Sémiologie de la gauche
Le wallonissime Van Cauwenberghe attendait beaucoup de leffet dannonce de ce que bizarrement on a appelé plan Marshall. Manque de pot, le plan à peine lancé, voilà Jean-Claude obligé daller jusquaux larmes dans son dictame pour conjurer ses amis de jeter léponge au Conseil communal de Charleroi à la suite du flop de « La Carolorégienne ».
Une contre publicité dont la majorité socialiste, initiatrice du projet, se serait bien passée.
Avant la gestion foireuse des logis sociaux, pour la première fois, le PS passait en Wallonie sous ses scores électoraux de 2003 et de 2004. La lente érosion de la confiance pourrait nêtre que passagère ou relever dune méfiance naissante de lélecteur à légard du socialisme réformateur. Dans la seconde hypothèse, sans autre parti de gauche que le PS, il est à craindre que lélectorat qui se détournera du PS, sen aille voter à droite, ou pire, à lextrême droite. On constate un peu partout en Europe leffritement du modèle social-démocrate, comme les élections polonaises nous le confirment.
Il faudra attendre dautres sondages, avant les élections, pour se faire une opinion.
Heureusement que le FN en Wallonie na pas lencadrement qui lui permettrait daccrocher les autres partis, sans quoi, après le scandale de « La Carolorégienne », il pourrait faire un carton.
Néanmoins, les adolphins dépassent pour la première fois leurs résultats électoraux de 2004, sans approcher le score du Vlaams belang, fort heureusement.
Cette descente aux enfers du PS par petit palier met en lumière le rôle dextincteur des initiatives de la base du président Di Rupo, talentueux lorsquil sagit de gérer le succès, mais incapable de faire face, quand leau monte dans les cales du navire.
Lautoritarisme agressif des dirigeants du PS, non seulement vis-à-vis de lextérieur – ce qui est de bonne guerre – mais hélas ! à lencontre des militants qui ne partagent pas lopinion majoritaire, tue tout esprit dinitiative et réduit à néant les idées originales.
La grotesque tentative de « conscientiser » la base sous la forme dun questionnaire lancé fin de lannée dernière, non seulement na jamais permis de dégager une nouvelle politique, mais en plus, en confirmant la confiance à Di Rupo, le leader charismatique, la définitivement figé dans une autosatisfaction qui ne pourra que nuire au parti. Cest un peu le drame Jospin que nous vivons en Belgique.
Quand on entend Di Rupo, on a entendu tout le reste du PS. Cette unanimité nest pas porteuse, elle est terriblement réductrice et suspecte.
Cest bien la première fois quun président dun parti de gauche fait sienne la devise de Talleyrand « Tout ce qui est excessif est insignifiant », en oubliant un peu trop vite que cest « lexcessif » qui a permis de sortir dans un premier temps les ouvriers de lexploitation libérale par une lutte contre les partisans dune modération qui a toujours fait les affaires dune bourgeoisie dominante.
Un malheur ne venant jamais seul, le rééquilibrage à gauche du CDh de Joëlle Milquet, sil a par sa nouveauté permis un meilleur score, sest rapidement essoufflé pour les mêmes diathèses que celles de lattentisme centriste du PS. La variation est ici minime par rapport à juin dernier (-0,3pc), mais cest la fin dune série de succès. Si ce lent prolapsus se confirmait, cest la donne qui changerait refaisant du MR un parti convenable pour le gouvernement wallon. On verrait alors Elio Di Rupo, dont toute la politique tendait à se séparer dun MR accusé de vésanie, composer sur le plan régional comme il compose sur le plan fédéral avec lui.
On voit bien dans les foucades de Verhofstadt, notamment sa proposition daugmenter la TVA sur les produits de première nécessité, la tendance thatchérienne que lon croyait éteinte chez lui, revenir dans son fonds de commerce.
Si une telle rémanence perdurait, cest toute la politique ancienne de collaboration du PS avec la droite qui redeviendrait honteuse, réduisant un peu plus lespoir des masses à vivre autre chose.
Didier Reynders étant deuxième en Wallonie et troisième à Bruxelles, dans les sondages de popularité, profite de sa présidence au MR. Il est en train de laisser sur place le fils Michel qui vit mal labsence de papa.
Que vont faire Di Rupo et Milquet pour redresser la tendance ?
On sait Di Rupo incapable découter dautres voix que la sienne. Quant à Milquet sa capacité de manœuvre est moins grande dans son parti où linfluence dune droite chrétienne est toujours perceptible malgré la mise au rancard de Nothomb.
Le moyen dempêcher lélecteur de senfoncer davantage dans la morosité, dans le climat politique actuel ?
Il ny a pas trente-six recettes pour la gauche. Celle qui consiste à redevenir ce quelle était avant la collaboration honteuse est la seule convenable. Mais les conséquences seraient telles en perte dinfluence et de revenus que, pour une nouvelle politique de gauche, il faudrait quasiment une révolution interne au PS.