au lieu de quoi, la plupart des imams viennent de l’étranger, pour eux pas de contrôle. Ils sont jeunes, beaux, barbus et ils nous font la vie dure, tant que nous n’aurons pas voué un culte à Khomeiny.

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On n’a pas osé faire un rapprochement avec nos prêtres, vieux, peu nombreux et pédophiles, tant notre religion d’Etat n’est plus qu’un épouvantail pour les Te Deum et la bénédiction des chevaux et des chiens à la Saint-Hubert.
Comme de bien entendu, du panel avaient été écartés outre l’érudite, quoique toujours là pour le décor, tous les laïcs de Belgique, et ils sont nombreux, que ce genre de débat emmerde profondément, tant il semble que les curés de quelque religion qu’ils soient, rabbins, imams, directeurs de conscience, scientistes, Moon et Mormons, ne sont jamais arrivés au comique de la religion du père Antoine qui était la seule vraiment à nous faire rire et qu’il faudrait protéger au titre de patrimoine de l’humanité.
Pour le reste, toutes les religions me hérissent le poil. Je ne conteste à personne le droit d’aller faire des mômeries sur un prie-dieu ou à plat ventre, à se taper la tête au mur ou à se masturber avec Krishna. Je me fous qu’on construise des bâtisses en forme de croissant ou de croix, qu’on voie les servants aller et venir sur des estrades, habillés de dentelles de Bruges, qu’ils le fassent où ils le veulent pourvu que cela soit hors de ma vue. Cela à une condition, qu’ils renoncent à leur prosélytisme et qu’ils cessent de m’importuner de leurs racolages.
Je n’ai rien à demander à leur dieu, moi, sinon qu’il s’agite un peu pour les calmer, comme il a calmé les cathos après les croisades, qu’il administre des sédatifs à Bush qui en a bien besoin, qu’il calme le goût de la terre promise dans les synagogues quand il s’agit de la terre des autres, comme il devrait rassembler par paires toutes les babouches afin que les déchaussés puissent retourner chez eux, vite fait et sans scandale, sans la paire du voisin.
A part ça, que les matrones de ces grandes consciences se voilent ou se dévoilent, se fassent lapider pour un amant dans le placard, ou accepte que leurs bonshommes après une partie de dominos, se tapent une autre gonzesse tout aussi voilée, mais plus ardente au cul en fin de ramadan, je m’en fous, complètement. Sinon, comme le fait remarquer Valérie Toranian dans son dernier livre, que le port du voile a peu à voir avec la religion et beaucoup avec la volonté de réduire la femme musulmane à l’état d’objet.

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Que l’atteinte aux droits de l’homme commence par les droits de la femme, c’est leur affaire… du moment qu’ils n’exportent pas leur sexisme sous mes fenêtres et qu’ils n’obligent pas ma perle d’orient à cacher ses formes rebondies sous des mètres de drap, au nom d’Allah.
Que les cultures différentes, les mariages mixtes, les nuances de concepts émeuvent les permanents des centres culturels, je n’ai rien contre…. si les dévots ne me dérangent pas dans mes lectures, que je puisse voir mon théâtre, écouter de la musique baroque tranquillement, en buvant un verre d’alcool, sans me demander si je ne vais pas être arrêté, accusé d’antisémitisme parce que je pense que Sharon est un type dangereux et de menées sionistes, si j’affirme que beaucoup de barbus de l’autre bord sont d’affreux racistes, et, enfin, si la brigade Onkelinx ne ferme pas mon blog pour les propos de liberté que je tiens, sous prétexte qu’il porterait atteinte à l’honneur des religieux, que voulez-vous que je vous dise : je me fous de leur baratin. De toutes manières, si Dieu existe comme ils le croient, vous pouvez être sûrs qu’il n’est pour rien dans leurs salades !!!

14 novembre 2004

Et Dieu créa Wonk.

(traduit du mandarin)

- Nous sommes de Stekeneke, capitale de 48/50-5115 lat et 2/2,6 – 20 – 4 long..
Pour ceux qui ne sont pas allés à l’école, rappel historique.
Situation avant Monsieur Wong.
2000 Etat belge depuis 1830.
2012 Création de la Ménapie
2013 Guerre de conquête de Bruxelles.
2014 Défaite des Francons et repli de ceux-ci au Sud, capitale Houffalize. Occupation de Bruxelles par la Ménapie en mars. Annexion en septembre. Génocide des Francons.
2018 La Ménapie sous eau.
2020 Invention du mur de glace. Les eaux sont vaincues. Mais la Ménapie est affaiblie et un coup de force des Francons reconquiert Liège et les Fourons.
2031 Paix de Fexhe-Le-Beau-Nocher en janvier. Entrée des Turcs en Ménapie en décembre.
2038 Mort de Anne-Marie Lizin-Arafat petite fille du prophète. Constitution d’un seul Etat européen la Jobardie.
2049 Décision mondiale de changer les noms des pays et des villes en indications géographiques. Défaite en juillet du roi de la compression du plasma vaincu par le consortium mondial des Agents de change.
Début de la mondialisation Wong.
2051 Prise de Washington : 37-4712 lat sur 2,2-37-6 le matin du 11 septembre par les troupes mondialisées de Monsieur Wong.
2052 Gouvernement mondial unique. Monsieur Wong obtient 99 % 9 au suffrage universel et est nommé président à vie.
2053 Abolition des langues. Le mandarin (chinois de lettrés) devient obligatoire pour tous les citoyens du monde. Le 49-0002 (Anciennement Anvers) s’insurge et refuse le mandarin. La ville est rayée de la carte, par la brigade volante universelle de Monsieur Wong. Création d’une frontière linguistique autour de cette ville rebelle.
2059 Paix Universelle grâce à l’ouverture en Sibérie d’un camp de rééducation pour les dépressions nerveuses. (Huit millions chaque année rien que pour la zone 35/60-5050 long 1-3-2020 lat.

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- Bonjour, on est deux journalistes de 48/50-5115 et on voudrait interviewer Monsieur Wong pour notre journal le Petit Stekene-Wong illustré. - Vous avez rempli les formulaires ? -Oui. -Référence ? - Wong extra, chap Gloire à. Div. Mondio/mondieu, départ de la culture en Wong. 63890bis. - Bon. Douzième étage, porte 786, clone de monsieur Wong 7645, débat 15 minutes. ….. - Béni soit Monsieur Wong en votre grandeur… -Abrégez, mes enfants, je ne suis que la reproduction parfaite de Monsieur Wong, matricule L 7645. -Nous voudrions savoir pour le Petit Stekene Wong illustré si la production mondiale d’abat-jour, dont notre petit périmètre a la charge universelle, est satisfaisante et pourquoi on ne nous confie pas les franges d’ornement et les bordures métalliques ? - Nous avons le 46-2328 qui produit plus de franges d’ornement et le 46-2329 plus de bordures métalliques que vous ne fabriquez d’abat-jour papier et tissu. Vous êtes donc en déficit de production et vous devriez faire un effort. Nous avons déjà l’année dernière déporté en Sibérie un fort contingent du 46-2328 qui produisait trop de franges d’ornement. Cette fois, nous pourrions remplacer vos producteurs peu rentables que nous enverrions en stage de steppe pour dépression nerveuse caractérisée par des milliers de jeunes du 14/16-5050 qui ne demandent qu’à travailler pour moins d’un demi Wong par jour ! -Merci votre grandeur de cette réponse très construite et remarquablement pensée. -Abrégez. Une autre question ? -Au comptoir mondial des comptes, 50 trillions de Wong, moins 30 trillions d’entretiens de la planète, cela ne fait pas 10 trillions à partager en salaires des populations, mais vingt ! Où sont passés les 10 trillions de Wong qui n’apparaissent nulle part ? - Mes enfants, les 15 minutes d’entretien sont dépassés de 5 secondes. Le règlement est très strict, vous le savez. Envoyez une nouvelle demande en 39 exemplaires à Wong service par DHL-Wong produktie et si vous avez de la chance, peut-être que dans dix ans nous aurons encore le plaisir de nous voir.
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-Merci votre honneur de la grâce qui…
- Abrégez, mes enfants… Vous avez la bénédiction de Wong. Passez au bureau du rez-de-chaussée pour avoir un morceau de bois béni du lit de Wong.
….
-Dis Simone, t’as entendu ? Ces cons me demandent des comptes ! Arrange-toi de les faire embarquer à l’aéroport pour les caves de la boucherie Simon et Simon. Je ne veux plus voir ça traîner partout et foutre la merde.

13 novembre 2004

La mort de Yasser Arafat.

