« Le fabuleux destin d’Amélie Mauresmo | Accueil | David Manning en visite à Liège. »

Tu manges où tu te chauffes ?

A 60 dollars le baril, on pourrait se dire que les Etats producteurs de pétrole font la bonne affaire et qu’enfin pour certains d’entre eux, particulièrement des Etats comme le Nigeria dont le niveau de vie est de 1 dollar par habitant, cela va cravacher le social.
C’est sans compter sur la corruption du système capitaliste et sa remarquable adaptation dans ses structures à privilégier les grandes entreprises dont certaines basées aux USA sont propriétaires des puits des pays émergents, si bien que lorsque l’Américain moyen paie un peu plus à la pompe et donc s’appauvrit, ces entreprises s’enrichissent davantage.
Les pays producteurs qui n’ont pas de sangsues étrangères dans leurs jerricans ne sont pas mieux lotis. Comme le fric pourri a horreur du vide, quand l’Américain, l’Anglais et le Français ne sont pas à la recette, l’opacité et la corruption sont la règle des Autorités locales.
Dans certains de ces Etats, l’Eldorado des recettes des hydrocarbures représentent de 30 % à 90 % des ressources budgétaires. Tout ce beau fric vite raflé, parce que sorti des entrailles de la terre sans beaucoup de main-d’œuvre, excite la rapacité du pouvoir. Les surplus, déduction des dépenses courantes (éducation, santé...) et l’investissement dans l’exploration, la production et le raffinage, se diluent entre les potentats, leurs nombreuses familles et les fidéicommis de la nomenklatura. Par exemple, le roi saoudite a certainement une des plus grandes familles au monde. C’est que dans les harems, ça baise dans tous les coins, et pour une femme de sérail la naissance d’un enfant mâle est signe pour elle d’une grande considération et d’un avenir assuré.
Mais, ce pactole est très diversement dépensé. Exemple de bon rapport entre l’argent et la citoyenneté : la Norvège. Les habitants y ont un des niveaux de vie le plus élevé du monde. C’est le Fonds pétrolier qui alimente les retraites.
En Belgique, pays sans pétrole et sans idée, ce serait plutôt le retraité qui alimenterait l’Etat, avec l’automobiliste d’ailleurs, son collègue en contribution. D’une certaine manière le choc pétrolier réussit bien à Didier Reynders, lui aussi voit ses recettes augmenter avec le prix du baril, un peu comme les grandes compagnies pétrolières. Cela ne gêne pas beaucoup l’Etat, le prix du pétrole. Au contraire, tout se passe comme si nous étions deux entités différentes, eux et nous, et que notre malheur ferait leur bonheur.
Si le pétrole enrichit le dirigeant du pays exportateur, son flux n’apporte pas les moyens d’organiser des réformes nécessaires dans toutes les républiques. En interdisant l’émergence d’une économie diversifiée, on n’est pas loin du même schéma catastrophe des pays à monocultures d’Amérique du Sud et d’Afrique.
Les légumes ne rapportent pas tant. Alors, à quoi bon les faire pousser ?
Le ministre russe des finances estimait que l’afflux de devises dans son pays ressemblait à "la dépendance d’une drogue". Cette richesse a aussi exacerbé les tensions internes : en Irak, le conflit sur la répartition des ressources pétrolières entre Kurdes, chiites et sunnites explique en partie le retard sur la Constitution. Les barbus intégristes connaissent mieux les cours du brut que les sourates.
L’empressement de Bush à se servir lui-même à la pompe irakienne n’a trompé personne, même si officiellement, les revenus du pétrole tombent dans l’escarcelle des « démocrates » qui ont remplacé Saddam.
Les dollars du pétrole sont aussi âprement disputés « par les honnêtes commerçants » que des voyous se partageant le butin d’un camion de la Brink’s.

mazout.JPG

Que fait-on de l‘argent du pétrole ?
Vaste question. Sa comptabilité est un mystère et les sommes qui s’additionnent sur les grands registres des Iles Caïmans, sont aussi secrètes que les avoirs de nos résidents monégasques, pas vrai Justine ?
C’est dire comme Didier Reynders, écarté de leur connaissance, n’a plus que la ressource de se rabattre sur nos pauvres viandes, pour en prélever sa dîme.
C’est même à se demander comment certains Belges vont se chauffer l’hiver ?
Des grévistes de l’Equateur se sont demandés, eux, en occupant des puits, ce qu’ils allaient manger le lendemain..
Au Niger, on se pose moins de question ; des groupes armés se servent directement sur les oléoducs. Tandis qu’en Bolivie, on vient de vivre une crise de régime.
Sauf les Ecolos, on espère que plus il y aura de la pollution atmosphérique, plus chaud seront nos hivers.
Si un jour faute de mazout, le taux de pollution baissait, on pourrait faire péter les vaches à la lune tout le méthane possible.
Resterait aux autorités à taxer les pets.
C’est étonnant qu’on n’ait pas encore déposé un projet de loi en ce sens.
C’est quand même un con pétant, un ministre en exercice !

Poster un commentaire