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31 janvier 2005

Bush, un Croisé molletonné.

Une saturation du serveur a perturbé la parution régulière de ce blog. Afin que cela ne se reproduise plus, je vais être obligé de réduire d’un tiers les illustrations qui accompagnent les textes.
Ecrit avant les élections irakiennes, cet article vous est livré sans qu’il ait été remanié en fonction des dernières informations.
Je vous prie de bien vouloir me pardonner tous ces inconvénients.

Pas fou, le président intérimaire de l’Irak, Ghazi al-Yaouar, a été la première personnalité politique à voter dans un bureau spécial aménagé dans la Zone verte, périmètre sécurisé du centre de Bagdad. Forcément quand on est à l’abri du terrorisme, c’est d’un pas ferme qu’on se présente devant les caméras. Je suis heureux et fier en cette matinée bénie, a déclaré M. Yaouar en habit traditionnel en glissant son bulletin de vote dans l’urne avant de se faire remettre un drapeau irakien. On le croirait de chez nous, tant son discours est « téléphoné » et convenu. Si jeune en politique et déjà rôdé, à croire qu’il a eu le métier dans le sang dès le berceau, comme nos forces-vives !
C’est drôle, mais on reconnaît plus la démocratie aux lieux communs et aux poncifs de ses leaders que dans sa réalité sur le terrain. C’est quasiment du Belge, une démocratie de cet ordre…
On pense généralement que les élections en Irak vont être déterminantes. Pour quoi ? On n’en sait rien encore. C’est ce qu’on dit pour rassurer les gens. Alors, autant distribuer des « labels ». On finira par faire un guide Michelin de la démocratie. Je vois d’ici Verhofstadt, Onkelinx et Arena distribuer des étoiles.
Il sera surtout question de la capacité de l’Armée américaine à protéger les bureaux de vote et donner aux électeurs un maximum de sécurité. On peut déjà parler d’un échec dans la partie sunnite du pays. Quant à la police irakienne peu efficace et en nombre insuffisant, elle a été et reste la cible privilégiée des terroristes.
Mais, c’est surtout dans le monde arabe que l’inquiétude monte. Aucun des dirigeants actuels n’a été élu par la volonté populaire, si ce n’est grâce à des élections bidons comme en Tunisie ou en Algérie. Qu’un grand pays comme l’Irak procède à des élections qui, si elles n’étaient pas truquées, mettraient en place une équipe de dirigeants élus démocratiquement, a de quoi faire frémir les Emirats, l’Egypte, la Syrie et tutti quanti.
Mais, si la majorité absolue échoyait aux Chiites comme il est probable, un autre danger viendrait d’une guerre civile.
En effet, les Chiites sont très proches des Iraniens. Il y a 25 ans, Saddam Hussein, soutenu par les Américains et les pays occidentaux, envahissait l’Iran pour les mêmes raisons. La parole des ayatollahs d’Iran semblait et semble encore aujourd’hui inacceptable tant elle pousse à établir en Irak une république islamique sur le modèle de Téhéran.
Non seulement l’Iran ne plia pas, malgré un Saddam Hussein en confiance avec les appuis des Occidentaux et même de l’URSS, mais au contraire, cela sembla durcir le régime de Khomeiny et le renforcer !
Aujourd’hui, ce régime est toujours là. Mieux, il poursuit un programme nucléaire. A l’heure actuelle, il est difficile de savoir où il en est. Il est certain au rythme où vont les choses que l’Iran touche presque au but.

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Le péril chiite n’a jamais été aussi présent.
Le pouvoir « islamiste » en Iran, pourrait être « démocratique » en Irak, disent les experts. L’un dans l’autre, une majorité chiite s’étendrait sur les deux pays.
Cette alliance des chiites des deux pays ficherait une drôle de pagaille dans cette région du monde qui n’avait pas besoin des américains pour qu’elle soit explosive. Bush, en quelque sorte, avec son évangélisme et sa croisade pour une démocratie mondiale, est la cerise sur le gâteau.
Minoritaires dans le monde arabe, les chiites sont majoritaires en Irak.
Une seconde affaire du type Tutsi-Hutu se profile à l’horizon, cette fois en pays musulman. Car, rien ne distingue un Chiite d’un Sunnite si ce n’est l’appréciation de la succession de Mahomet ! Autrement dit, en matière de religion, plus c’est con, plus ça fait des morts !
En deux mots : le prophète est mort sans fils (les filles ne comptaient pas déjà !). Le califat est revenu à Ali, cousin et gendre du fondateur (656-661). Celui-ci est assassiné. Les révoltés établissent successeurs du prophète, non plus un de ses parents, mais un proche.
Voilà l’origine de la querelle, car les Chiites sont convaincus que le califat revenait de droit à la famille du prophète. Ils se déclarent « légitimistes de l’Islam ».
On sait comme on est sensible aux questions de religion dans le monde musulman. Par expérience, nous savons ce que nos guerres de religion ont coûté à l’Europe.
De jour en jour, on est de plus en plus convaincu que la politique de Bush en Irak consiste à jeter un pavé dans une marre aux diables qui n’a pas le romantisme de celle de Georges Sand.
Voilà probablement une des raisons de l’attitude de Condoleezza Rice devant le Congrès américain lors de son audition. En menaçant l’Iran d’une intervention, la secrétaire met ce pays en garde qu’il n’entre dans les affaires de l’Irak.
Dobeliou n’a pas les moyens d’occuper l’Irak et l’Iran en même temps, et ce faisant, madame Rice menace sans les moyens de sa menace. Si l’Iran le souhaite, il a une belle carte à jouer. En nous traînant derrière la politique de Bush, on n’est pas sorti de l’auberge !

30 janvier 2005

Dieu dans la betterave.

Comment j’ai su que j’étais Dieu ? C’est simple.
Je rêvais tranquillement dans mon lit à quelque poésie. Soudain, des gens qui criaient « A mort » et que je n’avais pas entendus venir, m’entourèrent.
Je n’étais pas en odeur de sainteté dans ce village. Je n’allais pas au Café des Sports. Je ne votais pas pour la liste du bourgmestre. Je fuyais l’église et les ratichons. Enfin, je n’avais pas participé à la grande soirée tsunami organisée en front commun à la salle des fêtes « Le Breton » par les Bleus et les Rouges.
Mes assaillants, à la consanguinité évidente, étaient rondouillards comme des tonnelets d’Artois. Tous éponymes d’une souche éburonne, ils avaient le cou épais et les yeux près du nez, les os éburnés par les travaux champêtres, peut-être même l’étaient-ils aussi par ailleurs du manque d’activité de la chose… Parmi les plus excités, je reconnus mes voisins, le fermier Albin, la dentiste Jacinthe et le transporteur de betteraves Graindorge, sans oublier le faucheur-batteur Aristide Pleinbol, loueur de matériel agricole. Les uns brandissaient des barres de fer, d’autres des fourches. Les joueurs de vogelpick du Cercle Saint Edmond étaient armés d’un bec de pompe à bière.
Ils me connaissaient plus par la réputation qu’ils m’avaient faite, que par les rapports que j’avais avec eux.
Je partais discrètement le matin et revenais le soir de mes tournées de vendeur de poésie, en rasant les murs la tête baissée, afin de ne pas les provoquer. J’évitais de sonner à leurs portes. Je ne commençais sérieusement mon travail qu’à partir de Belret et Tranelmange. Il suffisait que je croise dans la rue un cou épais, pour que je passe directement à la rue suivante. Je ne gagnais pas lourd. Ces gens n’admiraient rien qui ne fût sanctionné par le rapport qualité prix d’une profession sacralisée par la société anonyme, comme une marchandise de leur Colruyt ou d’une PME du zoning industriel.
Le premier m’envoya une auge de pierre de sa porcherie sur la tête. Quoique le choc fût rude, il ne me fit point mal. Graindorge, le voisin d’en face, me transperça de sa bêche à taupinières. Le mince acier me traversa le corps pour atteindre le cou épais de Louise, une hystérique qui, à quatre pattes, voulait me couper le sexe avec ses ciseaux de couturière. Sa tête, se détacha du tronc et roula sur le sol comme une boule de bowling. La foule étonnée de mon invulnérabilité s’arrêta.
J’étais devant eux, sans une égratignure, souriant, les bras tendus dans un geste d’amour, alors, qu’ils comptaient déjà deux morts ! Une vague odeur de patchouli leur fit penser à de l’encens. Il manquait le buisson ardent, des femmes se troussèrent…
Ils s’essayèrent – certains pour la première fois de leur vie – à la réflexion. Me déclarer possédé du diable, ou m’accepter comme Dieu, telle était la question. Ils se résolurent à ce dernier postulat, dans la crainte qu’en diable, je ne les exterminasse ou pire, que je ne les détroussasse du coffiot familial.

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Leurs yeux s’embuèrent de larmes. Certains tombèrent à genoux en jetant loin l’outil qui était destiné à me pourfendre. Les plus décidés, les meneurs, étaient les plus mortifiés. Ils poussaient des logorrhées sans suite qui témoignaient de la peur et de la pauvreté de leur langage. Une poésie, qui dans l’assaut avait glissé de la pile que je devais vendre, tomba dans les mains d’une furie repentante.
Ces gens qui la minute avant étaient sans Dieu, virent tout l’intérêt qu’ils en tireraient, s’il était avéré que l’Etre suprême avait choisi la rue D. Bovesse, à moins que ce ne soit Wauters ou Van Zeeland pour apparaître au monde.
La tête de Louise fit un strike dans les piles de mes fascicules.
Je m’éveillai en sursaut.
Mon thermos s’était brisé en tombant des pattes velues d’un Gros-Cou inconnu qui s’était sans doute attardé après que la bande se fût égayée.
Il fut aussi surpris que moi de mon réveil.
- Nom de dieu ! fit-il, avant de détaler à toutes jambes.
Ainsi, lui aussi m’avait reconnu !
En remettant quelques objets à leur place, je m’aperçus que la chaîne Hi fi, qu’un ami m’avait prêtée, manquait de sur la commode.
Quant au sang répandu, tout était nettoyé. Je cherchai en vain la tête de Louise, à la place il y avait un pied de biche et un trousseau de clés.
- Ils ne peuvent pas s’empêcher de voler, même Dieu, pensai-je, en leur pardonnant.
Comme il fallait vendre ma poésie pour manger, je partis le matin de bonne heure. Mais au lieu de commencer la prospection vers Yolée, comme j’en avais eu l’intention, je sonnai à leurs portes. Puisqu’ils avaient reconnu mon essence et ouvert leur cœur, ils m’ouvriraient aussi leurs portes ?
D’abord ils rirent. Mon ignominie, venant de la bassesse de mon négoce, les rassurait. Comme j’insistais sur « Le ciel n’est pas plus pur que le fond de mon coeur », la méfiance se changea en mépris.
La lourdeur d’esprit qui les sacralisait socialement, loin de les handicaper, les incitait à me casser la gueule.
Comment pouvait-on consacrer son temps à la poésie ? Cela les stupéfiait, stupéfaction qui leur était naturelle, mais qui prenait à mon contact des allures d’ahurissement. La bouse sur leurs chaussures attestait d’un sentiment de dignité rurale qui les empêchait de faillir. C’était comme si « la douceur angevine » ne pouvait monter vers leur Nord, suffocant sous les odeurs.
Un marchand de porc s’étouffa dans un tas de purin au sonnet « de l’amour ». Un fonctionnaire qui pourtant avait eu durant vingt ans le loisir de s’esbaudir d’autre chose que des 350.000 sites de cul d’Internet, hoqueta de rire à un distique sur le bonheur d’aimer. Il fallut l’emporter chez un orthodontiste tout proche pour savoir qu’il sentait aussi des pieds par le haut. Enfin, une femme qui passait pour une jolie brunette malgré le cou épais fit le geste de s’essuyer le derrière avec le rondeau « C’est plus comme avant » de Félix Bondrillard, le pseudonyme avec lequel j’avais gagné le concours international de poésie de Bressoux-Haut.
Les livrets de poésie que ces béotiens rustiques m’avaient détruits se montaient à 8 euros. Quand la méfiance générale mit un prix sur les dégâts, je ne dus mon salut qu’à la fuite.
- C’est un imposteur. Ce n’est pas Dieu. Où est-il notre curé ? Fourré chez Guy à ripailler avec les snobs du Phylloxera Club !
Quelques coups de feu claquèrent. L’anathème s’entendit jusqu’à la vallée du Geer.
N’est pas Dieu qui veut !

29 janvier 2005

Tontons flingueurs aux Caisses de l’Etat.

Dorénavant, les amendes de la circulation seront reversées aux polices locales. (Les journaux)

Mine de rien, le système qui consiste à reverser les amendes des infractions de la route aux polices locales inaugure une ère où à terme, les administrations ne coûteront plus rien à l’Etat.
Les contribuables paieront deux fois le droit de respirer sur le territoire, mais à part ça, tout ira pour le mieux.
Il suffira d’inclure la notion d’infraction ou de frais pour non-infraction dans chaque acte délivré par l’administration pour que celle-ci se paie sur la bête.
Le convoyeur d’un train traquera sans ménagement les auteurs des dégradations, les pieds sur le mobilier, la cigarette dans le couloir, l’attitude agressive, afin de payer le salaire du conducteur et le sien. Si cette rentrée n’est pas suffisante, il pourrait taxer d’office les voyageurs. On voit immédiatement que débarrassée du poids d’une partie de ses salaires, la SNCB pourrait finir l’année sans perte.
Les Sociétés, dans lesquelles les ministres et les hauts représentants des partis ne touchent pas des « cachets » et des jetons de présence d’administrateur, se verraient obligées de verser une contribution compensatoire dans une cagnotte qui ferait office de suppléments gratifiants de ces messieurs de la Belgique du dessus ; ainsi, ils seraient moins chauds pour se voter des rallonges.
Les Tribunaux condamneraient toujours à l’amende maximale. Une Commission serait chargée après d’évaluer ce qu’il aurait été raisonnable de demander aux délinquants. La différence serait partagée sur place en fin de séance et selon le prorata de l’ancienneté et du grade. L’Etat n’y perdrait rien. Le pas d’entrée pour les avocats et les chaises payantes aux Assises, complèteraient le bas de laine. Ainsi, mieux rémunérés, les magistrats auraient plus de conscience professionnelle.

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On pourrait instaurer un code des trottoirs afin de coller des amendes aux piétons, comme cela existe déjà pour les piétons imprudents dans la rue.
C’est tout un paquet d’entrées de devises dans les caisses de l’Etat qui financera la construction de ronds-points réservé aux piétons. La priorité de droite serait la même que pour les véhicules. La vitesse supérieure à six kilomètres à l’heure serait immédiatement sanctionnée par une forte amende. Des policiers supplémentaires seraient nécessaires, ce qui va dans le sens souhaité par la population qui veut une plus grande sécurité en ville. Des parcmètres seraient installés devant les étalages des grands magasins, la sortie de ceux-ci obligerait le client à marquer un temps d’arrêt, etc.
Enfin, il serait effectué des contrôles chez les particuliers afin d’y rechercher armes interdites, fausses montres Cartier, tabatière de shit, etc. Les amendes seraient reversées aux pompiers et aux hôpitaux. Le matériel saisi, se revendrait en vente publique au profit des accises et douanes. Ce serait tout bénéfice, par exemple, tout serait resaisi à la sortie et remis au commissaire priseur pour de nouvelles enchères. Une fausse montre Cartier ne serait détruite qu’après une demi douzaine de propriétaires, non sans que ceux-ci aient au préalable acquitté l’amende, etc.
Les condamnés au travail d’intérêt général seraient affectés à l’entretien et au jardinage des parcs publics, à la voirie et au nettoyage des rues, ce qui permettrait au personnel renforcé par ses mesures, de travailler moins pour la Commune et plus dans les petits boulots d’appoint à leur compte.
On fait confiance aux gens de pouvoir afin de perfectionner le système.
Si les lecteurs de ce blog ont d’autres idées concernant de nouvelles taxes et amendes, ils peuvent déposer leurs suggestions dans la boîte aux idées du Gouvernement wallon qui organisera prochainement un concours. Le gagnant se verra offrir un poste de consultant aux Finances.

28 janvier 2005

« Liège après midi », le journal de ceux qui se lèvent tard.

L’interview de Jean Bellefeuille que « Liège matin » n’a pas publiée, « Liège après-midi » vous en propose l’exclusivité.

