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Beaucoup de bruit pour rien.

Passons les « clubbers » et les 36 chars massés au parc d’Avroy. Je ne dis que dalle de la « City parade » en « ouverture ». Je me tâtais afin d’y jeter un œil, que les chars étaient à Coronmeuse.
J’y suis allé plus tard, en pleine effervescence techno.
Ce n’est pas mon genre d’applaudir quand un truc me débecte afin de passer pour un type cool. Je n’en ai rien à foutre des autorités, ni du grand public, ni des ahuris enthousiastes… Après tout, bande de caves, c’est ma ville aussi. Suis-je seul à ne pas être d’accord avec 200.000 personnes, ou ceux qui sont de mon avis craignent de passer pour de vieux cons ?
Cette question ne résoudra pas le problème, puisqu’on attend déjà 250.000 personnes pour l’année prochaine.
Résultat, j’en suis revenu consterné, complètement abruti aux décibels et des cris de ceux qui se saoulaient pour faire comme tout le monde… Savoir si les survivants se taperaient un cornet de frites avant de se saouler une seconde fois n’a aucun intérêt.
De musique : point ! Des sons, des sons et encore des sons, comme un immature qui trimballe l’enceinte d’une salle de concert dans sa 1000cc.
L’after-parade - on dit pareil pour un after-shave - promettait deux mégas concerts. J’en ai supporté un, quelques minutes, ce qui m’a déterminé à fuir l’autre.
Il a fallu que je fasse un sacré crochet pour ne pas revenir par les rues du flux migratoire, 200.000 selon la police, deux lascars, selon moi, particulièrement éméchés qui tripotaient les mamelles d’une gracieuse aussi beurrée, enfin ce trio repartait vers l’amont, alors que la foule charriait ses détritus vers l’aval.
« N’hésitez pas à poster tous vos commentaires sur ce super événement ! » glapissent les blogueurs sourds, ce dimanche sur la toile.
Quand ils seront hors de leur hébétement, ils pourront lire celui-ci.
Le dimanche matin aux alentours de la Batte, Liège ressemblait à un champ d’épandage des immondices. Parmi les tessons, les raclures innommables, traînaient des tee-shirts, des slips, des préservatifs et jusqu’à une laisse de chien auprès d’une canette droite dans laquelle était fiché un étron ! L’inventaire de Prévert plus que complet…
Ah ! les responsables de la propreté qui exigent un comportement citoyen sur les trottoirs ont dû prendre un sale coup !
Allez verbaliser après ça pour un chewing-gum craché ou une mémère qui ne ramasse pas la crotte de Bobby ?

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Le Tout-Liège à la techno, c’est le tam-tam des origines qui remonte au cerveau. D’abord on tape sur des bidons en balançant la tête d’avant en arrière ; puis (on a tous un ancêtre qui a eu le palu quelque part, il y a de ça mille ans), la fièvre part des tripes et comme c’est pas assez bruyant, on souffle avec la bouche « tchouk-tchouk-vrang. ». La transe saisit la rue. On n’est plus à Liège, mais au Bénin, quand c’était encore le Dahomey. On est vôdum ou candomblé, l’adrénaline monte à la gueule, on est pesant comme si on avait un fer à repasser à la place des couilles. On s’agite comme une bouteille d’orangina. Un jus noir sort des orifices, glissent sur les poitrails découverts. On voit sur le nombril des filles la fausse pierre précieuse qui sert de vêtement se ternir par l’effet d’une liqueur generis qui monte du cul par les fibres du slip. Elles sont « to feel fuckish » pour parler le langage after-parade. Les mecs sont dans un état… comme ils ne savent plus où ils sont, loin de les affoler, ils ne marchent plus à l’odeur. Les phéromones ne font plus d’effet sous les bâches des tréteaux, trempés de bière.
Sur les trottoirs, à bonne distance, d’anciens pédophiles rasent les murs devant cette jeunesse en caleçon qui effrayerait jusqu’aux avocats de Michael Jackson !
Les filles des salons de la Batte ont l’air de revenir d’un prêche de Mahmoud Ahmadinejad, le nouveau bourreau de la femme iranienne, avec leurs strings larges comme des tchadors à côté de la foule techno, tout en muscles et ficelles.

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Ça sent le cul passé à la graisse de frite !
D’habitude suivis du doigt vengeur « classe moyenne », les clodos se sont réfugiés sur la passerelle. Leur débraillé fait figure de tenue de soirée !
- Tiens, en voilà des jetés, gargouille un barbu qui négocie le portrait que je lui tire.
Les autres se concertent. Un d’entre eux vient d’être « agressé » par une Hollandaise à moitié à poil, qui voulait à tout prix photographier sa queue !
-C’est pas des mœurs, hoquette-t-il en buvant sa bière.
Place Cockerill contre les murs de la faculté, les forces de l’ordre secouées par l’onde de choc des baffles géants pourtant à 50 mètres, ont les pantalons qui ondulent. Personne sait résister à la tempête acoustique. Seuls ceux qui sont victimes d’acouphènes trouvent ça intéressant.
Les habitants de Bierset qui ne se sont pas dérangés n’entendent même plus les avions ! C’est dire si le son porte...
Parmi les fuyards de ce tsunami auditif, on reconnaît les anciens artilleurs, parce qu’ils gardent la bouche ouverte.
Pour sortir du sortilège vaudou l’effort est nécessaire. On remonte les bouteilles vides et les papiers gras jusqu’à ce qu’on puisse à nouveau entendre le tic-tac d’une montre.
A « statistiquer » les 200.000 agités, on conclurait que la soirée a permis le recrutement de 17.542 nouveaux fumeurs, 1400 prises de shit, 369 cirrhoses dans les 12 mois, 875 vocations alcooliques, 12 séropositifs nouveaux et 128 maladies vénériennes. Quant aux dealers, ils sont surmenés mais confiants pour l’avenir. Le Commissaire-en-chef, bon enfant, n’a rien à signaler.
Demain, on recommence les campagnes de prévention. On espère sauver deux vies.
Je me rentre chez moi groggy.
Pardon Mozart, vous ne méritiez pas cela.

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