Un anschluss passe sur Bruxelles…
La Société flamande de Belgique a beaucoup danalogie avec la Société polonaise. Elles obéissent toutes deux à des impératifs qui nont plus cours dans une Europe en pleine mutation. Les Polonais sont centrés sur la religion catholique, les Flamands, tout au moins limpression que nous en donnent leurs représentants, sont braqués sur la question linguistique. Lune et lautre mènent des combats darrière-garde.
On ne peut plus être nationaliste et revendiquer la souveraineté sur des territoires dune quelconque partie de lEurope, comme les Turcs revendiquent la territorialité du Kurdistan. Cest ce que font les Flamands qui, au nom dune souveraineté qui ne puise ses règles dans aucun texte écrit avant que la folie belgicaine lait délimitée sous le vocable de frontière linguistique, senflamment pour un droit du sol et une langue unique.
Laccélération de cette fantasmagorie prend une tournure de crise grave à propos de la scission exigée de larrondissement Bruxelles – Halle – Vilvorde où dans certaines communes « flamandes », dites à facilités, la majorité est francophone !
On croyait avoir la paix en donnant des frontières au nationalisme flamand. Ce fut une grave erreur. On a pu sen rendre compte tout de suite, laffaire des Fourons sétant déclenchée au moment où par lâcheté et désir de conserver lEtat belge, les parlementaires francophones troquaient ces Communes pour Mouscron et quelques autres accommodements.
Aujourdhui que les résidents hollandais ont fait lappoint des voix pour le flamingant Huub Broers, on voit bien comme le nationalisme flamand saccommode des étrangers dans certains cas, et comme leur inquiétude de loccupation étrangère du sol nest rien dautre que la détestation des francophones.
Depuis trente ans nous nous débattons dans des situations qui amusent toute lEurope à cause de cette continuelle querelle, en partie alimentée par nos parlementaires bruxellois et wallons incapables à défendre la raison et le droit, saisis de la trouille de voir les Flamands claquer la porte et organiser leur territoire, sans nous.
Personne ne voit parmi nos responsables quelle chance serait pour lEurope, si sa capitale, devenait ville ouverte et internationale et une Wallonie, libre et autonome. Quant à la Flandre, montrée du doigt par tout le monde pour son intransigeante bêtise, rongée par le racisme et sa forte minorité de droite, il serait aisé dans le mouvement général de réprobation de la remettre à sa place, sans quelle puisse grand-chose, tant lEurope dispose de certains grands marchés, et que sa prospérité économique en dépendrait.
Evidemment, le scénario actuel de scission fait peur. Et les premiers à frémir sont nos « élites » wallonnes, frigorifiées à lavance par leur manque dimagination et de témérité. Ah ! nous les avons, nos forces-vives, peut-être à la mesure de ce que nous sommes, pelotonnés dans nos trois couleurs, livides et guettés par lentérite des soirs de décision !
Aujourdhui que les grandes manœuvres pour la scission de B-H-V commencent, la révolte à lencontre des appétits flamands nest plus ce quelle était en septembre 2004.
On sent que nos ministres lorgnent du côté dun accord, nimporte lequel pourvu que Verhofstadt dure jusquà la fin de la législature, le temps que les Flamands digèrent leur nouvelle conquête.
Dans lhistoire de lEtat fédéral, il en a toujours été ainsi. Les francophones font des concessions, acceptent nimporte quoi en se disant que les Flamands cesseront un long moment de touiller dans la marmite communautaire. Pas du tout, au contraire, ça les met en appétit, dautant que derrière eux le Vlaams Belang suit en ramassant les mécontents sur son passage.
Cette fois, ils veulent que le bilinguisme de fait cesse dans les Communes à facilité. La scission de B- H- V leur en donne loccasion.
Quand les Francophones auront baissé leurs culottes pour se faire botter le cul, ils savent déjà sur quoi portera la négociation suivante. Elle portera sur la conséquence de cette scission de leur minorité à Bruxelles. Peut-être nauront-ils plus quun seul Flamand dans la représentation bruxelloise. Ils exigeront alors que leur nombre reste identique. Un point cest tout.
Et il y a de grandes chances pour que nous avalions cette nouvelle couleuvre, comme nous aurons avalé la scission.
Voilà comme nous sommes et voilà comme ils sont.
Je ne suis pas attaché à lEtat belge plus que cela. Nous sommes ni plus ni moins que les autres Etats membres de lEurope, sous un régime capitaliste qui se fout des citoyens. Pour que cet Etat fût défendable, il eût fallu au moins une amélioration des conditions de vie des plus démunis, pensionnés, malades, handicapés, chômeurs, au lieu de quoi, même les socialistes se sont détournés de cette population qui souffre.
Mais que cet Etat finisse en queue de poisson sous la pression des nationalistes flamands est la fin la plus pitoyable qui soit.
Et cette idée-là est insupportable à beaucoup.