- Votre parti est peut être celui qui a le plus évolué en Belgique depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. A quoi attribuez-vous ce phénomène ?
- On n’est plus, n’est-ce pas, aux violences, qu’elles soient verbales ou physiques. Il faut pour gouverner la Belgique un large accord des Communautés. Les citoyens belges sont des gens paisibles. Le consensus social est devenu naturel à la gauche, grâce à une discipline rendue possible par la compréhension des syndicats, des syndiqués et des membres de notre parti, unis pour une politique de modération salariale.
- Les bobos, comme les appelle malicieusement une certaine presse, .pour obtenir plus d’efficacité, ne risquent-ils pas de réduire le débat à une pensée unique qui traduirait la volonté de vivre dans une parfaite analgésie vers l’économie libérale totalitaire ?
- L’agitation la plus vive règne sous l’apathie apparente. La détermination a comme arme la patience qui vient à bout de tout. Nous ne désespérons pas d’atteindre à des jours meilleurs
par la voie classique non pas de l’économie de marché, mais par l’économie du marché couvert.
-Droixhe joue un rôle important ?
-Bien entendu, quoique nous nous référencions en priorité au prix du marché de Mons.
- Bien entendu. On ne se nourrit pas que de mots. Il faut parfois pour atteindre des objectifs, vaincre des résistances populaires. Comment allez-vous surmonter les contradictions entre le désir des électeurs et les décisions du Bureau de votre parti ?
- Qui d’autres que notre parti est le mieux placé pour diriger les affaires sociales de ce pays ? N’avons-nous pas traditionnellement les ministères de l’emploi, de la santé et de la sécurité sociale, et de la Justice ? Notre récente réforme du chômage nous permettra de dégraisser le mammouth ; Nous prévoyons plus de 10.000 sanctionnés. N’est-ce pas la manière la plus efficace de faire avancer les choses, et de rendre l’espoir à ceux qui travaillent ?
- Les masses ainsi abandonnées, encore qu’elles ne le savent pas toujours, ne se sont pas méfiées jusqu’à présent. N’avez-vous pas peur, un jour, de perdre leur confiance ?
- Au contraire. Nous nous entourons de précautions. L’exemple le plus actuel est dans la lente érosion des pensions et des indemnités des assurés sociaux par des conventions d’indexation, or, tout le monde sait que l’inflation n’est pas reprise en compte, si vous considérez que l’index est moitié moindre de la hausse des prix, d’où une diminution constante de l’ordre de 5 %, ce qui rééquilibre le budget. Les petites gens nous suivent. Ils sont fiers de participer au redressement national par le sacrifice financier.
- Cette politique, les libéraux pourraient tout aussi bien l’entreprendre ?
- Cette politique ne peut être mise en oeuvre que par la gauche au pouvoir. Il a toujours été fait appel à nos services pour réduire les revenus. En ce domaine nous sommes incontournables.
- En mauvaise conjoncture ?
-Non. Même en plein essor, pour d’autres raisons, Monsieur Bellefeuille, notamment l’inflation.
- Vos électeurs sont toujours les victimes, alors ?
- Mais bien sûr. Comment voulez-vous faire autrement ?
- Je ne sais pas moi… par exemple en faisant contribuer les riches aux efforts de la Nation ?
-Pardonnez-moi de vous interrompre, Monsieur Bellefeuille, étiez-vous parmi les grévistes de la RTBf cette semaine ?
-Pourquoi me demandez-vous cela ?
-Parce que je vais au Conseil d’Administration fin d’après-midi et que je trouve vos questions insolentes. Vous me comprenez ?
-Et alors, les riches participant aux efforts de la Nation, vous avez une réponse ?
- Une telle initiative devrait venir des milieux libéraux. Mais nous, ce n’est pas possible. Nous assisterions à un exode massif des capitaux vers des pays aux salaires modérés. Devant la colère des chômeurs nous serions obligés de tenir des propos plus fermes, tout en sachant que les promesses, nous serions incapables de les tenir. Vous voyez la spirale ?
- Oui. Vous seriez obligé de reparler de révolution, d’insurrection ou pire…en un mot de faire du socialisme !
- Vous avez compris que nous n’avons plus les cadres, ni les militants pour un tel coup de force. Nos représentants aux affaires de l’Etat ne sont pas là pour organiser l’émeute. Ils gagnent bien leur vie, ont de la famille, certains fréquentent les milieux de la finance, loyaux envers la FEB, ils voyagent souvent avec le prince et des administrateurs de société. Je suis moi-même un familier du palais. Si une insurrection éclatait, elle viendrait des organisations gauchistes incontrôlées, dirigées de l’étranger, comme nous n’avons plus les Soviétiques, si commodes pendant trente ans, nous serions obligés de parler de Ben Laden. Vous voyez l’engrenage.

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- Pour terminer, avez-vous des regrets par rapport aux engagements « populistes » du passé ?
- Oui, nous aurions souhaité que soit rétabli le ministère de la Reconstruction, supprimé quelques années après la deuxième guerre mondiale.
- Vous pensez y placer un grand ministre, pour quelle reconstruction ?
- Nous avons notre Le Corbusier en jupon. Elle se serait passionnée pour la rénovation des ministères. Elle connaît un bon architecte…

27 janvier 2005

Une ambition honteuse.

- Tu te bats sinon tu n’es rien, le monde ou l’ascétisme. Et encore, quand ton ambition est incompréhensible pour le plus grand nombre, qu’elle ne rapporte rien à la finance, alors, elle ne vaut pas un clou, même si elle a une valeur inestimable pour l’humanité. Un nouveau Verdi qui ambitionnerait de travailler à un opéra, son dossier sous le bras à l’Onem, on le fout à la porte.
- Par exemple ?
- Sur la puissance de l’argent ou la malchance de l’art ? Un écrivain n’a qu’une chance de réussir, c’est de prendre une participation chez Gallimard, ou mieux, il rachète le fonds d’un petit éditeur. Il se publie. Voilà la puissance de l’argent. Il socialise les pertes. S’il n’est pas lu, la Maison d’Edition dilue le bouillon dans le pot-bouille des auteurs.
- Arena, comme Di Rupo l’a dit, a une brique dans le ventre. Le syndrome Louis II….
-Louis II ?
- Oui… de Bavière. Tu sais le type qui ne pouvait pas voir une colline sans y construire un château.
- Le rapport avec Arena ?
- Comme elle n’a pas du répondant en suffisance, elle use du pouvoir pour satisfaire son ambition, elle fait casquer le citoyen à sa place.
- Tu as quand même des ambitions que tu ne peux pas assouvir.
- Des rêves au-dessus de tes moyens ou des moyens des autres ?
- Tu penses à quoi en ce moment ?
- Aux cathos.
-Explique.
- Les Evangiles auraient pu être écrits par Marx : égalité des hommes, justice sociale, amour de l’humanité. A défaut de quoi, la crainte des bonheurs ici bas, l’effroi bourgeois d’une généralisation du sentiment égalitaire, la crainte de l’épanouissement du corps et des sens… l’ambition des Evangiles est revu à la baisse, au point que les téméraires qui veulent suivre les Evangiles à la lettre se font taper sur les doigts.
- Tu as quand même des ambitions accessibles…
- Lesquelles ?
- L’ambition de faire du bon boulot à quelque place que tu occupes…
- Dans le domaine des tâches répétitives, un travailleur modeste qui ne réclame rien, a son ambition satisfaite. L’ambition à ce stade comporte quand même des avantages moraux.
- Sans blague !

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- Le travail distrait le travailleur de sa propre vie. Il le détourne d’une introspection difficile, ce qui fait qu’il ignore que son travail l’handicape, le diminue, l’élimine de toute élévation de l’esprit. L’ambition l’empêchant de se représenter tel qu’il est, il ne voit pas l’horrible solitude qui est la sienne. Le travail est un bon remède à l’éthique et à l’esthétique. Ne sachant distinguer ce qui est beau ou pas, ce qui est moralement acceptable ou pas, il passe ses jours dans une monotonie qui échappe à son entendement. Il n’a pas le regret d’être ailleurs, puisque rien ne l’intéresse plus que son travail. Son activité amuse sa vanité, trompe son impuissance, au point de croire que son travail influencera jusqu’au destin des hommes !.
- Surtout que ce travailleur exemplaire dans son effort ne fait pas la comparaison entre ce qu’il fait d’infime et la mécanique universelle. Il ira jusqu’à croire influencer le cours des planètes ! Il lui semble ainsi au moment où il n’est même plus le maître de lui-même, être le maître de l’univers. Il paraîtra convaincu que par sa volonté, il acquerra au bout de ses efforts, l’indépendance, pas loin de le diviniser à ses propres yeux. Il accompagnera le mépris de son employeur pour les chômeurs, de sa propre réprobation.
- Son ambition à l’apogée, on peut restructurer son entreprise. L’ambitieux sur la paille, ne comprendra pas ce qui arrive. Il se dira victime d’une formidable injustice, mais son fonds de naïveté restera intact. Il se vendra à l’employeur suivant avec le même bonheur.
- Oui. C’est classique. A cinquante ans, du dernier employeur à l’Onem, le travailleur ambitieux chopera une dépression, parce qu’il n’aura rien compris.
- La meilleure des ambitions, c’est encore de n’en pas avoir…
- Ou alors, une ambition honteuse…
- Qu’est-ce qu’une ambition honteuse ?
- Celle, par exemple de bosser le moins possible ou pas du tout.

26 janvier 2005

Saloperie d’existence

- La vie, c’est des conneries…
-Quoi des conneries ?
-Oui, des conneries. On n’en a plus rien à foutre ! Rien à foutre !
-Suzy t’a plaqué ?
- Si tu veux.
-Comment ça, si je veux ?
-Ouais, tout ce bazar sur l’amour, Suzy, sa mère, son père….
- C’est bien ce que je disais, elle t’a plaqué.
- Qu’elle aille se faire foutre. Elle avait pas à nous surprendre.
- Où ça ?
- Au page.
-Avec qui ?
-Avec sa mère. Je veux, l’old trout…
- Ah ! et c’est elle la salope ?
- Oui, parfaitement.
- Explique.
-J’ai rien à dire. C’est à cause de son père ;
- De mieux en mieux.
-Tu parles d’une famille.
-Je te signale que son père n’est que son beau-père.
- Et alors. C’est dégueulasse avec un vieux !
-T’étais bien avec sa mère !
-Moi, c’est pas pareil. Et puis sa mère, c’est pas ma mère.
-Pourquoi c’est pas pareil ?
-Parce que moi, je les ai surpris avant que Suzy nous surprenne.
-Je ne vois pas le rapport.
- C’est facile à comprendre. J’étais tellement écoeuré, c’était à la première qui passe…
-Et c’était ta belle-mère ?
-Non. Ma belle-mère, était en second. Le jour des soldes, elle laisse tomber son râtelier dans le rayon des chaussettes. Je le lui retrouve. Ça crée des liens. Et puis, marre…je veux plus entendre parler de rien… Est-ce qu’on va me foutre la paix avec toute cette saloperie ?

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-Qu’est-ce que tu vas faire ?
- Je vais me remettre en ménage.
- Ah ! t’as la santé… Je te comprends plus, avec ta belle-mère ?
- Penses-tu. J’étais pas fait pour la fabrique, le football, les bières… non pas les bières, c’est le mauvais exemple, mais tout le reste, surtout Suzy !
- Tu sais que tu me fais peur ?
-Moi, je te fais peur ?
- Tu te décourages, facile.
-Tu crois que c’est une vie ? La fabrique, Suzy, la fabrique, Suzy, sauf le dimanche, Suzy, le foot, Suzy. Qu’est-ce que tu veux qu’on foute avec le salaire qu’on nous donne ? Vandeputte peut même pas payer ses chemises avec et Davignon, i’ carbure à quoi, ce mec ? Et puis Mordant…
-Qui c’est Mordant ?
-Le président de la FGTB…
-Non, tu t’en prends à tout le monde. Pourquoi pas à moi tant que tu y es ?
- Justement, c’est ça qui m’emmerde le plus.
-Tu sais bien que je suis ton pote et qu’avec Elvire, on t’aime bien. Tu t’en prends aux gens qui sont pas là pour se défendre ! Moi, je suis là. Tu peux tout me dire.
- T’es sûr que tu te fâcheras pas ?
- Je t’assure ! Parole d’homme.
- C’est juré ?
-Puisque je te le dis !...
- Je vais me mettre en ménage avec ta femme !
-Avec Elvire ? T’es fou ? Hier, on a encore baisé comme des bêtes.
-Justement, on s’est dit que ce serait pas mal qu’Elvire te laisse un souvenir fuckstress !
- Ah les saligauds !...
- Tu vois, je le savais, t’es pas content. Et ta parole d’homme ?
-Ah ! bougre de petits saligaud. Je ne sais pas ce qui me retient…
- J’avais raison, hein ! belle saloperie la vie. Tu ressens ce que je ressens ? C’est pas drôle ! J’te comprends… Ça me fait de la peine pour toi, tu sais… Pardonne à Elvire. On n’est pas responsables, c’est la faute à l’amûûr !
-Je te casse pas la gueule. Mais ne me demande pas de vous pardonner…
- Même à moi, un pote de vingt ans !
- Quand je pense que vous alliez au bowling tous les samedis…
-N’y pense pas trop, vas. Tu vas te faire du mal…
- Ah ! ils sont beaux les amis !
- J’ai résisté au moins trois mois…
- Parce que c’est elle qui…
- Je t’assure si ça n’avait dépendu que de moi…
-Mais ça dépendait de toi aussi, petit salopard…
-Arrête je vois que ça te fait du tort. T’as promis que tu te fâcherais pas…
- Saloperie d’existence… Si t’avais été à la friandise qu’une fois, on pourrait discuter.
-Et voilà, on est au même point. On va pas refaire le monde. Tu peux me rendre un petit service ?
- Quoi encore ?
- J’ai besoin de ta bagnole pour aller chez toi prendre les affaires d’Elvire !

25 janvier 2005

Un anschluss passe sur Bruxelles…

La Société flamande de Belgique a beaucoup d’analogie avec la Société polonaise. Elles obéissent toutes deux à des impératifs qui n’ont plus cours dans une Europe en pleine mutation. Les Polonais sont centrés sur la religion catholique, les Flamands, tout au moins l’impression que nous en donnent leurs représentants, sont braqués sur la question linguistique. L’une et l’autre mènent des combats d’arrière-garde.
On ne peut plus être nationaliste et revendiquer la souveraineté sur des territoires d’une quelconque partie de l’Europe, comme les Turcs revendiquent la territorialité du Kurdistan. C’est ce que font les Flamands qui, au nom d’une souveraineté qui ne puise ses règles dans aucun texte écrit avant que la folie belgicaine l’ait délimitée sous le vocable de frontière linguistique, s’enflamment pour un droit du sol et une langue unique.
L’accélération de cette fantasmagorie prend une tournure de crise grave à propos de la scission exigée de l’arrondissement Bruxelles – Halle – Vilvorde où dans certaines communes « flamandes », dites à facilités, la majorité est francophone !
On croyait avoir la paix en donnant des frontières au nationalisme flamand. Ce fut une grave erreur. On a pu s’en rendre compte tout de suite, l’affaire des Fourons s’étant déclenchée au moment où par lâcheté et désir de conserver l’Etat belge, les parlementaires francophones troquaient ces Communes pour Mouscron et quelques autres accommodements.
Aujourd’hui que les résidents hollandais ont fait l’appoint des voix pour le flamingant Huub Broers, on voit bien comme le nationalisme flamand s’accommode des étrangers dans certains cas, et comme leur inquiétude de l’occupation étrangère du sol n’est rien d’autre que la détestation des francophones.
Depuis trente ans nous nous débattons dans des situations qui amusent toute l’Europe à cause de cette continuelle querelle, en partie alimentée par nos parlementaires bruxellois et wallons incapables à défendre la raison et le droit, saisis de la trouille de voir les Flamands claquer la porte et organiser leur territoire, sans nous.
Personne ne voit parmi nos responsables quelle chance serait pour l’Europe, si sa capitale, devenait ville ouverte et internationale et une Wallonie, libre et autonome. Quant à la Flandre, montrée du doigt par tout le monde pour son intransigeante bêtise, rongée par le racisme et sa forte minorité de droite, il serait aisé dans le mouvement général de réprobation de la remettre à sa place, sans qu’elle puisse grand-chose, tant l’Europe dispose de certains grands marchés, et que sa prospérité économique en dépendrait.

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Evidemment, le scénario actuel de scission fait peur. Et les premiers à frémir sont nos « élites » wallonnes, frigorifiées à l’avance par leur manque d’imagination et de témérité. Ah ! nous les avons, nos forces-vives, peut-être à la mesure de ce que nous sommes, pelotonnés dans nos trois couleurs, livides et guettés par l’entérite des soirs de décision !
Aujourd’hui que les grandes manœuvres pour la scission de B-H-V commencent, la révolte à l’encontre des appétits flamands n’est plus ce qu’elle était en septembre 2004.
On sent que nos ministres lorgnent du côté d’un accord, n’importe lequel pourvu que Verhofstadt dure jusqu’à la fin de la législature, le temps que les Flamands digèrent leur nouvelle conquête.
Dans l’histoire de l’Etat fédéral, il en a toujours été ainsi. Les francophones font des concessions, acceptent n’importe quoi en se disant que les Flamands cesseront un long moment de touiller dans la marmite communautaire. Pas du tout, au contraire, ça les met en appétit, d’autant que derrière eux le Vlaams Belang suit en ramassant les mécontents sur son passage.
Cette fois, ils veulent que le bilinguisme de fait cesse dans les Communes à facilité. La scission de B- H- V leur en donne l’occasion.
Quand les Francophones auront baissé leurs culottes pour se faire botter le cul, ils savent déjà sur quoi portera la négociation suivante. Elle portera sur la conséquence de cette scission de leur minorité à Bruxelles. Peut-être n’auront-ils plus qu’un seul Flamand dans la représentation bruxelloise. Ils exigeront alors que leur nombre reste identique. Un point c’est tout.
Et il y a de grandes chances pour que nous avalions cette nouvelle couleuvre, comme nous aurons avalé la scission.
Voilà comme nous sommes et voilà comme ils sont.
Je ne suis pas attaché à l’Etat belge plus que cela. Nous sommes ni plus ni moins que les autres Etats membres de l’Europe, sous un régime capitaliste qui se fout des citoyens. Pour que cet Etat fût défendable, il eût fallu au moins une amélioration des conditions de vie des plus démunis, pensionnés, malades, handicapés, chômeurs, au lieu de quoi, même les socialistes se sont détournés de cette population qui souffre.
Mais que cet Etat finisse en queue de poisson sous la pression des nationalistes flamands est la fin la plus pitoyable qui soit.
Et cette idée-là est insupportable à beaucoup.

24 janvier 2005

Aux imbéciles heureux nés quelque part.

Avertissement

Ce texte ne s’adresse qu’aux « p’tits blancs » autochtones, fort en gueule et racistes, qui se verraient bien encore en casque colonial et voilette anti-moustiques « casser du nègre » dans notre ancienne colonie.

Ce pourrait être un avis aux gugusses qui sont nés quelque part.

