Après les larmes de Marie Arena, laddition
Au risque de répéter ce que jai écrit dimanche, les chiffres dont la ministre a parsemé son discours justificatif de ce mardi nont jamais été matière à controverse. Elle-même nest en cause que sur lopportunité de sengager dans des dépenses de prestige au vu de létat de pauvreté de la Wallonie. Mais, elle nest pas la seule dans la frénésie dilapidatrice. Si on parlait aussi de notre grand argentier, le ministre Daerden ?
Javais espéré que les socialistes seraient davantage conscients de la réalité sociale et quils y regarderaient à deux fois avant de se lancer dans des programmes de rénovation des salons dorés de la Wallonie à talons rouges. Je me suis trompé.
Ces gens, ni plus ni moins que les libéraux, font partie dun establishment qui par sa propre mondanité sest définitivement coupé des origines.
Les arguments de Di Rupo parti au secours lundi de son petit phénomène montois ne sont que des amabilités « entre pays ». Comment qualifier autrement le malaise de la ministre à son retour dAfrique monté en tête dépingle par son chef de parti ? Bon. Elle a eu la tourista, et alors ? Elle nest pas la première. Voilà leffet que produisent des feuilles de laitue à tous les repas.
A certains petits détails, Marie devrait se poser la question de savoir si elle a vraiment choisi le parti qui convient à sa nature délicate et brillante, celle dune personne qui aspire à vivre dans les salons, à se pencher en robe du soir sur un Steinway, alors quun lauréat dun Elisabeth bonne cuvée joue une page de Rachmaninov ?
Lorsquelle nous sort, lors dun de ses aménagements antérieurs, que le bureau de son prédécesseur sentait le cigare, pour tout faire arracher et changer de neuf, on se demande si elle a jamais senti le marcel dun ouvrier métallurgiste, profession exercée par son père a-t-elle dit, après une journée devant le four ?
Est-ce quon milite dans un parti comme le sien pour transformer la société ou pour accéder à la nomenklatura et aux privilèges de classe ?
Elle ne devrait pas être la seule à se poser la question.
Du temps dAndré Renard et de Dehousse (père) les socialistes même sils nétaient plus tout à fait sincères avaient la décence de mettre sous le boisseau ce que leurs compères actuels exposent et que le fisc appelle les signes extérieurs de richesse.
Aujourdhui cela crève les yeux, cest un nouvel étendard qui remplace la loque rouge que leurs grands parents agitaient devant les grilles des charbonnages. Quel étendard ? Mais celui des marques. En zoomant sur les vêtures, on se croirait à un défilé place Vendôme chez Chaumet ou rue de la Paix chez Lagerfeld. On aime que nos ministres présentent bien, cest certain. On ne voit pas la dame Arena déguisée en Bécassine. On réserve cette démagogie-là aux écolos. Quoique, en un sens, cest quand même plus sympa. Javais frémi de bonheur en voyant Evelyne Huytebroeck en trottinette électrique.
Quant à puer la jet-set, cest se foutre de la gueule de ceux qui shabillent chez Terre.
Cela ne serait rien, si cette fatuité ne se bornait quà leur mise. Mais non. Il faut encore que lenvironnement soit en rapport. Et là, ça ne va plus, tant il y a des choses à faire partout en Wallonie et de plus urgent que changer un bureau parce quil sent le cigare.
On ne les veut pas en loques dans des soupentes à recevoir des délégations étrangères. Mais, on ne les veut pas non plus dans du luxe tapageur à se moquer du monde en réclamant laustérité pour les autres.
Il ny a pas pire que le mauvais exemple quils donnent assorti dun discours hypocrite.
Et je retiendrai la remarque dElio Di Rupo au sujet de la frugalité du repas principalement fait de sandwiches au jambon quil a offert à la presse ce lundi, pour faire remarquer que la démagogie de sa réflexion au moment où un des cracks de son écurie vient de se faire payer un bureau à 4.000 euros, a quelque chose de maladroit et de déplacé.
Allez, avouez, Mesdames et Messieurs de la politique, avouez donc quavoir le cul dans le beurre amollit les consciences et détruit le sens du devoir.