Ecrivain du bord de mer…
…mais pas de la nouvelle vague.
Les « carnets » de Jean Hugo, larrière petit-fils de qui vous savez, publiés en 1994 chez Actes sud, sont très représentatifs de la mode éditoriale selon laquelle tout qui dépasse dune demi tête la multitude est apte à la publication.
Tout le monde nest pas doué pour livrer ses réflexions à lattention des lecteurs comme Cioran dans ses « Cahiers » ou Dubillard dans ses « carnets en marge ». Non pas que Jean Hugo soit inintéressant ne serait-ce que pour ses agendas mondains, mais, bon sang ! quand on est un bon peintre et que lon fait bien son travail, pourquoi se piquer de maîtriser un autre art, tout autant difficile ?
A sa décharge, cest à Lauretta Hugo à qui lon doit cette publication. Cest un acte de ferveur conjugale lors du centenaire de la naissance de son mari. Il est fort possible que Jean Hugo nait jamais eu lintention de publier ses fonds de tiroir. Mais pourquoi ne pas lavoir expressément dit de son vivant ou mieux, pourquoi ne pas avoir détruit ce quil estimait être des choses intimes sans importance ?
Il est vrai que le cas Hugo nest pas trop gênant. La somme de plus de cinq cents pages nest pas toujours ancrée dans la banalité, il y a même des relents du talent de qui vous savez. Cependant, la vie dun bourgeois, catholique pratiquant et excellent peintre nest pas en elle-même un sujet exaltant.
Des plus récentes publications dartistes du show people plutôt écrites par de pauvres folliculaires sans travail que par lartiste lui-même sont de loin de plus grandes aberrations littéraires que le livre de Jean Hugo.
Non. Ce qui me gêne dans les « carnets » de Jean Hugo, cest ce que le préfacier nous en dit, à savoir que, comme Marinette Renard cisailla le « Journal » du génial Jules, Lauretta Hugo se serait permis certaines coupures pour – nous dit-on – ménager des personnalités encore en vie, traduisez par « Je ne vais pourtant pas afficher les liaisons de mon mari ! » Car, ce genre de confession, appelle à la médisance et à une certaine suspicion, pas toujours de bon aloi, mais ancrée dans lesprit critique, même si nous nen savons rien. Et cela depuis laveu de la nièce de Flaubert, madame Commanville qui détruisit toutes les lettres de Louise Colet qui ne devaient pas être piquée des hannetons, par esprit de famille et « respect » pour son oncle.
Un échantillon de la vacuité dintérêt chez Jean Hugo «Sur la plage, les mâts et les cordages entrecroisés dans tous les sens, lombre fraîche sous les flancs ventrus des barques, la faible lumière qui filtre à travers les voiles et les filets, tout fait penser à une forêt. » Cest bien vu. Cest juste.
Cela était-il nécessaire que ce fût Jean Hugo qui se chargeât de nous lécrire ? Naurait-il pas été plus raisonnable den laisser la responsabilité à un rhétoricien de 16 ans ?
Enfin, nous avons vu pire depuis. Les confidences de nos starlettes sont des années lumières en dessous, bien entendu. Là, nous atteignons à une sorte de perfection du vide sidéral.
Et puisquil paraît que le degré zéro est ce qui se vend le mieux en période de vacances…
Au moins à ces lectures estivales saurons-nous enfin lâge dArielle Dombasle et si lineffable Beigbeder tourne sept fois la langue dans la bouche de Laura Smet avant de lui servir son brouet sentimental ?
Cest moins bien que loeuvrette de Jean Hugo, moins personnalisé aussi dans le sens que tout le star system se croit obligé de le crier quand il a une érection sur le toit de lappart place des Vosges de Jack Lang. Larrière-petit fils de… lui, cest plutôt « Pour une incommodité des veines de ma jambe gauche et une inflammation de la plaie de mon ventre, je suis retourné à lhôpital Saint-Jean, dans la même chambre n° 24, oů jai séjourné déjà deux fois. »
Enfin vous voyez le genre…