Il n’y a pas l’ombre d’une supériorité physique ou intellectuelle quelconque entre un cutéreux de nos belles campagnes fleuries et un traîne-savate de Ouagadougou. Si pas tous pareils de peaux, tous pareils quant aux origines, le fameux ancêtre unique, dont Yves Coppens cherche toujours les premiers de l’espèce qui sont descendus des arbres, histoire de nous confectionner quelques millions d’années plus tard, la bombe atomique.
Je sais bien que tout cela a été dit et écrit cent fois, mais de ce qu’on entend encore dans les rues et sur les bus aujourd’hui, il est bon de le redire.
Ce qui démange ces chers compatriotes à la triste figure, c’est qu’ils ont peur que des affamés des antipodes viennent piquer leurs boulots. Comme s’il n’était pas humain lorsque les conditions de vie sont meilleures, que les gens se déplacent d’un pays, voire d’un continent à l’autre. Les Wallons ont émigré parfois en masse et ont fait souche en Scandinavie et en Amérique. Alors, question s’empiffrer de soupe dans une gamelle d’ailleurs, on n’a pas à faire la fine bouche, ni à donner des leçons.
C’est toujours la même chose, on confond les responsabilités. Atteint d’une vue basse, on confond la cause et l’effet. Les responsables des dissensions entre frères humains ne sont pas les effets des flux migratoires, mais ce qui les provoquent, à savoir le capitalisme mondial et les déséquilibres permanents qui en découlent.
Avant l’explosion des transports intercontinentaux, chacun vivait dans son cocon. C’étaient les habitants de Trifouilli-les-Crevettes qui menaient la vie dure aux étrangers de Bavardons-des-Joyeuses, distante de dix kilomètres. Nos andouilles vociférantes, un peu partout dans la société, mais principalement à droite et à l’extrême droite, ont conservé et étendu ce principe de la loi du premier occupant. Alors que nous ne sommes pas même les premiers sur ce territoire appelé Belgique et certainement pas les derniers.
Il serait plus juste de dire que nous sommes momentanément le cul dans l’assiette au beurre (et encore, pas pour tout le monde) et comme les fauves de Bouglione défendant les abats sanguinolents qu’ils vont bouffer, nous montrons les dents quand quelqu’un approche. Tout laisse à penser que ce niveau de vie plus élevé et qui fait rêver les pauvres, nous le perdions un jour au profit de la Chine, voire de l’Inde et que nous allions sonner aux portes des habitants de Pékin avec notre dégaine de petit blanc à peau de cochon, la gamelle à la main et la merde au cul.
Bien entendu, puisque nous sommes parmi les plus grands champions du monde de la connerie, juste après les Américains, que nous n’en voudrons pas le moins du monde aux promoteurs de la misère qui la déplacent avec leurs usines, au moment de recevoir le seau d’urine sur la tête d’un autochtone, excédé de notre audace.
Comme quoi, s’il y a bien un lien universel qui nous unit comme deux gouttes d’eau à un Patagonien, à un Ouzbek ou à un Républicain de dobeliou, c’est bien, à certains moments, l’absolu manque de raisonnement.

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Quand on insulte un être humain parce qu’il a la peau noire, un Juif parce qu’il est Juif ou tout étranger parce qu’il n’a pas un passeport belge, que c’est sûr, on va l’emmerder officiellement dans toutes les Administrations du Royaume – soi-disant pas racistes - c’est comme si on m’insultait, moi, citoyen de ce foutu pays, avec papiers en règle, tradition folklorique, Wallon wallonisant, électeur assidu et de la couleur de la peau des fesses du porcelet, bien de « cheu » nous ! .
Aussi, je dis à ceux qui rancissent dans nos belles vallées le cœur rempli de haine, entre leur carré de choux et leur poste de télévision, que je les emmerde et qu’ils ne comptent pas sur moi pour défendre leurs propriétés, leurs bagnoles et leurs statuts privilégiés – propriétés qui ne sont jamais tout à fait à eux, mais à l’Etat et aux Banques.
Ma patrie est dans des domaines qui leur sont étrangers, ce sont les cheveux blancs d’une hottentote, une mère qui pleure ses enfants engagés « volontaires » à dix ans chez des rebelles – il y a toujours des rebelles quelque part - un vieux « nègre » devant sa case qui boit de l’eau pervertie et qui n’a qu’une poignée de riz pour finir la semaine, un enfant qui va mourir du SIDA et de la folie des hommes en Afrique du Sud, une petite prostituée de Thaïlande que des pourris mettent sur le marché honteux du vice pour vacanciers désoeuvrés et même les tziganes qui traînent dans nos rues dans l’intention de nous faire les poches… Eh ! oui, les sujets de mon Etat, mes compatriotes de cœur, ce n’est pas cette volaille piaillante de nos basses-cours, ces archis égoïstes qui même lorsqu’ils donnent un peu d’argent aux autres, on a l’impression qu’ils les humilient davantage.
Oui, vraiment, ce sera un ouf de soulagement quand on tirera la chasse sur tous les abrutis de l’ancien monde, oui, ancien, car le nouveau est irréversible. Il aplanira tout. Le mélange des genres arrive. La créolisation du monde est mathématiquement irréversible. Cela prendra encore du temps, mais nos arrières, arrières petits enfants seront tous créoles.
Pourquoi ? Parce que jamais un nordique, engrosserait-il mille Noires n’aura autre chose que des enfants café au lait, par contre, un Noir avec une blonde aux yeux bleus, tout le monde sait ce que cela donne.
Voilà tout ce dont nous avons besoin. Pouchkine était en avance, non ? Puisqu’il était métis.

23 janvier 2005

Funeste fut le jour de l’an

De Schaffhouse, pour M.

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Ronde des heures les jours s’achèvent
C’était en janvier deux mille cinq
Le ciel s’accrochait aux toits de zinc
Comme à la vie en place de Grève

Elle m’apparut dans des blancheurs
La première fois que je l’ai vue
Veste et pantalons de toile écrue
Il n’y a pas de petits bonheurs

Comment dire ce qui s’est passé
Et comme les choses sont étranges
Il reste que les bonheurs dérangent
En suis-je encore à me demander

La boule miroite à mes dépens
Le danseur a la main opportune
On le sait aveugle est la fortune
Dans la cohue du nouvel an

C’était en janvier deux mille cinq
Sourires mouillés propos aimables
J’en oubliais le temps détestable
Le ciel s’accrochait aux toits de zinc…


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22 janvier 2005

Trois Parques et Zeus au PS

Les têtes des premiers sanctionnés de l’Onem viennent de tomber dans la sciure.
Parmi les trois Parques inflexibles, un homme : l’obscur Jean-Claude Marcourt, ministre actuel de l’économie et de l’emploi du gouvernement wallon. Les deux autres sont plus connues : la prodigue Marie Arena, ministre de la Formation, mais qui a trempé dans les nouvelles moutures anti-chômeurs et Laurette Onkelinx, le Fregoli de tous les ministères, qui a, quelque part, débuté le tour de chauffe des agressions dont sont victimes aujourd’hui les jeunes chômeurs de moins de 30 ans.
Mais la palme revient à Frank Vandenbroucke, ministre fédéral de l’Emploi, instigateur et héro pitoyable de ce cirque. Dieu de l’Olympe à l’époque, il avait fait grand bruit, notamment au PS qui, en l’absence du président Di Rupo, ne s’était rendu compte qu’après coup de ce qu’il venait d’avaliser.
Oh ! que voilà des petits génies qui allument une mèche sans savoir qu’après il y a la bombe…
La mythologie dit tout sur ses divinités d’un genre spécial, puisqu’elles sont appelées par antiphrase « celles qui épargnent » (du latin parcere) justement parce qu’elles n’épargnent personne. Quant à Zeus Vandenbroucke, cet intellectuel flamand qui a tendance à prendre les autres pour des moins que rien, on se réjouirait que la Flandre se sépare définitivement de nous, rien que pour ne plus voir.
Les premiers effets de la Loi reliftée puis lancée dès juillet, ne concernent pour le moment que les demandeurs d’emploi de moins de 30 ans. Cet été, le bidule sera étendu aux moins de 40 ans. Puis, un an plus tard, aux moins de 50 ans.
L’actuel tableau de chasse n’en est qu’à ses débuts : 500 chômeurs sanctionnés (20/01/2005) privés d’allocations pendant 4 semaines au moins. La guillotine va, dans les semaines qui viennent, accélérer ses fêtes de l’Aid El-Kebir, sauf que ce ne sont pas des moutons qu’on égorge, mais des hommes.

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Faire la preuve de la recherche d’un boulot est quasiment impossible dans des Régions où les quelques rares entreprises qui subsistent n’ouvrent même plus leur porte aux demandeurs, ne serait-ce que pour certifier qu’ils sont bien venus se présenter. Sachant cela, que des fonctionnaires de l’Onem sanctionnent les chômeurs sur ordre, c’est parfaitement dégueulasse. Et d’une certaine manière, d’autres fonctionnaires, ceux des syndicats de la FGTB et de la CSC en cautionnant le procédé, en n’appelant pas au boycott général de cet attentat contre les pauvres, mieux en posant devant les caméras avec quelques chômeurs de « bonne volonté » qui se sont tirés sans sanction de leurs démêlés avec les adjudants de l’Onem, c’est parfaitement indigne de ce que doivent être les représentants des sans-emploi.
Bien entendu, une fois de plus, l’entière responsabilité de l’application de cette loi particulièrement néfaste revient aux Socialistes, hélas !...
Ce premier mauvais coup, n’est qu’une semonce puisqu’il est dit dans les commentaires que si les premiers sanctionnés persistaient dans leur mauvaise volonté « ils risqueraient bien plus gros encore, comme la suspension définitive ».
Sans doute qu’en écrivant ces lignes le père Soupe de service a dû avoir une érection sévère de joie.
Sur les 104.000 personnes concernées, 9000 seulement ont été invitées à comparaître. Ce qui devrait, toute proportion gardée, faire en tout 4.680 sanctions possibles mathématiquement, dont plus des deux tiers pourraient être définitives.

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En accompagnant la présentation de ces chiffres mardi, la ministre fédérale de l’Emploi Freya Van den Bossche (SP.- encore une socialiste !) disait vouloir «tordre le cou à certains fantasmes persistants». Enfin, pensions-nous, voilà une de nos petites vedettes au cacheton supérieur à une alloc du Chômedu, qui va faire marche arrière. C’était uniquement pour rassurer les amis flamands au sujet des sanctions en Wallonie ! Il n’y aura pas d’inquiétantes disparités. Au contraire, les premiers chiffres tombés viennent le démentir. Car sur les 497 récalcitrants aux allocations suspendues, il s’en trouve 62 à Bruxelles, 114 en Flandre et... 321 en Wallonie. Donc les gendarmes wallons de l’orthodoxie bourgeoise au niveau des sanctions contre les pauvres auront montré un zèle égal, sinon davantage que ceux qui interpellent dans la Vondeltaal les gens qui en Flandre sont dans le même malheur.
Il y a beaucoup de gros beaufs qui vont rigoler ce printemps, tous ceux qui en général croient dur comme fer qu’ils ne seront jamais chômeurs et ceux qui, plus stupides encore, pensent que s’ils l’étaient, ils retrouveraient instantanément du boulot. Quant à tous ceux qui n’en ont jamais secoué et qui vivent des revenus du capital, sans oublier nos indexés des professions privilégiées, parlementaires et fonctionnaires, les tuyauteries des WC des ministères risquent de saturer des éjaculations triomphantes des rassis du bonheur.

21 janvier 2005

Bush, el conducator du genre humain !

Bush ne fume pas le cigare et Condoleezza n’est pas Monika.
Ça rigole de moins en moins à la Maison Blanche.
L’Amérique donnait des Oscars aux vedettes de Hollywood. Le Président distribue des Statues de la Liberté aux Etats démocratiques. Viktor Louchtenko a été nominé.
La deuxième Administration Bush entonnera l’hymne américain, la main sur le cœur, d’ici la fin du mois, pour un nouveau "Vendée Globe" qui durera 4 ans !
Le Président a été réélu en défendant le même principe que n’importe quel politicien de la vieille Europe : celui de ne jamais reconnaître ses erreurs.
Exemple : le Vietnam, 1964-1973. Kennedy débute le conflit, Johnson le durcit et enfin, Nixon le termine devant l’hostilité de l’opinion et la défaite sur le terrain, sans qu’aucun des trois n’ait reconnu la moindre faute.
Dans le cas de l’Irak, on touche à l’effronterie, c’est gravissime. Car ici le prétexte de la guerre était bel et bien la détention d’armes chimiques et bactériologiques pouvant occasionner des pertes énormes en vies humaines. Devant l’absence de ces éléments, pourtant orchestrés par Colin Powell aux Nations Unies avec ce petit tube de verre agité devant les caméras pouvant détruite la vie d’un continent entier, on avait le scénario idéal !
Donc pas d’arme chimique et que fait-on ? On introduit une nouvelle notion de casus belli.
Oubliées les armes spéciales, on lance l’électeur américain sur une autre piste : dorénavant Bush et le nouveau chef de la diplomatie américaine, Condoleezza Rice, abandonnent les anciens griefs. En 2002 nous avions l’axe du mal, dont Colin Powell avait de la peine à expliquer ce que l’Amérique entendait par là, aujourd’hui il s’agit de désigner les six postes avancés de la tyrannie : Birmanie, Corée du Nord, Iran, Biélorussie, Zimbabwe, sans oublier le plus ancien tyran encore en exercice : Fidel Castro, le Cubain, qui a commencé sa carrière en faisant la nique à Kennedy.
L’arbitraire de cette liste saute aux yeux. Il y manque au moins deux Etats : l’Arabie Saoudite, banquière du terrorisme mondial et la Chine populaire, un parti unique, élection bidon, sans oublier l’annexion du Tibet, la place Tien An Men et les milliers de prisonniers politiques.
Qui va décerner les brevets de bon démocrate ? En quoi Achar El Assad président dictateur syrien, est-il moins démocrate que le Tunisien ben Ali, président à vie ou que le monarque absolu du Maroc ? Quant aux républiques d’Amérique du Sud, on sait leurs démêlés avec le FBI et la bureau des narcotiques.
Et c’est Bush qui va parer au plus pressé, démêler dans ce sac d’embrouilles, quel est celui qui recevra des dollars pour perfectionner sa démocratie ou des coups de canons parce qu’inamendable ?

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On voit les choix géopolitiques de cette liste, le parti pris des Etats-Unis et le danger de laisser cette Administration américaine sous la coupe des Evangélistes, qui dans la foulée, vont exiger de Bush la récompense à leur soutien lors de sa réélection, en le sommant de réactualiser une vieille loi contre l’avortement.
Voilà les USA engagé dans un porte à porte pour vendre la démocratie. Drôle de missionnaires, lorsqu’ils ne parviendront pas à convaincre, ils tomberont à bras raccourcis sur les récalcitrants !
Car la diplomatie transformationnelle que promet Condoleezza Rice aura des limites fixées par le Président qui pourra, à tout moment, combattre « la terreur ».
Vaste programme venu d’un pays dont on n’est pas sûr qu’il puisse être un bon exemple. Car, qui, plus que ce pays, a des espions partout dans le monde, noyaute les gouvernements, truande les marchés, s’immisce dans des entreprises, acquiert des zones d’influence au détriment des pays pauvres, poursuit une politique belliciste en refusant d’arrêter la production des mines antipersonnel, pollue la moitié de la planète, expérimente des gaz rares, manipule des toxines, etc. ?
C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que l’on voit un Etat exiger des autres que l’on copie son système ! Ni les Grecs, ni les Romains qui se croyaient les maîtres du monde, alors qu’ils n’étaient que ceux du pourtour méditerranéen, ne sont jamais allés si loin dans la démesure. Ils se contentaient de « taxer » les vaincus. Ce que les Américains pratiquent depuis longtemps, par une exploitation systématique des ressources des pays du Sud.
La gesticulation actuelle ne servirait peut-être qu’à masquer l’échec irakien.
Aussi fortiches soient-ils, les USA n’ont pas les moyens de faire une guerre à l’Iran. Tout au plus ont-ils la capacité de procéder à des frappes ciblées. Quant à l’occupation des sols… Il ne faut pas rêver, sauf si l’Europe emboîtait le pas.
Reste que l’électorat américain est le plus balourd qui soit, d’avoir réélu quelqu’un capable de mettre le monde à feu et à sang !

20 janvier 2005

La théorie du « tout pour moi, rien pour les autres »

Très tôt, j’ai su que le monde dans lequel nous vivons usurpe les termes par lesquels on le définit. La société, quelle fût belge, française ou allemande n’avait pas droit à certains qualificatifs comme « humaniste » ou « démocratique », ni même qu’on la qualifiât de « bourgeoise » (être bourgeois auquel beaucoup de gens aspirent, n’est pas représentatif de la population.)
Le « Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité entre les hommes » de Jean-Jacques Rousseau a suscité en moi plus de questions que de réponses.
« Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui arrachant les pieux ou comblant le fossé eût crié à ses semblables : Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne. »
Les textes magnifiques de Jean-Jacques m’ont fait réfléchir sur le droit naturel à être soi-même, libre et sans entrave, le droit attaché à la propriété étant conventionnel et souvent arbitraire.
Ceci nous conduit à l’examen du « conventionnel ».
Tous les antagonismes aujourd’hui viennent de l’antinomie entre liberté et convention.
Sans ordre et sans loi, nous serions vraiment libres selon Hobbes qui dénonce le caractère conventionnel de l’autorité du pouvoir politique sur l’homme. Mais, si vous n’aviez pas une autorité politique capable d’accepter que vous mettiez deux euros dans la fente du caddie, vous verriez le chaos s’installer sur le parcage du supermarché !
Quelles sont les raisons qu’a une société libérale de conserver un pouvoir politique qui prélève jusqu’à 50% des héritages selon les degrés de parenté ?
C’est une question qu’il faudrait poser à Didier Reynders.
Macpherson pense que la société se réduit à un ensemble d’individus libres et égaux, liés les uns aux autres en tant que propriétaires de leurs capacités et de ce que l’exercice de celles-ci leur a permis d’acquérir. » Quant à la société politique, elle n’est qu’un artifice servant à protéger cette société et à maintenir l’ordre dans ses rapports d’échange.
Les gens de gauche me reprochent que je sois de droite et les gens de droite me reprochent que je sois de gauche. Finalement les uns et les autres disent la même chose. Ils dénoncent l’absence d’un raisonnement euristique historique du capitalisme, les libéraux parce qu’ils en sont toujours à l’empirisme de Locke et les socialistes parce qu’ils ont abandonné le principe de la lutte des classes qui avait au moins le mérité de clarifier les antagonismes.
Ce qui fait qu’aujourd’hui, le discours d’un Di Rupo oscille sans arrêt entre un dirigisme basé sur le bon vouloir, « la charité » des riches si l’on veut, et une radicalité puisée dans le discours de Hobbes.
Les libéraux et les socialistes se sont ralliés à la pratique qui consiste à se placer dans le vent de l’électeur (1). D’éclaireurs, ils deviennent éclairés et, à leur niveau, c’est une chose profondément méprisable, qui n’apporte rien comme réflexion servant aux projets de société.