Les hommes n’ont d’importance aux yeux des foules que dans la mesure où ils passent pour les incarner parfaitement dans l’adversité. Comme on s’identifie aux héros de cinéma, on s’identifie à ceux qui nous gouvernent surtout s’ils ont traversé des épreuves qui les ont fait ce qu’ils sont.
Ils semblent vivre pour nous et lorsqu’ils meurent les gens se sentent orphelins.
Cet attachement au chef vient du fond des âges, lorsque les éléments extérieurs au clan étaient autant d’objets dangereux utilisés par d’autres clans hostiles.
Arrivé à ce stade d’organisation sociale, on ne sait plus si le chef transfiguré en « père de la nation » est encore un homme ou un demi-dieu. Son passé, sa légitimité, les entreprises parfois hasardeuses et pas toujours réussies dans lesquelles il a entraîné son peuple sortent du jugement commun, toute critique lucide étant impossible.
Tel a été Yasser Arafat.
Il est donc très difficile de porter un jugement sur lui dans la mesure où il ne sera jamais qu’interprété dans la passion du moment.
Son successeur, s’il suit le même chemin – il n’est pas question ici de décider de l’avenir des autres, mais du sien propre – devra naviguer quelques temps dans la défiance générale, tant le culte des héros, s’il n’est pas utilisé adroitement par le nouveau raïs, ressemble presque toujours à une marque de défiance envers le pouvoir suivant.
C’est à l’épreuve du temps, à l’habitude de voir le chef aux grands moments de l’histoire de la Nation, qu’une familiarité amoureuse naîtra alors entre lui et le peuple qui, par le même effet, perdra peu à peu jusqu’au souvenir de l’ancien pouvoir.
Alors, le nouveau pourra se déterminer à créer véritablement l’événement au point de dire et de faire le contraire de son prédécesseur, sans que cela choque le moins du monde.
Quant à nous, Belges et démocrates, la mort de Yasser Arafat projette nos complexes et nos désirs à la une de nos journaux qui, à leur tour, nous renvoient nos propres rêves et illusions. Le président des Etats-Unis s’est mis en tête de faire une démocratie de l’Irak. N’en doutons pas, nous voulons qu’il en soit ainsi du futur Etat palestinien que Bush promet au peuple asservi par Israël d’ici la fin de son deuxième mandat.
Or, il n’y a pas un seul chef d’Etat arabe qui soit issu d’élections libres au suffrage universel.
La Syrie, la Libye, l’Egypte, la Tunisie, le Maroc, l’Algérie, le Liban, l’Iran, les Emirats du Golf, enfin tous les pays du Proche et du Moyen-Orient ont tous à leur tête des chefs d’Etat venus aux affaires par la force des armées, l’hérédité ou le trucage électoral.
C’est un constat facile à faire.
Le pouvoir qu’ils exercent ménage les « roitelets » intérieurs par les cadeaux » aux tribus, aux familles, aux généraux. Il en a toujours été ainsi. Et si Yasser Arafat est resté si longtemps au pouvoir, c’est parce qu’il a fait comme tout le monde. S’il ne l’avait pas fait, il y a déjà très longtemps que personne n’en parlerait plus.
Aussi, quand ses détracteurs affirment qu’il s’est enrichi personnellement, on cite une fortune d’1 milliard de dollars, il faut en rabattre de beaucoup, tant il devait redistribuer l’argent qu’il percevait de la Communauté internationale en fonction des nécessités du moment.
C’est ainsi que les habitants de ces pays vivent, qu’on le déplore ou non.
Il faut être un inconscient fou de dieu comme Bush pour imaginer que des élections libres et non truquées vont faire un pays démocratiques de l’Irak. Ou alors, ces élections se dérouleront comme à Kaboul. Nous aurons la certitude d’avoir contribué à la création d’une démocratie nouvelle, alors que nous serons la risée de tout le monde arabe.
N’en doutez pas, il en sera de même pour le futur dirigeant palestinien.

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Si l’Europe qui doit aussi jouer sa partie pour le bon déroulement de la succession de Yasser Arafat faisait preuve de pragmatisme, elle n’aurait qu’une seule idée en tête : faire élire ou par tout autre moyen faire accéder au pouvoir un Palestinien qui ne serait pas un intégriste et qui penserait que le peuple palestinien a assez souffert pour négocier une paix avec Israël. La plus mauvaise paix négociée est encore cent fois meilleure aux souffrances de l’occupation que ce malheureux peuple endure. Puisque la Communauté internationale a condamné les Etats-Unis et Israël solidaires dans leur politique, mais que cela ne suffit pas à impressionner la puissance américaine à l’abri de laquelle les Israéliens se moquent des Nations Unies et du reste du monde, il convient donc de réclamer la paix des braves afin de panser les plaies d’un peuple martyr. Sinon, le massacre va continuer, les colons vont poursuivre leur grignotage, le mur va s’achever et le peuple palestinien à genoux perdra jusqu’à sa capacité à s’organiser en nation souveraine, même sur un territoire réduit. Et tout cela devant l’impuissance des Arabes à s’entendre et la pusillanimité des européens vis-à-vis des Américains. Les actes criminels que des partisans armés poursuivent contre les Israéliens, même s’ils sont compréhensibles dans l’état d’esprit actuel et qui peuvent être considérés comme des répliques aux crimes et exactions de l’armée israélienne, sont en définitive des crimes monstrueusement inutiles, nuisibles au peuple palestinien lui-même. La rébellion vue sous cet angle ne peut conduire qu’à la ruine et la désolation de tout un peuple, qui, au lieu de le laisser debout, le précipitera à terre plus sûrement que les tanks de Sharon. Si ce peuple veut un jour redresser la tête, il doit couper l’herbe sous les pieds de ses extrémistes. C’est une question de bon sens. C’est une question de sagesse.

12 novembre 2004

Délectation de l’Amérique.


Détestation de l’Amérique avait été le propos d’un blog bien avant les élections américaines.
Délectation de l’Amérique veut dire exactement le contraire et je m’en inquiète.
Avec la réélection de Dobeliou, c’est toute la rancœur qui remonte du fond des cœurs et des consciences en Europe.
Même la presse idéologiquement proche d’Israël et par conséquent des Etats-Unis se laisse aller à des nostalgies du genre « l’Amérique, c’était mieux avant. » Avant quoi ? Le Vietnam, le 11 septembre ?
Le contentieux de plus en plus considérable qui divise les démocraties grandit à propos de la plus puissante d’entre elles.
De la non signature des accords de Kyoto, aux refus d’arrêter la production de mines antipersonnelles qui blessent et tuent tant d’innocents aux marges des conflits, il y a cet effréné gaspillage des richesses naturelles non renouvelables. Où nous conduit cette course aux performances qui génère des profits jusqu’à plus soif des multinationales, sans tenir compte des conséquences ?
La moindre des choses, c’est de réfléchir à l’appauvrissement constant en eau potable par la pollution des nappes phréatiques, même aux Etats-Unis, l’arasement des terres riches, les avancées du désert et les dévastations des zones rurales par des exploitations minières.
Au point de vue politique, la foi religieuse affichée ouvertement par le président Bush et par ben Laden, son contraire, comme un moyen de gouvernement prend les démocrates laïcs au dépourvu. Le résultat en Irak ne s’est pas fait attendre. L’illusion, que cette croisade se fait au nom de la démocratie, est de moins en moins partagée des deux côtés de l’Atlantique.
Un tableau effrayant a été fait de nombreuses fois par des spécialistes dignes d’intérêt. Des études sur les catastrophes qui se préparent sont publiées aux Etats-Unis, de sorte que personne n’en ignore.

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Il y a en Europe, sans trop fouiller dans les consciences, des gouvernements qui partagent les vues des savants et des chercheurs, sur ce modèle américain qui nous conduit dans le mur.
Comment se fait-il que personne ne fait la connexion entre ce constat et le fait pourtant clair, indubitable, que cette somme d’horreurs est le résultat du système économique capitaliste dont le moteur est la recherche du profit aux moindres coûts d’exploitation ?
Comment se fait-il que nos gouvernements conscients de cette nuisance ne veulent pas démordre d’une ligne de conduite assez simple qui consiste à accompagner ce système jusqu’au bout, même si d’aucuns veulent en atténuer la néfaste progression ?
N’y aurait-il qu’une chance minime qu’il existât une autre façon de vivre qu’il serait criminel de ne pas l’expérimenter. Or que voyons nous ? Un accord général à l’économie de marché, aux folies productivistes américaines et aux spéculations.
Dans la mesure où le processus de désertification et de destruction de l’environnement est inéluctable et qu’il n’y a plus rien à faire, ne serait-il pas normal que nous en soyons informés par nos dirigeants, sans pour autant qu’ils cèdent à la panique ?
Cela devient surréaliste les débats que nous avons sur la création d’emplois dans de pareilles conditions, des pénalisations des chômeurs et des conflits comme ceux de DHL où finalement cette entreprise ira polluer ailleurs ; mais ce faisant ne règlera pas les pollutions afférentes à son busines, qu’elle s’agrandisse à Leipzig plutôt qu’à Bruxelles.
Qu’est-ce que l’avenir et les grands discours sur les thèmes d’accroissement de la productivité, du désir de pousser le PNB à deux, voire trois pour cent, sinon le sinistre aveu que plus vite progresserons-nous, plus tôt nos successeurs et peut-être nous-mêmes mourront sur une planète que nous aurons désolée à jamais.
Je regrette que ce rapprochement, de la cause à l’effet, des programmes économiques et des programmes politiques n’ait jamais eu lieu, afin d’en tirer des conclusions raisonnables.
Nos gouvernants sont bien aussi médiocres que nous le croyions avant le onze septembre.
Il reste un vœu à faire. Que nous ne souffrions pas trop au stade terminal de la raréfaction de l’environnement essentiel que notre planète nous offrait généreusement et que nous saccageons; qu’au contraire, un fou de génie nous délivre des lentes agonies par une trouvaille qui supprimerait tous les humains d’un coup, d’un seul.
Ainsi nous laisserions une chance aux autres espèces que, sans cela, nous entraînerions dans notre néant.

