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Députés en kit

« Connu » est devenu une profession.
- Qu’est-ce que tu fous en ce moment ?
- Moi, Rien. Je suis connu. Ça suffit pour ramasser des ronds.
Jusqu’il y a peu, seuls les hommes politiques gagnaient à être connus. Peu importe que la notoriété fût douteuse.
A l’Assemblée Nationale française, les travées sont généralement bondées le mercredi, jour où la télévision enregistre les débats.
Le fait d’être vu et revu à la télé, dans les journaux et partout où il est possible de s’afficher, crée une accoutumance dans le public qui se transforme vite en popularité, pour ceux qui savent y faire.
Cette vieille recette politicienne est appliquée à présent à des émissions comme Star Ac, la Ferme, etc. Ce qui permet à des anonymes comme Steevie et Maximo Garcia, sans talent particulier et sans rien à montrer, de vendre leur image et plastronner partout avec aplomb. On a même vu Maximo dans un petit rôle au cinéma et Vincent Mc Doom raconter sa vie dans un magazine people !
Du coup, afin de ne pas se faire doubler par les « connus » du star system, les politiciens adoptent de plus en plus avec le sourire un ton d’évidence qui, espèrent-ils, est de nature à convaincre davantage.
Déjà que les « vedettes » de la télé et du foot n’ont qu’à paraître sur une liste pour obtenir suffisamment de voix de préférences pour sauter les professionnels chevronnés, on sent monter la pression dans les rangs des obscurs et même des grosses pointures de la représentation politique..
Ce phénomène en dit long sur ce que vaut une démocratie en 2005.
La palme du plus caricatural des discours se dispute entre trois chefs d’équipes, Di Rupo, Reynders et Milquet, comme par hasard, les leaders actuels de leur formation.
A eux trois, ils emploient souvent trois expressions qui reviennent dans le discours « Il est clair que », « Bien entendu », « Il ne fait pas de doute que »… et tous ses dérivés sur « la certitude du doute ».

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L’habillage de ces locutions préfabriquées nous promène dans des principes de légitimation : dont le plus important est l’autorité politique parce qu’issue de l’autorité universitaire. A croire qu’ils sont les voix exclusives de la démocratie parce que nous sommes aphones de naissance. Mais, afin d’atténuer l’effet du discours « savant », ils emploient souvent « simple » et ses dérivés « simplicité », « simplement », accolés à des formules « de pause » comme « disons que » ou « en fait », jusqu’au « il faut être clair », voiles pudiques sur l’arrogance universitaire.
Ces artifices étant maîtrisés, il reste à prouver que ce que qu’ils disent est de loin meilleur que tout, c’est l’occasion de sortir le néologisme « faisabilité ». A partir de là, les opposants à la ligne dominante, seront groupés en deux catégories : ceux dont ils auront besoin et qu’il faut ménager (alliés de coalition), ceux de l’opposition dure qui contesteront tout et y compris leur légitimité.
Contre ceux-ci, les porte-parole des partis emploient la dialectique du soupçon idéologique, dont messieurs Philippe Moreau et Claude Eerdekens se sont fait une spécialité dans la mouvance du PS.
La contamination est l’arme par excellence pour contrer les raisonnements originaux très éloignés de la ligne « classe moyenne ». Il suffit de procéder par syllogisme. Diaboliser un adversaire est une méthode qui a fait ses preuves et le public n’y voit que du feu. Vous vous retrouvez vite « assimilé » à l’extrême droite dans un débat avec la gauche, et à l’extrême gauche dans un débat avec la droite.
L’autocritique est une arme de dérision dont se servent souvent les leaders. Ils s’accusent exagérément pour qu’on leur signifie qu’ils sont trop sévères envers eux-mêmes. L’autocritique devient dans la bouche des experts une forme très évoluée de l’auto-célébration.
L’autocritique de Marie Arena est venue trop tard. Elle devra longtemps lutter contre le préjugé « qu’elle pète plus haut que son cul ». La réputation de dépensière des deniers de l’Etat peut peser sur sa disgrâce future. De toute manière, Di Rupo s’est trop dépensé pour la sortir du guêpier et la laisser tomber tout de suite. Nous verrons plus clair à la législature suivante et notamment si le président du PS a des pièces de rechange pour son mécano.
Les tourments des gens en place surviennent quand le « connu » balaie sur son passage : l’ancien ministre, le lettré parlementaire et l’hyper diplômé, sans que la logique de l’ancienneté soit respectée.
Le « connu » n’a qu’une seule contrainte : le rester. Comme il n’a rien fait pour le devenir, il le restera s’il n’en fait pas davantage. Les télés adorent ceux qui n’existent que par elles, quitte à les larguer si le taux d’écoute faiblit.
Les autres essayeront de l’éliminer par une des méthodes que nous avons décrites. Mais l’entreprise est risquée. L’érosion de popularité est lente. Le meilleur est encore d’assimiler le « connu ». Cela a été le cas de José Happart et de Frédéric Ries. Demain pourraient être députés, Axelle Red, Helmut Loti, Eddy Merckx, nos deux joueuses de tennis quand elles auront 25 ans et en général ceux qui seraient reconnus par cent mille Belges, au moins. A la limite Dutroux, on se demande….

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