Maïeutique dune mort annoncée.
Ou lart à la RTBf et à RTL daccoucher les esprits le dimanche matin.
Il sagit évidemment de la mort de Yasser Arafat, annoncée puis infirmée dans des communiqués tout au long de la semaine.
« Mise au point » côté RTBf, « Controverse » côté RTL, des émissions jumelles, sur des schémas calqués, comme co-produits..
C‘est fréquent chez nos augures de travailler à lidentique.
Le tout a lieu en différé, à cause de la crainte dun dérapage ou dun incident, tellement redouté dans les rédactions. .
Heureusement, pour les participants qui nont pas à se demander où leur image de marque serait mieux mise en valeur. Pour certains qui aiment se disperser, ils sont dispensés dun choix cruel, ils vont aux deux !
Les réalisateurs, sur des charbons ardents à cause du politiquement correct des coincés du régime, sont à labri des surprises.
Evidemment, le direct serait un exercice dune autre dimension. En seraient-ils capables ?
Nous voilà parti pour une heure sans surprise. En zappant dune chaîne à lautre, on entend les questions sur la RTBF et on répond sur RTL.
Ce dimanche, ils en étaient à supputer la mort prochaine du vieux lutteur.
Même le délégué inévitable dIsraël était là afin de rassurer la Communauté juive de Belgique. Cest un peu comme si on annonçait le futur décès de Vladimir Poutine et que Dobeliou Bush enverrait Colin Powell à Moscou pour régler la cérémonie des funérailles.
Cest clair, Sharon ne veut pas que son ennemi préféré Yasser se fasse enterrer sur lesplanade des mosquées à Jérusalem, lieu qui est toujours, malgré les tanks israéliens, une terre palestinienne !
Puis on est venu sur dautres « facettes » de la personnalité en instance de départ, mais accessoirement, à regret presque, comme si la vie ne se terminait pas, pour les admirateurs, par la mort des chefs dEtat ; par contre, pour les détracteurs, cétait comme si cétait fait.
Les sympathisants dIsraël tressèrent pourtant des couronnes au « presque » disparu. Il est de bon ton de se montrer unanime quand lennemi décède. Ainsi on se grandit soi-même et ça ne coûte rien.
On se serait cru à lenterrement de ma tante Cory, qui ne fit lunanimité de la famille quau cimetière, après un demi siècle de controverses.
Quand va-t-on cesser à la télévision de produire ce genre démission convenue ?
Les propalestiniens nétaient pas en reste. Josy Dubié nen était pas encore revenu davoir serré la main du raïs à la Mokata, un soir de reportage à Ramallah.
Il y a une certaine indécence à touiller lurne funéraire encore vide.
Yasser Arafat, nest pas mort, ou alors, sil lest, on ne nous lannonce pas pour des convenances de date et de préparation à lévénement.
Le débat aurait été alors plus intéressant. On se rappelle Franco maintenu en vie artificiellement, Staline dont personne au Kremlin ne voulait annoncer la mort. Cela nous aurait permis de faire une incursion dans les coulisses du pouvoir.
Nos penseurs chargés de nous distraire, ne sachant pas un traître mot de la survie dArafat, auraient pu nous dire ce quils pensaient en général des morts différées pour raison dEtat.
De plus en plus, ces émissions du dimanche matin relisant les journaux de la semaine sont exclusivement à lusage des débiles légers.
ARTE a des débats dun niveau bien intéressant avec des spécialistes affûtés, tous les jours de la semaine à partir de 18 heures. Cette chaîne arrive même à intéresser sur des sujets qui ne branchent pas nécessairement le téléspectateur belge.
Le décor est plus simple. Tout le monde est assis à une table en fer à cheval et le présentateur de lémission, en bras de chemise, est autrement plus calé que ses homologues de nos deux chaînes.
Affaire de talent ? Peut-être un peu. Mais surtout affaire du choix des intervenants que les coincés de chez nous ne peuvent pas connaître. A croire que nos Universités qui se plaignent dailleurs de la médiocrité des enseignants du secondaire au vu des redoublements, produisent eux aussi, une belle collection dimbéciles.
Lenseignement serait-il maudit en Belgique, comme Yasser Arafat en Israël ?