11 novembre 2004

Les bobines à Julos


Tout un quartier était off limits pour Ducon. Il avait été interdit de séjour par quelques pointures qu’aimaient pas son côté frimeur. Personne le savait, même pas moi. On n’ignorait pas qu’il avait eu des misères. Quant à ne plus mettre la pointe du soulier passer une limite, c’était autre chose.
Il y a ainsi des interdits qu’on soupçonne pas. A force d’étrenner des vestons d’alpaca ou des santiags Marlboro, vous tombez un jour sur un balaise qui vous dit « T’as plus intérêt à passer rue de la Pompe. » Tricard à l’intérieur d’un périmètre, tu te demandes si ta vie n’est pas ailleurs. J’ai connu un Lefloche, qui avant d’être réduit en farine à Robermont, avait été banni de la place Maghin à l’Eglise Sainte-Foi… son bien sous séquestre … une sorte de passion d’un plus branque que lui, venu de nulle part avec la conviction de pas y retourner, pour une Josette de Marseille et qu’avait plus jamais eu les moyens de mettre un cierge à Notre Dame de la Garde. Ça avait été au plus féroce. A ce jeu-là, celui qu’a rien à perdre gagne toujours. Josette cotisait pour Lefloche chez Dexia, une sorte de prime tous les quinze jours, rien que pour promener un labrador aux Coteaux de la Citadelle.
Ducon, lui, avait créé son affaire à coups de batte de baseball. Sans jamais lire une ligne, il était toujours fourré dans un troquet pas loin du Journal La Wallonie du temps où Gillon apprenait l’alphabet à la plume Ballon.
Ducon m’expliquait ce jour-là, à la terrasse du Bronson, qu’il avait des problèmes orthopédiques, qu’à partir d’une certaine rue, ses pompes secrétaient une patex spéciale de la semelle. Il me demandait le service d’aller chercher une enveloppe chez une certaine Yvonne.
Je sortais d’une école pour faire ingénieur. J’en voulais comme Boris Vian à jouer de la trompette dans les caves. J’ai jamais connu personne depuis avec un diplôme aussi mal approprié à la personne que le mien. Y avait un hic : je jouais pas de la trompette. Je jouais de rien, sauf du porte-plume, instrument qu’était très mal vu à l’époque. Ô pas comme aujourd’hui, mais c’était déjà fort mal payé. Faire tout pour pas entrer dans le système était ma devise. Chercher une enveloppe chez Yvonne avec mille balles pour la course m’allait comme un gant.

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Je la connaissais un peu Yvonne. Une carcasse en deux morceaux, un rien vulgaire par-dessus, par-dessous, drôlement large des hanches, avec des cuisses de sumo légèrement bleutées par des problèmes veineux, mais qui se terminaient heureusement par de belles gambettes et un pied bien cambré. Une gueule passe-partout, un nez un peu fort et de grands yeux vairons qui avaient l’étrange propriété de s’assombrir quand elle s’emballait pour un méditerranéen, ou s’éclaircir quand elle en pinçait pour un scandinave… mimétisme de l’amour !... Elle était surtout connue pour tomber dans des mélancolies à l’évocation de ses dix-huit ans, quitte à repartir dans une jactance borderline avec des copines dès qu’ensemble elles recarburaient sur du moins rance. Dans ses moments de déprime, tout y passait : les hommes qui, en ménage, bandaient plus après quinze jours, l’inégalité entre les sexes que même troubade ou gouine, elle aurait quand même pas eu le droit à pisser debout, le gouvernement qu’était une fine pourriture (déjà !), la société qui sentait des pieds et, apothéose, l’incroyable connerie de son père qu’avait été une charogne en foutant sa jeunesse en l’air.
La terrasse du Bronson n’est pas précisément à deux pas de chez Yvonne. Je saute sur un bus. Je descends la ruelle, le 21. Hop, je sonne.
D’abord l’étonnement, l’Yvonne, à se fringuer spécial « Terre », avait un de ces pyjamas de plage comme la voilure d’un skipper du « Vendée globe ».
- « Tu fais là ? », qu’elle me reçoit en me remettant tout de suite.
Ça la déçoit que c’est à moi qu’elle ouvre. Je la dérange. Elle se remet un nichon qu’avait tendance à prendre l’air. Elle le transfile dans son corsage en forme de beaupré.
J’avais jamais été partant avec l’Yvonne, pourtant chaudement recommandée par Ducon.
J’avais à peine parlé d’enveloppe que la voilà qui explose. Tout de suite, elle me prend pour le messager aux présages. Elle avait pas tort. Le monde renversé… les pigeons qui demandent à croquer ! C’est comme si un bougnat vous filait mille balles avec son cantal !
Le nom de Ducon la met en transe. Sa voilure qui se gonfle lui jette carrément les nibars à l’air. Ça n’a plus l’air de l’intéresser, tant sa rage monte.
- Ah ! la commission… il manque pas d’air la fiotte. Il me protège comment des tigres du Caucase, des ours du Korabi, des entubés de Shköder ? T’as pas honte de dépouiller une veuve, hein, crapule, qu’elle me fait en pensant que c’est inutile qu’elle agonisse Ducon, qu’est tranquille à la terrasse du Bronson à attendre l’enveloppe devant son troisième Pernod..
Elle a pas l’air, Yvonne, mais à l’obstination, y a pas meilleure. Je l’ai vue envoyer des gnons à une femme enceinte en cabine chez le gyné. J’étais déjà en mission de surveillance.
Elle me prend par le col, me souffle une haleine que je suis bon pour le plan de trois mois.
-Plus lâche que tout, les complices, qu’elle gueule dans la ruelle, que déjà les pensionnées du turf sont aux fenêtres… A deux contre une faible femme !... Escroc, maniaque, balance…
Plus il vient du monde, plus ça l’excite. Les vieilles approuvent, elles connaissent… complicité de bidets…
Dans sa colère, je voyais les postillons qui filaient dans un rayon de soleil comme des balles traçantes un soir à Bagdad de la démocratie américaine.
Tout à coup, une vieille gueule « V’là Radhir ! ». Le nom arrête tout. Les fenêtres se referment, sauf la matrone du guet, qu’avait un nichon coincé dans l’embrasure. L’Yvonne la seconde avant si téméraire, fait un bond en arrière. Elle réduit la voilure, se drape et saute dans son vestibule. « Fous le camp, qu’elle a le temps de crier avant de fermer la porte, sinon t’es mort ! ». J’ai compris plus tard que c’était pas des paroles en l’air, non pas qu’elle se voulait compatissante l’Yvonne pour ma viande, mais du sang sur le trottoir en face, elle aurait eu des misères.
Je me retourne. Je vois, un gringalet d’un mètre cinquante qu’avance lentement, sûr de lui, plein centre de la ruelle, comme dans un western macaroni. Radhir, on peut pas dire qu’en impose. C’est sûrement à l’encyclopédie de ses exploits qu’il effraie. Il profite de la notoriété.
Je sprinte. Pas pressé, il s’arrête en face du 21, mission accomplie. Dans le fond, son numéro suffisait pour entretenir sa réputation. Il n’avait pas besoin de me buter. Il marchait à l’économie.
Retour chez Ducon qu’entamait son quatrième Pernod, je lui sers ma façon de penser, que c’est pas rien d’envoyer au casse-pipe un innocent.
Vous le croirez si vous voulez, c’est moi qui ai payé les consommations, sans l’enveloppe Ducon était raide comme un passe-lacet.

10 novembre 2004

Ce bon vieil Anatole.

Dépassées les « opinions de Jérôme Coignard » ?
« …si vraiment l’état des hommes est noble en proportion du danger qu’on y court, je ne craindrai pas d’affirmer que les paysans et les manouvriers sont les plus nobles hommes de l’Etat, car ils risquent tous les jours de mourir de fatigue et de faim. Les périls auxquels les soldats et les capitaines s’exposent sont moindres en nombre comme en durée ; ils ne sont que peu d’heures pour toute une vie et consistent à affronter les balles et les boulets qui tuent moins sûrement que la misère. Il faut que les hommes soient légers et vains, mon fils, pour donner aux actions d’un soldat plus de gloire qu’aux travaux d’un laboureur et pour mettre les ruines de la guerre à plus haut prix que les arts de la paix. »
Ecrit en 1893, les Opinions de Jérôme Coignard critiquent une société pas si éloignée de la nôtre. Amant de Madame de Caillavet, Anatole France, fils de libraire, est à la fois de sa condition modeste première et son élévation sociale par la réussite littéraire et sa fréquentation dans les salons de sa maîtresse du tout Paris, un témoin à la charnière d’une fracture sociale qui n’a jamais été réduite depuis.
Que dirait-il, le pauvre, s’il voyait comme les guerres tuent davantage aujourd’hui les civils que les militaires ! Et comme ces derniers emportent l’adhésion des patriotes aux actions qu’ils perpètrent ; tandis que s’ignorent les souffrances des autres !
Dans Crainquebille, il se déchaîne contre la justice.
« …Quand l’homme est armé d’un sabre (symbole de l’autorité. ndrl), c’est le sabre qu’il faut entendre et non l’homme. L’homme est méprisable et peut avoir tort. Le sabre ne l’est point et il a toujours raison… La société repose sur la force, et la force doit être respectée comme le fondement auguste des sociétés. La justice est l’administration de la force… Ruiner l’autorité de l’agent 64, c’est affaiblir l’Etat. »
Le public est à la fois protégé et victime de sa police. Le renforcement de celle-ci - et la crainte des attentats est le prétexte idéal - n’est pas ce que réussissent le mieux nos démocraties.
Dans « L’Orme du Mail », ce cher Anatole s’en prend à l’Etat.
« …sous son humble apparence et des dehors négligés, il est dépensier (l’Etat.ndlr). Il a trop de parents pauvres, trop d’amis à pourvoir. Il est gaspilleur. Le plus fâcheux est qu’il vit sur un pays fatigué, dont les forces baissent et qui ne s’enrichit plus. Et le régime a grand besoin d’argent. Il s’aperçoit qu’il est embarrassé. Et ses embarras sont plus grands qu’il ne le croit. Ils augmentent encore. Le mal n’est pas nouveau. C’est celui dont mourut l’Ancien Régime…
tant que l’Etat se contente des ressources que lui fournissent les pauvres, tant qu’il a assez des subsides que lui assurent ceux qui travaillent de leurs mains, il vit heureux, tranquille, honoré. Les économistes et les financiers se plaisent à reconnaître sa probité. Mais dès que ce malheureux Etat, pressé par le besoin, fait mine de demander de l’argent à ceux qui en ont, et de tirer des riches quelques faibles contributions, on lui fait sentir qu’il commet un odieux attentat, viole tous les droits, manque de respect à la chose sacrée, détruit le commerce et l’industrie, et écrase les pauvres en touchant aux riches… L’Etat touche à la rente. Il est perdu ».
Enfin, dans « L’Anneau d’améthyste », notre auteur rejoint les philosophes.
« …Le labeur est bon à l’homme. Il le distrait de sa propre vie, il le détourne de la vue effrayante de lui-même, il empêche de regarder cet autre qui est lui et qui lui rend la solitiude horrible… Le travail a ceci d’excellent encore qu’il amuse notre vanité, trompe notre impuissance et nous communique l’espoir d’un bon événement. Nous nous flattons d’entreprendre par lui sur les destins… ».

