Laïcité en péril.
On dirait quà force dinventer des lois destructrices de liberté, le Parlement fait passer le citoyen à la condition de sujet. Et pour faire la part belle à qui ? Aux religieux pardi qui sinstallent dans une espèce de souveraineté du fantastique sur le réel, avec laplomb de ceux qui détiennent la seule vérité possible : la leur ! Comme si cette vérité était universellement admise !
Et tandis que les religions dites traditionnelles nous servent de mieux en mieux les plats réchauffés de leurs merveilleux personnalisés, la laïcité a un coup dans laile ! Mieux, elle est suspectée de ne pas assez respecter la pensée religieuse !
Chaque individu a le droit de croire à ce quil veut. Ce nest pas lui qui est mis en cause, mais moi, lorsque voulant faire du prosélytisme, il minflige ce quil croit pour me convertir. Ainsi interpellé, joppose aux sornettes que jentends, la raison et la morale.
Une déplorable confusion existe entre les ouvrages « sacrés » qui sont à la base de toute religion et les officiants eux-mêmes.
Déjà avec Jean-Paul II, on sapprochait par les « miracles » et les vociférations sur la place Saint-Pierre des tiffosi du « sancto subito », dune sorte de sainteté par hallucination collective. Avec Benoît XVI, ce sera fait peut-être un jour : à force dincarner, dêtre le vicaire de lAutre, limpérissable source de vérité, le successeur pourra entrer dans les confidences divines, sans plus étonner personne, grâce à la demande de merveilleux des peuples.
Cest pareil côté Allah ! La concurrence avec ceux den face est vive. Les musulmans gagnent du terrain. Les masses, qui vivent en dictature, se radicalisent plus facilement. Et, cest sans parler des « petites » religions, les religions annexes, celles qui pour survivre sont obligées den remettre une couche. Ce ne sont pas les substituts de Dieu quils nous présentent, mais Dieu lui-même, en pleine métamorphose, transfiguration, transe… Théâtre dombres où les Moon, les Scientologistes et les pasteurs évangélistes sortent du lot, les dollars plein les poches.
Et la laïcité à côté qui na que son bon sens, son honnêteté, qui ne prétend pas que le ciel est peuplé danges laïques, ne réagit pas aux tombereaux dinexactitudes, des fariboles misérables et des tours de magie. Elle assiste sans broncher à une version de lhistoire, dont les dates sont faussées, les témoignages dénaturés, dans des contrevérités historiques et des non-sens qui entretiennent la crédulité des croyants.
On aurait le sentiment quelle nest pas dans son rôle et que la liberté du culte est une chose sacrée, si la laïcité se secouant disait haut et clair « basta à la connerie »… Pourtant, elle devrait même le faire tout de suite, tant quelle le peut, car un jour une religion plus fortiche clora le bec à tout le monde. La laïcité sera la première victime.
Personne ne me convaincra dun merveilleux à partir des hommes qui le créent. Les dieux de la mythologie à nos jours nont jamais été autre chose que le fruit de limagination humaine. Depuis Lascaux, il en a toujours été ainsi. Tous les livres sacrés ont été écrits ou réécrits en-dehors des faits et en-dehors de toute logique et tellement remplis dénormités que le moindre héros divin cité serait un fameux farceur sil était avéré quil fût lauteur des exploits quon lui prête.
Il est aussi déraisonnable de croire que les Dieux montent et descendent de lOlympe, quun paysan de la campagne dijonnaise qui trouve que les petits gris quil ramasse sont les dernières réincarnations dun dieu lointain et débonnaire.
Si croire peut flanquer la trouille, ne croire en rien paraît pour les faibles une plus grande source de terreur encore. Cest que les histoires des dieux inventées par les hommes rassurent par linfluence que nous leur donnons sur nos destins. Si nos infinis sont dérisoires, tout change et nous ne sommes plus quun élément de la nature à laquelle nous sommes liés. Croire en dieu, sest nous émanciper de nos véritables devoirs envers la nature, cest nous rehausser au-dessus des règnes animal et végétal.
Quand on voit la masse considérable des « savants » déglises qui écrivent des kilomètres darguments pour nous faire croire à une démiurgie apocalyptique, des souffles victorieux galvanisant des armées inspirées, des cadavres en putréfaction qui à la seconde suivante assistent à la finale de Milan-Liverpool, des tournoiements des foules autour dune pierre, on se demande dans quel monde absurde on est ? Et encore si ces illuminés se contentaient dappliquer leurs mômeries dans leurs lieux de culte, ce ne serait rien ; mais non, il faut encore quils témoignent, cest-à-dire quils rallient lesprit faible à leurs élucubrations.
Et nous les laïcs, nous assistons au spectacle de ces religions toujours à deux doigts de se sauter dessus, sans rien dire !
Cest là notre drame !
Comment répondre à ces fanatiques ? Par des raisonnements, des gracieusetés, des manières ?
Quel message adresser à ces furieux ? Comment dire notre ras-le-bol ?