En pleine crise de bushisme.
On a connu lAmérique prudente, avec le non-interventionnisme qui prit fin à lagression japonaise de Pearl-Harbor, lAmérique « généreuse » avec laprès-guerre et le plan Marshall, lAmérique de lAlliance atlantique avec lOTAN et son leadership du monde libre menant la guerre froide à son terme avec la fin de lURSS, voici le temps de lAmérique agressive avec lintervention en Irak et arrogante avec son refus dintégrer les accords internationaux qui mettraient en péril son productivisme exacerbé.
Depuis que Powell sétait empêtré dans des explications laborieuses à lONU pour le compte de Bush afin de justifier la guerre dIrak, on a limpression que lAmérique nest plus la même, que le mensonge dEtat amplifié par toutes les tribunes du monde, sil na pas changé quoi que ce soit à la politique extérieure, a sérieusement remué les consciences US.
Cette manière agressive de vouloir étendre au Proche-Orient une démocratie qui nest pas elle-même en très bonne forme, a quelque chose dunilatéral qui est déjà en contradiction avec les principes de liberté quelle est censée défendre.
Cest quelle a changé la démocratie. Les images delle quon exporte dans des pays traditionnellement autocratiques ne sont déjà plus les mêmes que celles qui ont cours actuellement en Amérique et dans le monde occidental.
Léconomie, de plus en plus prégnante, omniprésente, est en train de bousculer le cadre politique pour en inverser les valeurs à son profit.
Le credo américain en prend un rude coup tous les jours : lEtat de droit, le contrôle de lexécutif par les juges et les élus, lincarnation de tout ce qui sassimile au progrès, passent au second plan, derrière la réussite économique et scientifique. Si la chose est plus ancienne quil paraît, cest quand même avec le président Bush quelle saffiche au grand jour. Les refus des protocoles de Kyoto, des mines anti-personnel, jusquau refus de limiter le rejet des gaz à effets de serre, joints à lintention de forer des puits en Alaska, de poursuivre des extractions jusquà épuisement partout où les Américains sont prépondérants, voilà des signes qui ne trompent pas.
Depuis la guerre dIrak et même depuis la première guerre dIrak, menée par le père de lactuel président, le complexe de supériorité de lAmérique a produit un effet désastreux sur ses alliés européens comme la France, la Belgique, lAllemagne, pour ne citer que les plus anciennes nations fédérées de lEurope.
Le président Bush sert de révélateur au messianisme dune nation qui accentue son impérialisme. Les médias amplifient le caractère religieux de cette présidence et en augmentent le malaise. Nous entrons dans le mystique et lirrationnel. Le fait que cest la première fois quun président des Etats-Unis assiste à lenterrement dun pape est un signe de la montée du religieux, montée qui sarrange très bien avec celle du pouvoir économique, les Eglises nayant jamais craché sur largent.
De toute évidence, le président Bush parfaitement au courant des allégations portées contre lui, ne les dément pas. Il croit son pays naturellement bon et sa mission inspirée par Dieu.
Ce président missionnaire nen est pas moins homme. Sil na pas été un grand patron de lindustrie pétrolière, il peut de la position qui est la sienne, prendre naturellement de lascendant sur le management et se préparer une sortie de la présidence dans le confort dune ou lautre Compagnie reconnaissante.
Le bushisme conduit lAmérique près dun siècle en arrière, à une sorte dempire Austro-Hongrois qui aurait perdu son prince Rodolphe dans leffondrement des Twin Towers en 2001.
Les anciennes attaches du passé genre « nouvelle frontière » avec lesclavagisme, et le racisme primaire du Sud, que lon croyait révolues sont plus actuelles que jamais. Les violences antisociales innovent sous la forme de contrats temporaires dans lindustrie, un asservissement plus grand encore que par le passé pour un travail précaire et sous-payé.
Un réflexe de défense contre une agression qui reste, malgré le côté spectaculaire, lagression dune secte de fanatiques, celle dun ben Laden, plutôt que celle dun Etat « voyou », sert de prétexte à un système policier en expansion.
La mondialisation de léconomie, la banque mondiale aux mains dun républicain qualifié de dur, la tournure que prend lexpansion économique dun pays comme la Chine, feront que les années qui viennent seront cruciales pour les Etats-Unis et les nations inféodées de jour en jour davantage à leur économie.
A moins dun président démocrate qui donne lalerte et qui a suffisamment de charisme pour faire machine arrière sans provoquer démeutes, la voie qua choisie Bush est une pente fatale qui ne débouchera que sur le chaos et la fin des idéaux si souvent évoqués et jamais approchés qui séloignent pour toujours.
On peut déjà dire que Bush est le président catastrophe dont le monde navait pas besoin.