Condi la slick-chick
Jusquà la réélection de Bush, lAmérique républicaine était vilipendée par les gazettes et les Européens de lHaut-lieu. Cétait même devenu une mode dans les couloirs du mastard building au rond-point Schuman.
Evidemment, il existait de solides raisons qui nont pas fondu comme neige au soleil de lIrak. LAmérique na pas changé et Bush est resté un redoutable évangéliste. Il persiste dans son ignorance des raisons qui nous lont fait détester : une guerre quil décide sous de faux prétextes, le dédain des accords de Kyoto, le refus darrêter la production des mines antipersonnel, son militantisme ultraconservateur, son mépris de lONU, sa vision musclée de la démocratie, etc…
Après Collin Powell et la fiole symbolique brandie au Conseil des Nations Unies qui, si elle sétait répandue, naurait produit quune tache sur la moquette, madame Condoleezza Rice est passée de conseillère à secrétaire dEtat, en même temps que Dobeliou étrennait un deuxième mandat.
Du coup, lHaut-lieu européen change son fusil dépaule.
Miracle, latmosphère séclaircit. Condoleezza devient Condi et les médias découvrent quelle a des jambes magnifiques.
Quand après les fâcheries on recommence à parler fesses, cest que ça va mieux.
Dans les quinquagénaires, elles sont deux ministres à se disputer le titre de « miss belles jambes », Condi et Michèle Alliot-Marie, la Française. (En principe, il y a toujours une Française dans des histoires de cul, une vieille réputation à défendre.)
Mais, quest-ce que cest pour une politique ? Et on dit que gouverner est un domaine sérieux ?
Condi fait une tournée éclair en Europe, convainc tout le monde que les quatre premières années de Bush étaient un brouillon. A présent, on est dans le vif du sujet. Elle veut la pax america partout.
Même la famille régnante dArabie saoudite se met aux élections, ô modestes et sans signification, mais cest un premier pas.
On sarrangera avec lIran et même la Corée du Nord. Cest une question de bonne volonté et de dollars. Le raïs dEgypte devra sortir des urnes de sa manchette, sil veut encore être reçu à la Maison Blanche. Quant aux Palestiniens et aux Israéliens, Mahmoud Abbas et Ariel Sharon partiront incessamment en week-end amoureux.
Il ny en a plus que pour Condi et le renouveau charismatique de son patron.
On la voyait bien vêtue de blanc à sa visite bruxelloise, comme Fabiola à lenterrement de Baudouin. Elle était en rouge.
Quà cela ne tienne, on a fait le rapprochement avec ses connaissances du russe. A côté de cette polyglotte, loncle Vladimir rougirait de son accent de Piter.
A lOTAN, la nouvelle messagère de paix a célébré lunité retrouvée de lAlliance atlantique et les possibilités dactions conjointes en Irak et en Afghanistan, dans les Balkans et au Proche-Orient. Bref, ce qui était impossible il y a six mois, est devenu dune ridicule facilité.
On se demande ce qui a pu nous fâcher à ce point avec Collin Powell !
Lui qui était une colombe, cachait difficilement ses serres. Condi avec sa réputation de faucon était en réalité « coucou rou coucou » una paloma. Naturel, avec la paire de gambettes quelle a, cétait impossible quelle ne fût pas glamour et prête à damer le pion à tout le Crazy Horse !
On ne sait pas pourquoi, seul subsiste un trouble, à peine une divergence sur la Chine.
Les Européens sont fous de la croissance chinoise. Cela ne fait pas rire le président Bush qui voit dun mauvais œil la levée de lembargo de la vente des armes européennes à la Chine.
Alors, Condi la superbe, sans lombre dune hésitation et sans quaucun de ses interlocuteurs ne pipe mot, a parlé des droits de lhomme, et de la place Tienanmen, dans un pays qui a procédé à 200 exécutions capitales en deux semaines, comme le rapporte Amnesty International.
Etaient-ce les jambes de Condi, le champagne, latmosphère de chaude amitié ? personne na relevé quen matière dexécution capitale, Jeb Bush, frère du président et gouverneur de Floride, se pose un peu là.
Enfin, lHaut-lieu retrouvait son Amérique.
Comme quoi nos élites sont de grands enfants. On les croit rigoureux et organisés, alors quils ne sont que les clients peu exigeants dun bar où les « small rabbits » qui servent le whisky aux hommes sont aussi « sexpot » que les femmes qui se tortillent à hauteur du bar en se tenant dune main à la barre chromée qui descend du plafond.