Foutez plus rien !
Qui vous engage aux pièces vous veut en borderline. Cest-à-dire à létat limite dun continuum entre la névrose et la psychose.
Au vu des stress qui finissent en dépression nerveuse à cause du boulot, cest dire si celui qui a autorité sur vous a réussi, la vache, à transformer votre substance en clair pognon pour ses menus plaisirs.
Raisonnement : Si vous navez rien à gagner en travaillant à la chaîne, vous navez rien à perdre en ne foutant rien !
Cest une question de survie à trouver la parade au borderline inventé pour vous dépiauter. Le toujours plus, toujours plus vite est à sens unique. Vous construisez quelque chose pour qui vous détruit.
Un soir vous déposez le dernier boulon, vous pratiquez la dernière soudure. On ne vous voit plus le lendemain, ni les autres jours.
Vous avez sauvé votre peau.
Sur la touche, vous êtes sorti des égouts, intact. Cest parfait. Vous allez souffrir autrement, mais au moins vous êtes vivant. Cest toujours ça.
Vandenbrouck vous attend pour le tir au clays où vous êtes pigeon.
Vous devrez y aller de la démarche et de la soif dembauche. Les vicelards sont derrière les guichets, le cul contre le chauffage central. Ce sont des renifleurs nés qui débusquent les fausses professions de foi des travailleurs « quont eu des malheurs »… Ils connaissent.
Transfuges eux-mêmes du borderline, la gamelle administrative bienfaisante les a sevrés des trois comprimés de Tofranil/jour.
Sortis des usines, ils tiennent pas y replonger. Par contre, ils vous voient bien à leur ancienne place. Pour ne pas vous rater, ils apprennent par cœur les circulaires. Vous tombez sous le coup des lois. Cest moins la loi, queux qui donnent le coup.
Quand ils ont devant eux des gaspards qui marquent des signes de fatigue, ils se poignent sous la table de bonheur. La chômeuse qui pleure, cest irrésistible. Entre rentrer chez elle ou faire technicienne de surface, a-t-elle le choix ?.
Ils jouissent de la merde noire dans laquelle ils vous plongent.
Intérimaires souvent, de nêtre jamais nommés accroît leur zèle. Les chefs de ces gagne-petit sen aperçoivent. Nommés, ils fouteraient plus rien. Dans le fond, ce serait peut-être des braves types aux entretiens-cul-au-chauffage-central, si on leur donnait loccasion de développer des sentiments humains.
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Aux autres qui glandent à lusine à gaz, on peut dire : « puisque cest votre destin qui en a pris un sale coup, vous pouvez vous venger en plombant votre entreprise. Foutez rien les gars tout en ayant lair de faire ». Cest une technique très simple quon apprend en une heure. Cest celle du constipé qui va en cure à Vichy. On lemmerde tellement quaprès quinze jours de traitement et que ça bouchonne toujours, il finit par dire quil fait, que tout va bien ! La preuve, il égaie son séjour par des ploufs sonores à laide de la brosse dans leau du vase.
Tout le monde joue à faire semblant. Pourquoi pas vous ?
Pourquoi laisser la seule initiative au seul Vandenbrouck ? Ayez lair comme lui. De quoi ? Mais de ce que vous voudrez. Il ny a plus de métiers, même les cadres font dans leur froc. Il y a encore moins à faire pour eux que pour les autres.
Si vous saviez comme les hauts placés ne foutent rien depuis longtemps, tout en ayant lair, vous nen reviendriez pas. Vous vous diriez « dire que je me suis payé une dépression parce que je croyais nêtre pas à la hauteur ! ». Mais personne nest à la hauteur de nos jours. Personne, on vous dit. Surtout pas les gars qui vous poussent au boulot. Ils en savent quelque chose eux, qui dès le diplôme, nont plus jamais été à la hauteur, nont plus jamais rien foutu de leurs dix doigts !...