La démocratie en Irak : une odeur de pétrole
En Belgique laffaire BHV prend une sale tournure avec le CDV qui ne veut pas baisser les bras, pas de comparaison avec lIrak, en voie de balkanisation, qui a quelques longueurs davance sur nous, mais pourtant… nous connaissons aussi une certaine tension entre nos communautés à cause de nos ayatollahs.
Cest, et la comparaison sarrêtera là, chez nous un problème de langue qui engendre un problème de culture, là-bas un problème de religion qui développe des haines réciproques.
Lâchons les baskets de lHaut-lieu bruxellois, afin de plonger dans les inextinguibles conflits de religion du Moyen-Orient.
Oléoduc en feu dans le nord de lIrak, combats de rue à Mossoul, affrontements armés dans le nord du pays occasionnant la mort de plus de 110 personnes, manifestations autour des mosquées à Bagdad, voitures piégées, tirs sporadiques… les attentats se suivent à une allure soutenue. La vie des gens ne vaut pas cher en Irak : dans les villes, chaque quartier à ses gangs. Les otages sont à la base dun commerce florissant où le gangstérisme le dispute à lintégrisme, quand les deux ne sont pas associés.
Au lieu de la démocratie rewritée par Washington, cest lArmée américaine qui senlise et les rapports de force entre communautés qui tiennent lieu doptions de gouvernement.
Bush croyait récolter le respect, il na engrangé que de la haine.
Quand les chiites et les sunnites lutteront ensemble contre loccupant américain, cela en sera fini des illusions de Washington dy installer la démocratie du chewing-gum.
Encore une comparaison avec la Belgique, des surenchères communautaires, nous on connaît, mais pas encore avec, à la clé, les prises de pouvoir locales de groupes mafieux, sinon à surveiller Anvers… La comparaison sarrête-là.
Evidemment à Bagdad, cest autre chose. Les Etats-Unis nont malheureusement pas de véritable grand projet. Ils nont finalement que la meilleure force de frappe au monde. Ce nest pas suffisant quand il sagit de remplacer un régime par un autre, avec lobjectif de reconstruire un Etat sur dautres bases. Déjà si peu psychologues at home, que voulez-vous quils comprennent des rivalités entre kurdes, chiites ou sunnites et surtout quils les arbitrent avec une chance de succès ?
Les Américains ont adopté la politique du chien crevé au fil de leau. Ils ne sont plus là que pour prêter main-forte à une police irakienne mal formée et mal équipée et qui est la cible facile des opposants armés. Ils soutiennent un vague projet démocratique sans sy impliquer, réfugiés dans leurs bunkers. Quand leur présence devient explosive, ils délèguent les vigiles des sociétés associées à leur armée et qui font le travail en sous-traitance. Les services de gardiennage, un peu dans le genre de nos intérimaires, mais en plus musclés, ramassent des dollars à la pelle. Cest le prix du risque.
Ainsi, lAdministration US ménage les vies de ses soldats, réduit ses budgets pour blessures de guerre et pensions aux veuves.
La prochaine guerre américaine se fera sans doute par des intérimaires étrangers. Engager aux conditions du privé, les personnels dont il ne sera plus nécessaire de rapatrier les cercueils aux Etats-Unis, est, pour Bush, une drôle de façon de mettre en pratique sa philosophie chrétienne.
Bush a oublié une chose en « vendant » la démocratie à laméricaine aux peuples du monde entier, cest quil est impératif de respecter dabord les gens quil faut convaincre. Cest tout un travail à faire comprendre cela à des militaires qui ne connaissent que la force en matière dautorité.
Dans certains pays, la démocratie est impossible. Ce qui ne va pas sans poser des problèmes moraux sur les « bienfaits » des systèmes en concurrence. Le « despotisme éclairé », après Saddam Hussein qui était bien un despote, mais pas éclairé du tout, reste aussi aléatoire que la démocratie, cette loi des 50,1 %.
Que vont faire les Américains dans une situation de pourrissement ?
Connaissant leur pragmatisme, ils ne séterniseront pas en Irak sil savérait quils ny ont plus intérêt. Sils ne sont pas près de replier leur drapeau et de mettre le cap sur la maison, cest quil y a toujours des odeurs de naphte qui courent sur la péninsule, que lArabie nest pas loin, etc.
En somme, les Américains restent en Irak pour surveiller leurs bidons de pétrole.
Quoiquils aient pu dire, nous nen avions jamais douté. Pour eux, lidéal serait que la « démocratie » en Irak serve de filiale à Texaco. Ce nétait pas mal vu, mais un peu gros quand même !