La « de Gaulle attitude »
On peut penser ce quon veut du général de Gaulle, mais cétait un homme de caractère. On se souvient de la façon avec laquelle il a quitté le pouvoir. Désavoué par les Français à la suite dun référendum, en toute logique, il a démissionné.
Tout en se réclamant du gaullisme, Chirac est loin de se comporter comme son modèle.
Voilà donc un président de la République qui a fait campagne pour le « oui » et qui va défendre la position du « non » à lEurope ?
Décidément, on a compris. Quand on a à ce point la fonction chevillée au corps, il faut au moins se montrer apte à accepter toutes les conséquences de ses erreurs. En saccrochant après un tel désaveu, Chirac montre quil aime le pouvoir par-dessus tout et quil est prêt à tout pour le conserver, y compris retourner sa veste. Ce que Chirac a fait à plusieurs reprises dans sa carrière, sen tirant à chaque fois, avec une grande habileté politique, par faire porter le chapeau à des boucs émissaires.
A gauche, nous avons un autre cas de figure, mais qui nest pas sans rappeler le premier. François Hollande a entraîné les cadres et les militants de son parti à défendre le « oui ». A quelques exceptions près, dont la plus marquante est Laurent Fabius, tous les vieux briscards de la gauche salonarde lont suivi.
Peu importe les motivations de Fabius, mais son analyse était en concordance avec celle des Français, parmi lesquels on comptait les trois quarts des membres et sympathisants du PS. Hollande est-il encore apte à diriger une formation politique si catégoriquement coupée de sa base sans risquer léclatement ? Même sil nous dit que le « non » nétait pas contre lEurope, mais un geste de mauvaise humeur à lencontre du pouvoir en place, de toute manière, il na rien « senti » de ce mécontentement et pour un chef de la gauche, cest plutôt mauvais signe. Nous avons le même cas en Belgique avec Di Rupo : même insensibilité, même aveuglement et même politique de lacceptation du jeu capitaliste.
Lorsque Hollande masque son dépit et tient un langage de rassemblement pour un projet, est-ce là une véritable découverte ? Avant le référendum, il ne savait donc pas ce que voulaient les gens ?
Par conséquent, on se demande sil est lhomme de ce rassemblement ?
Certainement pas. Mais, faites-lui confiance, lui aussi va rester. Dailleurs tous ceux qui poussaient lélecteur à voter « oui » sont bien décidés de rester.
Dans la foulée du succès du « non », il ny aura pas délections anticipées, donc pas de modification de la politique française avant 2007.
Le désaveu « des élites » du suffrage universel nest pas rare.
En Belgique, y aurait-il eu un seul vote pour la participation des socialistes au gouvernement Verhofstadt si lélecteur avait su que les socialistes allaient réaménager le chômage afin déliminer les chômeurs de longue durée, quils allaient approuver la société libérale de marché de façon tellement servile, quils ne se remuent pas trop à propos des délocalisations et des mouvements des travailleurs européens.
Cest quand même un comble que cest ce parti socialiste-là qui sadjuge le titre de meilleur défenseur des plus malchanceux du Royaume, exactement comme le PS français !
Quel est le sens quil convient de donner au mot démocratie, en Belgique comme en France ?
Quand des parlementaires vivent sur un petit nuage sans être capables de sentir la détresse des gens et mesurer leur désespoir, il est normal de les mettre en demeure de retomber les pieds sur terre ou de sen aller.
Au-delà de la querelle franco-française que dire de cette Europe à des années lumières du citoyen ? A-t-elle eu jamais une relation de proximité avec les gens ?
Les partisans du « non » disent que cest la France den-bas qui sest rebellée contre la France den-haut, beaucoup associent lEurope à cette dernière. Exprimer lévénement comme cela, nest-ce pas penser juste ?
Que lHaut-lieu trouve à lEurope une bonne mine, quand les gens en ont assez des décisions agrémentées des jacasseries des fonctionnaires, lincompréhension est totale.
Il devient urgent de présenter aux populations des arguments qui leur feraient à nouveau aimer lEurope.
Comme on y va, ce nest pas demain la veille.
Quant à Giscard, cest bien la première fois quon refuse la copie dun membre de lAcadémie française. Il est vrai quil na jamais écrit que des choses médiocres. Sous la coupole aussi, on ferait bien de revoir les textes.