Un littérateur démasqué.
- Y a personne ?
-Tu vois bien quil nest pas là.
-Cest curieux, la porte était ouverte.
- Méfiant comme il est, ce nest pas dans ses habitudes.
-Si on regardait ce quil était en train de faire ?
-Cest indiscret.
-Et lui, il est discret avec toutes les histoires quil raconte ?
-Tu crois quelles ne sont pas toutes issues de son cerveau malade ?
-Il en aurait de limagination … vu tout ce quil écrit !
-Je me suis souvent posé la question, comment peut-il écrire un truc tous les jours ?
-Il a ses nègres…
-Certainement. Mais, on na jamais vu personne.
-Le téléphone, les courriels et puis il sort.
-En ce moment, tu crois quil a quelquun ?
-Justement, sur son bureau, au-dessus de la pile de livres, un poème à Myriam.
-Qui cest, Myriam ?
-Il ne nous la jamais dit.
-Avec toutes les putes dont il nous inflige les photos, ce nest pas difficile…
-Quest-ce que tu en sais ?
-Alors, cest un amour impossible.
-Oui, une bonne femme qui en a fait le tour et qui sen méfie.
-Comme elle a raison.
-Puisquon fouille, tu naurais pas trouvé un papelard quil signe de son vrai nom ?
-Pourquoi ? Il ne sappelle pas Richard dYork ?
-Tes con ou tu le fais exprès ?
-Alors, il ne se prend pas pour de la merde.
-Sûr. Dun côté, il joue les affranchis…
-On ne sait pas sil est de gauche ou de droite..
-Sil est extrémiste…
-En tout cas, il nest pas socialiste…
-Oui, il bouffe un Di Rupo tous les matins…
-Dis plutôt quil fait un Di Rupo tous les matins…
-Il prend son pied en tirant la chasse !
-Et dun autre il se fait appeler dYork… sans blague !
-Si on lisait le poème quil a écrit pour sa Myriam ?
-Non. Elle pourrait se reconnaître.
-Tu as raison. Pour ce con, on sen fout, mais pour elle – puisquon ne la connaît pas…
- Son ordi nest pas fermé. Jouvre à Word… Cest un dialogue…
-Encore !
-Oui, un dialogue, la page est plus vite remplie.
-Il est payé à la ligne, alors… quel salaud !
-Il touche. Je te lavais toujours dit.
-Voyons ce quil écrit :
« Comment décaler les sons
Une fiction de votre cru !
Oui, le tout de mon cru !
Par là aussi, vous êtes passée par Latine, chère Gisèle.
Celles que la Muse habite, cher Antoine, quand les voies crissent et les railles coupent.
A-t-on sut le sujet ?
Cest : « comment décaler les sons ».
Mais la coulure a-t-elle endolori le fond ?
Cest lhistoire dune cache à houille. La mine et ses piquets, un drame pur.
Cest un marin support anodin qui découvre lanneau de Titus. Une fosse qui tient la Gisèle. »
-Tu y piges quelque chose ?
-Non. Mais avec lui, on sattend à tout.
-Quel minable !
-Jentends du bruit. Attention le voilà.
Richard – Salut les mecs. Y a longtemps que vous êtes là ?
-Non. On vient darriver. On ne savait pas où tu étais.
Richard. – Jen sors. Je viens de faire un Di Rupo bien moulé…
(Les deux autres se regardent avec un air dévidente satisfaction et se disent en chœur)
-Hein ! Quest-ce que je tavais dit ?