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Arena, deuxième service !

Pour trouver un emploi de manœuvre léger sur un zoning, le latin n’est pas nécessaire. Cette juste assertion est conjointe aux pensées patronales et arenastotéliciennes.
Contrairement à la fois précédente quand la décision n’appartenait plus aux citoyens et que « roulez casquette » le divin architecte mettait la touche finale à l’écrin bureautique de Madame Arena, ici, sur une nouvelle initiative de la ministre, l’Haut-lieu va réfléchir à l’utilité de « causer » en déclinant.
Mais, tout n’est pas encore perdu pour le latin. On va encore « de asini umbra disceptare » (discuter gravement de l’ombre d’un âne) dans les belles somnolences des après-midi de réflexion des nouveaux locaux « jet set » de la charmante.
Il est vraiment trop dur de voir pleurer une femme. (Et lacrimæ prosunt). Je n’ai guère apprécié que perlât une larme au bord des cils de la belle Marie lors de ses explications sur ses « maladresses » en matière de dépenses de son cadre de vie au Ministère. Je me demande si un torrent de larmes serait suffisant pour qu’elle se repente de faire du latin la cible de son stand de tir.
Supprimer le latin dans le secondaire, c’est oblitérer la suite dans les études romanes où il est impossible de réussir sans cette connaissance. Autrement dit, à moins de recourir aux leçons particulières, il serait présomptueux d’effectuer sereinement des études supérieures de français, si l’on considère qu’on y apprend pour ceux qui n’ont aucun rudiment, le latin en six mois !
On peut réussir ce tour de force, mais les qualités de mémoire et d’application sont telles qu’on ne pourrait mieux préparer des étudiants à l’élitisme. Ce qu’apparemment Marie, esthète en mobilier, voudrait éviter. Elle aurait dû s’en ouvrir à l’autre fashionable du gouvernement, Madame Simonet, égérie des facultés. L’a-t-elle fait ? Mystère !
Supprimer le latin ?
La question est posée. Le contrat stratégique Arena pour l’éducation parle de réduire les possibilités d’options au secondaire. Le choix serait limité aux cours de langue et philosophiques. Le latin ne serait supprimé que si ce cours exerçait une forme de ségrégation entre les élèves, les fameuses filières fortes et faibles.
Alors, pardon, pour ce qui est de la ségrégation dans les Ecoles, inutile d’aller farfouiller du côté de la « distinction » que conférerait le latin, elle se situe bien avant, dans l’accablant programme primaire où à de rares exceptions près, seuls ceux qui ont des parents à la hauteur peuvent aller dans le secondaire sans complexe. Pour tous les autres, c’est la clé de douze et le tournevis qui les attendent, dans le cadre de l’apprentissage d’un métier où les plus idiots finissent professeurs d’atelier de l’enseignement technique.
Ce que madame Arena veut, sans le dire, c’est une génération se ruant sur les emplois disponibles, avec humilité et désir de bien faire, sans se poser d’autres questions que celle de plaire en esclave aux maîtres de l’économie.

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Or, le latin, avec la vérité apurée de son langage par rapport au français beaucoup plus « faux cul » dans ses variétés diffuses de répétition (complexion) et ses antanaclases à la mords moi le nœud, est une langue morte qui exerce le sens critique de l’étudiant et le forme à la connaissance de toutes celles dont elle est la source.
Evidemment, Arena sait bien qu’on n’attend pas d’un demandeur d’emploi toutes les qualités qui ressortent avec évidence du latin. Elle ne veut pas former des hommes, elle veut former des pions.
Que feror insanus ? quid aperto pectore in hostem mittor et incidio prodor ab ipse meo ?
Après le latin, on s’en prendra au français, déjà si naturellement relégué loin derrière les sciences exactes. Alors si elle veut lutter contre la ségrégation, la belle Arena, après le latin, elle va avoir du boulot pour raboter les différences et qui dit raboter, évidemment, signifie rendre la planche plus mince, de sorte qu’au bout du compte, lorsqu’on dira des futures générations « tous des cons » elle aura gagné. Tout le monde sera à niveau : le niveau zéro ! On écrira comme on prononce. La technique se met déjà au point sur Internet.
Il y a deux façons de lutter contre la discrimination, celle qui consiste à ressembler à l’idiot du village est la plus mauvaise. Par contre agir pour donner les mêmes chances à tous au départ de la vie est la meilleure. Mais, pour ça, il faudrait plutôt réfléchir à un vrai programme socialiste.
Une seule voix concordante :
Dominique Fontaine, de la faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Liège, juge que beaucoup d’écoles se servent du latin pour constituer des « classes de niveau », les unes regroupant les élèves plus forts qui ont choisi le latin, les autres les élèves déjà plus faibles au sortir du primaire.
Cela est vrai. Mais, c’est le résultat d’une culture en chute libre, d’un aveuglement des parents et des profs de latin aussi peu psychologues qu’une baleine de parapluie.
Décidément, Marie Arena est très bien dans son rôle du temps présent. Elle transpire la prétention et la sophistication. Une haute opinion d’elle-même et une farouche détermination à diriger et dominer les autres, lui fournissent toutes les qualités pour aller loin en politique.
Mais plutôt que d’« égaliser » les chances en supprimant le latin, elle ferait mieux de supprimer les avocats au PS afin de rendre la parole aux autres, ce serait bien plus résolument égalitaire.

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