Dieu, une affaire dhomme ?
Sans vouloir le moins du monde me moquer des croyants, je ne peux me départir dun mouvement de gaieté en lisant dans les livres tout ce qui les émerveille.
Des sourates à la bible, du Talmud à la charia, ce qui constitue aujourdhui le socle des religions monothéistes nest différent des opus modernes du genre que par leur antériorité sur Moon, Joseph Smith et consort.
Cest dire que si les uns sont omniprésents et établis, les autres devront attendre un peu avant dêtre clean.
Quand on sest promené dans la vie de Mahomet et quon a quelques notions de bouddhisme, lIslam, franchement, à côté… Non, les religions ne se valent pas en qualité, même si elles enflamment toutes lesprit des fidèles. Si nous sommes égaux devant Dieu, par contre les auteurs des livres saints ne le sont guère entre eux par lesprit. Le bouddhisme ayant dépassé lidée de Dieu attire davantage les philosophes. Cest son mérite.
Quon ne se bouscule pas, il y aura de la place pour tout le monde, sans quon se tape dessus au nom de lEtre suprême. La rage dexclure les autres du Walhalla, finit toujours par des tueries. Que locéan dans lequel baigne les fidèles recouvre la planète entière, afin quils sy noient tous, est une prophétie qui nest pas réservée quaux attentistes du Déluge. Certains dans le tsunami ont vu le doigt de Dieu. Là, le prêtre dune église chrétienne qui a été épargné, croit à une manifestation de la bonté Divine. Plus loin, cest une mosquée encore debout dont limam sauvé dune noyade certaine par un ballot de noix de coco, affirme que les voies du Seigneur sont insubmersibles.
Les frontières de la crédulité sont moins rigides que le Mur israélien. Il est plus facile de conserver les territoires conquis sur lincroyance et lagnosticisme par imams, gourous et guérisseurs vaudous interposés, que par des tanks, lIntifada. Faire prêtre, partout ailleurs que chez les catho décadents, est un créneau en expansion.
Des illuminés du Haut Moyen Age, aux fanatiques croisés-égorgeurs des régions arabiques, de laraignée miraculeuse protégeant la retraite de Mahomet, au poisson se jetant dans la nasse des ignorants des quotas de pêche, pour aboutir au passage de la Mer Rouge par les Zélotes en sandalettes, tous sont bien daccords davoir le scalp de ceux den face.
Comment prendre au sérieux ce que révèrent les croyants, les Protestants par rapport aux Chrétiens, les Sunnites par rapport aux Chiites et les Juifs par rapport à tous les autres, si aucun ne saccorde sur la qualité de Dieu ? Tour à tour, trois en un, source féconde, créateur de toute chose, vivant dans le mystère, amant de Marie-Madeleine, fréquentant les hauteurs, antisémite, tailleur de pierre, féministe, buisson ardent, prestidigitateur et marchand du temple comme ceux quil a chassé, et jen passe et des meilleurs, comme Siva la guerre et Vishnou la paix du regretté Dac, comment sy retrouver ?
Limage de Dieu la plus ridicule qui ait été produite fut celle quen donna Charles Aznavour (Sur ma vie.) - évidemment un chanteur vous me direz ! – perception, cependant, assez répandue dans les prélatures variées : cest celle de Dieu priant pour ces ouailles terrestres. En effet, si Lui prie, où va-t-on ? Sil prie enfin, cest quIl a besoin dintercéder pour nous auprès dun plus puissant que Lui ? Mais alors, ce « plus puissant que Lui », serait en réalité le Dieu des dieux ! On voit où cette perle aznavourienne nous conduit, proprement à la mythologie gréco-romaine !...
Sans parler des religions dAsie, les nouvelles religions hollywoodiennes, les Méthodistes du Président Bush, les pères Graham champions de billard, les cinglés de Manson à lOpus Dei, Oum et ses vierges folles, pour finir par les Martiens et les Petits Gris, tous plus ou moins daccord pour sexclurent les uns, les autres.
Jai beau me mettre dans létat où doivent se trouver les croyants, je nai jamais encore découvert le livre saint entre tous qui me convertirait. Il me manque à chaque fois ce petit supplément dadhésion, cette bonne volonté du charbonnier dont on pourrait dire de sa foi quelle est le produit de sa bêtise.
A certains moments désespérés ou heureux de la vie, on entrevoit soudain dans un vertige lextrême fragilité de lêtre et comme il serait simple à tout raisonneur dy céder, croire au premier livre saint qui passe. Au dernier moment, le manque de conviction profonde finit par tirer lathée de ce mauvais pas.
La présence de Dieu partout et dans nos actes nest pour moi quune spéculation, une vue de lesprit, que les événements horribles qui sont propres à la nature humaine déréalisent.
En somme, je mefforce honnêtement de percevoir le mécanisme de la foi. Hélas ! la chose aussi compréhensible soit-elle, ne ma jamais permis de croire.