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Macpherson a défini l’individualisme possessif par 7 propositions :
1. L’homme ne possède la qualité d’homme que s’il est libre et indépendant de la volonté d’autrui ;
2. Cette indépendance et cette liberté signifient que l’homme est libre de n’entretenir avec autrui d’autres rapports que ceux qu’il établit de son plein gré et dans son intérêt personnel ;
3. L’individu n’est absolument pas redevable à la société de sa personne ou de ses facultés, dont il est par essence le propriétaire exclusif ;
4. L’individu n’a pas le droit d’aliéner totalement sa personne, qui lui appartient en propre ; mais il a le droit d’aliéner sa force de travail ;
5. La société humaine consiste en une série de rapports de marché
6. Puisque l’homme ne possède que la qualité d’homme que s’il est libre et indépendant de la volonté d’autrui, la liberté de chaque individu ne peut être légitimement limitée que par les obligations et les règles nécessaires pour assurer à tous la même liberté ;
7. La société politique est d’institution humaine ; c’est un moyen de protéger les droits des individus sur sa personne et sur ses biens, par conséquent à faire régner l’ordre dans les rapports d’échange que les individus entretiennent en tant que propriétaire de leur propre personne.
La société anglaise des XVIIme et XVIIIme siècles, d’après laquelle se serait fondée la société capitaliste actuelle, s’est bâtie sur les principes égalitaires ci-dessus énoncés par Macpherson, qui déboucheront un siècle plus tard sur la théorie de Marx « Das Kapital » traitant des mêmes problèmes de liberté et d’aliénation.
C’est assez surréaliste que Louis Michel et Didier Reynders s’en réclament, citant à tout propos un disciple de ceux qui précèdent : Alexis de Tocqueville dont les écrits traduisent les mêmes convictions.
Il ne s’agit rien moins que d’un dégoûtant empirisme qui conduit le mouvement libéral aujourd’hui vers la mondialisation, le profit honteux et le maquereautage des populations exploitées.
Il reviendrait tout de même aux mouvements socialistes de se ressaisir et de redéfinir une société « libérale » comme l’entendaient les précurseurs.
Ce serait la moindre des choses.
---
1. Le sentiment que les bourgeois incarnent l’avenir, donc la modernité, est tellement répandu parmi les couches les plus misérables de la population que le parti socialiste est obligé d’en tenir compte, au détriment de la logique de ce qu’il revendiquerait si son électorat n’était pas totalement subjugué par le leurre d’une élévation par le travail capitalisé, qui lui fut suggérée dans les années 50 et qui se poursuit aujourd’hui, illusion collective dont les libéraux recueilleraient les fruits, si le PS ne s’était lui aussi positionné en parti bourgeois concurrent.

19 janvier 2005

Députés en kit

« Connu » est devenu une profession.
- Qu’est-ce que tu fous en ce moment ?
- Moi, Rien. Je suis connu. Ça suffit pour ramasser des ronds.
Jusqu’il y a peu, seuls les hommes politiques gagnaient à être connus. Peu importe que la notoriété fût douteuse.
A l’Assemblée Nationale française, les travées sont généralement bondées le mercredi, jour où la télévision enregistre les débats.
Le fait d’être vu et revu à la télé, dans les journaux et partout où il est possible de s’afficher, crée une accoutumance dans le public qui se transforme vite en popularité, pour ceux qui savent y faire.
Cette vieille recette politicienne est appliquée à présent à des émissions comme Star Ac, la Ferme, etc. Ce qui permet à des anonymes comme Steevie et Maximo Garcia, sans talent particulier et sans rien à montrer, de vendre leur image et plastronner partout avec aplomb. On a même vu Maximo dans un petit rôle au cinéma et Vincent Mc Doom raconter sa vie dans un magazine people !
Du coup, afin de ne pas se faire doubler par les « connus » du star system, les politiciens adoptent de plus en plus avec le sourire un ton d’évidence qui, espèrent-ils, est de nature à convaincre davantage.
Déjà que les « vedettes » de la télé et du foot n’ont qu’à paraître sur une liste pour obtenir suffisamment de voix de préférences pour sauter les professionnels chevronnés, on sent monter la pression dans les rangs des obscurs et même des grosses pointures de la représentation politique..
Ce phénomène en dit long sur ce que vaut une démocratie en 2005.
La palme du plus caricatural des discours se dispute entre trois chefs d’équipes, Di Rupo, Reynders et Milquet, comme par hasard, les leaders actuels de leur formation.
A eux trois, ils emploient souvent trois expressions qui reviennent dans le discours « Il est clair que », « Bien entendu », « Il ne fait pas de doute que »… et tous ses dérivés sur « la certitude du doute ».

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L’habillage de ces locutions préfabriquées nous promène dans des principes de légitimation : dont le plus important est l’autorité politique parce qu’issue de l’autorité universitaire. A croire qu’ils sont les voix exclusives de la démocratie parce que nous sommes aphones de naissance. Mais, afin d’atténuer l’effet du discours « savant », ils emploient souvent « simple » et ses dérivés « simplicité », « simplement », accolés à des formules « de pause » comme « disons que » ou « en fait », jusqu’au « il faut être clair », voiles pudiques sur l’arrogance universitaire.
Ces artifices étant maîtrisés, il reste à prouver que ce que qu’ils disent est de loin meilleur que tout, c’est l’occasion de sortir le néologisme « faisabilité ». A partir de là, les opposants à la ligne dominante, seront groupés en deux catégories : ceux dont ils auront besoin et qu’il faut ménager (alliés de coalition), ceux de l’opposition dure qui contesteront tout et y compris leur légitimité.
Contre ceux-ci, les porte-parole des partis emploient la dialectique du soupçon idéologique, dont messieurs Philippe Moreau et Claude Eerdekens se sont fait une spécialité dans la mouvance du PS.
La contamination est l’arme par excellence pour contrer les raisonnements originaux très éloignés de la ligne « classe moyenne ». Il suffit de procéder par syllogisme. Diaboliser un adversaire est une méthode qui a fait ses preuves et le public n’y voit que du feu. Vous vous retrouvez vite « assimilé » à l’extrême droite dans un débat avec la gauche, et à l’extrême gauche dans un débat avec la droite.
L’autocritique est une arme de dérision dont se servent souvent les leaders. Ils s’accusent exagérément pour qu’on leur signifie qu’ils sont trop sévères envers eux-mêmes. L’autocritique devient dans la bouche des experts une forme très évoluée de l’auto-célébration.
L’autocritique de Marie Arena est venue trop tard. Elle devra longtemps lutter contre le préjugé « qu’elle pète plus haut que son cul ». La réputation de dépensière des deniers de l’Etat peut peser sur sa disgrâce future. De toute manière, Di Rupo s’est trop dépensé pour la sortir du guêpier et la laisser tomber tout de suite. Nous verrons plus clair à la législature suivante et notamment si le président du PS a des pièces de rechange pour son mécano.
Les tourments des gens en place surviennent quand le « connu » balaie sur son passage : l’ancien ministre, le lettré parlementaire et l’hyper diplômé, sans que la logique de l’ancienneté soit respectée.
Le « connu » n’a qu’une seule contrainte : le rester. Comme il n’a rien fait pour le devenir, il le restera s’il n’en fait pas davantage. Les télés adorent ceux qui n’existent que par elles, quitte à les larguer si le taux d’écoute faiblit.
Les autres essayeront de l’éliminer par une des méthodes que nous avons décrites. Mais l’entreprise est risquée. L’érosion de popularité est lente. Le meilleur est encore d’assimiler le « connu ». Cela a été le cas de José Happart et de Frédéric Ries. Demain pourraient être députés, Axelle Red, Helmut Loti, Eddy Merckx, nos deux joueuses de tennis quand elles auront 25 ans et en général ceux qui seraient reconnus par cent mille Belges, au moins. A la limite Dutroux, on se demande….

18 janvier 2005

Vos eritis chartae proxima cura meae

(Vous serez le premier objet de mes poèmes)


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A M…

Il est dit que meure toute chose
Les amours qui n’ont pas débuté
Sable en son désert fige la rose
Tant elle sera d’éternité

Et pourtant que dans mon cœur avide
L’écho de tes pas a résonné
Séquence en succession rapide
Des couloirs que tu m’as condamnés

Que se fonde la nuit dans l’hiver
Des solitudes intérieures
A la prunelle de tes yeux verts
Tu n’habites pas où je demeure

Que ne suis-je au plus profond des eaux
Ombre immobile en sa carrière
Au premier âge des minéraux
Immatériel et matière

Les âmes au partir les amours
Ne seront jamais décomposées
Les non-dits s’accordent de toujours
Des harmonies inachevées

Ce qui ne se peut ne se fera
La valeur des serments les querelles
Le monde jamais ne les verra
Et je mourrai sans rien savoir d’elle

17 janvier 2005

En discothèque rurale.

- Tu lui demandes si elle danse. Elle accepte. Tu l’enlaces. Qu’est-ce que tu fous ?
- Je lui dis qu’elle est la plus jolie…
-Bon.
- Que les pots de fleur ne sentent pas si bon.
-Ensuite ?
- Attends, oui… que l’eau de la fontaine n’est pas si fraîche…
-C’est tout ?
- Merde !... oui, je lui récite le Corbeau et le Renard.
-Quoi ?
-Bin, c’est la seule poésie que j’aie retenue de l’école…
-Non, mais, je rêve ! Tu jases… tu jases… et tu bistourises pas !...
- Si attends. J’lui dis qu’elle a de beaux yeux et puis, j’essaie de l’embrasser.
-J’te signale qu’avec ta fleur en pot, voilà trois quarts d’heure que la minuterie a sonné. T’as flambé le gigot… Elle retourne chez môman. Qu’est-ce que tu dois lui demander au moment qu’elle éteint le déconophone ?
- Si je peux la revoir ?
-Ouais. Au moins tu fais dans l’utile. Et quand tu la revois ?
-Je fais pareil. Je la travaille au sentiment.
- Ce qui fait que t’es encore nulle part.
-Oh ! mais tu m’emmerdes. C’est quoi que tu ferais ?
-Occulte. On est pleine stratégie facile dans ce bled. T’as les vieillasses de cinquante piges qui te tiraverais avant que t’aies pu descendre le futal. On vaut mieux que ça, pèpère. Tu fais dans les combien, toi, depuis 2005 ?
- Quarante-trois !
- Heureusement que tu les fais pas. Moi, comme tu vois, j’en suis à 28.
-Menteur !
-Exact. Mais, on n’est pas là pour se faire du mal.
-Allais, on reprend.
-C’est pas de la noix à gauler facile qu’on veut des bouseux, nous les gars de la grande ville. Tiens au hasard, au bord de la piste, tu me colimates la moins moche et je te la plombe sec dans le quart d’heure.
-Tiens, celle-là, la rougeaude qui saute à l’élastique avec le petit betteravier à droite.
-Quoi, le pot de moutarde qu’a une fleur en plastique dans la perruque et un tee-shirt des pignoufs du foot local ?
-Pourquoi pas.

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-Si tu veux. J’aurais mieux aimé la petite brune qu’a un aigle tatoué sur le nombril qu’on voit quand elle lève les bras et que son sous-tif laisse passer les deux doches.
-Facile. T’as tortillé du four à pain et elle était vendeuse. Vous quittiez plus le comptoir
- Je dis pas non. Mais t’avais pu voir le chef bosser. Une de plus à suer et elle entrait dans ma collection. Et zou une baguette pour Arthur !
-T’en as épinglé combien d’impatientes ?
-Huit !
- Mais, c’est misérable !
-Rien qu’en 2005 Ducon !
-Alors t’y vas ou merde ?
-C’est parti. Vous jerkez, jeune fille.
-Non.
-Comment non, vous pouvez pas. Je vous ai vue, il y a pas 5 minutes avec le vacher qu’est parti se la secouer dans la prairie.
-Et alors ? on danse avec qui on veut, hein !
- C’est la première soirée après le premier de l’an. Même les vieilles vont peler l’haricot. La fluette, là derrière, on dirait que son macaque va l’infiltrer par-dessous son treillis.
- Celle-là, c’est ma mère !
-Non ?
-Si !
-Alors, tu viens zouker, oui ou c’est merde ?
-C’est merde !
- Ça va pas se passer dans la joie, ta fin de soirée, si t’obéis pas à Charlie.
-Vous allez me foutre la paix ? Puis revoilà Victor, mon fiancé. Il va vous casser la gueule.
- Hé pétasse… Tu me craches dessus, parole !... Surveille ton abcès… T’as le pot d’échappement au milieu de ta tronche. T’as de la chance que je veux pas faire d’esclandre.

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-Alors, pourquoi tu reviens ? T’as pas conclu ?
- Te retourne pas, On sort. Que j’texplique à 10 mètres dans le labour. Elle m’a désigné à la vindicte du club de karaté…
-C’est dégueu… la bouse sur les bas de pantalon…
- T’as encore des patt’ d’éph ! T’es rétro, toi.
-Et pourquoi elle peut pas artiller ton gustave?
-T’as vu son frère le musulman en sabot ?
- Le rougeaud qui bave sur sa cravate ?
-Je m’en serais bien occupé, tu penses, son frère… mais tout le judo….
-Et pourquoi tu lui as pas fendu la gueule ? T’es ceinture marron, non ?
-Faut pas verser le sang pour rien, fils. Si j’y ai pas labouré le fion, c’est qu’un samouraï peut pas because que sa frangine à ses brouilleries.
- Ses quoi ?
- Ses affaires quoi…
-Son drôlement en avance, les péquenauds. Faut voir depuis que t’as battu en retraite, comme son frère lui lèche le groin !

16 janvier 2005

Un Jean-Marie chasse l’autre.


Si la France a la droite la plus bête du monde, la Wallonie s’enorgueillit d’avoir l’extrême droite la plus dégénérée de l’Univers.
Tant mieux pour les Gros buffles bien Wallons qui seraient tentés d’éjaculer leur connerie dans l’urne des boutadeux du docteur Féret. Vous me direz, il y en a un fort petit paquet et c’est encore trop. D’accord, mais déjà que le citoyen de base n’est pas fufute, acceptons-en le déchet.
Pourtant ce n’est pas faute de copier le Front National français.
C’est fou ce que Jean-Marie Le Pen se remue pour qu’on parle de lui.
Et il n’a pas tort de son point de vue, quand on voit les têtes s’échauffer à son propos, alors que cela devrait susciter un énorme éclat de rire.
C’est là-dessus qu’il compte, le blond l’Oréal.
Il en est à sa troisième génération à l’affrontement, alors que Féret, le régional de l’étape wallonne, ne sait pas encore que les Américains ont débarqué en 44-45, pour nous sortir du nazisme.
Lui, Le Pen le sait, puisqu’il nous en fait reproche en prétendant que l’occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine !
Remarquez, Le Pen ne la ramenait pas trop quand il y avait encore du monde qui pouvait témoigner directement des camps, des horreurs, et de la Résistance. Il s’essayait à la gégène en Algérie. C’est sur ce passé-là qu’il a été le moins faraud. La deuxième génération : les fils des martyrs, les survivants de l’ombre, les enfants des rescapés juifs ont subi ses premières railleries. C’est la troisième génération qui prend le plus. Ce sont ses condamnations et les interdits de la Loi qui lui donnent la pêche. Les petits fils au lieu de lui tourner le dos et de répondre aux railleries par le mépris, s’excitent, s’énervent et finissent par gonfler les jeunes par leur insistance. Je l’ai écrit dans mon blog : « La trouille de perdre le pouvoir rendrait-elle bête ? »
Pïerre Dac, l’humoriste, qui fut une des voix de Radio Londres pendant la guerre, Juif et n’ayant pas été épargné dans sa famille et ses amis de ce point de vue par les nazis, n’a jamais polémiqué avec ces enculés mondains de l’extrême droite. Il a fait mieux. Il a fait rire tout le monde et, ce faisant, a mieux mérité de la démocratie que nos démocrates faiseurs de Loi, nos Chocknozoff génialoïdes qui croyant bien faire et qui finissent par emmerder tout le monde
Voilà qu’à l’ampleur de la polémique et en attendant de médiatiser l’affaire au Tribunal, « Rivarol », le torche-cul de Le Pen, sort ses panzers en manchette et conseille à l’artiste d’occuper le terrain social !
C’est vrai que les courants d’air sous les ponts, les totos dans le matelas, les canettes de bière et la file au CPAS, s’ils ne sont pas traités par une société bourgeoise qui s’en fout peuvent grossir les rangs des désespérés, comme c’est le cas de la clientèle du docteur Féret, dont la caméra de Jean-Claude Defossé nous a donné un aperçu.

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Reste que le raisonnement de Le Pen est de plus en plus gonflé.
Il cite le cas de la gestapo de Lille venant au secours de la population ! Suspecte le massacre d’Oradour en insinuant que la vérité n’est pas celle que l’on croit !
Enfin, lâchant tout, il explique que « si les Allemands avaient été plus répressifs sur le territoire national, il n’y aurait pas eu besoin de camps de concentration pour les déportés politiques ». Même Hitler n’avait pas pensé à cela !...
Si j’en écris quelque chose, c’est que la polémique reprend, que les rires et le mépris s’étouffent et font place à la colère, et à la xième condamnation possible. Ainsi, on répond au zigoto par d’autres pitreries, on restaure les lettres de cachet, on frappe d’indignité quelqu’un déjà indigne et qui peut l’être autant de fois qu’on veut sans dommage.
A chaque faux pas étudié de Le Pen, c’est le même scénario. Dans le cas de figure, c’est même une manoeuvre interne au sein de son parti pour mieux évincer le numéro 2 et préparer sa succession qu’il voudrait donner à sa fille Marine.
Alors, on va l’aider à faire le ménage, en faisant mousser ses propos, en le mettant en examen ?
Nous aurons bientôt nos réprouvés honteux avec le Vlaams Belang qui baigne dans la même eau trouble que le Front. Ces gens-là pèteront les plombs un jour ou l’autre, il en va de leur fonds de commerce. Nous allons les installer sur le même pont d’or que Le Pen ?
La démocratie est moins en danger, selon moi, à en rire, qu’à en pleurer.
C’est un débat. Comme je vois les Socialistes chauffés à blanc sur le Belang et l’extrême droite, on finirait même par se demander s’ils n’oublient pas délibérément la vie médiocre, les totos dans le matelas (voir plus haut), et la pauvreté qui gagne du terrain ? Eux aussi feraient leur ménage en se donnant une bonne conscience d’un côté, en oubliant l’autre ?
Allons, il y a des indignations nécessaires, des combats urgents, qui seraient plus efficaces contre le Front.
Si on s’attaquait à l’extrême pauvreté avant l’extrême droite ?
Mais, peut-être, voulez-vous aussi occuper le terrain, de façon à faire oublier aux électeurs que la meilleure façon de réduire l’extrême droite, c’est encore de réduire la misère ?

