Une affaire socialiste ou une socialiste affaire ?
Jean-Christophe de Romain Rolland ou de François Mitterrand ?
Pour ne pas ouvrir une nouvelle polémique sur la pertinence des dirigeants du PS belge à se dire socialistes, attachons-nous aux dernières tribulations du fils Mitterrand et à laccusation du fisc français au sujet dune somme de 600.000 euros non déclarée.
Ce ne sont pas que les gens de gauche qui profitent du pouvoir pour en « mettre de côté » en prévision de leurs vieux jours. On peut penser que la droite y est plus douée, tant ses affinités avec la finance la place dans de bien meilleures conditions.
Il nest même pas dit que les petits bourgeois à la tête du PS, sils étaient remplacés par des gens de la base purs et durs, que cela irait mieux, tant le pouvoir corrompt !...
Pendant ses quatorze années de présidence, François Mitterrand avec les moyens illimités du SDEC et des RG, au service de sa manie de tout contrôler, comment ne sest-il pas aperçu que son fils, nommé conseiller à lElysée, avait des relations avec lindustriel Falcone qui lui versait de largent sur un compte en Suisse, et quil se livrait à un trafic darmes avec certains chefs dEtats africains ?
Invraisemblable que Mitterrand nait rien vu ! Le plus plausible serait de penser que le chef de lEtat fermait les yeux !
Danielle Mitterrand a parlé de « rançon » lorsque le juge Courroye a demandé une forte caution à Jean-Christophe pour lever la détention provisoire.
Du temps de Papa, le fils menait grand train. Il se dit aujourdhui ruiné, contraint de sen remettre à la «générosité familiale». Depuis sa médiatique incarcération et sa mise en examen pour complicité de trafic darmes, trafic dinfluence et recel dabus de biens sociaux dans l«Angolagate», ses comptes bancaires à létranger ont été bloqués, son passeport confisqué. Un contrôle judiciaire lui interdit de se rendre en Mauritanie pour gérer la pêcherie quil y a mise sur pied.
Cette affaire remet en mémoire toutes les zones dombre du règne de Mitterrand à la tête de lEtat français. Elles sont tellement nombreuses quil est impossible de se débarrasser de lidée quil y en ait au moins une ou lautre authentique, qui reste lettre morte parce que personne na pas pu ou voulu ouvrir un dossier.
On pourrait étendre cette réflexion aux affaires belges dans lesquelles presque toujours apparaissent des noms connus.
Les protagonistes socialistes des affaires anciennes et qui avaient été en partie explorées par le juge Ancia lors de lAffaire Cools ont tous été « réhabilités » ipso facto par leurs pairs, tant à la Régionale liégeoise, quau siège central du parti. La Justice serait-elle à ce point partiale en Belgique quelle suspecterait, voire condamnerait des innocents au point que le PS en réhabilitant les siens, lui donne tort à chaque fois ? Dans un parti qui a abolit la lutte des classes et qui nest donc pas en « révolte » contre lordre établi, voilà un bien singulier civisme, alors que son président plus belgicain que lui, tu meurs !... !
Cest lambiguïté de la cogestion avec les milieux daffaires qui est en cause.
Cest le talon dAchille des socialistes dont la mission principale : lémancipation des classes sociales défavorisées est contrebattue par une collaboration active avec les « ennemis de classe ». Le caractère dérangeant de cette notion de lutte des classes a dailleurs été très astucieusement effacé du vocabulaire socialiste lors dun Congrès mémorable où les hypocrisies dans les discours faisant état de lévolution sociale ont permis de tourner la page allègrement.
Les dirigeants bourgeois du PS ont tranché depuis longtemps.
On confisque un mouvement. Une falsification en résulte, puisquon sest bien gardé de remplacer le mot « socialisme » par un terme plus approprié.
Laffaire de Jean-Christophe nous renvoie à la dérive du socialisme, en France comme en Belgique.
La classe sociale regroupant les plus pauvres nest plus représentée.
Pour Jean-Christophe Mitterrand comme pour les autres, pourquoi ne pas les désigner par un terme plus approprié, par exemple « bourgeoisisme » ?