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Anatole France était un libre penseur. Il n’ignorait pas que les religions ont été de tous temps les incitateurs les plus meurtriers de la haine entre les hommes en prêchant… le contraire. Nous en avons encore les pires exemples sanglants devant nos yeux. Il pensait que « le commun des hommes, qui ne sait que faire de cette vie, en veut une autre, qui ne finisse point. Anatole France a été très longtemps une référence dans les partis socialistes et plus particulièrement dans le nôtre, et pas seulement parce qu’il était un franc-maçon et un laïc convaincu, mais parce qu’il incarnait la réussite d’un homme du peuple, brillant académicien et qui avait conservé des affinités avec sa classe au point d’avoir écrit des pages d’une grande justesse de coeur et qui témoignaient pour elle. Les historiens contemporains n’ignorent pas que les discours des élus du POB et du PS jusqu’à une certaine époque fourmillaient de ses citations. Puis, à la charnière des années septante, c’est comme si ce grand homme, ce socialiste sincère n’existait plus. A tel point qu’aujourd’hui vous ne trouverez plus dans aucun discours le sens critique du discours social d’Anatole France. Ne vous demandez pas trop la raison de ce silence. Il est dans la contradiction des faits et un discours de gauche, entre le collaborationnisme et le sentiment de classe. Le PS perd des membres en Wallonie ! Il veut en regagner ? C’est bien simple, que l’on cite à nouveau Anatole France et surtout qu’on essaie de concilier dans les nouveaux discours les faits aux intentions. C’est-à-dire que l’on redevienne tout simplement socialiste. Ce parti a besoin d’hommes de conviction et pas de fonctionnaires en gestion capitaliste.

9 novembre 2004

Evasion.

- Les bateaux, c’est des prix dingues. Les avions, c’est trop dangereux : les papiers, les valises au pèse-lettre, les formalités… vos gueules de savetier de Hammamet. Vous vous rendez pas compte ? D’où vous venez, les étourdis ? Tout de suite épinglés… en orange growing problem Guantanamo… detainees…directly dès un pied sur Kennedy Airport !... ! Le car, trans-Europ, grand départ aux Guillemins, la porte ouverte sur le monde…Pensez, partir rassurés… trans-europ… mes loulous !
- Où tu veux qu’on aille avec ton trans-Europ, râlaient Hisham, Jaafar et Rachid ? Se retrouver d’où on vient à prendre la touriste en levrette derrière le fort pour 5 euros ? Maaddhina au cul avec les sbires de ben Ali ?
C’était Negib qu’avait tout, nos papiers, faux bien entendu, notre oseille pour le travail qu’on lui faisait la nuit à blanchir ses réduits, repeindre et tapisser ses kots, centre ville, vue imprenable, avec toute la merde des chiottes à déboucher tous les soirs ! « Plus c’est pauvre, plus ça chie », s’emportait Negib, à chaque remplacement de tuyauterie.
- Vous en voulez du bateau… des longs cours, fond de calle tout de suite... mille livres un morceau de sucre… à disputer avec les rats. (Negib comptait toujours en livres égyptiennes.)
On savait où il voulait en venir le fellouze. Il était en compte avec les chauffeurs. Il maquait la sœur de Wilhem l’accompagnateur hollandais, une gracieuse qui se faisait les yeux à la suie synthétique et qui se parfumait à l’insecticide Gaucho. Justement, Wilhem était planqué avec une rombière dans la réserve à coca du shopping de nuit « L’Etoile du Caire »… une nostalgique de cinquante balais qu’avait peint la queue en bleu d’un prof de l’Académie au quat’zarts liégeois de 74, avant de se lancer dans l’autodidactisme à fond la moule…c’était Baby Lone. Il l’avait poinçonnée au-dessus de la cuvette des wc du trans-europ d’agrément entre Castellamare et Sorrento l’autre saison. Depuis, elle faisait reliure au chalumeau ses couilles en or massif… une réussite inespérée pour Wilhem… une nouvelle façon de voyager… A soixante piges, le gaillard fonçait vers les quatre planches de la vitesse de ses cent vingt kilos de pulsion sexuelle irrésistible, aidé par Baby.
Il avait besoin de nos ronds pour évacuer gracieuse. Le mari de l’artiste était en fureur. Il avait un fusil de l’armée des Indes type Mountbatten. On savait pas ses réactions… Negib était quasiment le beauf du gros Wilhem. On voyait se dessiner la fine équipe. On montait dans son trans-europ à Liège, on descendait à Arlon entre deux gendarmes ! Entre-temps, le blaireau récupérait nos malles pour se barrer avec l’artiste du côté d’Istanbul où elle pouvait encore sucer dix ans dans les maladreries.
- Ah ! vous pouvez pas partir en bateau, en avion, mais vous voulez partir… plus que la solution Wilhem. En Italie c’est plus cool. Berlusconi est toujours au pourboire. Je sais pas comment ça se dit en italien… pecunia ? pourlicho ?... Là, vous aurez tous les papiers, tampons, cachets, tout… je connais un bon faussaire à Vérone. Wilhem vous laisse à Rome, vous remontez un peu. Vous y êtes. Une promenade de deux jours. Des jeunes gens en vadrouille, l’aventura…
Negib pousse sa chansonnette à faire faire une fausse-couche à la femme de Charden…
A l’agitation, Negib exprimait des odeurs, de ses profondes fragrances du fond des âges... noix de coco, sperme de babouin et aisselle d’un foudroyé par Ebola !...

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Il avait l’argument péremptoire : nos papiers, l’argent de notre sueur, une haleine de chamelle en rut et une matraque en caoutchouc type émeute policier new-yorkais dans le tiroir entrouvert devant sa panse. Dans la réserve la pute à Wilhem changeait son tampax, le gros nous barrait la vue de ses abysses en fusion. Il avait le souffle court et tripotait dans sa poche droite soit ses couilles, soit un casse-tête, au choix.
De toute façon on était grillés partout. On s’était fait un en-cas sur des factures de plomberie. Tôt ou tard Lajoie Père et Fils allait voir Negib. Ça allait saigner. La vache, il nous aurait dénoncé à l’Inspection du travail. Il aurait peut-être touché une prime pour avoir fait son devoir.
- « Ecoutez les enfants… » il nous balance ses remugles sous la tronche, quelque chose comme les chiottes de tout Pierreuse au collecteur sous les fenêtres de Michel Forêt… « Je comprends la jeunesse. » Voilà que ça lui rappelle quelque chose, il plonge la main sous la poche revolver du pantalon, un morpion englué dans la merde et qui crie au secours agite ses pattes et chatouille le commerçant. « Impulsion, forts besoins, j’ai connu quand j’étais pêcheur sur le Nil, avant Assouan, Wilhem, c’est un brave cœur. Il comprend qu’on peut avoir des envies… Baby Lone peut vous rendre service… pour pas cher…
Wilhem s’écarte un peu, qu’on voie la marchandise. Une fleur à mouches… même à la double capote on prie pour pas finir dans les angoisses du résultat à la clinique de l’Espérance…
On s’est regardé, tous les trois, Arlon, les gendarmes… on pouvait les baiser, puisqu’on passait pas par la Suisse, mais qu’on descendait sur Menton, San Remo, caprices des trans-Europ,
On pouvait se barrer à l’escale pipi à Luxembourg où Wilhem touchait d’un fast-food et rattraper la tournée à Sedan, par là ?
On a remercié pour Babylone… Juré qu’on tenait encore à la vie… que c’était pour une autre fois… qu’on avait pas envie vu les circonstances… On a dû payer quand même trois passes, avant de grimper dans le tas de ferraille ! On aurait pu vexer la dame !

8 novembre 2004

Maïeutique d’une mort annoncée.

Ou l’art à la RTBf et à RTL d’accoucher les esprits le dimanche matin.

