Deux agents de ben Laden en liberté : Bush et Blair.
On a tort de considérer le terrorisme relevant dune logique et dune logistique avec état-major, décision et action. Pas plus Ossama Ben Laden, que Abou Moussab Zarkaoui et même que Monsieur mobylette, le mollah Omar, ne sont en mesure de diriger quoi que ce soit en-dehors des territoires quils squattent plus quils ne contrôlent. Ce quils dégagent de nuisance tient plus de lexemple quils donnent que de la préparation des crimes dont ils se disent responsables.
Nous entrons dans leur jeu en les impliquant dans un complot international dont le cerveau serait ben Laden. « The brain » inspire des malfaiteurs, certes, mais au même titre quAl Capone ou Corleone.
Le danger vient de lémulation des fidèles faibles desprit dun mollah intégriste ou, du discours dun croyant déséquilibré. Au départ, fils de bonne famille ou pas, coran ou 120 journées de Sodome en lecture de chevet, il faut être un fondu pour imaginer que des actions kamikazes modifieraient lordre des choses. Les mickeys poseurs de bombe sont avant tout des aliénés dangereux, leur profession de foi des bouffées délirantes.
Le terrorisme est une criminalité au même titre que celle des narcotrafiquants. Evidemment, il conviendrait de traiter cette criminalité avec un peu plus de sérieux que ce quon a fait jusquà présent des trafiquants de drogues dures. Noublions pas que les narcotrafiquants, quasiment oubliés des professionnels de linformation, tuent plus de monde que le terrorisme. Mais la société, en intégrant ces pertes dues aux drogues, les a tout simplement banalisées. Une autre abomination pourrait faire rentrer le terrorisme dans lanonymat : une crise écologique, labsence dun malthusianisme raisonné dans les années à venir ou un tremblement de terre majeur dans des lieux à forte densité de population.
Si lon traite le terrorisme comme on traite le narcotrafic, il ne cessera pas de sitôt.
Lorsque quelquun veut vous tuer, il est utile de savoir pourquoi. Que Bush et Blair ne veulent pas établir un lien entre les attentats, la guerre en Irak et nous, nous voilà privé de la moitié des moyens dinvestiguer et de comprendre. Comme si la guerre ne faisait pas germer des besoins de vengeance dans lesprit des gens !
Le terrorisme aurait-il, comme le narcotrafic, des sanctuaires dans lesquels nos vertueux démocrates se gardent dintervenir ?
Ingrid Betancourt parmi des otages des FARC, accable certaines républiques dAmérique du Sud qui traquent et protègent à la fois les groupes maffieux. Les Nations Unies en Afghanistan assistent sans rien faire à la reconstitution des champs de pavot.
En serait-on arrivé au même laxisme avec le terrorisme ?
Inutile de se voiler la face, le terrorisme plonge ses racines dans les frustrations et les humiliations, un peu partout dans le monde. Lexploitation des communautés par des entreprises industrielles qui nont pas vocation sociale, loin sen faut, crée un climat de revanche, dautant plus refoulé et rabâché que toute revendication dans certaines zones sensibles est aussitôt réprimée. Pour comprendre ce qui produit cette psychose de vouloir "tuer pour tuer", il suffit dobserver ces communautés.
Les derniers attentats de Londres ont révélé des Communautés musulmanes dont la perspective dun avenir meilleur est égale à zéro. Certaines interviews laissent percer le découragement, en même temps que le monde saperçoit que ces communautés existent. Et puis, il y a lIrak et nos apprentis sorciers Bush et Blair. Mais diable, quallaient faire ces Zorro dans cette galère ?
Le discours fondamentaliste de Bush toujours relayé par Blair sur lidée que le mode de vie américain est le meilleur au monde - donc éminemment copiable par tous - est proprement inqualifiable, sil nétait avant tout dune tragique bêtise.
Dire que lAmérique est le bien et lIslam le mal contribue plus à produire des terroristes que sil y avait un Ben Laden dans chaque Etat occidental. Sans imagination et sans souplesse, la Maison Blanche ne peut négocier. Son discours radical est une catastrophe pour la paix.
Aujourdhui la tromperie de lopinion aux USA et en Angleterre a atteint un degré inimaginable. Le manque de courage des parlementaires de lopposition dans les deux cas augure peut-être lavènement dun parti unique et dune nouvelle politique à caractère centriste dans les démocraties. Nous assistons peut-être en Belgique à un tel regroupement.
Les partis nexpriment pas ce que les gens pensent.
Dici à ce que les partis se rejoignent et se fondent et voilà la Grande-Bretagne dans les mêmes normes que lEgypte de Hosni Moubarak.
Décidément, les terroristes ont raison de se réjouir. On na jamais tant parlé deux et on na jamais proféré tant de bêtises. Ce ne sont pas eux qui établissent leur légende, mais nous.
Al Capone et Corleone nauraient jamais osé imaginer cela.