Condamnation populaire.
Le Conseil de sécurité de lONU a adopté à lunanimité de ses 15 membres une résolution sommant la Syrie de coopérer à lenquête sur lassassinat de lex-Premier ministre libanais Rafic Hariri.
Cest de lobstination, enfin !...
Tout le monde sait que ce sont les Services secrets syriens qui ont assassiné Hariri et voilà lONU qui demande aux assassins de coopérer à la recherche des coupables !
La diplomatie internationale est un animal étrange. Ce nest pas rassembler des preuves pour être convaincue qui lintéresse, mais rallier le plus grand nombre de gens persuadés que cest la Syrie qui est dans le coup…
La Loi internationale a élaboré une justice qui ninstrumente pas à charge et à décharge, mais fonctionne sur la conviction dune sorte de jury de lopinion publique.
Ainsi Socrate a-t-il été jugé à Athènes.
Est-ce pour autant que la Syrie ne soit pas coupable ?
Les preuves dun complot sont déjà suffisantes pour envoyer nimporte qui aux Assises, dans une situation normale.
Dans les cas de graves suspicions, les assassins la jouent en douceur et profession de foi dinnocence. Cest le cas de la presse officielle syrienne qui dit la volonté de la Syrie de coopérer à la commission denquête de lONU.
Une dictature obligée de rendre des comptes aux autres Etats est un fait nouveau dans lhistoire contemporaine.
Avant la décennie, les assassins au pouvoir exerçaient leurs mandats en toute quiétude, dès lors quils satisfaisaient aux règles du commerce et laissaient aux grandes compagnies le soin dexploiter le sol et les gens.
Bien sûr, les exactions étaient sanctionnées en privé, lors des visites des dictateurs dans les démocraties ou les appels à la prudence des chancelleries, mais on laissait un Mobutu terminer sa carrière. Aujourdhui, après la chasse aux Talibans en Afghanistan et lintervention américaine en Irak, les dictatures sont devenues des objectifs à seule fin détendre malgré elles la démocratie à leurs peuples.
La Belgique a trébuché la première dans le burlesque de sa loi de compétence universelle qui, dès lors quelle en excepte les gros poissons et les chefs dEtat en place, nest plus quune parodie de justice qui ne se déploie pas de la même manière selon que lon soit puissant ou misérable.
Cest une loi dont lapplication ambiguë consacre sa part dombre à liniquité.
Cest ainsi que lon se garderait bien dattraire les responsables chinois à ce tribunal.
Certains voient en Bush un dictateur, mais personne nimaginerait lancer contre lui un mandat darrêt international.
Reste donc les petits poissons.
Sadam Hussein la appris à ses dépens. Bachar el-Assad, sil ne manœuvre pas au plus fin, se verrait bien contraint de mettre prochainement un genou en terre, quant à lIran, on hésite, cest un poisson plus gros et ce ne serait pas une promenade de santé que daller tirer la barbe aux barbus de Téhéran.
Ce qui est gênant dans limplication de la Syrie dans lassassinat de Hariri, cest quune intervention ferait le bonheur de lEtat dIsraël, qui sous couvert de démocratie, poursuit une politique dictatoriale en Palestine avec à sa tête un « voyou » du genre de Bachar el-Assad et que liquider lun, renforcerait lautre dans lunilatéralité de sa politique.
Cest quun dictateur peut en cacher un autre et que les critères pour les démasquer profitent trop à certains, pour ne pas suspecter lhonnêteté des juges, au point de faire partie ouvertement de lautre camp.
On aurait pu croire que puisque le monde est devenu un village, il serait plus facile dy établir une paix véritable.
Ce à quoi aboutissent les conjonctions identiques nest finalement quune vaste querelle entre voisins suspicieux, dans des mitoyennetés discutables et dont la plupart sont dans des contentieux depuis tellement dannées que plus personne ne sy retrouve.
Le monde livré aux avocats et aux plaideurs ?
Si cest le cas, et comme la justice est toujours du côté du manche, la chute des roitelets terroristes ne pourrait que renforcer la puissance des grands despotes.
On se demande si cest mieux !