Les margoulins au margousier
Ce pourrait être un conte oriental.
Ce nest quune histoire édifiante dune multinationale qui sen met plein les poches grâce aux combines et aux coups de pouce de lHaut-lieu amerloque.
Cependant, cette histoire reste édifiante pour les petits cons avides de réussite et quaucun scrupule narrête.
Les Verts qui ont dénoncé la combine appelle ça de la biopiraterie.
Que des entrepreneurs, dont nos élites baisent le cul, soient baptisés pirates, voilà qui rabaisse lestime que nous pourrions avoir de ces gens qui prétendent nous conduire vers un mieux être social.
Or donc, nous sommes en 1995, la compagnie américaine dagrochimie W. R. Grace dépose un brevet à loffice européen de la chose situé à Munich pour un pesticide à partir des graines du margousier, un arbre indien qui nest même pas répertorié dans nos dictionnaires.
Ce jour-là la Commission entérine sans grande difficulté, à la suite dune intervention « amicale » du secrétaire dEtat à lagriculture des Etats-Unis, le mirobolant bidule. Grace affirmait avoir découvert une formule nouvelle qui transformerait la graine de larbre en un redoutable pesticide.
Le vulgum pedum peut toujours essayer de faire breveter la panacée universelle, pour voir comme il sera reçu à coups de pied au cul par cette auguste assemblée !
Seulement voilà, des paysans indiens ont expliqué quils utilisaient déjà lhuile du margousier depuis des siècles pour toutes sortes de besoin et quils lappelaient la « pharmacie du village ».
Les mariolles de Grace et Compagnie sétaient tout simplement substitués aux utilisateurs ancestraux pour commercialiser telles quelles les propriétés du margousier. Bien emballée, sous cellophane avec prix conseillés et traduction en dix-sept langues, la graine passa de la roupie au dollar avec une énorme plus-value. Les arbres producteurs littéralement séquestrés par lamerloque entreprise, voilà nos malheureux indiens dans lincapacité de poursuivre laction bénéfique de ces fongicides.
Ce scandale, fut dénoncé par les Verts, tandis que les autres parlementaires européens sen foutaient.
Le hold-up perpétré, il fallut cinq ans à la Commission européenne pour ladmettre !... Et cinq autres années pour quenfin ce brevet bidon soit définitivement retiré aux escroqueurs du tiers-monde.
Les Etats-Unis estiment que lantériorité nest avérée que par lexistence dune publication scientifique !... Ce sont eux qui avaient interjeté appel. Lusage local, les recettes plusieurs fois centenaires, les coutumes bien connues ne valent rien pour ces scientifiques dun nouveau genre, bien moins en tout cas quune publication sur papier glacé de lUniversité de Berkeley ou de « Nature ».
Mais, cest quoi, ces gens ? A nouveau riche, nouveau savant ? Depuis la découverte du virus du sida par le professeur français Montagné, aussitôt contestée par un Mabuse américain, on a compris. Les Américains entendent le froissement dun billet dun dollar à des kilomètres à la ronde. Une question donde… Et pas que dans le premier ou le deuxième amendement de leur constitution, partout… Cest quasiment dans leurs gènes…
On devine sur les dix ans entre le début de lescroquerie et la fin, les gentils petits dollars que ces entrepreneurs libéraux auront mis sur leurs comptes, déjà pourtant bien pourvus grâce aux poudres de perlimpinpin que la médecine moderne nous fait avaler à tout propos.
En raison de la pénurie que ces industriels organisèrent en raflant toutes les graines sur les marchés, en saccageant les cultures et en rachetant des forêts pour surexploiter les arbres à graines, les prix explosèrent et il fut impossible aux gens du crû de sapprovisionner.
Une pétition indienne de 100.000 signatures némut personne.
Les dégâts chez lautochtone sont tels quil ne sen remettra pas.
Je ne serais pas surpris que demain, des héros de lAmérique nouvelle ne se voient accorder un brevet dantériorité sur les chercheurs de lAntiquité. Non répertoriés dans un ouvrage scientifique en Anglais dorigine, ceux-ci nexistent donc pas. Homère, Platon, Archimède… des inconnus.
Les Verts, qui sont quand même de gros naïfs, pensent que cette mésaventure va permettre une prise de conscience de lOMC et des Commissions européennes, surtout celle qui a accordé le brevet sur recommandation de lAmerloque busines !
Ce serait un minimum que les pays pauvres concernés par lexploitation sur leur sol dun végétal ou dun minéral donnent leur avis sur les conséquences de lexploitation et surtout perçoivent autre chose que des clopinettes dans lattribution des royalties.
Mais comme ça na pas lair de troubler lHaut-lieu dici…