Il s’agit évidemment de la mort de Yasser Arafat, annoncée puis infirmée dans des communiqués tout au long de la semaine.
« Mise au point » côté RTBf, « Controverse » côté RTL, des émissions jumelles, sur des schémas calqués, comme co-produits..
C‘est fréquent chez nos augures de travailler à l’identique.
Le tout a lieu en différé, à cause de la crainte d’un dérapage ou d’un incident, tellement redouté dans les rédactions. .
Heureusement, pour les participants qui n’ont pas à se demander où leur image de marque serait mieux mise en valeur. Pour certains qui aiment se disperser, ils sont dispensés d’un choix cruel, ils vont aux deux !
Les réalisateurs, sur des charbons ardents à cause du politiquement correct des coincés du régime, sont à l’abri des surprises.
Evidemment, le direct serait un exercice d’une autre dimension. En seraient-ils capables ?
Nous voilà parti pour une heure sans surprise. En zappant d’une chaîne à l’autre, on entend les questions sur la RTBF et on répond sur RTL.
Ce dimanche, ils en étaient à supputer la mort prochaine du vieux lutteur.
Même le délégué inévitable d’Israël était là afin de rassurer la Communauté juive de Belgique. C’est un peu comme si on annonçait le futur décès de Vladimir Poutine et que Dobeliou Bush enverrait Colin Powell à Moscou pour régler la cérémonie des funérailles.
C’est clair, Sharon ne veut pas que son ennemi préféré Yasser se fasse enterrer sur l’esplanade des mosquées à Jérusalem, lieu qui est toujours, malgré les tanks israéliens, une terre palestinienne !
Puis on est venu sur d’autres « facettes » de la personnalité en instance de départ, mais accessoirement, à regret presque, comme si la vie ne se terminait pas, pour les admirateurs, par la mort des chefs d’Etat ; par contre, pour les détracteurs, c’était comme si c’était fait.
Les sympathisants d’Israël tressèrent pourtant des couronnes au « presque » disparu. Il est de bon ton de se montrer unanime quand l’ennemi décède. Ainsi on se grandit soi-même et ça ne coûte rien.
On se serait cru à l’enterrement de ma tante Cory, qui ne fit l’unanimité de la famille qu’au cimetière, après un demi siècle de controverses.
Quand va-t-on cesser à la télévision de produire ce genre d’émission convenue ?

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Les propalestiniens n’étaient pas en reste. Josy Dubié n’en était pas encore revenu d’avoir serré la main du raïs à la Mokata, un soir de reportage à Ramallah.
Il y a une certaine indécence à touiller l’urne funéraire encore vide.
Yasser Arafat, n’est pas mort, ou alors, s’il l’est, on ne nous l’annonce pas pour des convenances de date et de préparation à l’événement.
Le débat aurait été alors plus intéressant. On se rappelle Franco maintenu en vie artificiellement, Staline dont personne au Kremlin ne voulait annoncer la mort. Cela nous aurait permis de faire une incursion dans les coulisses du pouvoir.
Nos penseurs chargés de nous distraire, ne sachant pas un traître mot de la survie d’Arafat, auraient pu nous dire ce qu’ils pensaient en général des morts différées pour raison d’Etat.
De plus en plus, ces émissions du dimanche matin relisant les journaux de la semaine sont exclusivement à l’usage des débiles légers.
ARTE a des débats d’un niveau bien intéressant avec des spécialistes affûtés, tous les jours de la semaine à partir de 18 heures. Cette chaîne arrive même à intéresser sur des sujets qui ne branchent pas nécessairement le téléspectateur belge.
Le décor est plus simple. Tout le monde est assis à une table en fer à cheval et le présentateur de l’émission, en bras de chemise, est autrement plus calé que ses homologues de nos deux chaînes.
Affaire de talent ? Peut-être un peu. Mais surtout affaire du choix des intervenants que les coincés de chez nous ne peuvent pas connaître. A croire que nos Universités qui se plaignent d’ailleurs de la médiocrité des enseignants du secondaire au vu des redoublements, produisent eux aussi, une belle collection d’imbéciles.
L’enseignement serait-il maudit en Belgique, comme Yasser Arafat en Israël ?

7 novembre 2004

Déconnade au GIRSEF.


L’école rendrait les élèves inégaux, selon Monique Baus de la « Libre ».

Que l’école aggrave les inégalités entre les élèves, c’est évident. Mais dire que le milieu parental et la société dans laquelle vit l’élève ne sont pour rien dans les inégalités, c’est se moquer du monde.
Un enfant à la traîne dès l’école primaire, c’est un signe que quelque chose n’a pas collé au début de sa vie. Il ne faut pas être Freud pour comprendre cela.
Madame Baus tire ses arguments du GIRSEF (Groupe Interfacultaire de Recherche sur les Systèmes d’Education et de Formation).
« C’est le système scolaire lui-même qui provoque les inégalités entre élèves, et non pas les inégalités sociales. »
C’est ce « non pas » qui nous a fait sursauter. Voyons la suite :
« Primo, le lien entre les inégalités de revenus des familles et les inégalités scolaires des élèves à quinze ans, toutes deux ayant déjà fait l’objet d’études antérieures, mais jamais mises en rapport, qui montre la relation entre les unes et les autres, apparaît extrêmement faible, au niveau de l’Union européenne.
« Secundo, les spécialistes du Girsef ont voulu tester la relation entre le caractère intégré ou différencié du système scolaire et l’état des inégalités entre élèves de quinze ans (là aussi, sur base de données existantes mais jamais comparées). »
Fin de citation.
Conclusion identique. Famille à pognon ou famille à problème c’est kifkif pour l’élève !

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C’est simple d’après les Augures du GIRSEF, les enseignants ne valent rien, tout au moins ceux qui ne sortent pas de l’Université, puisqu’il s’agit de tester des élèves des niveaux moyen et inférieur. Ils ne sont pas fous au GIRSEF, Ils ne vont pas scier la branche sur laquelle ils ont posé leurs jolis culs d’intellectuels de première classe.
Et voilà comme, en toute mauvaise foi, on dédouane ceux qui condamnent à l’avance le corps enseignant. De la même manière, on dédouane les ministres qui traitent ces catégories professionnelles par-dessous la jambe.
Ce que la journaliste n’aborde pas à l’intérieur des inégalités sociales évidentes (il faut croire qu’elle-même n’est pas payée à la pige), c’est l’imprégnation du cercle de famille dans laquelle baigne l’enfant et qui a un rapport direct avec les inégalités sociales.
Si les parents et l’entourage sont curieux des événements de société, s’informent et en discutent, jouent d’un instrument de musique, lisent, s’intéressent à la littérature ou à toute autre forme d’art, il est évident que l’enfant issu de cette famille aura l’esprit plus ouvert et sera davantage attiré par les spéculations de l’esprit. Et cela, il n’est nul besoin d’être né dans un milieu favorisé pour le vivre, à la réserve près que dans un ménage à l’aise, cette option intellectuelle sera confortée par la facilité d’accès aux moyens de nourrir cette curiosité.
Il est évident qu’il n’est pas donné à tout le monde d’aller écouter de la musique au conservatoire ou d’avoir un fauteuil à l’opéra, ni même d‘acheter toutes les semaines deux ou trois bouquins dans une librairie, comme d’aller à Paris voir une exposition.
Voilà, chère Monique où se situe le dérapage qui pénalise injustement les classes sociales défavorisées et qui influencera, soyez-en certaine, le jeune mouflet à l’école. Car même si l’enfant est trop jeune pour user ses fonds de culotte dans une salle de concert ou sur un siège de TGV pour Paris ou ailleurs, ses parents qui en reviendront auront acquis un plus qui laissera des traces sur l’intellect de l’enfant.
Vous en connaissez beaucoup, vous, des magasiniers de DHL qui peuvent satisfaire ce genre de curiosité ? A moins que vous ne considériez que cette manière de loisir n’est pas accessible à la classe ouvrière parce qu’elle n’en éprouve pas le besoin parce qu’elle n’en a pas le goût. Mais alors, si c’est votre raisonnement, chère Monique, comment pouvez-vous dire que c’est l’enseignant qui est responsable de tout échec scolaire ?
Enfin les programmes qui favorisent les matheux et crétinisent les autres sont néfastes et tuent l’intérêt à la chose pensée. Avec ce système, on fabrique des élèves moyens en tout, ou si vous voulez, le plus souvent médiocres en tout. Résultat, il est impossible de découvrir des talents uniquement branchés et performants sur une discipline autre que celles qui relèvent des mathématiques. Ce plan catastrophe est vieux d’un demi siècle. Il a tué bien des vocations et étouffé bien des génies. La tendance actuelle est de le relativiser en faveur des langues étrangères, ce qui n’est pas mieux, le principe restant le même.
Il y a bien trois composantes solidaires pour permettre à l’enfant de mettre en valeur ses capacités intellectuelles et donc de réussir ses études..
1. L’école. 2. Le milieu parental. 3. Les moyens financiers dont dispose le milieu parental. On pourrait ajouter aussi sur un plan général un enseignement moins orienté, donc plus ouvert et humaniste.
C’est un vieux réflexe bourgeois de culpabiliser les enseignants.
On évacue le problème récurrent des inégalités sociales qui ne se trouve évidemment pas dans les classes aisées qui font la pluie et le beau temps en Belgique.
Avec de la merde, chère Monique, on ne peut faire que de la merde.
Quand ce fichu pays aura plus de respect pour ceux qui le font vivre, alors oui, les enfants auront tous les mêmes chances et pourront finir chercheurs au GIRSEF, éventuellement, ce qui ne serait pas le meilleur choix, que du reste, je leur déconseille.

6 novembre 2004

Triste fin de l’illustre Gaudissart.