15 janvier 2005

Quand Pythagore commerce et qu’Euclide postule.

Remarque, plus tu t’élèves dans ta hiérarchie, plus tu deviens modéré et raisonnable; or, qui s’élèvent ? Souvent, des universitaires à thèses, juristes, ingénieurs, économistes qui ne touchent au boulot qu’à partir de vingt-huit, trente ans, avant ils étaient étudiants, chercheurs, assistants…
A les entendre s’interroger sur les meilleurs moyens de bien faire les choses, d’expliquer comment elles se produisent et les remèdes appropriés à tout état limite, on se demande si l’école ne serait pas le meilleur agent du conformisme ?…
Si tout le monde sortait des universités, le calme parfait règnerait à tous les niveaux, dans les entreprises, à l’Etat, dans la société de base… Certes, on ergoterait. L’un ou l’autre Pic de la Mirandole sortirait quelques monumentales équations des études infinies feraient à la longue plus régresser que progresser les choses, mais à la satisfaction générale et toujours pacifiquement.
Le nombre de chômeurs serait le même, mais l’harmonie règnerait dans les FOREM. Il n’y aurait plus cette silencieuse réprobation envers les non-diplômés. Les cas difficiles ne se cristalliseraient plus sur les chômeurs analphabètes en formation délicate dans les Centres professionnels. Ne traîneraient plus que les cas désespérés d’astronomes, de journalistes, d’archéologues difficiles à caser.
Tout le monde serait content ! Plus une plainte, rien. Les Rouges au consensus avec les curés et le Vlaams Belang !... Tu as déjà vu une tête d’œuf faire sécession et s’inscrire dans les Brigades Rouges ? Oui, le Che ! D’accord, mais en Belgique ?
RTL et RTBf pourraient descendre dans la rue interviewer les passants les yeux fermés, mieux, des prises en direct se feraient sans problème.
- Que pensez-vous des intérims et de la baisse générale des salaires ?
- Le dernier rapport de l’OMC, confirmé par le rapport de l’INSEE du mois dernier étaye les thèses d’une récession imminente. C’est donc très justement que je suis aujourd’hui sans travail. On prévoit une sortie du tunnel vers 2017. Je serai encore en âge de travailler et je m’en réjouis à l’avance.

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Enfin les plateaux du dimanche matin ne seraient plus didactiques puisqu’il n’y aurait plus rien à expliquer aux auditeurs. On ne poserait plus que quelques questions techniques, du genre : « l’entrée de mon bureau de chômage n’est vraiment pas adaptée aux dix-sept guichets de la galerie. Les interviews se font dans la plus grande confusion. Avez-vous un plan d’absorption des demandeurs au niveau A, par rapport au niveau B ? »
Certains dont les études nécessiteraient une remise à niveau demanderaient seulement des précisions : « A quel stade de la préparation le sodium gazéifié intervient-il dans la préparation d’une bombe à Hydrogène ? »
Toute la vie citoyenne serait transformée. Les flics seraient polis, interpelleraient les passants en tenant compte des grades. « Vous êtes de Yale ? Tiens, moi aussi. Vous savez que vous êtes mal garé ? Ah ! je vois, vous sortez aussi de l’Université de Liège. Vous avez suivi les cours de Monsieur Klinkenberg ! C’est bon, pour une fois..»
Les taggueurs au lieu des sottises avec lesquelles ils salissent nos murs, reprendraient des formules célèbres, comme : « pi r², en supposant qu’en géométrie sphérique, le rapport entre le diamètre mesuré d’un cercle et sa circonférence n’est plus égal à Pi. Si notre espace physique a une courbure, est-ce que cela a une influence sur la valeur de ce rapport. Autrement dit: Pi (rapport entre la circonférence d’un cercle et son diamètre dans notre espace) vaut-il bien Pi (le nombre mathématique) ? »
A y réfléchir, le taggueur aurait cent fois le temps ou de se faire cueillir ou de déposer son petit matériel pour aller se coucher.
Du coup c’est toute la corporation tellement méprisée des travailleurs manuels qui de par sa rareté se verrait aux premières places des honneurs. On verrait des médecins et des avocats devenir maçon ou manœuvre au cubilot, rien que pour améliorer leur condition de vie.
- Vous dormez Richard !
La voix haut perchée de Monsieur Lemaire, mon professeur d’Allemand me sort de la torpeur produite par un chauffage généreux. Dans le monde que je quitte à regret, les cancres et les anarchistes ne se réfugient pas aux dernières place de l’amphithéâtre. Cette faune a disparu. Il faut attendre la Saint-Nicolas pour entendre dans les rues la nostalgie du temps où se chantait « Ah ce qu’on s’emmerde ici » !

14 janvier 2005

De l’Amour.

A M…

D’après Stendhal, la cristallisation serait l’image parfaite de la naissance de l’amour.
Pyramide hexagone, poésie des prismes....
…comme les pas d’une femme résonnent au cerveau du pauvre malheureux.
Cependant, j’aime mieux « projection », préféré en psychanalyse à « cristallisation ».
« Projection » induit une notion de rapidité. L’état d’une personne amoureuse suppose qu’elle projette son affect.
La cristallisation par définition est un processus plus lent.
Stendhal suppose que l’amour est comme un rameau d’arbre qui se couvre de cristaux de sel, dans les mines de Salzbourg. Il oublie, qu’il faut plusieurs années pour que cette cristallisation étincelle de mille feux.
Mon état amoureux serait plutôt celui de Phèdre qui à la vue d’Hyppolite, pâlit et rougit à sa vue.

L’amour est un sentiment d’une intensité particulière. Quand on a écrit cela, on n’en sait pas davantage. On ignore à quoi correspond, dans notre spectre émotionnel, cette intensité particulière. Quelles sont les émotions approximativement identiques à partir desquelles s’établirait un semblant de comparaison de l’amour ressenti ?
Là-dessus, les auteurs profèrent des sottises, jusqu’à suggérer une intensité proche d’une douleur, comme une rage de dents !
Je sens le bonheur d’aimer différemment, une flamme de béryl, plutôt couleur émeraude, que Véronèse qui courrait sur un visage de femme, m’attirant par une fascination inexplicable et pas de douleur du tout !
Dans la définition de Descartes, « les esprits animaux » est une litote de l’amour qui me chagrine. L’amour anthropomorphe, celui qui sommeille dans le cœur de Rabelais : Eros, Philia et Agapé ne grognent que pour les infirmes du cœur.
Platon cerne mieux l’amour contemporain dans sa grécité. Pour lui, l’amour est l’attrait exercé par la beauté. Mais, Platon ne serait pas Platon si à l’instant d’une vérité simple, il n’en superposait l’éponyme et son contraire. Il y voit la beauté sensible et la beauté véritable ! Comme s’il existait une beauté sensible qui ne fût point véritable ?
Entre possession et non possession, il place la philosophie, qui, dit-il, est aussi « entre savoir et ignorance ». Il faut dire que Platon met de la philosophie dans tout.
Ce n’est pas Platon qui se serait débarrassé des Eupatrides oppresseurs, d’un puissant et brusque coup de reins.
Cela explique que Platon soit tant haï des lycéens dès l’âge du flirt. Je vous fiche mon billet que si vous raisonnez de la sorte, comptez bien vos instants de bonheur. Il n’y en aura pas beaucoup.
Revenir à Descartes : l’amour adoration qui nous fait aimer davantage l’objet que soi.
Mais, il paraît que cet amour est de droit divin. Cela tombe bien, il me manquait un dieu, dans ce panthéon vide.
Elle sera mon premier et dernier Dieu. Je ne mourrai pas athée. Vous voyez comme le mysticisme induit de l’amour récupère les incroyants !...
Spinoza définit l’amour comme une joie. Mais, après un bon départ, il sape le moral lorsqu’il parle d’éternité. L’amour de Dieu vous rattrape au tournant. Spinoza a mal aimé, sans doute, puisqu’il ne sait pas combien « éternité et toujours », sont les deux seuls mots de la langue française qui veulent dire le contraire, sauf dans mon cas où cela signifie qu’on n’a plus beaucoup de temps à perdre en finasseries et que le mot « fin » accompagné du vocable rural « des haricots » font syntagme.
Reste Kant, l’inénarrable, avec sa pathologie des sentiments et des inclinaisons. J’eus beau fouillé dans sa vie, je n’ai trouvé nulle trace de madame Kant ! C’est dire la place que les femmes ont tenue, servantes, sans doute, maîtresses parfois. Alors, comme les curés qui ne devraient avoir aucun sens pratique de la vie amoureuse et qui, cependant, n’arrêtent pas de donner des conseils allant même jusqu’à proscrire certaines positions condamnées par le Saint Père (quand même pas celle du missionnaire) comment Kant peut-il s’étendre sur un sujet dont sa vie ne porte aucune trace ?
Peu importe, après tout. Quelque soit la forme que prend l’amour, c’est un beau jour.
Et rien que pour ce seul jour, cela vaut le voyage.

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Depuis les verts abysses / elle arrive blanche d’écume / S’enfle monte hurle / pour mourir à tes pieds / Chien couchant / La marée trop belle / te lèche les souliers

Voulez-vous, veux-tu, veut-elle la vague amoureuse en espagnol ?

Desde los verdes abismos / Ella llega blanca de espuma / se engrie sube aúlla / Para morir a tus pies / Perro aciostado / La marea demasiado bella / Te lame zapatos.

13 janvier 2005

La trouille de perdre le pouvoir rendrait-elle bête ?

Deux événements apparemment étrangers sont pourtant liés par la façon de plus en plus frileuse dont notre Société gère ses rapports avec l’histoire et la démocratie.
1. L’intention de supprimer au Vlaams Belang, la dotation accordée à tous les partis;
2. La polémique à la sortie du film « Der Untergang » qui retrace les derniers jours de la vie d’Adolphe Hitler dans son bunker de la Chancellerie.
Une démocratie se juge sur le respect qu’elle accorde à ses minorités, comme à ses majorités afin d’établir une règle commune pour que chacun puisse s’y exprimer.
La question de savoir est évidemment sous-jacente, d’un courant d’extrême droite majoritaire grâce à cette permissivité,.
La réflexion est là.
Une démocratie doit établir une Loi pour tous. Elle ne peut y déroger sous peine de se conduire comme ceux qu’elle condamne. C’est sa force, mais aussi sa faiblesse. Ce qui, en définitive, en fait sa grandeur.
Si on refusait une dotation au Vlaams Belang, je verrais mal comment condamner ce parti, accédant au pouvoir, et prenant les mesures dont il a été victime, pour les appliquer aux autres ?
Par contre, si ce parti arrivé au pouvoir supprimait les subsides, sans que les partis « démocratiques » lui aient retiré sa dotation lorsqu’il était minoritaire, à juste titre, ses "victimes" pourraient crier au scandale et en appeler à la démocratie.
Je sais que l’application de la Loi qui va être sans doute votée ne pourrait se faire que si le Vlaams Belang commettait à nouveau des actes de haine raciale. Mais, dans ce cas, on pourrait dénoncer les faits antérieurs à la Loi. Ne nous méprenons pas, cette disposition de faits antérieurs à la Loi rappelle les Tribunaux d’exception de Vichy qui ont prononcé des jugements à mort à l’encontre de communistes suite aux effets des Lois rétroactives. Cette similitude, me gêne profondément.
Le reportage de Jean-Claude Defossé « L’arrière cuisine du Front national » est sans appel : les dirigeants du Front et leurs membres sont des guignols, des imposteurs et pour certains des escrocs.
On pourrait, de la même manière, produire des documents et des interviews significatifs du Vlaams Belang qui du temps du Vlaams Blok a eu sa part de casseroles.
Pourquoi leur couper le sifflet ? Leurs discours sont des plaidoyers contre eux-mêmes ! Ce n’est pas très malin de leur enlever le droit de paroles en leur coupant les vivres, en épluchant chacune de leurs invectives, afin d’y trouver le mot de trop, la phrase qui vaut une plainte ! C’est leur laisser la couronne du martyr, et peut-être la majorité absolue en Flandre !
Ce n’est pas le Vlaams Belang qu’on touche en faisant cela, c’est la liberté d’expression.
Je suis farouchement contre l’extrême droite, mes écrits l’ont assez prouvé, mais je me battrai contre n’importe qui, pour que ces citoyens s’expriment, avec leurs mots, et leurs haines ! Comment voulez-vous que des démocrates placés entre deux feux puissent juger, s’ils ne peuvent savoir ce qu’une partie des Belges veut leur dire ? Comment se forger des armes contre l’extrême droite, si ses discours ne nous sont plus accessibles ?
Je regrette de devoir l’écrire, mais si le Vlaams Belang est un parti d’exclusion et antidémocratique, le PS par ses prises de position dans le sens contraire, n’en est pas loin non plus.

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La polémique au sujet du film, Der Untergagng, sur la triste fin du dictateur le plus sanglant du siècle dernier est du même ordre.
Nos hypocrites veulent traduire cet épisode douloureux de l’Allemagne nazie en images d’Epinal pour les classes du secondaire. C’est profondément débile !
Certains ne veulent pas d’une vérité dérangeante, alors ils l’arrangent.
Hitler n’était pas un schizophrène. C’était un homme ordinaire. Et vous ne voulez pas admettre cela parce qu’ils vous semblent que le monstre serait humanisé et partiellement pardonné. Mais pauvres innocents que vous êtes, en le déclarant dérangé de l’esprit, vous l’absolvez, au contraire, puisque vous le placez dans une catégorie d’irresponsables et de malades mentaux !
La vérité est plus terrible que celle que vous prétendez détenir.
Ce qui est épouvantable, inouï, c’est que Hitler était un homme ordinaire, pas très instruit, sans rien de particulier, pas très beau, vraiment quelconque. C’est-à-dire que nous avons parmi nous en 2005 des milliers de gens qui ont les mêmes caractéristiques et qui pourraient, placés dans les mêmes conditions, avoir la même nuisance.
C’est, à mon avis, un constat bien plus juste sur la fragilité humaine et sa monstruosité latente.
Penser une seule seconde que ce type aurait pu massacrer des millions de personnes et se conduire en dément dans son entourage, après ses forfaits, est proprement aberrant.
Oui, ce dictateur a fait assassiner froidement par des ordres scélérats des millions de Juifs innocents, des Tziganes, des Résistants, puis après, à la chancellerie ou à Berchtesgaden, il jouait avec les enfants de Goebbels et prenait une tasse de thé avec Eva Braun en parlant peinture.
Oui, Hitler est un homme qui projette une image inquiétante de l’homme. Oui, c’est un monstre. Oui, nous en avons en réserve de ces monstres. Hélas ! des enfoirés du genre du Belang ou du Front, des « dégoûtés » de la politique ou tout simplement des milliers et des milliers d’immatures ou de spoliés que nous fabriquons dans nos écoles à coups de mensonges et de relations bidons avec les grands événements de l’histoire, pourraient voter pour des pitres sanglants. Mais, sans remonter à l’histoire de la République de Weimar et à l’assassinat crapuleux de Rosa Luxembourg, si une chose pareille arrivait aujourd’hui vous en auriez une grande part de responsabilité.

12 janvier 2005

Sur le zinc du troquet « L’ASSOMMOIR »

Aujourd’hui, rien que du beau monde au Palais de justice de Bruxelles. Les petites frappes, les malchanceux sont priés de s’essuyer les pieds avant d’entrer, on juge ces Messieurs de la finance fleurdelisée française.
La Bourse retient son souffle.

Les autorités morales sont indignées : le professeur Choron a décidé de mourir la veille pour emmerder une dernière fois tout le monde. Le baron Ernest-Antoine Seillère ira à l’enterrement, mais restera informé par oreillette sur ce qui se passe à Bruxelles.
- C’est horrible, une justice rouge. C’est à n’y plus rien comprendre, alors que du PS au MR tout le monde est à droite !…
-Les ingrats !... Combien de fois ai-je dit à mon mari : « mais va donc voir en Corée du Nord, comment ces gens travaillent et sont respectueux des investisseurs !… »
-Si nous les figures de proue, de chez Chancel et d’ailleurs, on nous calomnie publiquement et que les forces de l’ordre se rallient à la rue, eh bien ! mon cher du Gland, nous ne sommes plus en démocratie… D’ici à ce que nous ayons un suppôt de Saddam ou pire de ben Laden usurpant le trône de Belgique, il n’y a que l’épaisseur d’une entrejambe de danseuse.
-Si nous n’achetions pas nos breloques place Vendôme, les sertisseurs seraient au chômage !

C’est tout un pan entier de la réussite officielle qui prend un sale coup avec 16 inculpés cités à comparaître, tous plus ou moins dirigeants, maquereautant, phagocytant le groupe Schneider.
Belle brochette – plus distinguée que les parvenus de l’affaire Elf - avec blasons, légions d’honneur, grande croix, médaille, pendeloque, tympan héraldique à l’imposte des doubles portes des gentilhommières, cousins de Saint-Louis et du concierge de l’ancien palais royal, bref, les meilleurs, la vertu contre le vice, le dessus de la corbeille boursière !...
- Non ! Comment avec le pognon qu’ils ont, i’ piquent encore aux autres ?
-Vas-y Mimile, comment tu crois que ça commence, l’oseille ? En turbinant sec à la FN ? En se chauffant le cul l’hiver à la sortie des fours d’USINOR ? Non, mon pote, les friqués commencent par la fauche… Aujourd’hui, c’est dans les Super, hier, c’était dans les cantines des mineurs, quand ils étaient au fond…
- C’est pas moral, ça…
- T’excite pas. Le gouvernement français n’est pas d’accord. Pineau Valencienne non plus… Victimes des jalousies, qu’ils disent, des vieilles envies ouvrières.

