Saloperie dexistence
- La vie, cest des conneries…
-Quoi des conneries ?
-Oui, des conneries. On nen a plus rien à foutre ! Rien à foutre !
-Suzy ta plaqué ?
- Si tu veux.
-Comment ça, si je veux ?
-Ouais, tout ce bazar sur lamour, Suzy, sa mère, son père….
- Cest bien ce que je disais, elle ta plaqué.
- Quelle aille se faire foutre. Elle avait pas à nous surprendre.
- Où ça ?
- Au page.
-Avec qui ?
-Avec sa mère. Je veux, lold trout…
- Ah ! et cest elle la salope ?
- Oui, parfaitement.
- Explique.
-Jai rien à dire. Cest à cause de son père ;
- De mieux en mieux.
-Tu parles dune famille.
-Je te signale que son père nest que son beau-père.
- Et alors. Cest dégueulasse avec un vieux !
-Tétais bien avec sa mère !
-Moi, cest pas pareil. Et puis sa mère, cest pas ma mère.
-Pourquoi cest pas pareil ?
-Parce que moi, je les ai surpris avant que Suzy nous surprenne.
-Je ne vois pas le rapport.
- Cest facile à comprendre. Jétais tellement écoeuré, cétait à la première qui passe…
-Et cétait ta belle-mère ?
-Non. Ma belle-mère, était en second. Le jour des soldes, elle laisse tomber son râtelier dans le rayon des chaussettes. Je le lui retrouve. Ça crée des liens. Et puis, marre…je veux plus entendre parler de rien… Est-ce quon va me foutre la paix avec toute cette saloperie ?
-Quest-ce que tu vas faire ?
- Je vais me remettre en ménage.
- Ah ! tas la santé… Je te comprends plus, avec ta belle-mère ?
- Penses-tu. Jétais pas fait pour la fabrique, le football, les bières… non pas les bières, cest le mauvais exemple, mais tout le reste, surtout Suzy !
- Tu sais que tu me fais peur ?
-Moi, je te fais peur ?
- Tu te décourages, facile.
-Tu crois que cest une vie ? La fabrique, Suzy, la fabrique, Suzy, sauf le dimanche, Suzy, le foot, Suzy. Quest-ce que tu veux quon foute avec le salaire quon nous donne ? Vandeputte peut même pas payer ses chemises avec et Davignon, i carbure à quoi, ce mec ? Et puis Mordant…
-Qui cest Mordant ?
-Le président de la FGTB…
-Non, tu ten prends à tout le monde. Pourquoi pas à moi tant que tu y es ?
- Justement, cest ça qui memmerde le plus.
-Tu sais bien que je suis ton pote et quavec Elvire, on taime bien. Tu ten prends aux gens qui sont pas là pour se défendre ! Moi, je suis là. Tu peux tout me dire.
- Tes sûr que tu te fâcheras pas ?
- Je tassure ! Parole dhomme.
- Cest juré ?
-Puisque je te le dis !...
- Je vais me mettre en ménage avec ta femme !
-Avec Elvire ? Tes fou ? Hier, on a encore baisé comme des bêtes.
-Justement, on sest dit que ce serait pas mal quElvire te laisse un souvenir fuckstress !
- Ah les saligauds !...
- Tu vois, je le savais, tes pas content. Et ta parole dhomme ?
-Ah ! bougre de petits saligaud. Je ne sais pas ce qui me retient…
- Javais raison, hein ! belle saloperie la vie. Tu ressens ce que je ressens ? Cest pas drôle ! Jte comprends… Ça me fait de la peine pour toi, tu sais… Pardonne à Elvire. On nest pas responsables, cest la faute à lamûûr !
-Je te casse pas la gueule. Mais ne me demande pas de vous pardonner…
- Même à moi, un pote de vingt ans !
- Quand je pense que vous alliez au bowling tous les samedis…
-Ny pense pas trop, vas. Tu vas te faire du mal…
- Ah ! ils sont beaux les amis !
- Jai résisté au moins trois mois…
- Parce que cest elle qui…
- Je tassure si ça navait dépendu que de moi…
-Mais ça dépendait de toi aussi, petit salopard…
-Arrête je vois que ça te fait du tort. Tas promis que tu te fâcherais pas…
- Saloperie dexistence… Si tavais été à la friandise quune fois, on pourrait discuter.
-Et voilà, on est au même point. On va pas refaire le monde. Tu peux me rendre un petit service ?
- Quoi encore ?
- Jai besoin de ta bagnole pour aller chez toi prendre les affaires dElvire !