J’avais rencontré Rita Moréa dans un club échangiste où elle désinhibait Polo, son mari. Il se saoulait au Schiedam qu’il buvait à la tasse, tandis qu’une fermière en porte-jarretelle le trayait comme si elle-même était un veau. On était partis sur la pointe des pieds, juste pour rafler la lingerie et la carte bancaire de Rita à l’appart du troisième sur un quai, avant que le cocu reprenne ses esprits et appelle à l’aide son frère, un sacré cogneur.
Il avait fallu que je me tire moi-même de chez la grande Fernande qu’était douée pour les scènes de rupture ; car, elle démolissait toutes les fines excuses, si bien qu’on ne pouvait rompre qu’en lui déclarant que c’était parce qu’on l’aimait trop.
Depuis on vivait ensemble au premier d’un immeuble qui avait eu son heure de gloire dans les années vingt et qui ne tenait plus que par un vantail en fer de la double porte qu’il était interdit d’ouvrir sous peine de catastrophe.
Elle avait plus revu son Polo que de temps en temps, quand il avait envie de pleurer sur la révolution qu’arrivait pas assez vite. Mes avis qu’ils fricotaient encore un peu, histoire de s’entretenir, pendant que je vendais mes bricoles au porte à porte.
On aurait pu rester entre les quatre murs, tant il y avait à voir dans le quartier. Du palier montaient les « vas-y » que la séraphine du rez-de-chaussée bramait à un Turc quand ils étaient au page et les « Tu me fais mal, salaud. » quand ils sortaient de l’horizontalité et qu’ils n’avaient plus rien à foutre de leurs dix doigts. Le Turc comprenait pas un mot de sa dame, sauf, peut-être quand elle gueulait « Nom de dieu ! Isham, ça vient. » et que rien qu’à voir le visage sous lui et au-dessus pour les variantes, il pouvait pas confondre avec l’arrivée d’un TGV. On n’est quand même pas con en Anatolie.
On serait bien restés pour la fin, mais le destin décida autrement.
La fin, c’était le retour prochain du mari, un violent qui finissait un séjour à Lantin.
En face, t’avais un trio à quéquettes, type buse de poêle, avec une « elle » qu’était pour le mariage des homosexuels, le tout c’était de savoir lequel choisir : le plus vieux qu’était le propriétaire ou le plus jeune, qu’était chômeur ? Entre son amour et son intérêt, Bichette se forçait à l’érection sévère qui allait contre son cœur, mais suivait ses commodités locatives.

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Ça devenait homérique le samedi soir, retour du disco. Les deux prétendants s’envoyaient de ces vannes à réveiller le quartier jusqu’au carrefour Saint-Laurent. Le lundi, ça repartait sérieux un à la banque, l’autre sur un banc place Cathédrale et Bichette aux Archives de l’Etat. Ils avaient la semaine pour reprendre des forces à la java suivante.
Mais, c’était la gracieuse de la maison voisine, la femme du tailleur, qui faisait que je me tracassais le poireau quand Rita partait consoler son Polo.
Ce corps ! Cette gueule à vidanger un régiment de parachutistes… Des yeux en trous de bite... En clandé, elle aurait fait une brique tous les soirs rien, qu’à passer devant dans l’escalier… Maquée, c’était tout bonus, cette femme-là, muscles et rondeurs…
J’ai rien vu d’approchant depuis. Mais son vieux avait pas besoin de ronds. Il lui taillait des robes à même la peau. De ces décolletés, de ces fentes jusqu’au derrière ! Son Christian Dior pouvait plus faire autre chose que mater. Alors, il la mettait quasiment à poil sur le trottoir, puis, il s’amusait des automobilistes qui se rentraient dedans.
Rita appréciait le spectacle rien que pour les fringues, mais fallait qu’elle sorte. Elle était de cette sorte de fugueuse qu’avait besoin que les maçons du chantier d’à côté montent au mur à son passage. Inspirer du vice était son truc, une idée de jeunesse...
On allait souvent à l’Atelier. C’était un troquet innommable. C’est pour ça qu’on l’appelait l’Atelier. On s’asseyait parmi les vieux ustensiles, des masques à gaz, des trottinettes et des lampes tempêtes. Tout ça clignotait dans le bruit infernal de la clinquaille que les ivrognes poussaient de l’épaule, mobiles graisseux et insolites. Pierrot-les-grosses-miches changeait les 33 tours de ses deux platines qualité suédoise d’une main, de l’autre, il partait à la chasse aux strings sous les minis.
C’était un hardi collectionneur qui aurait pu aligner des pots de yaourt ou des boîtes d’allumette de son trou à rat jusqu’à la place Saint-lambert... un ancien scaphandrier qui avait conservé l’équipement de l’Ile Monsin. Quand il s’habillait complet, les rigolos se mettaient à la pompe. Un soir, on riait tellement qu’on pouvait plus agiter le levier et que le soufflet bougeait plus. Grosses-miches devenait bleu. Une chance que Rita avait déjà le béguin pour l’artiste. Elle s’était mise au sauvetage.
Pierrot servait les bières sur les établis déjà encombrés des pièces de tracteur, de vieux ressorts, de pinces grippe, de bidets émaillés et de tringles à rideau. On farfouillait à la recherche de la rareté qui manquait chez soi, un joint de robinet, un bigoudi chauffant, sur des airs de Led Zeppelin.
- You loose everything, disait Harriet, une ancienne institutrice anglaise qui n’avait pu résister au vieux cochon et plaqué son rosbif et ses trois enfants. Elle signalait ainsi à son vieil amant qu’on volait tout ce qui traînait. Les clients ramassait n’importe quoi, des écrous en cuivre, un thermomètre Réaumur sans son mercure. Rita est revenue d’une soirée avec le bourre-fion d’une machine à plaisir. J’ai su après que Pierrot le lui avait dédicacé. Elle se le mettait au train pour dormir. Déjà l’ambiance n’y était plus entre nous.
J’aurais parié dix contre un le jour qu’elle s’est tirée, que c’était avec Grosses-miches.
J’avais tout faux. L’heureux gagnant était un ténor… un rital qui s’était pété la rotule dans un match de foot pour seniors et qui pouvait plus faire Rodolphe dans la Bohême à marcher la jambe raide.
Elle a fichu le camp comme elle s’était tirée de chez Polo, vite fait, liquettes et carte de crédit, un jour que j’avais la berlue à force de zyeuter la femme du tailleur.
J’ai cru qu’elle faisait les cent pas place Saint-Denis, derrière Saint-Lambert. Erreur ! Madame quitte plus son claudicant. En récompense, elle reçoit parfois une beigne qui l’empêche de se montrer pendant huit jours… enfin, c’est Polo qui me l’a dit alors qu’il sortait de chez Schumacher avec une escalope de veau pour sa Rita chérie…
Paraît qu’elle aime la trempe. Ça lui fait le cuberdon luminescent… Comme quoi !

5 novembre 2004

Bush dans un fauteuil !...

A notre petit niveau, qu’est-ce qu’on en a à faire de notre opinion sur la réélection de George W. Bush ? Déjà que nos dirigeants ne nous demandent pas notre avis sur la politique qu’ils poursuivent en Belgique, alors vous pensez les Etats-Unis…
D’accord, nous étions pour Kerry, encore que j’ai toujours pensé que c’était bonnet blanc et blanc bonnet (voir les blogs précédents). Nos dirigeants étaient plus « kerrystes » que nous. Non pas que Kerry ait fait un rodéo qui soit venu à nos oreilles, quand il était gouverneur ; mais il avait la cote, nos dirigeants ont toujours eu la fascination des Yankees qui parlent le français. Polyglotte est un label de l’intelligentsia actuelle. Ils en sont là, et nous aussi en raison de notre co-voiturage (Eux devant, nous dans la malle arrière). Les manières paysannes de l’un, sa foi proclamée en Jésus, ses relations avec la famille d’Oussama et les plaisanteries sur son « illettrisme », par rapport à l’autre, issu des meilleurs milieux de Boston, époux d’une polyglotte (encore), avaient fixé le choix de nos éminences.

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Louis Michel, chef de file des vestes réversibles (un parfait polyglotte), était, sans l’avoir formellement dit, un kerryste de la première heure, comme Di Ruppo, son parrain à l’Europe et tant d’autres. Nous, à notre modeste niveau, nous reconnaissons que nous nous sommes gourés, les « caïds », ce n’est pas certain qu’ils le reconnaissent un jour.
Louis Michel, rompu aux volte-face, a trouvé le moyen de dire que pour son deuxième mandat Dobeliou serait indulgent pour les Européens qui ont dit non à l’Irak. Ce qui signifie en langage non codé que Bush allait faire la politique de Kerry !...
Les « intellectuels polyglottes » qui nous dirigent continuent à prendre leur rêve pour des réalités.
Ils sont aussi bêtes que l’instruction publique privilégiant les langues étrangères et les maths pour s’étonner ensuite que nos têtes blondes et les profs de math ne sachent ni lire, ni écrire le français !