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-Pineau ? Celui de la bande des seize qu’a été tôlard en Belgique et versé 370.000 euros de caution, après 23 jours de réflexion à Saint-Gilles avant de reprendre le Thalys ?
-Exactly… Il y a aussi Chodron de Courcelle, le cousin de la femme de Chirac.
- Quand eux clament leur innocence, les modestes réclament un parloir…
-Voilà un bout que cette histoire compliquée traîne. A l’instruction depuis 1993…
- Comme l’affaire Dutroux ! Y avait une cache chez les de la Tour Penchée ?
- Oui, mais pas pour des fillettes, pour les liasses et les lingots.
-T’as remarqué, mec, ça peut pas faire comme tout le monde, les aristos ? Tu piques un vélomoteur, t’as deux ans ferme. Eux déménagent le dépôt de mobylettes, le gouvernement français s’insurge !... Ils clament leur innocence… Ça finit en sursis !
-La justice porte quasiment atteinte au patrimoine… décapite l’organisation patronale.
-Ce ne sont pas tous des salauds. Ça se saurait.
-T’as des exemples ?
-Celui qu’a hérité d’un voyou, n’est pas voyou tout de même ?
- Si un peu, 100% innocent et 100% receleur ! Tu sais, la famille… l’hérédité… c’est pas rien.
-Qu’est-ce qu’ils risquent les 16 ?
-Cinq ans max. T’as déjà vu un patron en cage pour cinq ans, toi ?
-Non. Le seul qui risquait turelure, s’est sorti du circuit tout seul.
- Tu veux parler d’Alain ? C’est pas la même chose. Pineau n’est pas soupçonné d’avoir refroidi un actionnaire.
- Non. Il s’est contenté de les foutre sur la paille.
-Au fait comment l’arnaque s’est faite ?
- Ils répondent d’accusation d’usage de faux et d’infractions comptables dans la gestion de Cofibel et Cofimines, deux filiales belges du groupe électro-technique français dont Pineau a été le patron de 1981 à 1999. L’affaire est née du rachat en 1992 par Schneider des actions qu’elle ne possédait pas encore dans Cofibel et Cofimines à un prix qui aurait été sous-évalué, ce qui aurait lésé les actionnaires minoritaires des sociétés belges.
-C’est un transfert… Les bouseux qui croient au père Noël se ruent sur une firme dont on leur dit qu’elle va sucrer autour d’elle. Ils défoncent leurs tirelires. D’une ampleur comparable à l’affaire Assubel, le procès Pineau-Valencienne a tout de la criminalité en col blanc. On y trouve des sociétés occultes, des valorisations suspectes et des transferts. Tout ça pour entuber le petit porteur.
- Les sociétés belges se sont fait rincer le fonds de caisse par la société mère, un peu comme la Sabena par Swiss Air ?
- Il y a de ça.
- Faut croire qu’on prend l’actionnaire belge pour un con !
-C’est qu’il l’est.
-Comment ?
-Tous les belges sont des cons, pourquoi les petits actionnaires n’en seraient pas aussi ?

11 janvier 2005

Sentiments et déraison

Extrait de « L’Amour médecin », avec quelques accommodements.
Que Molière veuille bien me pardonner.

CLITANDRE, parlant à Lucinde à part.: Ah! Madame, que le ravissement où je me trouve est grand! et que je sais peu par où vous commencer mon discours! Tant que je ne vous ai parlé que des yeux, j’avais, ce me semblait, cent choses à vous dire; et maintenant que j’ai la liberté de vous parler de la façon que je souhaitais, je demeure interdit; et la grande joie où je suis étouffe toutes mes paroles.
LUCINDE: Je puis vous dire la même chose, et je sens, comme vous, des mouvements de joie qui m’empêchent de pouvoir parler.
CLITANDRE: Ah! Madame, que je serais heureux s’il était vrai que vous sentissiez tout ce que je sens, et qu’il me fût permis de juger de votre âme par la mienne! Mais, Madame, puis-je au moins croire que ce soit à vous à qui je doive la pensée de cet heureux stratagème qui me fait jouir de votre présence?
LUCINDE: Si vous ne m’en devez pas la pensée, vous m’êtes redevable au moins d’en avoir approuvé la proposition avec beaucoup de joie.
CLITANDRE, à Lucinde: Serez-vous constante, Madame, dans ces bontés que vous me témoignez?
LUCINDE: Mais vous, serez-vous ferme dans les résolutions que vous avez montrées?
CLITANDRE: Ah! Madame, jusqu’à la mort. Je n’ai point de plus forte envie que d’être à vous, et je vais le faire paraître dans ce que vous m’allez voir faire.
CLEOPHASTE ELBOW : Hé bien! notre malade me semble un peu plus gai.
CLITANDRE: C’est que j’ai déjà fait agir sur elle un de ces remèdes que mon art m’enseigne. Comme l’esprit a grand empire sur le corps, et que c’est de lui bien souvent que procèdent les maladies, ma coutume est de courir à guérir les esprits, avant que de venir au corps. J’ai donc observé ses regards, les traits de son visage, et les lignes de ses deux mains; et par la science que le Ciel m’a donnée, j’ai reconnu ce dont elle souffrait. (Pardon Molière)

Comme ces choses-là sont dites, les prémices de l’amour sont, parmi les parties délicates du discours, celles qui comptent le plus et dont on garde la mémoire jusqu’au bout de la vie.
Oh ! ce ne sont pas des mots d’amour, c’est beaucoup mieux, c’est un chat qui rentre ses griffes et marche en silence sur ses coussinets, afin de ne pas déranger la souris qui trempe le museau dans le bol de lait. C’est une fontaine de paroles qui murmure la chanson bien douce,
qui ne pleure que pour vous plaire…
L’on sait bien que la pensée « extravagante » du mariage de Clitandre n’est ici que de la poudre aux yeux pour un père méfiant. Lors même que, c’est ce que Clitandre souhaite le plus au monde !
Certes, ne serait-ce pas le moment de commenter les élections en Palestine ? Y a-t-il plus urgent que retomber les pieds, 16 rue de la Loi afin de savoir si la digestion des truffes de la Saint-Sylvestre s’est faite sans embarras gastrique ?
Eh bien non ! Le plus urgent c’est de parler des prénoms doubles, du sien si particulier et d’un autre qui fut celui d’une mère grand d’un chaperon rouge aux yeux verts. Et, que sais-je encore, de toutes ces choses charmantes et qui n’intéressent vraiment que « Ceux qui s’aiment » comme dit Prévert, l’œil malin et la cigarette au bec.

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« Ta douleur, du Perier, sera donc éternelle… » comme Malherbe, certain soir j’écrivis :

Ce qu’elle aura touché est devenu une ombre
Il est comme un falot allumé par hasard
Qui tombe au fond d’un puits dont la source profonde
Portera jusqu’au Styx le pauvre roi Richard

Tout bien considéré, aujourd’hui, je ne sais s’il faut raison garder !

10 janvier 2005

Dieu, une affaire d’homme ?

Sans vouloir le moins du monde me moquer des croyants, je ne peux me départir d’un mouvement de gaieté en lisant dans les livres tout ce qui les émerveille.
Des sourates à la bible, du Talmud à la charia, ce qui constitue aujourd’hui le socle des religions monothéistes n’est différent des opus modernes du genre que par leur antériorité sur Moon, Joseph Smith et consort.
C’est dire que si les uns sont omniprésents et établis, les autres devront attendre un peu avant d’être clean.
Quand on s’est promené dans la vie de Mahomet et qu’on a quelques notions de bouddhisme, l’Islam, franchement, à côté… Non, les religions ne se valent pas en qualité, même si elles enflamment toutes l’esprit des fidèles. Si nous sommes égaux devant Dieu, par contre les auteurs des livres saints ne le sont guère entre eux par l’esprit. Le bouddhisme ayant dépassé l’idée de Dieu attire davantage les philosophes. C’est son mérite.
Qu’on ne se bouscule pas, il y aura de la place pour tout le monde, sans qu’on se tape dessus au nom de l’Etre suprême. La rage d’exclure les autres du Walhalla, finit toujours par des tueries. Que l’océan dans lequel baigne les fidèles recouvre la planète entière, afin qu’ils s’y noient tous, est une prophétie qui n’est pas réservée qu’aux attentistes du Déluge. Certains dans le tsunami ont vu le doigt de Dieu. Là, le prêtre d’une église chrétienne qui a été épargné, croit à une manifestation de la bonté Divine. Plus loin, c’est une mosquée encore debout dont l’imam sauvé d’une noyade certaine par un ballot de noix de coco, affirme que les voies du Seigneur sont insubmersibles.
Les frontières de la crédulité sont moins rigides que le Mur israélien. Il est plus facile de conserver les territoires conquis sur l’incroyance et l’agnosticisme par imams, gourous et guérisseurs vaudous interposés, que par des tanks, l’Intifada. Faire prêtre, partout ailleurs que chez les catho décadents, est un créneau en expansion.
Des illuminés du Haut Moyen Age, aux fanatiques croisés-égorgeurs des régions arabiques, de l’araignée miraculeuse protégeant la retraite de Mahomet, au poisson se jetant dans la nasse des ignorants des quotas de pêche, pour aboutir au passage de la Mer Rouge par les Zélotes en sandalettes, tous sont bien d’accords d’avoir le scalp de ceux d’en face.
Comment prendre au sérieux ce que révèrent les croyants, les Protestants par rapport aux Chrétiens, les Sunnites par rapport aux Chiites et les Juifs par rapport à tous les autres, si aucun ne s’accorde sur la qualité de Dieu ? Tour à tour, trois en un, source féconde, créateur de toute chose, vivant dans le mystère, amant de Marie-Madeleine, fréquentant les hauteurs, antisémite, tailleur de pierre, féministe, buisson ardent, prestidigitateur et marchand du temple comme ceux qu’il a chassé, et j’en passe et des meilleurs, comme Siva la guerre et Vishnou la paix du regretté Dac, comment s’y retrouver ?

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L’image de Dieu la plus ridicule qui ait été produite fut celle qu’en donna Charles Aznavour (Sur ma vie.) - évidemment un chanteur vous me direz ! – perception, cependant, assez répandue dans les prélatures variées : c’est celle de Dieu priant pour ces ouailles terrestres. En effet, si Lui prie, où va-t-on ? S’il prie enfin, c’est qu’Il a besoin d’intercéder pour nous auprès d’un plus puissant que Lui ? Mais alors, ce « plus puissant que Lui », serait en réalité le Dieu des dieux ! On voit où cette perle aznavourienne nous conduit, proprement à la mythologie gréco-romaine !...
Sans parler des religions d’Asie, les nouvelles religions hollywoodiennes, les Méthodistes du Président Bush, les pères Graham champions de billard, les cinglés de Manson à l’Opus Dei, Oum et ses vierges folles, pour finir par les Martiens et les Petits Gris, tous plus ou moins d’accord pour s’exclurent les uns, les autres.
J’ai beau me mettre dans l’état où doivent se trouver les croyants, je n’ai jamais encore découvert le livre saint entre tous qui me convertirait. Il me manque à chaque fois ce petit supplément d’adhésion, cette bonne volonté du charbonnier dont on pourrait dire de sa foi qu’elle est le produit de sa bêtise.
A certains moments désespérés ou heureux de la vie, on entrevoit soudain dans un vertige l’extrême fragilité de l’être et comme il serait simple à tout raisonneur d’y céder, croire au premier livre saint qui passe. Au dernier moment, le manque de conviction profonde finit par tirer l’athée de ce mauvais pas.
La présence de Dieu partout et dans nos actes n’est pour moi qu’une spéculation, une vue de l’esprit, que les événements horribles qui sont propres à la nature humaine déréalisent.
En somme, je m’efforce honnêtement de percevoir le mécanisme de la foi. Hélas ! la chose aussi compréhensible soit-elle, ne m’a jamais permis de croire.

9 janvier 2005

La nouvelle vague.

Il y a dans l’exploitation médiatique du malheur des autres le pire et le meilleur.
Le meilleur, c’est l’unanimité autour du concept « il faut faire quelque chose » et la conscience que l’humanité est une et indivisible. Mais, à cela manque une réflexion sur les impasses de l’individualisme libéral, ignorant le tiers monde d’Asie avant le tsunami. Ne serait-il pas préférable de se soucier des gens avant le malheur, plutôt qu’après et seulement juste le temps de les oublier ?
Le messianisme occidental n’a jamais véritablement voulu sortir de la misère ceux sur lesquels nous nous apitoyons aujourd’hui. Il y aurait fort à parier que si cette volonté avait existé, le sinistre n’aurait pas provoqué la mort de près de deux cent mille personnes.
Le pire, c’est l’effrayant constat que les médias peuvent dorénavant utiliser leur puissance pour des campagnes moins avouables.
On voit très bien comme la guerre d’Irak a été suggérée à la middle class américaine après le 11 septembre noir en Amérique.
La répartition des subsides et des aides matérielles va certainement augmenter les inégalités des populations touchées. Le danger existe que l’argent et les produits soient détournés par des maffieux des zones meurtries, selon les mauvaises habitudes du capitalisme que nous avons propagées à tout l’hémisphère Sud cumulées aux pratiques très anciennes du même genre sous ces climats.
La pression médiatique exercée depuis près de deux semaines ne faiblit pas, quoique le public se lasse de tout et particulièrement de la représentation du malheur.
On peut craindre que la déferlante de solidarité retombe quand elle ne sera plus sous la pression d’une vision de l’apocalypse. Quid des promesses de don, des élans de solidarité, des dévouements collectifs ?
On a vu dans le drame du génocide rwandais, qui fit, entre parenthèse, beaucoup plus de morts que le tsunami, ce que la prudence politique a pu étouffer de bonnes volontés et d’actions humanitaires, puisqu’on y a même vu des soldats de l’ONU rester l’arme aux pieds tandis que des Tutsis étaient égorgés à cent mètres de leur camp !
Alors, ceux qui claironnent que la page est tournée et que l’on va vers la grand’messe d’une humanité réconciliée avec elle-même, peuvent garder leurs discours pour une autre fois.
Autant on assistait sans broncher à la boucherie au Rwanda – un pays qui n’intéresse personne - autant l’Asie suscite des convoitises. Les « débarquements » en force des Américains et des Européens ne sont pas toujours guidés par de nobles sentiments. Ce n’est pas par hasard que l’armée américaine a choisi ses terrains de sauvetage. Elle s’est concentrée sur le plus grand pays musulman du monde, l’Indonésie, dans l’intention d’offrir aux islamistes une autre image que celle qu’elle donne en Irak. Ses « humanitaires » sont truffés de membres de la CIA et il ne fait aucun doute qu’en se retirant, cette « délégation » laissera des relais pour le futur qui n’auront rien à voir avec l’altruisme.
Il viendra bien un jour où les news s’essouffleront à force de repasser les images et les commentaires en boucle. On reparlera des nouvelles locales qui, pour la Belgique, sont d’une gravité telle qu’on les qualifiait d’inquiétantes avant la vogue de la vague asiatique.

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Pour l’heure le tsunami a procuré une trêve bienvenue à notre gouvernement.
Les médias ont oublié la crise larvée. Les responsables politiques se font photographier ahanant sous des sacs de riz. Les discours sentent bon les cœurs purs et l’amour des autres. La « Dernière Heure » de ce samedi recense les femmes enceintes du gouvernement, c’est dire l’intérêt pour les « anciennes nouvelles » belges. Les occasionnels de l’aide humanitaire vident leurs fonds de grenier. Les gens du monde organisent des ventes de charité.
- Edouard, où avez-vous donc rangé le grand châle gris de ma tante que vous avez sauvé des mites ?
Les concours entre donateurs nous placent au premier rang devant le Japon, l’Australie et les USA. André Flahaut hante les états-majors, ses troupes et ses avions cargos, se laisse filmer avec une vedette de la chanson, bref, se défonce dans le nouveau rôle qu’il s’est donné.
Le réveil sera brutal.
Le Vlaams Belang va-t-il entrer en irruption le premier, comme en 79, le Vésuve (Merci à M. pour la date). La pétition tendant à supprimer des subventions à ce parti aboutira-t-elle ?
On ne sait.
Les échéances se resserrent et si cette trêve, ajoutée à celle des confiseurs de chez nous, a permis aux responsables de surfer sur le tsunami, il faudra bien sécher ses larmes dans la perspective qu’il faudra en verser d’autres prochainement sur le sort de notre malheureux pays.
Car enfin, les gens de la rue ne sont pas fous au point d’avoir oublié où nous en étions à la mi-décembre.
Il faudrait un croiseur de l’espace fonçant sur la terre pour tirer cette fois Verhofstadt d’affaire. Las ! les roches vagabondes, entre Mars et nous, sont détectées plusieurs années à l’avance. Le gouvernement devrait trouver autre chose.
Par exemple, se recueillir dix jours d’affilées Rond Point Schumann pour toutes les catastrophes passées dont nous nous sommes souciés comme d’une guigne. Dix jours de silence, c’est dix jours sans réponse aux questions que nous nous posons. Même au garde-à-vous, c’est appréciable.

8 janvier 2005

La rose pourpre d’York…

Chère M…

Vous avez bien voulu créditer le petit poème que je vous ai lu de quelques éclats mouillés de vos beaux yeux verts.
Que je vous écrive en toute sincérité de la difficulté – non pas d’aligner des mots qui donnent du sens et de l’âme aux choses qu’ils évoquent – mais la difficulté toute simple de garder jusqu’au bout ce « je ne sais quoi » qui élève un peu la poésie au-dessus de la condition humaine.
C’est qu’en effet si l’inspiration est aérienne, ce qui succède l’est moins. Les ajouts et les correctifs sont les ennemis du lyrisme, ils deviennent carrément bancroches dans les accords grammaticaux ; car, contrairement aux violons, c’est après que l’on accorde sa lyre…
Mais comment se passer des corrections nécessaires ?
Le côté charlatan de qui possède un petit talent d’écriture finit par gâter tout. C’est comme si le don nous apparaissant insuffisant, nous en appellerions à l’outrance. Ainsi presque tous les élans du cœur sont alourdis par des suppléments que l’on estimait indispensables sur le moment et qui enlaidissent l’ensemble irrémédiablement.
Ce qui ruine la plupart des initiatives poétiques, c’est que leurs auteurs ne saventt pas se borner.

