La Bellum gallicum des vieux !
Le 23 août 79 de notre ère (merci Myriam), les habitants de Pompéi écoutaient avec ravissement les notables romains venus en villégiature leur parler des victoires de Rome sur lunivers barbare.
Le lendemain, le 24 août 79, le Vésuve soldait les comptes de tout le monde en avalant 25.000 personnes, les toges rouges, celles bridées dargent et dor, les malheureux esclaves, les riches négociants, les péripatéticiennes et les artisans de la plèbe. Tout le monde à la trappe, à commencer par les philosophes, les brillants sophistes et les sénateurs en villégiature, hommes, femmes, enfants, chevaux, en quelques minutes. Ah ! ce nétait plus le moment de discuter, de relativiser limportance des choses… Un grand boum, puis le mot fin. Rideau jusquau XVIme siècle, et les premières découvertes.
Les plus avisés des Romains ignoraient jusquà la présence du volcan qui dormait depuis 3500 ans.
On voit dici un Louis Michel déguisé en grand prêtre de Jupiter prédire à Pompéi, le 24 août matin, la venue dun monde meilleur, fruit du travail des esclaves pour le plus grand bénéfice des riches familles de Rome ! Une prémonition du monde moderne, un génie de lintuition et puis, plouf, la fuite de lorateur qui ne fera pas cent mètres, la cata sous la pierre ponce !
En écoutant ce soir le sempiternel discours de Didier Reynders sur lavenir des pensions et le sort que lavenir réserve à une population vieillissante, on se dit comme sont dérisoires les discours sur lavenir économique de la Belgique qui ne prennent pas en compte dautres facteurs bien plus essentiels comme lécologie et lépuisement des ressources minéralogiques de la planète !
Cest comme si Descartes faisait un discours sur la méthode devant le fouillis sans nom de son secrétaire ou quEinstein découvrait le fil à couper le beurre après son E = m . c˛.
Quest-ce quil en sait, Didier Reynders, de notre avenir, tant lui et ses semblables nenvisageraient rien tant comme une catastrophe de dire honnêtement quils nen savent rien ?
Cest bien le malheur et la faiblesse des démocraties davoir à leur tête des individus qui ne font de la politique que pour durer, dont le principal souci est de prendre le pouls des gens pour leur dire ce quils veulent entendre, à savoir que demain ce sera mieux quaujourdhui.
Encore que lui, Didier Reynders est dans son rôle de contemplateur admiratif du système économique dominant, le seul quil connaisse et quil admirera jusquau bout, dût-il fermer les yeux sur les dégâts de la logique dune mondialisation destructrice des hommes et de lenvironnement.
Mais la gauche ?
Comment peut-on accompagner ces monstres dégoďsme, ces fourriers de cette société marchande qui nous conduit droit au mur, sans le moindre sursaut dorgueil pour lhonneur ?
Toute valeur dusage peut être produite de deux façons : le mode autonome et le mode hétéronome. Nous sommes en plein dans le second. Nous produisons au service dune fin qui nest plus la nôtre. Le mode autonome venant de lindividu contient toutes les valeurs humaines qui ne sont reprises nulle part dans la suite des « nécessités » de léconomie du second.
La gauche sait cela et cependant, elle ne dit rien. Elle laisse faire, quand elle naide pas, elle-même, au nom don ne sait quel profit que retireront ceux qui deviennent un peu plus de jour en jour les pions dune partie déchec qui se joue ailleurs.
Cette trahison, nous en sommes responsables tant nous avons cru comme les responsables politiques que nous avons élus, que le capitalisme pouvait séclairer, shumaniser. Quelle erreur grossière ! Ainsi, nous sommes nos propres fossoyeurs…
Il nest même plus question pour on ne sait quel avenir denvisager une synergie positive entre le mode autonome qui nous est propre et le mode hétéronome quon nous impose, puisque cette réhumanisation nest même pas dans le programme des futurs « combats » de la gauche !
Ce renoncement à la veille des grandes remises en question est accablant.
Cela signifie que nous aurons à subir jusquau bout les faux raisonnements et les collaborations douteuses quand bien même, lorsque demain, le système serait aux abois. On peut se demander si à ce moment nous ne marcherions pas en bons petits soldats vers de nouvelles et exaltantes boucheries, de bien belles guerres saignantes à souhait… avec un Reynders chef de section et un maréchal des logis Di Rupo plus vrai que nature !
Il paraît à Pompéi, cest Caius Caecilius Secundus qui lécrit à son ami Tacite, que tout se passa si vite que personne ne se rendit compte de rien.
Alors… si cest pour ne pas souffrir… mais alors que Didier Reynders abrège son discours sur les vieux, quand on va mourir, on a autre chose à faire quécouter des conneries.