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Il n’est pas dit que Bush II reviendra à une politique étrangère plus classique pour recoller à l’Europe, cela pour trois raisons. L’Europe est elle-même divisée sur la question de l’Irak. Bush ne va tout de même pas désavouer ses alliés européens, dont le chef de file est la Grande-Bretagne, pour satisfaire Chirac et Schröder.
Deuxièmement, la Chine s’ouvre au commerce mondial. Pourquoi voulez-vous que Bush fasse de l’Europe son partenaire privilégié alors qu’elle sera demain sa principale rivale dans cet immense marché ?
Troisièmement, Bush est un intégriste religieux. Avec une majorité renforcée au Sénat, Dobeliou a maintenant les mains libres pour sa croisade contre le mal. Qui pourrait l’empêcher d’en découdre avec la Syrie et l’Iran ?
Nos polyglottes de chic et de choc n’ont plus qu’à prendre la file à la Maison Blanche, pas avec un démonte pneu à la main, mais avec des chocolats pour madame la présidente.
Le peuple américain a oublié ses origines européennes (de plus en plus diluées). Il ne raisonne plus comme nous depuis fort longtemps, probablement depuis la guerre froide. L’envie d’un président « amoureux » de la vieille Europe ne leur est plus venue à l’esprit depuis Roosevelt et son engagement contre le nazisme. Il est capital que les Européens ne se sentent pas trop longtemps orphelins de ce « cousinage » perdu. Il faudra bien un jour décider une politique générale sans le soutien des Etats-Unis. L’Etat le plus difficile à convaincre pour l’autonomie sera la Grande Bretagne qui n’a pas collé à l’Europe pour la faire, mais pour la corrompre.
En ouvrant nos frontières aux plus malheureux que nous – ce qui est un humanisme respectable – nous avons oublié que l’Europe était une entité. La question de demain qui est d’accepter la Turquie dans l’Europe est capitale, en ce sens qu’elle va déterminer une politique atlantiste comme le souhaite les USA ou un renforcement de l’Union européenne sur la seule base du continent, si nous n’en voulons pas.
Le dernier mandat de Dobeliou s’annonce plein d’incertitudes.
Nos foudres polyglottes le savent bien.
Ils ont aimé Kerry. Kerry retourne à son Ketchup. Vive Dobeliou. Lui, il en a pour quatre ans à faire gicler la sauce. C’est donc le meilleur. Celui qu’il nous faut. Celui qui hantait nos plus secrets désirs. Amen.

4 novembre 2004

La folie ?… la seule sagesse !

« T’as pas une clope pour un dingue ? » pourrait être un sous-titre.
On peut voir les résultats du « progrès » gagner du terrain dans les regards absents ou fous de certains passants. Le stress au travail et les difficultés financières ont considérablement développé les dépressions nerveuses et activé la tendance à la schizophrénie. Les maladies mentales ne se seraient pas développées aussi rapidement si le terrain n’avait pas été favorable.
L’époque où se promenaient en liberté « les fondus de la cafetière », mêlés et souvent confondus avec les originaux, n’est plus qu’un souvenir dont les folkloristes sont nostalgiques : Tambour, Mouton, Bibi-Mamour, « Tchophile-deux-tours », le sot Léon ne rappelleront rien à la jeunesse liégeoise. Pourtant ces citoyens « pas comme les autres » avaient droit de Cité.
Une belle complicité qui n’était pas dénuée de malignité, régnait dans les quartiers populaires. Les Anciens de l’Ulg se rappellent le mouvement de solidarité des Etudiants quand Mouton expulsé de son logement de la rue Surlet avait vu ses meubles jetés sur le trottoir. Le pauvre ne sachant où aller, tout avait été transporté dans un nouveau logis trouvé par les étudiants et la soirée s’était terminée en guindaille.
Le nombre de cas relevant de la psychiatrie augmente, paradoxalement les citoyens spéciaux redoutent de s’offrir en spectacle sur les trottoirs liégeois. Les signes se multiplient, les démonstrations intempestives régressent.
Les malades mentaux doués d’un reste de raison ou conseillés par leur entourage font gaffe. Les récidivistes sont embarqués dans des maisons spécialisées par décision judiciaire, parfois sur demande des familles ou du voisinage, rapports de police, etc.
Le public qui prend peur de tout est de moins en moins permissif.
Le seul « folklore » toléré et encore… sont les marginaux sans domicile fixe. Mais eux sont à ranger dans la catégorie des originaux « encombrants ».

En Belgique, toute mesure d’hospitalisation prise "contre le gré" d’une personne "malade mentale" est toujours due à une décision du pouvoir judiciaire.
Mais, puisque les instances judiciaires ne sont pas compétentes sur la réalité et la nature de l’affection mentale, il n’est pas rare, une fois l’hospitalisation sous contrainte obtenue, que les proches ne puissent plus changer de thérapeute si celui-ci ne s’entendait pas avec le patient, ni de faire modifier quoi que ce soit aux traitements entrepris, même si ceux-ci s’avèrent néfastes pour l’état du patient. Vous connaissez les experts. Ils n’aiment pas avoir tort. Les psychiatres de l’établissement se retranchent derrière le secret médical et la décision judiciaire.
Si on s’adresse aux autorités judiciaires qui ont pris la décision, elles se déclarent alors incompétentes et renvoient aux médecins. Bien souvent, ces derniers finissent par interdire leur porte aux parents et deviennent inaccessibles à tout contact.

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Alors, si un jour vous rentrez surmené du boulot et que votre femme vous demande avec un sourire en coin : « Tout va bien, chéri » et que vous répondez par une pitrerie, histoire de dégeler l’atmosphère, faites attention, vous venez peut-être de signer votre hospitalisation ! De même, si votre médecin traitant vous conseille de consulter un rigolo des maladies mentales et que vous vous sentez l’esprit vacillant… vous savez ce qui peut vous arriver.
Le diagnostic des affections mentales ne peut reposer que sur l’appréciation de leurs conséquences cliniques fort imprécises. La subjectivité et les « écoles » différentes de psychiatrie peuvent faire un fou d’un individu doué de raison et vice versa. Il faut bien savoir que la médecine, a fortiori la psychiatrie, ne sont pas des sciences exactes.
Il vaut mieux parfois avoir une solide explication, même musclée, avec un chef de service plutôt que consulter sur un mal de vivre en fin de semaine.
Ceci dit, ceux qui finissent en hôpital psychiatrique ne sont pas toujours bons à enfermer, loin s’en faut.
Des témoignages existent qui donnent froid dans le dos.
Cette société est capable de tout, la main sur le cœur et la conscience tranquille.
Le dernier crime qu’elle vient de commettre avec la meilleure intention du monde est d’augmenter le prix des cigarettes sans réfléchir au cas particulier de l’hôpital psychiatrique..
En milieu carcéral, même si fumer est nuisible comme ailleurs, c’est la seule occupation qui retient encore certains malades à la vie. Celui qui détient le pouvoir de tirer une clope d’un paquet est une sorte de privilégié qui jouit d’un prestige sans pareil vis-à-vis des autres.
Pour certains malades, si le tabac tue, celui qui n’en a pas souhaiterait crever tout de suite.
Le tabagisme ne conduit pas à la schizophrénie. En psychiatrie, le thérapeute n’est pas là pour désintoxiquer le malade. Le sevrage, par la force des choses sans suivi médical, peut, par contre, aggraver l’état du malade.
Faire payer cinq euros à cette catégorie de citoyens un produit qui ne vaut pas 50 cents, passez-moi l’expression, c’est une belle saloperie.
Il fallait que cela soit dit.

3 novembre 2004

Elections américaines : une affaire belge !

Insondable mystère de la société belge !
Tout semble s’être arrêté. C’est comme s’il n’existait plus aucun problème, sinon l’unique, celui qui fera que nous irons tous dormir aux petites heures : qui sera le futur président ?
DHL, les nouvelles contraintes de Vandenbrouck à l’encontre des chômeurs, l’arrondissement Hall-Vilvorde, ce que pense Di Ruppo, si Joëlle Milquet mange les oranges qu’elle trimballe dans son petit panier, et notre commissaire Michel en panne de Barroso, a-t-il l’ambition satisfaite… le procès Fourniret, le prix du brut, la crise, le chômage, l’inflation… tout le monde s’en fout, à commencer par les journalistes eux-mêmes.
Nous qui ne votons pas parce que nous ne sommes pas Américains, on nous demande notre avis, nous avons fait notre choix : c’est Kerry pour la Belgique. Avons-nous assez dit que Bush était ridicule, pire idiot, sans autre preuve que notre conviction profonde. Voilà. Nous sommes des Démocrates, comme si le mot recouvrait toutes les vertus, au contraire des Républicains qui recèlent tous les vices.
Même les sportifs ne la ramènent pas. Anderlecht et ses mauvais résultats européens, le Standard et ses désastreux derniers matches, les Liégeois s’en tapent le coquillard !
Il y a des résistances, j’en suis sûr. Certains se demandent où sont les nouvelles du jour, pourquoi on voit si souvent Christine Ockrent sur RTL, elle qui ne s’occupait plus que de Bernard et des nouvelles françaises et qui se met à écrire des livres sur l’Amérique en concurrence avec Nicole Bacharan, la spécialiste de toujours.
Les speakers de radio deviennent polyglottes. Il faut les entendre parler du Massachusetts et si à Detroit qu’il prononce à l’américaine ditroy, les gens de General Motor voteront démocrate.
Et les grands enjeux, nous les savons par cœur. L’Amérique n’a plus aucun secret pour nous, si l’on en juge les regards de connivence, les sourires entendus des débats télévisés entre un épicier d’Ixelles et un vendeur de voiture de la chaussée de Wavre. Chacun croit à son idée « originale » qu’on entend à tous les carrefours. Des micros-trottoirs sur la question de l’Irak ou la nature de l’Eglise évangéliste du prédicateur Graham nous apprennent que le Belge – si superficiel d’habitude - est vraiment calé sur la politique américaine. C’est aussi le moment d’adjoindre aux Américains de Belgique, nos forces-vives qui se languissent, histoire de ne pas tomber dans l’oubli. Eux aussi sont incollables sur l’Amérique. On a même ressorti l’autre dimanche à la RTBf des réserves des musées, Eyskens et Davignon.