Vous avez remarqué comme souvent les photographies qui illustrent mes textes sont d’une sincérité qui touche au vulgaire.
Je pense que ces images sont plus souvent pathétiques, qu’autre chose. Ces clichés sont les reflets de nous tous. Ils nous incarnent, par eux nous ne nous voyons pas tels que nous voulons paraître, mais tels que nous sommes.
Je vous ai dit où j’en puisais l’essentiel. Avais-je besoin de vous le dire, tant leur origine semble indiscutable ?
Depuis longtemps, je m’interroge sur l’acteur. Comment il se pénètre de son rôle avant d’en faire une composition. Autant il paraît certain que Depardieu joue à être Jean Valjean dans Les Misérables, autant il est moins sûr que dans certaines séquences de sa vie professionnelle, une personne qui marchande ses « charmes » tient le rôle de commerçante du sexe jusqu’au bout. Au théâtre tout est simulé, jusques et surtout les actions extrêmes. On y tue avec un couteau dont la lame entre dans son manche, on y suggère l’acte amoureux sans le pratiquer, on y est monstrueux ou saint, sans l’être. Sur son lieu de travail, la marchande de bonheur paie cash la nature de son service. Elle est ce personnage « vrai » même si l’orgasme final est presque toujours simulé. Les visages de ces femmes sont étonnants d’expressions. On est surpris de voir qu’ils ne sont pas tous avinés, détruits par les excès. On y relève quelques sourires point sots, quelques regards sarcastiques. On y découvre malgré l’avachissement des corps, une certaine distinction passée, que l’accablement des jours n’a pas effacé.
On voit davantage de caricatures humaines dans les défilés de mode et dans les salons de la bourgeoisie, que dans cette catégorie sociale particulièrement exposée à la critique et au mépris.
J’ai donné suffisamment de crédit à l’érotisme par rapport à la pornographie dans nos conversations, pour que vous m’accordiez le bénéfice du doute, quant à l’origine de l’engouement pour ces visages dont aucun n’est inexpressif.
L’essentiel d’un écrivain vaut par sa façon d’aborder l’accidentel et l’infime, de relativiser la profondeur des abîmes..

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Dans quelques jours, si un événement ne vient pas en déranger le cours, la vie qui nous aura bizarrement réunis dans des circonstances particulières, nous séparera définitivement.
La conception que j’ai de nos rapports m’interdit de suggérer, plus que je ne le fais, les sentiments que j’éprouve pour vous. Je me suis mis volontairement en position difficile, en ce sens que vous avez les moyens de me joindre, alors que je ne les ai pas de vous trouver.
Ainsi vous êtes seule à disposer de l’avenir. Et c’est très bien ainsi.
Chère M., n’existent que les choses que nous découvrons par nous-même. Je n’ai que trop imprimé à votre destin une poussée, infime, certes, mais capable de vous balader longtemps dans le vague à l’âme des espaces intemporels. Je ne souhaite pas que vous en souffriez.
Il faut ne se méfier de la passion, que lorsqu’elle est réciproque. Autrement, c’est un brasier intérieur qu’avec le temps on apprivoise et qui nous éclaire encore le jour de notre mort.
Il me suffit de compter pour des moments heureux, ceux que j’aurais passés en votre compagnie.
Je vous en suis infiniment reconnaissant.

7 janvier 2005

Sur la galère du Grand Turc !

- T’es pour l’entrée de la Turquie à l’Europe ?
- Ouais ! t’as besoin d’un paquet de clopes, des chips, tout quoi, coca, coca life…
-Tu vas pas sortir ta liste des commissions, dis ? Je te demande si t’es pour…
-Ouais ! J’ai bien compris, t’sé. J’te réponds, je suis pour. T’as Kemal qu’est toujours ouvert où tu peux acheter tout, quoi…
- C’est rien que pour ça ?
- Non. T’as le Pakistanais qu’est pas loin non plus. Mais c’est Kemal qu’est le plus prêt.
- Bon. On a compris. Et toi, Wilfried, t’es pour ?
- Et comment. L’Anatolie, c’était à nous. Pardon, jusqu’en 1553. Alors, on reprend Sainte-Sophie et on appelle la Région Constantinople ou Byzance, je m’en fous, mais surtout pas Istanbul !
-C’est pas ça qu’i’ veulent, les Turcs. Ils veulent adhérer à l’Europe…
-Faut savoir, quand on aura remis de l’ordre dans ce foutoir d’Asie mineure, si les Turcs se bousculeront encore au portillon.
- Je ne pense pas, non.
-Alors le problème est réglé.
- Et toi Isham, t’es pour ?
- Et comment !... Enfin, nos frères de l’Islam vont se faire respecter. On leur marchait dessus, on va voir quand on sera 80 millions. C’est pas les moucherons de la Belgique qui auront la pointure pour rouspéter, non ?
- Monsieur Elio, vous êtes pour l’adhésion, je suppose ?
- Une majorité s’est dégagée parmi nous pour accueillir nos frères turcs dans la Communauté…
- Vous avez procédé à un référendum interne au parti ?
-Pas le moins du monde. Nous autres socialistes nous marchons la main dans la main. Nous n’avons pas besoin de procéder à des référendums pour savoir qu’il y a unanimité pour accueillir nos frères turcs.
-Pourquoi en êtes-vous si sûr ?
-Le panel de notre bureau est la garantie de la pluralité de notre engagement diversifié et néanmoins unanime.
-C’est quoi, ce que vous venez de dire ? Je comprends rien. Allais… en clair ?
- En clair, je vous dirai que c’est comme ça et pas autrement. Nous aimons les Turcs, les Turcs nous aiment. On m’appelle au Bureau le mamamouchi montois.
- Voulez vous compléter votre pensée, en clair ;
- En clair ?
- Vraiment en clair.
- Les pourparlers dureront bien une bonne quinzaine d’années. J’ai 54 ans. Faites le compte. Si je suis encore là, je m’arrangerai pour retarder jusqu’à ce que je prenne ma retraite. Puis, je laisserai des consignes à mon successeur pour qu’il dise « NON » aux Turcs. Tout ça, en clair, bien entendu, et entre nous.

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- Hé, fi !... Arrête un peu ta camionnette. Qu’est-ce que tu livres ?
- Zé viens dé Malines. Tu kijk moi ? Zé livre dé café turc aux cafés turcs en dé café grec aux cafés grecs.
-Mais, c’est les mêmes boîtes !
-Oui, maar, zé colle dé zétiquettes au laatse moment.
-Uw voor ingang van Turc in Europa ?
-Toi pas bien parler flamand, comme moi bien parler fransquillon.
-Oui. Bon ! T’es pour ou t’es contre ?
-Mon patron Golam is een Vlaams-turc et sa vrouw Zanapoulos is een Luikje-grecque.
-Alors ?
- ils disputer altijd…
- Tout le temps ?
-Ja.
-Alors, t’es pour ou t’es contre ?
-Zeg… ik moet commerce, moi… handelaar...
-Comme je vois, tu t’en fous ?
-Madame, vous êtes pour les Turcs à l’Europe ?
-Tais-toi, tu ne sais pas ce que tu dis. Je lui avais dit à ma fille de ne pas prendre un Turc. Je cours chez le pharmacien pour de l’arnica. Si tu voyais comment il l’a arrangée, parce qu’elle voulait mettre les voiles !
- Il aurait dû être content ?
- Un voile, oui, mais elle a mis les voiles… Tu ne comprends pas vite, toi !
- Mais que diable allait-elle faire en cette galère ?
-Je ne te le fais pas dire, Gamin !...

6 janvier 2005

L’info nimportaouak

Les poids moyens : TF1, le 20 heures : 8,7 millions de téléspectateurs ; RTL, le 7/9 : 3.531.000 auditeurs.
Les poids plumes : Ouest-France : 762.822 exemplaires ; presse gratuite : « 20 minutes », Paris ; RTBF et RTL, ainsi que tous les journaux belges.
Le poids lourd : Internet, novembre 2004 : 15.880.324 visiteurs sites francophones.
C’est évident que d’ici le quart de siècle, la plupart des journaux belges et français auront disparu. Les deux télévisions belges auront fusionné ou auront été « ravalées » au goût dominant. La presse gratuite sera au maximum de sa capacité et Internet dépassera les 50 millions/mois de recherches d’informations.
Avec la gratuité des services : Yahoo, Wanadoo et Google seront les maîtres de l’information.
Cohabiteront différents types d’information. Les mutations prévisibles à court terme sont plus difficiles à discerner, en raison des soubresauts des médias moribonds qui font illusion.
Première tendance, l’information en continu qui est dans l’air n’est pas la meilleure manière d’informer. C’est pourtant celle-là qui supplantera toutes les autres. Depuis le 11 septembre, le besoin grandit d’être tenu au courant d’heure en heure, mais dans la mesure où les informations sont récoltées dans la crainte d’un deuxième attentat de grande ampleur, c’est tout l’équilibre de l’information qui est en jeu. Le tsunami expliqué de long en large depuis dix jours et ce au détriment des autres événements et notamment locaux, coupe le public de la réalité de son quotidien et montre, s’il en était encore besoin, le pouvoir exorbitant que peut avoir une concentration d’informations de tous les médias sur un sujet unique.
Deuxième tendance, le zappeur n’aime pas entrer dans le détail des choses, il est pressé. Les images lui suffisent. Les commentaires l’insupportent. Il ne dispose plus des moyens intellectuels à se forger une opinion autre que celle du plus grand nombre. Trop d’infos sur des sujets variés le bloquent. Il disjoncte et ne comprend plus rien. Les subtilités du langage lui échappent. Il paie cash la façon dont on arme les jeunes pour se défendre dans la vie : l’apprentissage d’un métier, un programme centré sur les maths et un abandon de la sémantique d’une langue française malmenée.

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Ce qui fait que le citoyen, n’est plus à même de jouer son rôle de gardien des valeurs.
Certains disent ne pas pouvoir se coucher sans leur content d’infos. Cependant, lorsqu’on leur demande de faire la synthèse de ce qu’ils viennent de voir, 80 % de ce qu’ils ont retenu, ne sont que des faits-divers ou des images de la guerre d’Irak, sans oublier le tsunami en vedette incontournable.
Si la formation de l’opinion publique est fortement déterminée par les médias, au vu de ce qu’ils donnent à lire et à voir, étonnons-nous que l’exercice du droit de contrôle du citoyen de la démocratie soit pratiquement abandonné.
Une lecture bricolée de la réalité conduit à un désintérêt pour la chose publique.
Le divorce avec la politique est apparu avec tous ses effets dans la façon actuelle de s’informer.
Reste que l’enjeu majeur est de sauver ce qui peut l’être afin de préserver autant que possible la pluralité de l’information.
Bien des éléments nous font craindre que la page est déjà tournée de la pluralité et que, dorénavant, seuls les pouvoirs publics par de judicieuses dotations pourraient encore arrêter l’hallali final. Le temps n’est pas trop éloigné où nous serons manipulés sans que nous ne nous en apercevions.
Les journaux gratuits reproduisent les mêmes admirations que les instances officielles.
Même s’ils existent au service d’un capitalisme militant, comme les industriels qui y promeuvent leurs produits, ces journaux-prospectus pourraient jouer le rôle que ne joue plus la presse, par des ouvertures sur des milieux plus critiques en abondance sur le NET. Mais qui oserait faire preuve d’originalité là où les recettes publicitaires sont en cause ?
L’espoir est bien mince. Heureusement que le passé nous incite à être prudents. Les régimes totalitaires qui n’ont que faire d’une opinion qui n’est pas la leur, déclenchent par leurs outrances des vocations parmi leurs opposants. Il n’est pas dit que cette réaction ne pourrait pas avoir lieu en démocratie. Le discours de la pensée unique peut réunir les conditions d’une fronde de l’opinion.
Alors, les esprits libres se réfugieront sur Internet. Les blogs feront office de contre-pouvoir.
Richard III aura abattu sa part de l’ouvrage. Tout sera bien ainsi.

5 janvier 2005

Le Caire by night

Chère M.,
L’Egypte de 1850, n’est pas celle de « La fascination du pire » de Florian Zeller. L’intégrisme musulman n’y a pas encore transformé les esprits et interdit les plaisirs dans les lieux publics
La relation du voyage que fit Flaubert de 1849 à 1850, en compagnie de Maxime du Camp est éclairante. En comparaison, l’Egypte touristique est bien triste aujourd’hui.
Les hammams « irréalisèrent » Flaubert en homosexuel passif, sous la poigne des bardaches.
Flaubert a-t-il consommé ce qu’il est convenu d’appeler de nos jours un acte pédophile, dans sa relation avec les jeunes serveurs des bains ? Sartre ne le croit pas.
Il prend en compte la lascivité des prostituées, leur aptitude à satisfaire les goûts les plus biscornus et le bon marché de ce commerce, si répandu que chaque quartier avait sa maison spécialisée, pour que Flaubert n’ait pas été tenté par le revers de la médaille, si je puis dire. Mais il a certainement vécu des « scènes » qu’il décrit sans ambiguïté. La hardiesse des kellaks devait flatter sa passivité.
L’homosexualité de Gustave est d’occasion. Il n’en sera plus question dès son retour en France. Flaubert n’est pas Gide, inspiré par les chameliers et le désert.
Il y avait autant de hammams desservis par des hommes, que par des femmes. Les Zina jouent le rôle des kellaks, avec autorité. A demi nues comme le voulait l’exercice de leur profession, elles massaient et savonnaient le client dans son bain. Actives et complaisantes, elles se chargeaient de tout, sans que le client pût les toucher, puisqu’il s’agissait d’entrer dans un jeu de rapports passifs.

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L’Egypte de 1850 n’était pas couverte de minarets comme autant d’interdits à la liberté des mœurs. Les religions s’y développaient dans une belle anarchie, sans rivalités capables de conduire le prosélyte à des extrémités.
Ce qui suit, vous permettra, chère M., de comparer l’austère Egypte de votre voyage avec celle d’un siècle et demi auparavant.
Flaubert à Louis Bouilhet, le 13 mars 1850 :
« Kuchiuk-Hanem est une courtisane fort célèbre. Quand nous arrivâmes chez elle (il était 2 heures de l’après-midi), elle nous attendait, sa confidente était venue le matin à la cange, escortée d’un mouton familier tout tacheté de henné jaune, avec une muselière de velours noir sur le nez et qui la suivait comme un chien. C’était très farce. Elle sortait du bain. Un grand tarbouch, dont le gland éparpillé lui retombait sur ses larges épaules et qui avait sur son sommet une plaque d’or avec une pierre verte, couvrait le haut de sa tête, dont les cheveux sur le front étaient tressés en tresses minces allant se rattacher à la nuque ; le bas du corps caché par ses immenses pantalons roses, le torse tout nu couvert d’une gaze violette, elle se tenait debout au haut de son escalier, ayant le soleil derrière elle et apparaissant ainsi en plein dans le fond bleu du ciel qui l’entourait. - C’est une impériale bougresse, tétonneuse, viandée, avec des narines fendues, des yeux démesurés, des genoux magnifiques, et qui avait en dansant de crânes plis de chair sur son ventre. Elle a commencé par nous parfumer les mains avec de l’eau de rose. Sa gorge sentait une odeur de térébenthine sucrée. Un triple collier d’or était dessus. On a fait venir les musiciens et l’on a dansé. Sa danse ne vaut pas, à beaucoup près, celle du fameux Hassan dont je t’ai parlé. Mais c’était pourtant bien agréable sous un rapport, et d’un fier style sous l’autre. (...)
Le soir, nous sommes revenus chez Kuchiuk-Hanem. Il y avait 4 femmes danseuses et chanteuses, almées (le mot almée veut dire savante, bas bleu. Comme qui dirait putain, ce qui prouve, Monsieur, que dans tous les pays les femmes de lettres ! ! ! ...). La fête a duré depuis 6 heures jusqu’à 10 heures 1/2, le tout entremêlé de coups pendant les entractes. Deux joueurs de rebeks assis par terre ne discontinuaient pas de faire crier leur instrument. Quand Kuchiuk s’est déshabillée pour danser, on leur a descendu sur les yeux un pli de leur turban afin qu’ils ne vissent rien. Cette pudeur nous a fait un effet effrayant. Je t’épargne toute description de danse ; ce serait raté. Il faut vous l’exposer par des gestes, pour vous le faire comprendre, et encore ! j’en doute.
Quand il a fallu partir, je ne suis pas parti. Kuchiuk ne se souciait guère de nous garder la nuit chez elle, de peur des voleurs qui auraient pu venir, sachant qu’il y avait des étrangers dans sa maison. Maxime est resté tout seul sur un divan, et moi je suis descendu au rez-de-chaussée dans la chambre de Kuchiuk. Nous nous sommes couchés sur son lit fait de cannes de palmier. Une mèche brûlait dans une lampe de forme antique suspendue à la muraille. Dans une pièce voisine, les gardes causaient à voix basse avec la servante, négresse d’Abyssinie qui portait sur les deux bras des traces de peste. Son petit chien dormait sur ma veste de soie.
Je l’ai sucée avec rage ; son corps était en sueur, elle était fatiguée d’avoir dansé, elle avait froid. - Je l’ai couverte de ma pelisse de fourrure, et elle s’est endormie, les doigts passés dans les miens. Pour moi, je n’ai guère fermé l’oeil. J’ai passé la nuit dans des intensités rêveuses infinies. C’est pour cela que j’étais resté. En contemplant dormir cette belle créature qui ronflait la tête appuyée sur mon bras, je pensais à mes nuits de bordel à Paris, à un tas de vieux souvenirs... et à celle-là, à sa danse, à sa voix qui chantait des chansons sans signification ni mots distinguables pour moi. Cela a duré ainsi toute la nuit. A 3 heures je me suis levé pour aller pisser dans la rue ; les étoiles brillaient. Le ciel était clair et très haut. Elle s’est réveillée, a été chercher un pot de charbon et pendant une heure s’est chauffée, accroupie autour, puis est revenue se coucher et se rendormir. Quant aux coups, ils ont été bons. Le 3e surtout a été féroce, et le dernier sentimental. Nous nous sommes dit là beaucoup de choses tendres, nous nous serrâmes vers la fin d’une façon triste et amoureuse.»

Et encore cette autre lettre du 2 juin 1850 :
« A Esneh, j’ai revu Kuchiuk-Hanem. Ç’a été triste. Je l’ai trouvée changée. Elle avait été malade. J’ai tiré un coup seulement. (Le temps était lourd, il y avait des nuages, sa servante d’Abyssinie jetait de l’eau par terre pour rafraîchir la chambre.) Je l’ai regardée longtemps, afin de bien garder son image dans ma tête. Quand je suis parti, nous lui avons dit que nous reviendrions le lendemain et nous ne sommes pas revenus. Du reste j’ai bien savouré l’amertume de tout cela ; c’est le principal, ça m’a été aux entrailles. »

Ainsi chère M., vous vous êtes rendu compte que le XXme siècle a basculé dans l’intégrisme, accumulant les malheurs et les conflits. On ne reconnaît pas l’Egypte moderne qui percerait sous celle de 1850.
J’ignore votre opinion sur la liberté d’appeler un chat, un chat. Gustave et d’autres fameux auteurs, n’ont jamais sacrifié le vif d’un mot pour une prudence bourgeoise. Si, par hasard, vous pousseriez l’aventure de cette lecture « jour le jour » plus avant, vous vous apercevriez que j’ai opté pour la même attitude. Puissiez-vous me pardonner !

