Le plan Marshall in the mood
Tous les cadors du parti socialiste se sont rassemblés vendredi au Val-Saint-Lambert lors dun te deum de rentrée dédié au prince montois. Placer le premier rang a toujours été louvrage le plus délicat des séances du PS. Le protocole chez les vaniteux, tout parti confondu, est essentiel. La politique de demain des gloires montantes sy devine. Après ce haut moment, les « petits, les obscurs, les sans grades » nont pas été oubliés puisque les strapontins et les derniers rangs leur étaient réservés.
Ce parti a tellement merdouillé avec la droite libérale quon se demande ce que le stratège-président allait dire à une population qui se pose des questions sans réponse depuis 20 ans.
Dautant quà lintroït, les rosés avaient prévu le patron des patrons des entreprises wallonnes, le sieur Mestdagh, Henri pour les militantes, un peu comme si François Hollande, en France, demandait au baron Antoine Seillière de trancher son différend avec Fabius !
Du jamais vu !
Eh bien ! personne na bronché. Pendant 50 minutes, dans un silence religieux, le patron des patrons a donné cours. Luniversité dété avait son recteur ! Ce type, il y a seulement 25 ans, on lui bottait le cul… Cest dire comme ces représentants du peuple sont devenus tolérants.
Après ce démarrage en fanfare, le président Elio Di Rupo, ne pouvait faire autre chose que dengueuler les ouvriers responsables de tout, puisquil ny a queux qui travaillent !
« On nattendra pas un an de plus, a-t-il modulé de sa voix de baryton léger, il faut doper lesprit dinitiative. » question rentrée des biftons sans doute craint-il de ne plus être payé fin du mois, au train où ça va ?
Il a quand même déclaré que « des entreprises compétitives avec des travailleurs précarisés ou des familles qui ne peuvent pas se chauffer en hiver : ça ne mintéresse pas ». Il a servi ce couplet dune façon tellement amphigourique quen écrivant ce blog, je me demande sil na pas voulu dire que les travailleurs précarisés et leurs familles qui ne pourront pas se chauffer cet hiver, ça ne lintéressait pas ? Il naurait pas osé, quand même ? Que quelquun qui y était me rassure… Ou alors, cétait un lapsus révélateur… Je lai toujours prétendu, Elio est comme létudiant Raskolnikov de « Crime et Châtiment » poursuivi par le remord davoir assassiné sa logeuse à coups de hache, depuis quil est chez Dexia et quil se fourre dans les salons de la cour, ce type a la conscience endeuillée. Ça lui vient par bouffée. Le complexe dŒdipe aidant, il nous en veut de nous avoir trahi !... Un cas…
Quand on voit le parcours du parti socialiste, et pas que le nôtre, cest pareil dans toute lEurope, quest-ce quun honnête homme a encore à y faire ?
Si encore, nous avions comme en France des « courants », Emmanuelli, Montebourg, Fabius, qui ne sont pas d‘accord avec les parrains de la maffia de lofficiel : Hollande, Strauss-Kahn, Lang, Aubry, il y aurait débat. Dans la grande tradition de la gauche, des arguments contradictoires auraient été avancés. On aurait entendu des orateurs du plus modeste aux plus prestigieux. Mais non, le PS version wallonne nest quune compagnie de ruminants placides qui attend larrivée du fermier en regardant passer les trains du progrès et de la justice.
On se rassemble entre gens de même sorte – les juristes pleuvent dans ce parti.
Ils nont rien à retrancher de léconomie libérale et ne trouvent aucune faille à la logique imparable du profit. Marcher dans la combine de lEurope et des amitiés outre-atlantique est leur vœu le plus cher.
Alors si lesprit dinitiative dont Di Rupo voudrait nous munir, mais quil se garde bien de prendre à son compte, consiste à bloquer les loyers qui ont augmenté de 26 % depuis 2004 à Bruxelles et de faire régler au même prix les petites et les grosses livraisons de mazout de chauffage, cest comme si un chef détat major en temps de guerre sinquiétait des pointes des crayons pour que ses subordonnés prennent note de ses bons mots.
Au slogan « doper l‘esprit dinitiative » accolé au « rebond wallon », il manquait la petite touche américaine, les américanolâtres du PS ont trouvé : « un nouveau plan Marshall ».
Les patrons ne sauraient prendre cette allégeance de mauvaise part, puisquon va leur vendre nos derniers bijoux de famille au prix bradé dune réclame Carrefour, sur les airs de Glenn Miller et du plan Marshall. Cest déjà fait avec nos actions ARCELOR. Largent récolté ira pour une large part dans le développement de grands trucs en tôle des zonings… Cest-à-dire que nous leur restituerons le fric quils nous ont donné ! Autant leur refiler tout de suite, quils aillent lenfouir aux îles Caïmans. Ainsi on serait complètement à poil et aptes à repartir à zéro.
Le plus hilarant, cest lincontournable Internationale de clôture quils chantent poings tendus en se déshonorant devant le souvenir dEugène Potier et des Communards qui sont morts sur cet air là.