Demain ce sera pire
Près de 900 véhicules incendiés, des écoles et bâtiments publics attaqués, quelques 250 interpellations: le bilan des affrontements dans les quartiers sensibles sest encore alourdi samedi après une neuvième nuit démeutes. Les violences sétendent dorénavant à toute la France.
Les médias en colportant les nouvelles sont bien dans la ligne et les intentions des responsables gouvernementaux : dépeindre dans toute sa sécheresse les violences, sans vraiment nen chercher les causes que dans la vie sans espoir des banlieues, en laissant supposer quailleurs, la vie est dune autre qualité, alors que lon sait pertinemment que pour les travailleurs et les sans emploi, elle ne vaut guère mieux de quelque côté que lon se tourne.
Les propos de Nicolas Sarkozy sur le respect de la chose publique, allant jusquà vouloir nettoyer les Cités au Karcher, rappellent les propos tenus par Gaston Eyskens lors des grandes grèves de 60-61 en Belgique. Selon cette source dinformation, ces flambées de violence sont propres aux bandes de casseurs. A cela sajoutent les luttes des gangs et cette petite délinquance qui foisonne dans les milieux pathogènes propices à ce genre dopposition.
Pourquoi ne va-t-on pas plus avant dans lanalyse des événements et de cette violence ?
Parce que les électeurs nen demandent pas plus.
Les seuls faits exposés les rendent frileux. Le durcissement de lAutorité sur le terrain, plaît à la plupart des citoyens. De telle sorte que le gouvernement de la République suppose que cette flambée de violence, sil reste ferme, retombera dans lescarcelle du pouvoir en place, sinon dune droite davantage musclée, sous la forme dun gain électoral.
Donc, montrer les incendies, les dégâts, sans contrepartie réflexive, cest assuré le pouvoir dune sorte dimmunité vis-à-vis de ses responsabilités face au malaise social des jeunes.
Dans la même séditieuse aventure, en 60-61, on a vu le parti socialiste de Belgique rallier la droite et stigmatiser les grèves et les violences, de même en France, on voit déjà la gauche sassocier à la droite afin de faire face à ce mouvement incontrôlable, dans un élan républicain..
Pour faire complet, il reste au gouvernement Villepin à parler déléments venus de lextérieur noyautant les bandes armées, ce qui avait été fait par le gouvernement belge lors des affrontements contre la Loi unique.
La seule différence, mais elle est de taille, même si elle reste informulée, réside dans les raisons de cet affrontement avec les forces de lOrdre.
Il ne sagit pas ici dune situation jugée défavorable par les syndicats. Les jeunes qui manifestent dans la rue ne sont pas des militants syndicaux, encore moins des militants politiques, mieux, la plupart ne sauraient mettre un nom sur leur « ras-le-bol ». Quand bien même les « meneurs » ne seraient rien que des petits délinquants. Ils se savent des victimes de quelque chose qui les dépasse et dont ils ne savent affronter loppression quen sen prenant aux biens quils voient dans la rue ou dans les usines et magasins périphériques. Parce que ce sont les seuls biens qui sont à leur portée et non pas parce quils sont les symboles de la réussite comme la prétendu un psychologue sur Antenne 2.
Ils sont tout simplement les premières victimes en révolte du système économique de la dictature libérale.
Il suffit de savoir que tous les biens dont disposent certaines couches de la population sont sortis des mains de leurs parents et parfois deux-mêmes, pour se poser la question : « mais ces richesse créées par les petites gens tout au long de leur vie, à qui sont-elles attribuées, en un mot : à qui le crime profite-t-il ?
Je sais bien que personne ne se posera la question et quil ny aura pas dans ces circonstances dramatiques, le moindre chroniqueur pour inviter ses lecteurs à y réfléchir.
Il ny aura que des sarcozystes et des villepinistes entourés solidairement de tous les milieux de droite et de gauche pour stigmatiser les violences et réclamer la poursuite comme avant de lordre républicain.
Peut-être y arriveront-ils, les forces sociales en présence, partis, syndicats, associations, penchent trop du côté du pouvoir capitaliste pour quil en soit autrement. Les couches « modérées » des citoyens sont les garanties nécessaires à la poursuite de la chimérique démocratie.
Cette « mini révolte » finira par sarrêter.
Tout le monde feindra en avoir retiré les leçons.
Et cest tout à fait pris de court que le public se trouvera un jour confronté à une autre crise, peut-être dune tout autre ampleur.
Tout cela, parce que personne ne veut admettre que cette rébellion de la jeunesse, cest le résultat dun mauvais système de répartition des prospérités économiques, dune mauvaise gestion des politiques face à la montée d‘un pouvoir capitaliste, dune mondialisation qui va à lencontre de la dignité des gens.