4 janvier 2005

La mort du che.

Susan Sontag qui vient de quitter son cher Manhattam pour toujours, foudroyée par une leucémie, est sans doute une des premières journalistes à avoir fait parler les images au-delà de leur signification médiatique.
Dans « On Photography » elle nous demande de ne pas accepter l’image pour ce qu’on nous la sert, le plus souvent une cause – juste ou injuste - ou asseoir une personnalité, mais aussi en accabler une autre.
Son commentaire, un des derniers parus, de la prison d’Abou Ghraib aura eu le mérite de perturber la placidité sans discernement du patriotisme américain de la middle class.
J’ai retenu pour le commentaire la célébrissime photo du Che mort, la tête soutenue par un de ses assassins pour les besoins de la photo.
Au matin du 8 octobre 1967, le Che et une dizaine d’hommes sont encerclés par l’armée bolivienne dans "la quebrada del Churo" (le ravin de Churo), un ravin étroit, à quelques kilomètres du village. Six guérilleros seulement réussiront à échapper à l’embuscade.
En fin d’après-midi, le Commandant et deux de ses compagnons sont amenés à l’école qui sera leur prison. On y dépose les corps des guérilleros tués pendant le combat. Le lendemain les prisonniers sont exécutés.

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L’exhibition du cadavre de Che Guevara par les militaires boliviens, photo aussi célèbre que celle du mythique béret à l’étoile rouge, avait fait l’objet d’une critique d’une grande pertinence et toujours d’une grande actualité de Susan Sontag.
Elle y a vu, comme nous, une référence au passé comme « La leçon d’anatomie » de Rembrandt. Voici ce qu’elle écrivit à ce propos : « Certaines photos nous renvoient d’emblée à certaines autres images autant qu’à la vie. Celle de Che Guevara dans une écurie, étendu sur une civière posée sur une auge de ciment et entouré d’un colonel bolivien, d’un agent des services de renseignements américains, et de quelques journalistes et soldats, non seulement résumait les amères réalités de l’Amérique latine contemporaine, mais présentait quelques ressemblances de hasard… La puissance de cette photo tient en partie à ce qu’elle a de commun, du point de vue de la composition, avec ces tableaux (Christ mort de Mantegna, Leçon d’anatomie de Rembrandt) Mieux, la mesure même dans laquelle cette photographie est inoubliable annonce sa propension à perdre sa signification politique, à devenir une image atemporelle ». (Sur la photographie – Héroïsme de la vision)
L’uniforme du colonel montrant l’impact de la balle sur l’abdomen du Che, ressemble à s’y méprendre à celui d’un officier de la Wermacht d’Adolphe.
En partant du colonel aux deux soldats de la gauche, on a une vision parfaite du monde bolivien tel qu’il est encore aujourd’hui : un intellectuel froid, col et cravate, le portrait d’Eichmann ou de Bormann du temps où ils étaient les assassins sanctifiés du Reich, les trois civils. La mouche de la CIA s’identifie tellement aux deux autres que l’on ne peut l’en détacher, l’officier subalterne, moins fringant avec un visage plus typé et enfin les deux soldats dont le premier pourrait parfaitement s’identifier aux paysans auprès desquels le Che a vécu ses derniers jours.
Cette photo si représentative a été probablement faite par un militaire, mais elle vaut par sa mise en scène les meilleurs clichés des plus grands photographes.
Merci à Susan Sontag de nous l’avoir fait remarquer.

3 janvier 2005

Plein régime et régime sec

Certes, à défaut de pouvoir s’exprimer autrement, nous vivons en démocratie et nous sommes des démocrates.
Oui mais, qu’est-ce qu’un démocrate et qu’est-ce qu’une démocratie ?
Il y a bien souvent de grands écarts entre ces deux termes qui signifient parfois deux choses différentes, au point que les gens du Vlaams Belang se disent démocrates !
Pour ma part, je me suis toujours demandé si un Etat où le plus petit nombre décide pour le plus grand, est bien une démocratie ?
Je n’ai pas encore entendu de réponse convaincante à cette question.
La ténacité des vulgarisateurs à vouloir à la fois porter témoignage de la « grandeur » de la démocratie et à nous en faire partager la conviction est suspecte. Elle est suspecte parce que leurs voix sont relayées par l’appareil. C’est comme si un colonel d’infanterie faisait l’apologie de l’armée.
Les gens, que la démocratie emploie et qui en tirent souvent le plus clair de leurs revenus, devraient avoir plutôt le triomphe modeste et restituer la parole à ceux qui ont à s’en plaindre.
C’est un peu ce qui se passe quand nous nous vantons de notre savoir faire dans l’exercice d’une démocratie d’exportation. Comment, en Irak, peut-on accorder le moindre crédit à la supériorité d’une démocratie qui est proposée à la population à coups de canon ?
Prenons le délicat problème des candidats des partis proposés à l’élection populaire. La plupart des électeurs vont à l’isoloir donner leur avis sur des gens dont ils ne connaissent rien, sinon qu’ils ont vu des visages souriants et luisants de colle sur des panneaux érigés à la hâte pour la circonstance.

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Encore aujourd’hui, on sait bien que le gouvernement prend moins d’initiatives que les présidents des partis en prennent sur les sujets brûlants et ils ne manquent pas : les facilités, Hal-Vilvorde, les dépenses des ministres, etc.
Le choix des dirigeants par quelques privilégiés est un des maux de la démocratie. Les Américains ont retourné le problème dans tous les sens bien avant nous. Sans résultat, quand on voit les pitoyables Conventions et la mascarade à la désignation du candidat à la présidence, le tout entaché du grave problème de la ségrégation par l’argent, un candidat ne pouvant être au départ que millionnaire, s’il veut avoir la moindre chance.
Les Primaires devaient être aux USA un moyen de rendre la décision au peuple. Jusque vers les années vingt cela parut une bonne chose. L’usage qui en est fait aujourd’hui par une dérive progressive depuis Hebert-Clark Hoover (1929-1933) a aboutit au show que l’on sait et à l’indifférence progressive de l’électeur américain. On s’étonne à présent aux USA de l’engouement que suscite en Europe ce spectacle abondamment relayé par les médias de chez nous, ce qui expliquerait cet intérêt.
Une solution envisageable consisterait à démocratiser davantage les partis. Ce n’est pas le cas en Belgique où les désignations se font en très petit comité, voire rien que par la volonté d’un seul.

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La façon dont Louis Michel a été propulsé Commissaire européen laisse rêveur. Dans les non-dits et les accords tacites, c’était au parti socialiste à désigner le remplaçant de Philippe Busquin à la Commission. Il y eut quelques énervements du côté flamand, mais vite calmés par l’usage que tous les partis ont adopté depuis fort longtemps d’une règle de conduite que personne des Francophones aux Flamands ne souhaite supprimer : celle d’un partage proportionnel à l’importance des partis, des revenus que le politique tire des emplois « annexes » aux mandats politiques décidés par l’électeur.
C’est une prébende, une sous-traitance accordée aux gens de pouvoir. C’est en même temps l’expression d’un mépris de l’électeur, hors du temps des campagnes électorales, préjudiciable à la démocratie.
Les rapports des partis à la société restent confus, bricolés par des bureaux et des présidents, comme si on répugnait à s’expliquer d’une maladie « honteuse » qui s’appelle l’amour du pouvoir.
Un esprit nouveau est nécessaire. Ce qu’on appelait jadis l’esprit public, le civisme du citoyen est à retrouver impérativement, si on ne veut pas sombrer dans des déboires redoutables pour l’avenir. Ce n’est pas seulement aux nébuleuses des partis à mettre cartes sur table, mais aux médias principalement à ne plus nous sortir les sornettes habituelles.
Autrement dit, ce n’est pas aux citoyens à retrouver des couleurs en parlant de la démocratie, mais à ceux qui l’ont en charge et qui doivent rendre des comptes sur ce qu’ils en ont fait.

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2 janvier 2005

Razzia sur la chaussette.

En Chine, on peut obtenir le tissu au même prix que le fil.
Voilà en une courte phrase ce à quoi on va s’attendre début 2005, avec la fin des barrières douanières pour l’industrie textile : les prix à la production en Chine vont être jusqu’à douze fois inférieurs que ceux pratiqués en Europe. Quant aux délocalisations anciennes – et en ce qui concerne la laine, les Verviétois en savent quelque chose – nos industries déjà sinistrées par les délocalisations massives vers les pays du Maghreb vont ployer davantage l’échine, tandis que les « bénéficiaires » de ces départs vieux pour certains de près de vingt ans, les manufactures du Maroc, seront touchées à leur tour.
En Belgique, Patric Tuytens, patron de l’entreprise Concordia Textiles avec son frère Manuel, peut citer des exemples flagrants de prix chinois qualifiés de « déloyaux ». « Même si on ne tient pas compte du coût de la main- d’oeuvre, les prix de leurs produits restent 70 % inférieurs aux nôtres. Or, ils ont les mêmes machines et achètent la matière première au même prix que nous. »
Chouette ! se disent les consommateurs, les prix baisseront chez nous, si la Chine pratique le dumping !
Pas sûr, si l’on en croit les économistes.

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Cette marge accrue considérable sera dans la réalité diluée entre les intermédiaires et surtout aspirée par un marketing promotionnel, parce que les distributeurs sont à couteaux tirés.
Autrement dit, les sinistrés de l’industrie textile ne pourront même pas bénéficier d’un prix réduit sur la chaussette, quelle soit fabriquée à Dison, à Marrakech ou à Nankin !
D’où l’interrogation d’un journaliste de France Inter : « Si on supprime les barrières douanières, c’est au moins pour livrer le commerce à la concurrence et faire baisser les prix. Si ceux-ci ne baissent pas au niveau du consommateur, cette baisse des prix va servir uniquement à augmenter les marges des industriels. Alors, à quoi servent des directives européennes, sinon à accroître la misère et augmenter les profits ? »
Eh bien ! Vous le croirez si vous voulez, aucun des économistes n’a pu répondre à cette question !
Bien entendu, les stratèges du commerce ne sont pas avares d’arguments. Ils espèrent notamment que l’enrichissement des nouveaux pays producteurs générera aussi un meilleur salaire de base des populations nouvelles exploitées. Et qu’ainsi les prix à la production s’élèveront peu à peu ; ils supposent qu’un salaire, quand on en n’a jamais eu auparavant, produit à la longue des demandes de hausse de salaire !
Ainsi, dans la tête de ces fous qui nous dirigent, nous sommes en quelque sorte, par le sacrifice de nos chômeurs et sur le dos de ceux-ci, en train d’aider le tiers monde à venir à un niveau qui nous permettra de récupérer une partie de nos industries délocalisées, dans quinze ou vingt ans !
On croit rêver…
Restent les conditions sociales déplorables de ces pays « émergents » et l’épineux problème du travail des enfants.
Les chartes en faveur des enfants, les contrats du « bonheur » et toutes les parlotes en faveur des plus démunis dont nous sommes capables, surtout quand ce sont les pauvres d’ailleurs, ne reposent en réalité sur rien de concret, en Chine, en Thaïlande ou en Indonésie.
Un économiste, aussi fou que le précédent, prétend que nos industriels, à défaut des couvertures sociales et des vérifications de l’âge des ouvrières et des ouvriers par les autorités locales, auront « à cœur » de se renseigner sur place et de juger par eux-mêmes des conditions d’exploitation des entreprises et d’annuler des contrats si, comme ce fut le cas en Birmanie pour la production des ballons de foot par des enfants de cinq à dix ans, il est prouvé que l’employeur ne suit pas les conditions d’exploitation décrites dans les contrats !
Alors là, l’hypocrisie est à son comble ! C’est celui qui va ramasser le pognon et qui co-exploite souvent la main-d’œuvre qui dénoncerait le scandale !
Voilà, on est au cœur de la monstruosité de la mondialisation comme facteur générant plus de misère que d’activités généralisées.
L’industriel, dans ce contexte, ne peut que se conduire misérablement et faire les choses comme les voyous du système, sous peine de ramasser une pelle et de déposer le bilan.
Cette réalité touchée du doigt, nos vacanciers, qu’un tsunami ne rebute pas, peuvent s’en rendre compte sur place.
Aujourd’hui, un proxénète ou un dealer qui vit bien sur l’exploitation de la détresse humaine est passible devant nos tribunaux d’une peine de prison. Dans la même optique, l’argent dont on ne peut déterminer l’origine, ce que l’on appelle l’argent noir, doit être dénoncé par les banques. Son détenteur peut être identifié et son bien confisqué, s’il ne peut donner la preuve qu’il a été gagné « légalement ».
Mais, ces petits voyous, ces malfaisants de bas étages, sont dix fois, cent fois moins nuisibles que nos brillants économistes, nos industriels vénérés et nos mondialistes promoteurs, qui officiellement gagnent de l’argent « légalement ».
« Laissez passer les voyous », comme dans la chanson, « voilà les grands voyous ».
Il faut le savoir. Et il faut que cela soit dit.

1 janvier 2005

TMS

MESSAGE PERSONNEL :

Les couloirs paraissent déserts. Evidemment, quand on regarde la pointe de ses souliers par manque d’intérêt pour le reste, on ne voit rien d’autre.
C’est quand même Lamartine tant décrié par Flaubert qui a prononcé la formule restée depuis : " Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé "
La douleur réapparue à l’épitrochlée, celle de l’esclave qui tire l’eau d’un puits, n’est qu’un appeau au-dessous d’un vol migrateur. La souffrance n’est utile qu’à la connaissance.
Le bel oiseau s’est envolé pour les champs, l’appel du grand air…
Ce courant discontinu de l’olécrane au crochu réclamerait sa présence, si le muscle suprême n’en attendait davantage.
" La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur " Paul Eluard savait parler aux femmes.
Qu’attend-on de la vie, au juste ?
On ne sait pas.
Les grandes interrogations métaphysiques cachent souvent les devinettes qu’un enfant de cinq ans résoudrait en se jouant.
On marche sans voir en perdant pieds de temps en temps. On se vend à qui on plaît et on se refuse à qui vous plaît ! C’est un quitte ou double. Souvent le mystère et l’inexpliqué sont préférables aux détails. En état de soumission, ce n’est peut-être qu’une ruse amoureuse. En promotion d’offre, c’est une lâcheté. Je ne suis ni rusé, ni lâche… enfin je crois.
On joue à faire l’aimable.
Par malheur, on dit tous la même chose au mauvais moment. Les bonnes volontés se télescopent. Cela pourrait tirer à conséquence et cependant, par politesse, même dérangé, on manifeste le contraire. Mieux, on gratifie le fâcheux d’un sourire, comme si on voulait l’encourager à poursuivre, alors qu’on n’a qu’une seule envie, qu’il fiche le camp…
Bien sûr, la neige fondante est glissante. Nul ne l’ignore. Et que le pot de la fin de l’année se prenne à l’autre bout du bâtiment, « parce que le service est coupé en deux », c’est dans la logique des choses (vérité élémentaire que personne n’ignore, sauf l’impétrant pendant les cinq premières minutes d’un stage). C’est l’Exxon Valdés en deux parties. Les sommités pourfendues ont la démarche souple dans leurs tennis. L’établissement, c’est d’abord de la marche à pied. On se repère aux salles, sur la porte desquelles la direction affiche sa ségrégation « Interdit à toute personne étrangère au Service ».
Allons bon ! Rien ne changera de s’aller plaindre des rigueurs du climat, en gabier d’une voile à l’autre, dans ce cabinier toilé pour des croisières électriques. Le passager est lié au cabestan par des semelles de plomb, le marin en veste et pantalon blancs à la manœuvre.
Je m’oblige au silence. Est-elle auburn ou rousse ?
Pas dupe, elle me lance des regards par en dessous, mi-amusés, mi-résignés pour m’assurer de sa solidarité. Merci.
Peut-être bien que tout le monde l’a échappé belle, quand la conversation entre matelots achoppe sur les banalités du quotidien.
Qu’eussent pu dire une armée de galants et brillants capitaines ? Rien finalement qu’une autre conventionnelle association de mots, pour une tout aussi consternante histoire sur la pluie et le beau temps.
« Je vous aime », « Quel temps fait-il ? », « Ciel, j’ai glissé ! », « Je vous aime. », « Vous me touchez, mais cela fait trop peu de temps qu’Octave a pris la porte. Pardonnez-moi ! ». « Je vous aime. », vous me l’aviez dit deux fois déjà.
Comme les choses les plus simples sont les plus difficiles à dire !
Et l’autre qui remballe ses sentiments, ses « Je t’aime » et, quoi qu’il arrive, s’oblige à faire la gueule, mais distraitement, l’air contrarié, sans plus, sans perde la face !
L’importun sans le faire exprès empêche « sa victime » de dire des conneries ! Car, n’est-ce pas une erreur de révéler ses sentiments à l’improviste à une femme qui ne vous aime peut-être pas ?
C’est le jeu de Proust qui fit son succès.
Les rapports entre les êtres ne sont que des malentendus.
N’empêche qu’une question qu’on n’ose pas dire et qui vous reste dans la gorge, est une question qui va vous ronger longtemps ; tandis qu’un amour proposé sitôt éconduit, l’effet désastreux ne dure que quelques heures, sinon autant s’aller pendre. On ruse un peu avec soi-même, c’est le « dasein » qui l’emporte.

A M…

Elles sont là mes chimères
Tous mes bateaux mes océans
Mes voyages jadis et naguère
Mes oraisons dans les néants
Elles reviennent de l’imaginaire
En fredonnant un nom
Il retentit comme un sacre en ma tête
Et meurt sur mes lèvres en chanson
Avec elles j’ai bu à la source
Parcouru des chemins aventureux
Les yeux sur la Grande Ourse
Des hasards chaleureux
Elles sont là mes chimères
Que je savais déjà enfant
Fidèles comme ma mère
Comme un sixième élément

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Quand je vous disais que c’était un message personnel !