Course à la cata.
La civilisation dite « occidentale » ne sest pas limitée à lessor de lEurope et de lAmérique du Nord. Elle sest étendue sur moins de vingt ans au reste du monde. Lhémisphère Nord est parvenu à en diffuser les techniques et la méthode à lhémisphère Sud.
Pour la première fois dans lhistoire des civilisations, le phénomène touche essentiellement le travail et la diffusion de ses produits délaissant la culture, les religions, et les coutumes, réduisant ainsi au seul critère de production tout programme de développement.
Ce behaviorisme confiné au commerce et à léchange est par sa simplicité même la caractéristique essentielle du libéralisme libre échangiste actuel.
On peut dire sans beaucoup de risques derreur, que cette civilisation à peine centenaire, une des plus jeunes de lHistoire, sera aussi une des plus brèves.
On ne savait pas quaprès les soixante années de lavatar communiste, son tombeur allait sombrer dans une autre barbarie et disparaître.
Car elle a vécu cette civilisation industrielle et tandis que nos libéraux et la plupart des imbéciles heureux qui en poursuivent le rêve sassocient encore frénétiquement pour en imaginer les lucratives retombées, les visionnaires et certains économistes en tournent la page sans une certaine inquiétude.
Car comme un virus dont les nuisances actives nont cure de la paroi de verre qui les confine, le libre échange poursuivra sans doute bien des années après la condamnation de son principe, les ravages dont on mesure à présent lampleur.
Pourquoi cette brusque décadence imparable ?
Limmoralité du profit poussé à ses extrêmes conséquences en est une des raisons principales.
Lhistoire des chemises chinoises à un euro est son côté burlesque. La décentralisation vers les pays à bas salaires en est une autre. Un entrepreneur pour limiter ses coûts et vendre ses produits délocalise, sans état dâme, ses productions là où il sait augmenter ses profits. Sil ne le fait pas, en termes de mondialisation, il est mort. Les Etats-Unis depuis longtemps ont essayé de se protéger de cette fuite irrésistible. Ils ont établi des barrières douanières, des pénalisations et des subventions de compensation, notamment à Boeing, enfreignant ainsi une loi quils imposent au monde, que lon pourrait comparer à une sorte de dumping subventionné. En Europe, cest le contraire. De lourdes pénalisations sont prévues à lencontre des sociétés concurrentes qui sarrangeraient sur les prix. Rien nest prévu pour arrêter lhémorragie des délocalisations, synonyme de fermetures dusines et de licenciements massifs.
Le plan de suppression, par Hewlett-Packard (HP), de 15 % de ses effectifs en Europe (5 968 emplois) dont 25 % de ses effectifs en France (1 240 emplois) est la goutte qui fait déborder le vase. Des réactions sopèrent. Une réflexion sur lensemble du libéralisme à laveugle sera dans doute au programme de rentrée des Commissions européennes. Jacques Chirac va saisir les sphères européennes. Ce ne sera quun début. Mais, cest un combat darrière garde et cette réaction épidermique est bien trop tardive. Les dégâts pour lEurope de ce libéralisme mondialiste, plusieurs centaines de milliers demplois sur notre continent, ne peut se corriger daucune manière. Les freins que lon va certainement trouver dans les années à venir seront déjà obsolètes dès leur mise en place.
Enfin, limmoralité du profit na même pas un impact bénéfique sur les populations du tiers monde qui passent de la condition de paysan misérable à celle douvrier misérable. Nos bassins wallons ont connu cela à lère industrielle du dix-neuvième siècle.
La seconde réflexion sur la probabilité de la déchéance prévisible et rapide de la civilisation libérale, tient dans limpossibilité à tenir les promesses des tenants bourgeois du système. Non seulement il est impossible daccroître les niveaux de vie de la planète afin quils soient équivalents du moins approchant le niveau américain, mais encore la poursuite de lillusion dy maintenir au moins ceux qui y sont parvenus..
Cest inutile de dresser la liste qui rend le progrès du type libéral occidental impossible. Les considérations écologique et minérale sont suffisamment sérieuses pour ne pas sattarder à dautres barrières.
Lépuisement du pétrole prévu dans une fourchette qui va entre quinze et cinquante ans, selon que lon appartienne aux universités ou aux pétroliers, est un fait incontournable. Il ny a aucune énergie bon marché de remplacement. Lémergence de pays comme lInde et la Chine vont hâter le chant du cygne.
Ce qui frappe aujourdhui, ce ne sont pas ces faits accablants, cest le côté dérisoire des combats des personnels politiques pour le pouvoir. Cest le détachement au seul défit qui compte et qui comptera de plus en plus à lavenir : comment préparer la sortie du système capitaliste libre échangiste et mondialisé ?
Nos glorieux du gouvernement de Namur nous la baille belle avec leur plan Marshall. La seule façon dutiliser cet argent intelligemment aurait été de linvestir massivement dans cette seule question là.
Leur plan Marshall sera vite englouti dans des projets conformes à lidéologie pour un temps encore dominante et aspiré pour des combats darrière-garde non sans dultimes profits pour les deniers voyous capitalistes.