Tu manges où tu te chauffes ?
A 60 dollars le baril, on pourrait se dire que les Etats producteurs de pétrole font la bonne affaire et quenfin pour certains dentre eux, particulièrement des Etats comme le Nigeria dont le niveau de vie est de 1 dollar par habitant, cela va cravacher le social.
Cest sans compter sur la corruption du système capitaliste et sa remarquable adaptation dans ses structures à privilégier les grandes entreprises dont certaines basées aux USA sont propriétaires des puits des pays émergents, si bien que lorsque lAméricain moyen paie un peu plus à la pompe et donc sappauvrit, ces entreprises senrichissent davantage.
Les pays producteurs qui nont pas de sangsues étrangères dans leurs jerricans ne sont pas mieux lotis. Comme le fric pourri a horreur du vide, quand lAméricain, lAnglais et le Français ne sont pas à la recette, lopacité et la corruption sont la règle des Autorités locales.
Dans certains de ces Etats, lEldorado des recettes des hydrocarbures représentent de 30 % à 90 % des ressources budgétaires. Tout ce beau fric vite raflé, parce que sorti des entrailles de la terre sans beaucoup de main-dœuvre, excite la rapacité du pouvoir. Les surplus, déduction des dépenses courantes (éducation, santé...) et linvestissement dans lexploration, la production et le raffinage, se diluent entre les potentats, leurs nombreuses familles et les fidéicommis de la nomenklatura. Par exemple, le roi saoudite a certainement une des plus grandes familles au monde. Cest que dans les harems, ça baise dans tous les coins, et pour une femme de sérail la naissance dun enfant mâle est signe pour elle dune grande considération et dun avenir assuré.
Mais, ce pactole est très diversement dépensé. Exemple de bon rapport entre largent et la citoyenneté : la Norvège. Les habitants y ont un des niveaux de vie le plus élevé du monde. Cest le Fonds pétrolier qui alimente les retraites.
En Belgique, pays sans pétrole et sans idée, ce serait plutôt le retraité qui alimenterait lEtat, avec lautomobiliste dailleurs, son collègue en contribution. Dune certaine manière le choc pétrolier réussit bien à Didier Reynders, lui aussi voit ses recettes augmenter avec le prix du baril, un peu comme les grandes compagnies pétrolières. Cela ne gêne pas beaucoup lEtat, le prix du pétrole. Au contraire, tout se passe comme si nous étions deux entités différentes, eux et nous, et que notre malheur ferait leur bonheur.
Si le pétrole enrichit le dirigeant du pays exportateur, son flux napporte pas les moyens dorganiser des réformes nécessaires dans toutes les républiques. En interdisant lémergence dune économie diversifiée, on nest pas loin du même schéma catastrophe des pays à monocultures dAmérique du Sud et dAfrique.
Les légumes ne rapportent pas tant. Alors, à quoi bon les faire pousser ?
Le ministre russe des finances estimait que lafflux de devises dans son pays ressemblait à "la dépendance dune drogue". Cette richesse a aussi exacerbé les tensions internes : en Irak, le conflit sur la répartition des ressources pétrolières entre Kurdes, chiites et sunnites explique en partie le retard sur la Constitution. Les barbus intégristes connaissent mieux les cours du brut que les sourates.
Lempressement de Bush à se servir lui-même à la pompe irakienne na trompé personne, même si officiellement, les revenus du pétrole tombent dans lescarcelle des « démocrates » qui ont remplacé Saddam.
Les dollars du pétrole sont aussi âprement disputés « par les honnêtes commerçants » que des voyous se partageant le butin dun camion de la Brinks.
Que fait-on de l‘argent du pétrole ?
Vaste question. Sa comptabilité est un mystère et les sommes qui sadditionnent sur les grands registres des Iles Caïmans, sont aussi secrètes que les avoirs de nos résidents monégasques, pas vrai Justine ?
Cest dire comme Didier Reynders, écarté de leur connaissance, na plus que la ressource de se rabattre sur nos pauvres viandes, pour en prélever sa dîme.
Cest même à se demander comment certains Belges vont se chauffer lhiver ?
Des grévistes de lEquateur se sont demandés, eux, en occupant des puits, ce quils allaient manger le lendemain..
Au Niger, on se pose moins de question ; des groupes armés se servent directement sur les oléoducs. Tandis quen Bolivie, on vient de vivre une crise de régime.
Sauf les Ecolos, on espère que plus il y aura de la pollution atmosphérique, plus chaud seront nos hivers.
Si un jour faute de mazout, le taux de pollution baissait, on pourrait faire péter les vaches à la lune tout le méthane possible.
Resterait aux autorités à taxer les pets.
Cest étonnant quon nait pas encore déposé un projet de loi en ce sens.
Cest quand même un con pétant, un ministre en exercice !