Une sulfureuse affaire.
Lhommage, comme les timbales et la grosse caisse, est toujours vibrant chez nos adorateurs de gens célèbres.
Ainsi dAmélie Nothomb : son dernier bouquin « Acide sulfurique » une charge contre la télé réalité.
Résultat, la lionne des kiosques a subi lassaut des redondances énamourées des garçons de piste des radios périphériques.
Elle est bonne à linterview. Les torche-culs aiment ça.
Cest vrai que les spectacles dits de divertissement deviennent de plus en plus persos, accrocheurs, et quon peut se poser la question de savoir jusquoù la logique dun producteur peut aller pour faire du fric ?
Après les années pudibondes qui moururent vers 1980, montrer son cul eut le succès parfumé du scandale pour se banaliser dix ans plus tard. Mais à la montre, on sait ce que cest, le public en veut toujours plus. Cest bien une belle parade, mais quand il ny a rien que du vent derrière les rideaux, le téléphage rechigne à cotiser lannée suivante. Jusquau jour où quelquun savisa quon pouvait lever le coin du drap plus haut et offrir aux âmes frivoles les copulations télégéniques des sapiens sapiens.
Comme lamateur du « tie the true lovers knot » se blase vite, on a fait le distinguo entre les spectacles de nuit des chaînes câblées et lamusement classique des chaumières. Dans le second cas, pour que la masturbation ne soit pas trop sévère chez les jeunes et les moins jeunes, on a limité la chose à limage ultime avant pénétration. On se demande avec ce qui reste à voir dans le premier, comment les producteurs vendent encore leurs classiques, « golf à deux trous » ?
Tandis que les films répandaient le voyeurisme de la nudité et de la copulation, les vedettes de la chanson et du cinéma nétaient pas en reste à exposer leur anatomie à ce point dépouillée que les esthètes admiraient autant les exploits de la couturière que celle qui sétait glissée dans lœuvre.
Mais cela neut quun temps.
De nos jours, le cul ne suffit plus à épater le bourgeois désabusés.
Il a fallu que se dépouillassent les monstres sacrés de lintérieur. Cest les boyaux quon veut voir. Le sang, le pu et la merde succèdent à la bête, la brute et le truand de la préhistoire télévisuelle…
Laccouchement en direct est une première étape. On en est aux « alvéoles cachées de la vie ». Le fœtus est à la une. Faut-il ou ne faut-il pas le suivre à la trace depuis lœuf initial ? Peut-on le manipuler ? Si on clonait une grenouille avec un bœuf, pour concrétiser la fable de La Fontaine ? Comme on ne peut pas encore et que dès lors, on ne saurait imaginer un show « Je manipule lœuf en direct », la tendance revient aux opérations esthétiques : Voyez quelle sale gueule a notre candidate ! On lui fiche un autre nez, des autres jambes, des seins de stars et un cul de boschimane. On lhabille dun timbre poste pour mettre tout le travail en valeur. On la maquille a faire monter la facture Max Factor à des sommets hollywoodiens et puis, régénérée, liposucée, massée, alors que le conjoint lui jetait des pierres avec les autres, on la sort des coulisses face aux caméras et quest-ce qui attend la nouvelle séductrice dans le lit conjugal ?... le pèpère qui voulait divorcer la veille et qui va pas assez vite pour ouvrir sa braguette…
Les rallyes, où des personnes cohabitent pour mille raisons apparentes dont la plus évidente le fric, sont encore porteurs, mais pour combien de temps ? On vit dans la ferme, au château, sur une île déserte pour le grand plaisir des voyeurs accablés par le stress au quotidien et qui accroissent leur plaisir dans la joie de voir souffrir les autres. Ah ! quils sont cons, dit-on en se précipitant à lheure dite à labreuvoir des étranges lucarnes ! On jouit de leur prétention pleine de trac à chanter juste ou à jeter du fumier dans une brouette. Et de savoir que ces « veaux » seront à la fin à la tête du pactole de TF1 au prorata de lhumiliation subie, on sécrie « Ah ! les vaches… » induisant par là que pour cette connerie là, on aurait été capable de faire pire.
La petite Nothomb va plus loin. Elle imagine un camp de concentration en studio, avec barbelés, sentinelles avinées et miradors, où les candidats bagnards se font dresser à la vraie gègène et au martinet à clous. Le gagnant est celui qui tient le coup le dernier, qui supplie une dernière fois quon lempale en public, quon le piétine et quun furet lui bouffe les couilles devant un jury sélectionné parmi les troupes de Le Pen…
Les morts, ceux qui nen peuvent plus et qui meurent en public dune vraie mort celle-là, seront veillés par leur famille dans une chambre mortuaire attenante, pour un autre show. Létape suivante on prévoira des nécrophiles pour une ultime sodomisation, une sorte dapothéose aux « cent vingt journées de Sodome ».
Aux dernières nouvelles, la Nothomb pensait pouvoir introduire le docteur Mengele à la tête de lentreprise. Renseignements pris, il nest plus disponible.
Bien sûr, cest de la fiction. Le tout est de savoir quand lattraction bien saignante aura lieu ?
La délicieuse enfant parie pour moins de dix ans.
Sans doute a-t-elle raison.
Personnellement je trouve déjà que le « château pépinière de stars » est tellement de mauvais goût quon pourrait difficilement faire pire. Lécrivaine jure le contraire. Pourvu quelle nait pas raison !...