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Tout le monde les croyait morts. Eh bien non ! Ils respirent encore grâce à l’Amérique.
L’engouement est général. A tel point que l’on devrait proposer un échange. Nous nous occupons de la politique américaine et les Américains s’occupent de notre fédéralisme. Là, il n’est pas sûr que les gens du Wisconsin connaissent notre système. Et dire que nous nous moquons de celui qui a court aux USA ! Nous n’arrêtons pas de nous moquer des lois particulières à chaque Etat et de la manière dont la plupart d’entre eux procèdent aux élections : toujours la bonne vieille méthode du papier et du crayon, parfois un matériel vieux de cinquante ans. On se moque. On ne devrait pas. Nous, quand on vote sur ordinateurs, c’est Bill Gates qui ramasse la mise. On ne finit pas de payer la tarte de crème fraîche que Godin lui a mis dans la gueule, histoire de lui montrer que nous aussi, on en a…
Nous nous croyons tellement malins que nous ne pouvons pas nous empêcher de les trouver bêtes. Notre conviction profonde qu’ils sont incurables et que même avec Kerry, il leur faudra au moins dix ans pour qu’ils deviennent moins cons.
La politique belge nous a fait ainsi, nous croyons que la vie est dichotome, que les événements ne signifient que blanc ou noir, haut ou bas, bon ou mauvais. Nos leaders nous ont lobotomisés. Nous sommes devenus leurs vers à bois et notre univers n’a plus que deux dimensions. Nous reculons ou nous avançons. Donc, les Américains qui selon notre propre estimation sont encore beaucoup plus bêtes que nous quand ils votent, seront des cons s’ils élisent Bush et en sursis de connerie s’ils élisent Kerry.
En attendant, on ne peut pas faire un pas sans buter sur un brevet américain. On ne peut pas remuer le petit doigt sans que nous ne soyons fichés, catalogués, étiquetés, bons à fabriquer des dollars ou irrémédiablement incapables d’en sortir un seul de notre manche. Militairement parlant, nous ne valons pas la vapeur d’une frite sur la foire d’octobre quand l’US Army sort ses gros canons, ses patrouilleurs et ses armes secrètes. Et malgré cela nous n’arrêtons pas d’ouvrir notre gueule pour crier que les meilleurs, c’est nous.
Y a des jours, je vous jure, que même si on se fout que ce soit Kerry ou Bush qui va sortir du chapeau, on se prend seulement à espérer que quel que soit celui qui va bousiller la soirée de l’autre, que ce soit vite fait qu’on n’en parle plus.

2 novembre 2004

Grooming social

Chère Harmonie,

J’aime recevoir vos lettres. Elles sentent la cire d’abeille et ont des tiroirs reliés à un rêve d’enfance : Alice et ses compagnons anthropomorphes.
Cela me hante encore aujourd’hui : le lapin raisonneur, l’œuf sur le mur, la cour du roi de coeur et Alice qui passe la tête la première dans le terrier… voilà l’univers qui me plaît.
Vos calligrammes sont mystérieux à souhait et procèdent de cette magie.
Ne me demandez pas d’expliquer. C’est comme si intéressé par les battements de votre cœur, je percevrais en même temps le tic tac de votre montre !
Vous m’écrivez que vous avez un autre correspondant à l’érotisme antépiphore.
Sans rivalité, il n’y a point de surpassement.

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Mon actualité est un travail que j’ai entrepris témérairement sur Richard III. de Shakespeare,
D’abord un très rapide résumé : Nous sommes en Angleterre à la fin de la Guerre des deux Roses. Les deux branches Plantagenêt s’entretuent pour le pouvoir. Henri VI est assassiné par son parent qui devient roi sous le nom d’Edouard IV. Le frère cadet de ce dernier, le duc de Gloucester, est difforme et ravagé d’ambition. Il veut la couronne. A la mort d’Edouard, au lieu de porter le fer dans le clan adverse, il assassine les enfants de celui-ci, ainsi que Clarence, un frère puîné. Il devient Richard III et règnera deux ans. Voilà l’histoire comme nous la sert William. Il a suivi le récit de Thomas More qui fut un histrion au service d’Henri VI, puis d’Edouard IV qui le chassa. More mourut occis par les sbires de Henri VIII le 6 juin 1535.
La scène où Gloucester séduit la duchesse Anne dont il a assassiné le mari est peu crédible. Un assassin aussi hideux doit parler d’ambition plutôt que d’amour. Alors, la duchesse Anne eût succombé sans que cela parût invraisemblable pour le trône d’Angleterre. Aimer Richard III comme le dépeint Shakespeare est impossible.
Will a écrit la pièce plus d’un demi siècle après les faits.
Flaubert a connu l’amour-haine pour Achille-Cléophas, son père. Nous sommes en 1830, Gustave à neuf ans et à l’aube de l’apogée de la bourgeoisie louis-philipparde, loin du moyen-âge. A défaut d’un parricide, il s’est payé une névrose.
« On m’a fait cadet donc laid, méchant, sot et lâche » est une tirade qui me vient à l’esprit pour résumer l’ipséité de Richard et sa gémellité avec Flaubert.

« Richard : Les mythes, que le besoin religieux engendre, nous arrachent de cette terre flétrie ; mais, c’est pour nous emprisonner dans le cachot duquel nous croyions nous évader. En essayant d’instinct de nous représenter le Sauveur, l’infini s’engloutit dans une pierre Noire ou dans la représentation d’un vieillard à barbe blanche. Entre ces symboles, il n’y a pas de différence réelle. Dieu a créé l’homme de telle manière que celui-ci ne peut vivre sans Lui, mais ne croit qu’aux idoles et meurt privé de Sa lumière. »

La suite est évidente. Il reste à dire quelques mots sur la pompe de la majesté et Anne tombe dans les bras de Richard.

Qu’en pensez-vous ?

Voilà à quoi je passe le temps, chère Harmonie, en attendant vos lettres.
La photo du premier étage de votre maison est prise du dehors, par la fenêtre. Comment avez-vous fait ? Merci pour me laisser pénétrer dans l’intimité de votre chambre à coucher. J’aime assez le rôle de qui se hisse du lierre au balcon.
Puisque vous ne m’en avez donné ni l’autorisation ni l’interdiction, je conclurai hardiment par un tendre baiser.

1 novembre 2004

Le Berlaymonstre.

C’est une nouvelle étoile au guide Michelin dans le tour de Bruxelles pour Japonais avides de culture européenne : le nouveau Berlaymont !
C’est en tout cas le signe d’une folie à la Louis XIV d’un nouveau Versailles d’un goût hélas ! plus discutable, mais tout aussi onéreux. On est loin des grandes eaux et de la galerie des glaces. Avec ce que ce monstre aura coûté, Mansard en aurait fait des choses !
La barre du style soviétique sous Staline est là. Il faudra bien que les Bruxellois poussant jusqu’au Cinquantenaire se la farcissent quelques années.
Spectacle désolant d’une architecture sans âme pour des bureautiers d’avance écrasés par une symétrie sans rupture qui donne froid dans le dos.
Vous en connaissez beaucoup des particuliers qui rénovent une maison moderne et sans caractère au triple de ce qu’aurait coûté sa démolition et sa reconstruction aux normes actuelles d’urbanisation ?
L’Association B 2000 et l’Etat belge qui ont géré le chantier, oui.
C’est ainsi qu’ils ont travaillé au bâtiment de la Commission européenne bourré d’amiante, pendant 13 ans!
Cette petite plaisanterie financière aura coûté 1,4 milliards d’euros aux collectivités.
On ne se rend pas compte de ce qu’une pareille somme représente.
Prenons en exemple un chômeur que le socialiste Frank Vandenbrouck va priver petit à petit d’une allocation de chômage décente. Lorsque ce chômeur aura atteint l’indemnité plancher, cet homme aura perdu entre 100 et 200 euros d’allocations par mois. (Il peut aussi se faire rayer.) Cela représente 46 années d’indemnisation complète pour une population de 300.000 chômeurs !
On peut s’amuser à des comparaisons moins difficiles, comme par exemple : de combien pourrait-on augmenter les pensions de vieillesse en instaurant un fonds de 1,4 milliard ?
Ces gens qui nous gouvernent se foutent royalement de notre gueule lorsqu’ils prêchent l’économie pour tous.

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L’Office européen des fraudes poursuit des enquêtes auprès des Régies et des entrepreneurs, vous pensez sur 13 ans de travaux, il a dû s’en passer des choses.
En attendant, le sieur Manuel Barroso, locataire de ce mirobolant édifice pour quelques temps, s’y installera – peut-être – d’ici la fin de l’année. On ne vous dit pas le déménagement avec tout le tralala de chic et de chipoteries que cela suppose ! On va en remettre une couche sur les 1,4 milliards. Du plus petit déplumé ardennais, jusqu’au famélique paysans polonais des confins, allons-y les gars, payez… c’est pour l’Europe !
Tandis que les rupins de l’arnaque européenne vont glisser sur leurs chaussettes en soie d’un tapis de laine vierge à l’autre, les gougnafiers du progrès iront écoper ferme dans les soutes du Berlaymont histoire de maintenir à flot le formidable rafiot par rapport au reste du monde.
Alors, avec ce gigantesque fiasco, comment voulez-vous que ces gens qui planent au-dessus de nous se rendent crédibles lorsque la tronche enfarinée, ils nous recommandent de faire ceinture tout en travaillant plus ?
Noyez sous la paperasse, les bureaux du Berlaymont vont bruisser des rames de papier qu’on froisse et des soupirs en cinq langues des bureautiers du drapeau aux étoiles, pour - comme nous savons si bien le faire en Belgique - pondre des circulaires pas toujours utiles et compréhensibles.
Les personnages d’Etat entretenaient des danseuses en 1900, de nos jours se sont les entrepreneurs.
Que peut-on y faire ?
Ce luxe, cette démesure, ce sans-gêne de riches parvenus, devant une misère qui s’accroît et une population qui se racrapote comme elle le peut avec très peu d’argent, n’est-ce pas le signe du mépris envers nous des nouveaux riches d’aujourd’hui ?